Un héros de guerre oublié (Canada)

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Cinci
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Un héros de guerre oublié (Canada)

Message non lu par Cinci » lun. 09 mars 2020, 16:13

Bonjour,

Le défunt et ex-lieutenant-colonel Dollard Ménard (1913-1997) qui commandait son unité des Fusiliers Mont-Royal, en 1942, lors d'un fameux raid mené sur la côte française à Dieppe, est né un 7 mars.


[...] Au Collège militaire, il obtint une des meilleures moyennes malgré le fait qu’il soit francophone et fasse de son mieux en anglais, ce qui rend son exploit encore plus surprenant. Une fois gradué en 1936, il servit au sein du Royal 22e Régiment. Il fut éventuellement déployé avec les forces armées britanniques dans le sous-continent indien (Afghanistan, Inde, Pakistan) où il combattit les rebelles pendant deux ans.

Lors du déclenchement de la guerre, il prit l’initiative de revenir au pays, traversant l’Asie via le Japon, Singapour, Hong Kong, où il servit avec la Royal Navy avant son retour au Canada. Dollard Ménard fut par la suite promu au grade de lieutenant-colonel à l’âge de 29ans et mit à la tête d’un bataillon des Fusiliers Mont-Royal, ce qui fit de lui le plus jeune commandant de bataillon du Commonwealth! Il poursuivit son engagement en Angleterre où il entraîna ses troupes de 900 hommes pour partir à la guerre. C’est par la suite qu’il apprit que le premier combat sera celui de Dieppe.
Sur le raid
« Les soldats devaient débarrasser la plage des nids de mitrailleuses allemandes et pénétrer dans la ville. Des rochers escarpés se trouvaient à droite et à gauche de la ville, avec une plage de galets au centre. Les Canadiens Français débarquèrent dans l’eau à plusieurs verges du bord. Des éclats de mortier leur tombaient dessus, et au moment de débarquer des centaines de Canadiens étaient déjà morts ou blessés. En mettant le pied sur la plage, Dollard Ménard a aperçu une poignée de soldats étendus sur le sol, la tête tournée vers les parapets, comme s’ils attendaient l’ordre de bouger. Ménard voulait qu’ils passent à l’action, leur ordonna de se lever, mais en vain. Le commandant a alors rampé jusqu’à l’un d’eux, il l’a secoué, lui a parlé, mais il ne répondait pas, il était mort. Il a recommencé avec quelques autres, en vain. Ils étaient tous morts. Les soldats n’avaient aucun abri pour se protéger du feu ennemi. On ne pouvait pas creuser de trous dans les galets. Il n’y avait vraiment aucun moyen de se mettre à couvert. Ils étaient soumis au feu croisé des soldats allemands. Mais l’avance devait continuer. Les dernières cinquante verges avant le rivage furent les pires. Ménard a sauté à terre et a ordonné à ses hommes d’ouvrir des passages à travers les barbelés. Il fut alors atteint par une première balle à l’épaule droite qui le précipita à terre. Ménard s’est relevé pour continuer à progresser, mais il fut atteint une deuxième fois. Cette fois, la balle lui déchira toute la joue droite. Malgré le feu nourri de l’ennemi, les soldats réussirent à pénétrer dans le casino et dans les rues avoisinantes, mais ils ne pouvaient rien faire sans l’appui des chars et de l’artillerie, détruits sur la plage. Aussi durent-ils, eux aussi, battre en retraite. Depuis leurs blockhaus, les Allemands continuaient à tirer et le colonel Ménard a donc décidé de tenter de les contourner avec ses hommes. En une heure, les Canadiens ont pris le contrôle de la plage. Mais il y avait encore quelques francs-tireurs allemands dissimulés et l’un d’eux a blessé Ménard à la jambe droite. Malgré tout, il voulait encore rejoindre les rues de la ville que certains de ses hommes commençaient à infiltrer. La dernière balle atteignit sa jambe droite, le clouant au sol. Plus tard, Ménard fut récupéré par ses hommes et traîné jusqu’à une barge qui fut attaquée par des bombardiers » Beaucoup perdirent la vie ce jour, le 19 août 1942, et d’autres s’illustrèrent par leur bravoure. 20 officiers et 484 hommes du régiment Fusilliers Mont-Royal sont tombés sur la plage, et seulement 125 combattants survécurent. Blessé cinq fois, évacué par ses soldats, Dollard Ménard regagne l’Angleterre, puis revient au Canada sur un navire hôpital. »

(texte repris sur un site "identitaire" québécois)

Petit topo :

https://www.youtube.com/watch?v=sl59j1orQ44


On dit "héros oublié" car le gouvernement canadien n'aura pas jugé bon de l'invité lors des célébrations officielles des 50 ans du raid. Il faut dire que l'homme fut responsable de l'introduction de la langue française comme langue de travail dans l'armée canadienne. Et il se sera fait remarquer encore au pays en 1980, mais ayant été le seul et unique vétéran de la Deuxième Guerre, - et "grand héros" en même temps - qui aura donné ouvertement, publiquement, son appui à la cause souverainiste. L'homme était en faveur de l'indépendance du Québec. Sa tenue courageuse devant l'ennemi en 1942 aura bien servi la propagande du temps de guerre, sa figure aura pu être exploitée pour vendre des bonds de la victoire jusqu'à la fin de la guerre.

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