Bonjour à tous,
Ademimo exprime bien l’impasse dans laquelle conduisent le rejet de l’historicité et les thèses qui nient l’attribution du Pentateuque à Moïse qui convainquent
Diviacus.
Invité en vient logiquement à nier que l’Ancien Testament soit Parole de Dieu.
Même si nous sommes dans la section Histoire du Forum, la base d’une foi commune en la Parole de Dieu me semble indispensable pour ne pas se disperser dans l’océan infini des opinions possibles sur le passé historique.
Un catholique ne fait pas de l’histoire comme un libre-exaministe, mais plutôt comme un avocat d’une cause à laquelle il adhère a priori.
Oui, toute ma foi est celle de l’Église, une foi reçue au baptême qui fait croire à la vérité ce qu’elle enseigne, y compris à la réalité historique de l’Ancien Testament même si nos interprétations doivent sans cesse être nuancées par les découvertes de la science et de l’exégèse critique.
Mais, ce qui n’a pas encore été précisé dans ce fil, la Parole de Dieu c’est le texte des écritures reconnues comme telles par l’Église et non des textes primitifs inconnus.
L’Église n’enseigne aucune vérité précise sur la manière dont le texte de l’Ancien Testament lui est parvenu, même si elle affirme que Moïse est l’auteur de la Torah (le Pentateuque).
Sur les questions historiques et exégétiques, le catholique n’est pas dispensé de la même rigueur scientifique que n’importe qui d’autre.
Je maintiens, sans entendre d’argument contraire, que l’allégation que les récits du Pentateuque aurait été inventés durant le premier millénaire avant Jésus-Christ est un a priori idéologique qui manque de tout fondement.
Il y a de solides arguments pour fonder, au contraire, la foi de l’Église.
Si je pouvais résumer ce que je ressens des auteurs cités par
Diviacus qui nient l’attribution du Pentateuque à Moïse, c’est qu’ils font comme quelque qui aurait devant lui un homme noir et un homme blanc et qui en déduirait que d’évidence ils n’ont pas d’ancêtre commun.
Prenez, par exemple, les deux grands courants Elohiste et Jahviste qui semblent présenter une différence en noir et blanc dès le début de la Genèse. Serait-ce une preuve de l’absence d’une source commune et de la création récente du récit ?
Mais non ! Bien au contraire, un écrivain plus récent aurait veillé à une meilleure harmonisation. Vous avez seulement des traces de l’histoire complexe des textes primitifs qui ont précédé notre texte hébreu actuel.
Voyez comment, dans les tablettes sumériennes retrouvées, on reconstruit des textes à partir de multiples fragments différents.
Au fil des siècles, des traditions orales et écrites se sont développées simultanément avec d’innombrables nuances dans d’innombrables lieux sans qu’existe une autorité unique pour harmoniser les variantes, ni une sacralisation de l’écriture ayant figé un texte avec une autorité s’imposant aux autres.
J’ai déjà insisté dans les messages précédents sur l’incontestable évidence de la pratique continue de l’écriture en Canaan qui n’est écartée que par des a priori d’incrédulité.
C’est de manière tout aussi évidente qu’il faut considérer qu’une religion ne s’invente pas soudainement à partir de rien dans le cours de l’histoire mais est toujours dans la continuité d’une tradition.
Malgré les affirmations d’historiens et d’exégètes basées sur des prétendues probabilités, la thèse d’une invention d’Abraham à l’époque de l’exil à Babylone manque de fondement objectif.
Je pense qu’aujourd’hui, nous avons, au contraire, de solides éléments objectifs nouveaux pour confirmer l’ancienneté du Pentateuque et consolider son attribution à Moïse.
ademimo a écrit : ↑dim. 19 déc. 2021, 16:01
Voici la fameuse clef proposée :
Ce fut une intention précise qui poussa Israël et ses rédacteurs : transmettre une expérience particulière du Dieu unique, susceptible un jour de concerner l’humanité entière. Encore faut-il ne pas se tromper d’objet : ce n’est pas l’histoire qui est primordiale, c’est Dieu ou, plus précisément, la relation de l’humanité avec Dieu. L’histoire n’est ici que ce qu’elle peut être selon les conditions de l’époque et de l’Antiquité en général ; le « message » est offert à chacun pour le recevoir – ou le refuser – dans sa teneur significative. Dès lors, les genres littéraires anhistoriques, le mélange des genres dans une historiographie qui ne peut être fiable à nos yeux de modernes, sont secondaires par rapport à l’intentionnalité générale d’une portion de l’humanité, Israël, qui s’affrontait « autrement » au divin – ce qu’une part non négligeable de l’humanité depuis vingt siècles a reconnu et accepté pour donner sens à son existence.
Un peu léger, non ? N'est-ce pas négliger l'importance du "récit", du "roman" fondateur, dans la transmission fidèle de la foi ?
C’est, bien sûr, trop léger et cela ne justifie en rien d’écarter l’historicité des faits en cause, mais il est important de constater cependant que la clef proposée est exacte.
Secondaire ne signifie pas sans importance.
Mais, dans nos tentatives de nous représenter le passé historique concret, nous ne pouvons jamais oublier toutes les nuances qui nous viennent du contexte dans lequel un écrit biblique a été élaboré pendant des siècles.
Le texte que nous reconnaissons aujourd’hui comme Parole de Dieu a une histoire humaine. Il n’est pas une parole divine tombée du ciel. Et, ce qui est davantage souvent oublié, il n’est pas non plus, sauf exceptions, un texte primitif original d’un auteur unique à un moment précis.
L’Église ne conteste pas la possibilité de textes primitifs différents plus anciens que les versions reconnues comme Parole de Dieu. Même pour le Pentateuque, l’Église considère que Moïse a pu se baser non seulement sur des traditions orales mais même sur des traditions écrites plus anciennes.
Il y a ici une erreur que certains commettent. La parole de Dieu de l’Ancien Testament, c’est, pour chacun de ses livres et de son contenu, le texte reconnu par l’Église et non des textes primitifs inconnus dont le texte hébreu ou grec de l’Église ne serait qu’une copie incertaine.
L’Ancien Testament reconnu par l’Église est vraiment la Parole de Dieu quels que soient les textes primitifs qui ont contribué au texte que l’Esprit Saint a veillé à nous faire parvenir par la Tradition authentique de l’Église, corps du Christ.
À cet égard, les discussions sur l’histoire des textes est sans importance, sauf pour nous faire prendre conscience que le Pentateuque de Moïse, ce n’est pas seulement une inspiration de Moïse par l’Esprit Saint au moment et à l’endroit où il a écrit chacun des cinq premiers livres de la Bible. L’inspiration de l’œuvre humaine s’étend depuis Moïse jusqu’à la reconnaissance par l’Église et ne s’arrête d’ailleurs jamais, car la Tradition de la Foi ne cesse jamais d’actualiser le don de la Parole de Dieu qui doit continuer sans cesse à être traduite et interprétée.
La Vulgate officielle en latin a été revue et adaptée à plusieurs reprises. Il y a de multiples nuances différentes dans les versions officielles du Vatican en langues modernes, ou entre la version des Septante en grec et la version des Massorètes. D’innombrables détails des textes font l’objet de variantes discutées, mais c’est ainsi que la Parole de Dieu est aussi une parole d’humains. Le texte du Pentateuque écrit par Moïse ne nous est pas parvenu par une conservation sacralisée d’un original primitif. Non, c’est à travers toute une transmission complexe de multiples humains de multiples générations que l’Esprit a inspiré la Parole de Dieu que l’Église nous présente aujourd’hui.
Affirmer que Moïse est l’auteur du Pentateuque ne signifie pas que l’Esprit Saint ce serait ensuite retiré. Il a continué à agir à travers de nombreux autres humains qui ont contribué, avec leurs variantes et mêmes leurs contradictions, à nous transmettre, par l’Église, un texte authentique et fiable.
diviacus1 a écrit : ↑dim. 19 déc. 2021, 19:29
la Bible raconte une histoire dont une partie est allégorique, comme le faisaient tous les peuples de l'antiquité - même jusqu'au Moyen-Âge …
La Bible contiendrait donc des événements réels, ou au moins en grande partie, à partir de cette époque, mais ses rédacteurs auraient fait pour la période antérieure comme les rédacteurs de tous les autres histoires fondatrices : ils auraient raconté une histoire à partie d'éléments de la tradition enjolivés de passages qui font rêver.
Quel problème de foi pourriez-vous avoir aujourd'hui ? : aucun…
à partir du moment où la Bible est écrite à peu près au moment des faits racontés, cette histoire est beaucoup moins critiquable.
Nous ne sommes guère éloignés à cet égard. Il y a, en effet, de l’allégorique dans la Bible et des éléments «
enjolivés ».
Et vous avez raison de retenir à cet égard, même si c’est inévitablement imprécis, que «
du moment où la Bible est écrite à peu près au moment des faits racontés, cette histoire est beaucoup moins critiquable ».
C’est bien pour cela que l’attribution à Moïse a toute son importance, de même que l’ancienneté sumérienne du début de la Genèse.
Invité a écrit : ↑dim. 19 déc. 2021, 20:11
La foi des rédacteurs du Pentateuque et de l'Ancien Testament n'est pas la nôtre...
De même, la Bible ne présente pas une compréhension unifiée de Dieu. Yahweh comme Dieu d'Israël impulsif et vengeur n'est pas le Dieu universel de Jésus qui aime tous les hommes et leur accorde son amour et sa miséricorde. Deux compréhensions antagonistes se côtoient et mettent clairement en cause la révélation de l'Ancien Testament...
Je conteste donc la révélation de l'Ancien Testament que je considère comme une œuvre de réflexion humaine. Et pourtant, ma position de scepticisme ne s'inscrit pas en porte à faux avec la doctrine chrétienne. Par la philosophie au moyen de sa raison, l'homme est tout à fait capable d'accéder aux vérités bibliques essentielles, en particulier celle en la certitude de l'existence d'un Dieu d'amour et de la vie éternelle pour l'homme. De même, l'enseignement de Jésus avec l'amour comme principe et finalité de la vie est lui aussi philosophiquement vrai.
Votre position me semble, au contraire, intenable.
Comment pouvez-vous croire «
en la certitude de l'existence d'un Dieu d'amour et de la vie éternelle pour l'homme » tout en pensant simultanément sans aucun rapprochement que «
La foi des rédacteurs du Pentateuque et de l'Ancien Testament n'est pas la nôtre » ?
Bien sûr, ils ne connaissaient pas encore le Christ et ne bénéficiaient pas encore de toute la lumière de l’Incarnation et de l'Évangile, mais pensez-vous qu’ils n’étaient pas des hommes comme nous, capables, comme nous, de distinguer le vrai Dieu des idoles ?
Croyez-vous qu’ils n'étaient que des «
sauvages » incapables d’aimer le vrai Dieu et de partager Sa Vie ?
Croyez-vous qu’il n’y a jamais eu, dans le cours concret de l’histoire, de création d’un être capable d’une vie éternelle ?
Avez-vous la certitude d’une vie éternelle pour les primates, puis les australopithèques et les autres hominidés qui nous ont précédés biologiquement dans le cours de l’évolution ? Á défaut, une création de premiers humains est incontournable.
Croyez-vous que, depuis ces premiers humains, la capacité de discerner le bien et le mal ou d’aimer Dieu ait changé fondamentalement ?
Croyez-vous que, même dans un contexte intellectuellement et culturellement beaucoup moins développé, les humains n’étaient pas semblables à nous ?
Croyez-vous que Dieu les aurait délaissés pendant des siècles et qu’ils n’ont pu vivre avec Dieu une histoire d’amour malgré leurs perceptions antiques qui peuvent nous paraître simplistes ? Leur foi s’exprimait différemment de celle que nous pouvons vivre aujourd’hui, mais les humains n’ont pas changé.
Il est évident que «
la Bible ne présente pas une compréhension unifiée de Dieu ». La Bible témoigne de la foi des anciens telle qu’elle était avec toutes leurs incohérences, contradictions et errements. Nous avons les nôtres.
Bien évidemment que l’Ancien Testament est une «
œuvre de réflexion humaine », mais elle est aussi Parole de Dieu.
C’est cela aussi l’Incarnation, le Verbe qui se fait chair.