C'est quand même faux dire cela.Enfin, je vous rappelle à toute fin utile une réalité de l’époque : personne ne se doutait de ce qui se passait dans les camps. Ce n’est qu’après la guerre que l’horreur fut découverte. Mais peut-être que vous reprocherez à Dieu de ne pas avoir révélé au pape la réalité des massacres des nazis ?
La plupart savait ce qui se passait à l'Est dès 1941, mais encore plus les autorités religieuses étaient-elles informées de la chose. Normal. Il en va encore de même aujourd'hui. Le Vatican par exemple est pas mal plus au fait des persécutions qui se déroulent à Zanzibar en 2010 que monsieur et madame tout-le-monde. Ce n'était pas différent à l'époque.
Il se trouve par la force des choses que l'Église dispose d'un des plus vastes réseaux d'informations au monde ( millions de catholiques, milliers et milliers d'évêques, milliers et milliers de missionnaires et missionnés.) En outre, la Pologne est un pays catholique comme chacun sait. Vous imaginez le nombre de témoins que cela pouvait constituer au profit de l'Église si c'est là-bas que le gros de l'industrie de la mort opérait ? Bref, il sera parfaitement faux d'aller faire passer le pape du temps pour un dindon qui n'aurait jamais rien su et rien pu savoir. Puis si le pape se sera activé à cacher des juifs dans son propre diocèse en 44 lors des rafles, mais c'est bien parce qu'il savait justement, non pas parce qu'il se serait figuré innocemment que les juifs auraient dû être expédiés en colonie de vacance ou juste être réquisitionnés pour aller couper du bois.
Je trouve la remarque douteuse ''pour la défense''. Personne n'a de boule de cristal pour réellement savoir ce qui aurait dû se produire en conséquence de quoi. Et puis rien dit non plus qu'une action plus efficace aurait dû consister à faire du théâtre à la radio.Et je suis sûr en effet que Dieu aurait été immensément glorifié avec un pape criant sur tous les toits l’abomination nazie, au mépris des milliers de Juifs et catholiques massacrés en conséquence.
La réalité est que l'on sera bien fier lorsqu'un Mgr Von Galen aura eu le coeur d'aller contacter le service nazi et pour descendre son poing sur la table (manière de parler), pour exiger la fin d'une entreprise de destruction ( l'euthanasie hypocrite d'infirmes, de déficients mentaux, etc.) Là-dessus, mais c'est le pape lui-même qui aura décerné une médaille à son évêque par la suite. On le comprend. Or, tout en contraste, le problème reste qu'il ne se sera pas trouvé d'évêques en Allemagne même, et pour s'être élevés drastiquement, fermement (oui; même derrière une porte close avec un ministre nazi), contre le sort fait aux juifs allemands en tout premier lieu, et ce, avant même la Guerre; que le sort fait aux juifs d'Allemagne en 37-38 était déjà assez épouvantable en soi, violant tout ce qui pouvait y avoir de préceptes bibliques ou évangéliques ( réduction artificielle de personnes en l'état de mendicité, suppression de citoyenneté d'un trait de plume, mise en condition d'impossibilité de gagner sa vie, stigmatisation à outrance, rançonnement, interdiction de contact, refus de mariage, etc.)
C'est peut-être beau de parler de prudence rendu en 42. Il reste pas moins que la charité aurait pu exiger des évêques, puis comme dès avant la Guerre, quelque chose comme la recherche d'un fin d'efficacité afin de contrecarrer l'escalade des mesures de plus en plus inhumaines touchant un groupe humain. Aussi, je pense bien que l'Église catholique aura failli à cette tâche, globalement, comme à l'époque, et dans la personne de ses ministres aussi et puis touchant à la situation en Allemagne même. L'Église ou plutôt les catholiques allemands ont plutôt ''laisser faire'' concernant les juifs, et ça plus que n'importe quoi d'autre. S'ils n'approuvaient certainement pas eux-mêmes les mesures radicales : ils ont plutôt laisser faire. Manque de volonté ? sécheresse de coeur ? indifférence ? sentiment d'impuissance ? désir de préserver son propre confort ?
Après ? Il est sûr que rendu en 43 il était un peu trop tard pour agir, et puis dans le sens de faire obstacle efficacement à l'entreprise éliminationniste.
Encore que, je ne suis pas convaincu, moi, que le pape Pie XII aura réellement fait tout ce qui lui était possible de faire, même après 41, pour nuire un peu plus à l'entreprise d'extermination. C'est comme : je n'ai jamais eu vent qu'il aurait pu vouloir contacter un gouvernement comme celui de Vichy par exemple, question de lui rafraîchir la mémoire concernant la doctrine de l'Église, pour lui demander de façon pressante de ne pas collaborer activement (c'est le moins) aux mesures criminelles avec son service de police. Est-ce que l'Église aurait menacé d'ex-communion tout fonctionnaire catholique ayant pu participer à l'opération de ratissage ? Moi, je ne crois tout simplement pas que les nazis étaient en mesure de s'attaquer en gros et ouvertement aux populations catholiques en territoires occupés. Je ne crois pas en cette histoire de menace épouvantable, de façon rétroactive, agitée aujourd'hui en guise d'excuse. Quand un gouvernement allemand eût voulu jouer à ce jeu et rempiler dans les exactions contre des non-juifs et catholiques : c'eût été la fin des haricots pour le régime nazi bien avant 45.
Si le pape en 44 pouvait appréhender plus ou moins une attaque directe contre sa personne (chose qui ne se sera jamais matérialisée incidemment), je pense néanmoins que le Vatican aurait probablement pu en faire plus, et ce, depuis longtemps avant la Guerre pour commencer. Je crois qu'on peut le penser. Ce n'est pas pécher d'envisager un angle semblable (ni être idiot, méchant, etc.) Ce n'est pas non plus s'élever au-dessus du pape comme pour le juger. Non, car je n'aurais pas voulu me voir à l'époque. Je n'aurais sans doute pas fait mieux que la bonne moyenne des catholiques du temps en Allemagne. Mais on peut regretter, tel que collectivement, qu'une résistance catholique n'ait pas été supérieure. A contrario, je comprends mal qu'on puisse être comme satisfait de la prestation d'époque. Pourquoi être agacé aussi que du péché aura pu affecter des catholiques aussi bien que les autres ? même le pape ? L'Église n'est pas obligé d'être parfaite, impeccable.