Le temps de la peur

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Kerygme
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Re: Le temps de la peur

Message non lu par Kerygme » lun. 12 avr. 2021, 16:11

Cinci a écrit :
jeu. 08 avr. 2021, 20:49
Mais - encore ? - il y a que le comportement «peureux» de beaucoup m'insatisfait pas mal.
Mais lequel Cinci ? Le vôtre peut l'être tout autant.

Certains trouveront qu'une frange est trop docile alors que l'autre serait trop rebelle.
D'autres ont une peur différente, je pense à certains étudiants qui disent : comme je ne peux me projeter dans un avenir professionnel/sociétal alors je profite de l'instant présent et rien d'autre ne compte [NdA : même pas mon prochain).
Les uns trouveront que les pro masques ont peur d'affronter la réalité et sont en pacte avec le pouvoir actuel, leurs opposés trouveront que les anti masques sont irréalistes et antisociaux. Mais le résultat sera similaire : l'un deviendra l'adversaire de l'autre.

Et d'autres trouveront que tous ceux qui sont obnubilés par ces peurs ne font que les alimenter et les transmettre (je suis de ceux-là), sans pour autant être immunisés contre nos peurs de père/mère, mari/épouse : celles qui touchent plus à ceux qu'on aime que soi-même.

Ce que je pense globalement, si cela a un quelconque intérêt, c'est que cette situation exacerbe d'abord nos peurs latentes et ne font peut-être qu'amplifier celles qui existaient déjà; après nous ne faisons que l'exprimer selon ce qui touche notre sensibilité.

Le résultat ? Face au confinement sanitaire tout le monde devient anti ou pro, les médecins se font politiciens alors que les politiciens se font médecins ... tout semble s'inverser et devenir dessus-dessous.

Mais peu semblent s'interroger sur les confinements intérieurs qui en découlent.
Les confinements sanitaires finiront bien un jour, quand aux seconds il laisseront des traces et se pourraient être plus persistants et destructeurs. Mais ce n'est que mon analyse.

Quant à nos peurs, mes peurs, vos peurs, les peurs des autres, n'est-il pas préférable de les abandonner au monde auquel elles appartiennent ?En se tournant vers Celui qui seul peut nous en débarrasser ? Et lui dire : j'ai confiance en Toi, qu'il soit fait selon Ta volonté !

C'est dans l'épreuve que nous sommes éprouvés, et celle-ci a peut être une portée autre que sociale ou sociétale. Mais ce dont je suis persuadé, c'est que les peurs sont l'expression que nous sommes encore retenus par ce monde. Et d'un point de vue eschatologique s'il devait en être ainsi, je doute de leur utilité et m'interroge sur leur origine.
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Re: Le temps de la peur

Message non lu par Cinci » lun. 12 avr. 2021, 23:15

Quel comportement peureux ? Je pensais à ces mesures de confinement généralisé.

Parce que je trouve que tout cela semble s'inscrire dans une dynamique générale et plus vaste. Une sorte de grande dynamique "sécuritaire" qui viserait à tout contrôler, pour minimiser au maximum les risques de ceci ou cela. Comme un excès à quelque part. Un excès qui fini par être étouffant et empêcher de vivre. Comme s'il devrait être anormal que la vie puisse impliquer une part de risque. «C'est tuant», dirais-je.

Avec un peu de recul, je fais le lien entre les mesures de contrôle des naissances, l'euthanasie en demande (et à la hausse !), l'expérience de circuler dans les transports publics de plus en plus éprouvante (à cause de la sécurité), la conduite automobile en ville de plus en plus impossible (à raison de la sécurité toujours) et bien d'autres choses encore; puis cette obsession sanitaire.

C'est comme l'idée du vieillard (notre société de gestionnaires) désirant vivre dans son environnement de rêve à température contrôlée, parvenant à faire disparaitre tous les imprévus, les risques que ne lui arrivent un truc qu'il n'aurait pas pu voir venir ou qu'il ne pourrait manipuler. Contrôler les enfants, contrôler les allées et venues des gens, les directions permises, avoir le nez collé sur son téléphone à la recherche des dernières infos pour être sûr de gagner trois minutes sur l'horaire (la peur de se tromper de direction, la crainte qu'il y ait des travaux, une fermeture à cause du festival, etc.).

L'été dernier, en pleine crise sanitaire et sans doute à cause de cette crise, la mairesse de chez-nous, folle-dingue écolo, en avait profité pour faire la guerre aux automobilistes. Démultipliant partout le nombre d'arrêts obligatoires, supprimant de moitié les espaces de stationnement ça et là, transformant certaines rues en avenues piétonnières, réduisant la largeur d'autres rues toujours dans l'idée de diminuer la vitesse de la circulation, mais non seulement ça, donnant ordre aux employés de la voirie de fermer des tronçons de rue différents chaque matin avec des barricades, transformant l'expérience de conduite en une sorte de derby frustrant pour le plus grand bien-être de Gaïa. «Il fallait profiter de la pause pour accroître le bienfait pour la planète», et emmerd ... les payeurs de taxes.

Toujours l'idée de contrôler les gens, les faire se sentir coupable et les forcer à devoir adopter tel comportement, canaliser les déplacements. Vous prenez la voiture et l'on vous organise pour vous l'espace restreint que l'on voudra bien condescendre à vous accorder pour circuler et suivez la flèche. Mettant pied à terre, c'est le masque contre votre gré et passez par-ici, «Avez-vous des symptômes ? Vous ne faites pas fièvre ? », non pas là, suivez les flèches ...

Comme une peur de la mort biologique détournée. Comme une emprise matérialiste de la techno.

Et le métro "amélioré" chez nous depuis l'implantation de son super système de contrôle informatisé : toujours en panne. En arrêt de service. Pour des raisons de sécurité. Le système a détecté un mouvement étrange dans le tunnel - stop !, une fumée provenant d'un chantier voisin - arrêt de service - un ado a échappé son téléphone sur la voie - on arrête tout ! - on prévoit le retour à la normal dans 30 minutes, le temps que les équipes d'urgence dégagent la voie -

Ensuite, vous avez besoin de prendre une information à la clinique de santé. Pas moyen d'obtenir quelqu'un au bout du fil, mise en attente après l'écoute obligé de huit messages préenregistrés, «vous pouvez visiter notre site internet» ... le délai est dépassé, laisser un message. Retour d'appel deux jours plus tard. Toujours l'idée de contrôler, rationnaliser, maximiser l'efficacité des acheminements de l'info A au point B, pour faire plus avec moins, avec moins d'employés naturellement.

Je trouve qu'il y a quelque chose derrière ça de très déplaisant, très très déplaisant. Quelque chose qui vous en pourrit la vie. Avec en parallèle la transformation du service de police en force paramilitaire (la sécurité, eh oui !), les types de plus en plus équipés comme l'Infanterie de marine réquisitionnée pour les opérations en Irak. Comme si les pouvoirs publics devraient redouter de plus en plus les citoyens comme autant de barbares étrangers, pendant que la foule devrait crever de trouille à cause de la menace environnementale (le virus, autrement ce sera le réchauffement, la couche d'ozone).

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Re: Le temps de la peur

Message non lu par Kerygme » mar. 13 avr. 2021, 9:59

Je vous rejoins sur nombre de points Cinci, plus que vous ne l'imaginez.
Mais je manque de temps, je vais donc l'utiliser à faire quelque chose de plus utile que palabrer.
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Re: Le temps de la peur

Message non lu par Cinci » dim. 18 avr. 2021, 16:02

ademimo :

Bonjour Cinci, j'espère qui vous allez bien. Je continue d'évoluer sur ces questions, et je finis par arriver à des conclusions qui vont peut-être vous étonner. A première vue, le monde occidental semble s'adonner au laïcisme et à l’athéisme les plus effrénés. Hé bien, je pense qu'en réalité, il n'en est rien. Ou du moins, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Bonjour,

Ça peut aller. Merci. Et, mieux en tout cas, depuis que je participe chaque semaine à des rencontres de groupe dédié à la gestion des émotions.

:)


Pour vous répondre ...

Je serais plutôt d'accord avec votre idée à la racine. Qu'une sorte de mysticisme ou d'illumination tant soit peu "religieuse" demeure inscrite à quelque part dans le fonctionnement de nos sociétés, en dépit des apparences de surface. Oui, malgré le sécularisme ambiant et le droit accordé aux incrédules de s'afficher comme incrédules.

Vous remarquerez peut-être que beaucoup de contradictions agitent notre monde contemporain.
Absolument.

Malheureusement, je ne peux pas entrer dans les détails, car la "liberté d'expression" interdit d'aborder certaines thématiques. Donc je vais rester très elliptique. Je me contenterai de dire que les dirigeants du monde occidental - et le pape et l’Église en général sont parfaitement alignés sur leur politique [...]
Nos dirigeants sécularistes et nos évêques au Vatican donnent leur aval en principe à ce système globaliste que nous connaissons : gouvernance dite «démocratique», encensement des révolutions de 1776 et 1789, génuflexion devant les principes philosophico-juridiques de liberté, égalité, fraternité, et corollaires comme la liberté religieuse, le défense de discriminer, une souveraineté dans le peuple autorisant l'évolution des règles de fonctionnement dans tout, l'évacuation de la tradition, le changement de paradigme, etc.


- œuvrent en vue d'un chaos généralisé. ça saute aux yeux. Tout est fait pour arriver à ce résultat. A première vue, ça semble illogique, incompréhensible.
Le chaos semble le produit direct de ces vues évolutives qui permettent et encouragent même la rupture avec les règles plus anciennes (loi naturelle, loi divine ... ; mais aussi bien avec l'ancien code du travail, vieille entente syndicale, ancienne réglementation des banques, etc.) Un Macron s'est fait connaître d'abord comme étant le Terminator ou le destructor des vieilles couvertures de protection des employés, sous une apparence de gars super cool. Et le pape ne cesse de dire qu'il faudrait bien changer des choses. Toujours en vue de démocratiser ceci ou faire sauter telle inégalité ou pour renforcer dans la loi la fraternité, etc. «Ne soyons pas crispés».

Pour éviter la plus complète des anarchies, les agents de ce système semblent en avoir conclu que le mieux serait d'embrigader plus d'une centaine de pays, pour les enfermer dans des ententes internationales. Le but ? Les forcer tous à homogénéiser leur compréhension des grands principes et mettre en place des règles de fonctionnement communes. Le hic c'est qu'il y a perte de souveraineté nationale. C'est pourquoi l'on tiendra tant à nous convaincre que la souveraineté c'est mal. Il ne faudrait pas que cette barrière potentielle vienne ruiner la belle entente.
A moins que !

J'ai plusieurs fois lu que le capitalisme d'influence protestante avait pour principe, totalement assumé, d’appauvrir les masses populaires comme pour exercer une Justice divine sur la terre : les pécheurs, qui s'adonnent au vice, à la paresse, aux loisirs primaires, ne font finalement que recevoir le salaire de leurs turpitudes, tandis que le travailleur austère et industrieux reçoit la récompense de son labeur. L'idée est assez ancrée chez les partisans du libéralisme ("personne ne doit haïr les milliardaires, car eux, au moins, ont travaillé dur, et ceux qui les haïssent sont des jaloux, ils n'ont qu'à travailler eux aussi, etc.", ce genre de discours imbécile). Il y aurait donc en réalité un principe religieux à la base de notre système économique.
Vous ne rêvez pas.

Ce schéma est chronique dans l'univers judaïco-protestant perverti. C'est comme dans le calvinisme : les riches sont les élus qui jouissent tout naturellement de la faveur de Dieu, la plèbe ne fait que goûter à sa propre injustice personnelle foncière. Une régie du monde bien réglée doit permettre à tous de visualiser cela dans le concret de l'existence.

En un mot, le riche doit pouvoir jouir tout de suite de félicités, de privilèges insondables, de délectations, le pauvre (un damné) doit expérimenter l'enfer tous les jours. Ce qui explique la rage impossible à désarmer de ces riches contre tout système de gouvernement qui semblerait bien pénaliser même un peu les riches pour venir en aide réellement à des pauvres. «Injustice ! Sacrilège ! Vrai blasphème métaphysique !» Rage des économistes à gage contre l'État providence et unique désir de le démanteler. Furie du Congrès américain (des millionnaires $$$) contre le Venézuela qui prétendrait empêcher la multinationale américaine richissime de pouvoir venir cueillir la manne là-bas. - «Quoi ? Pour augmenter soi-disant le niveau de vie des gueux ? Hérésie !» ; «Sus à la tyrannie de la tourbe ! aux oppresseurs de la liberté (... des riches sous-entendu, les gens biens, éclairés et méritants)
Le reste en découle naturellement.

J'arrive à la conclusion que nous vivons sous le règne des religions "millénaristes", à savoir les trois religions du Livre. Ces trois religions tendent vers l'eschatologie messianique, dans des versions certes très différentes puisque les Chrétiens attendent la Parousie, le retour du Christ ; les Juifs attentent la première venue du Messie ; les Musulmans attendent le Mahdi. Tout cela va bien ensemble. Au fond, toutes ces religions préparent la Fin des Temps, et jugent le bien-être du monde comme totalement négligeable, considérant même comme impie l'idée d’œuvrer pour améliorer le sort de l'humanité sur la Terre, y voyant une démarche profane qui ne se soucie pas de Dieu.
Moi, j'arriverais plutôt à la conclusion que c'est bien le satanisme qui règne en maître sur la terre (*). Ce n'est ni le catholicisme qui domine ni le judaïsme de rêve, ni non plus nos si gentils musulmans (cette majorité silencieuse) pouvant toujours espérer confusément la venue d'une ère de paix et d'harmonie entre les peuples.
Dans cette perspective de Fin des Temps qui s'approche à grands pas, je crois personnellement que les responsables religieux de ces trois grandes Religions du Livre, assument totalement de faire entrer le monde dans le chaos final, qui forcera Dieu à intervenir (chacun espérant qu'il leur donnera enfin raison contre les deux autres et contre toutes les hérésies et dissensions internes, et nous allons enfin bien voir ce que nous allons voir, hihihi...)
Je croirais que les dirigeants religieux restent passifs envers cette perspective insaisissable de la fin.
Et lorsqu'on prend conscience de cela, alors on peut être à bon droit effrayé, en réalisant que nous sommes gouvernés mondialement par des fous fanatiques.
Nous sommes gouvernés mondialement par des fous fanatiques. C'est souvent vrai. Vous n'auriez pas tort de le dire. A raison du satanisme ! Puis c'est vrai que ça peut être effrayant; que ça reste effrayant.
C'est pour cela que je trouve assez intéressant que la Chine, pays qui ne dépend pas du fanatisme du "Livre", s'invite inopinément dans la partie, et sauvera peut-être le monde. En tout cas, c'est l'idée que je commence à me faire.
Mais la Chine soustraite à l'influence du monothéisme natif des religions du Proche-Orient n'en sera pas moins dirigé par la férule de Satan. Ce n'est pas si rassurant que cela. Le monde sans le Christ ne va pas mieux. Au contraire !

Disons que, pour l'instant, le fait que la Chine soit imperméable à l'emprise idéologique de nos globalistes (ça vaudrait aussi pour la Russie, l'Inde, l'Iran,; avec la corruption endémique en Afrique) reste un facteur pouvant ralentir un peu la vitesse de développement du grand système monopoliste. Mais ce n'est pas parce que les Chinois, les Iraniens ou les Africains seraient tellement plus fins.


________
(*) Le satanisme peut régner actuellement. Ce serait comme une observation de clinicien froid. Mais ce n'est pas pour faire oublier que la providence divine lui serait supérieure. Il ne s'agit pas - faisons attention - de se plonger dans un état de désespérance pour aller ensuite se foutre à l'eau. Surtout pas !

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Re: Le temps de la peur

Message non lu par Cinci » lun. 19 avr. 2021, 22:02

Revenir sur un détail touchant le protestantisme :
ademimo :

J'ai plusieurs fois lu que le capitalisme d'influence protestante avait pour principe, totalement assumé, d’appauvrir les masses populaires comme pour exercer une Justice divine sur la terre : les pécheurs, qui s'adonnent au vice, à la paresse, aux loisirs primaires, ne font finalement que recevoir le salaire de leurs turpitudes, tandis que le travailleur austère et industrieux reçoit la récompense de son labeur. L'idée est assez ancrée chez les partisans du libéralisme ("personne ne doit haïr les milliardaires, car eux, au moins, ont travaillé dur, et ceux qui les haïssent sont des jaloux, ils n'ont qu'à travailler eux aussi, etc.", ce genre de discours imbécile). Il y aurait donc en réalité un principe religieux à la base de notre système économique.
Dans un article du Monde Diplomatique de 2012 :

«... la thèse de Weber est en effet que le protestantisme a fait sortir «l'ascèse des couvents» ou le catholicisme l'avait confiné. La doctrine de la prédestination de Calvin, selon laquelle chaque être humain est élu ou damné par Dieu de toute éternité, sans qu'aucun de ses actes soit susceptible d'y changer quoi que ce soit, aurait pu conduire à une forme de fatalisme. Elle produisit l'effet inverse : soumettant chaque aspect de leur vie à une discipline stricte, les fidèles investirent toute leur énergie dans le travail, quêtant dans le succès économique un signe de leur salut. La fortune cessa alors d'être condamnable - bien au contraire [...]»

et

«Jean Calvin estimait que la masse des ouvriers et des artisans devait être maintenue en état de pauvreté pour rester obéissante envers Dieu, Le protestantisme creusa entre élus et damnés un fossé a priori plus infranchissable et plus inquiétant que celui qui séparait du monde le moine du Moyen-Âge - un fossé qui traça une empreinte profonde dans tous les sentiments sociaux. Le puritanisme anglais forgea également une législation sur la pauvreté dont la dureté tranchait radicalement avec les dispositions antérieures.

On mesure ce que le monde actuel doit à cette conception lorsqu'on lit que le pasteur luthérien Philipp Jacob Spencer, fondateur du piétisme, dénonçait comme moralement condamnable «la tentation de prendre sa retraite prématurément».

- Le Monde Diplomatique, «Aux sources morales de l'austérité», 696, 59e année, mars 2012

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Re: Le temps de la peur

Message non lu par Cinci » mar. 20 avr. 2021, 16:09

J'ai plusieurs fois lu que le capitalisme d'influence protestante avait pour principe, totalement assumé, d’appauvrir les masses populaires comme pour exercer une Justice divine sur la terre [....]
... comme pour "concrétiser" devant ses yeux, dans une sorte de prophétie autoréalisatrice, le genre de croyance préalable qui serait la sienne. Une sorte de réflexe latent qui est assez répandu (peut-être plus chez les bourgeois de la Réformation du XVIe siècle au départ) et que l'on peut s'attendre a fortiori de retrouver aussi chez nombre de "gros" (riches de l'hyper classe); d'autant plus quand le sujet aimera se concevoir comme le "self made man" de la légende, le type qui se fera fait tout seul grâce à ses propres vertus bien sûr. (la ritournelle classique ... aux âmes bien nées ... quand on veut on peut ... quand on est un juste qui s'accorde avec les lois de l'univers et dont bien sûr "Dieu" est le garant (In God We Trust, $$$, Le "Dieu" des loges ...)

Le gros ou le puissant aura la propension de vouloir créer un monde dans lequel pouvoir lui-même retrouver ses propres valeurs, l'illustration vivante de ses craintes [vraies ou fantasmées], pour faire que le monde soit à son image, cherchant à entraîner tout le monde dans des peurs qui sont les siennes. Une forme d'idolâtrie ...

C'est comme le raciste qui met en place un système, pour bien renforcer chez tous l'idée première que les Noirs sont inférieurs, une menace, etc. Le raciste aimerait bien mettre en place un système qui soit autoréalisateur de ce qu'il imagine déjà en partant ... Donc, c'est pareil avec les riches désireux de créer un monde dans lequel pouvoir mieux renforcer la certitude que le riche est un être à part, supérieur, méritant, etc. En contrepartie, il faut enfoncer les pauvres dans la déréliction. En veillant à ce que les mandarins de l'administration gagnent un salaire 1000 fois plus élevé que l'employé sur le plancher, on concrétise l'idée que l'administrateur relève d'une autre humanité. Il faut que l'élu puisse soutenir son statut d'élu, qu'on n'aille pas le confondre avec les esclaves interchangeables, les serviteurs, les hommes de peine.

Tout cela a des liens avec ce que nous vivons en l'an 2021, et y compris avec cette affaire de «panique virale» convoyée au départ par les chercheurs de grands labos de recherche (cotés en bourse, devenus entreprises capitalistes à la fine pointe).

Une liaison en terme de «main mise» sur le monde; volonté de contrôle; renforcement d'un genre de peur, désir d'entraîner tout le monde à redouter prioritairement ceci plutôt que cela; soumission aux «bonnes valeurs» de Crésus (la santé, la survivance physique ... le contrôle maximum sur la mort ... «si je veux me tuer il faut que j'ai le droit, si je ne veux pas il ne faudra pas non plus qu'un misérable microbe vienne me frustrer et bouleverser mes plans ... il me faut traquer le microbe, le contrôler» contrôle, contrôle freak, délire, toujours plus de sécurité svp ... mais ZÉRO crainte par rapport à Dieu, le vrai Dieu, celui de la Révélation chrétienne.


[...]

Ainsi la crainte s’éteint quand l’écran s’éteint. Il est parfois nécessaire d’éteindre pour ne pas tomber dans la spirale de la peur : l’information fomente la crainte et la crainte fait rechercher l’information. D’autant plus que celui qui craint « croit les choses plus terribles qu’elles ne sont » . Les films d’épouvante nous prouvent qu’il existe un désir morbide de se faire peur. et ce désir ne touche pas seulement les fictions. On sait qu’il faut parfois taire le danger pour ne pas causer de panique.

https://laportelatine.org/actualites/le ... a-craindre

(voir ce sermon hautement pertinent d'un abbé catholique "tradi" ("By Jove !"... "shocking !")

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