Oui mais alors je peine à comprendre que vous puissiez faire prévaloir le mal chez certaines personnes.cmoi a écrit : ↑jeu. 05 janv. 2023, 4:46Je pense bien voir ce que vous voulez dire et en effet, pour « découvrir » les ressorts du mal, il faut descendre dans son inconscient et cela suppose de laisser de côté la culpabilité et de croire au pardon (première convergence entre l’analyse et la démarche de conversion ) et aussi de ne pas partir du présupposé que ce qui est au fond de nous « est mauvais » même quand cela en a plus que l’apparence, mais que plus au fond encore de ce qui l’est il y a du bon.
Beaucoup refusent cette descente car ils ont peur de ce « mauvais », qu’il leur faudra traverser en descendant encore pour ensuite trouver le bon que ce mauvais avait recouvert – et ainsi de suite : l’acte de foi consiste à croire que la dernière couche la plus profonde est « bonne »
Ce qu'il y a de plus essentiel, de plus authentique chez chacun, est-ce le fondement ou ce qui le revouvre ?
D'ailleurs, sur ce sujet j'avais été inspiré d'une réflexion de notre regretté Benoit XVI avant qu'il ne soit Pape, dans son livre "La mort et l'au-delà" :
"Même si la décision de vie est prise au moment de la mort de manière définitive et irrévocable, cela ne veut pas nécessairement dire que l'homme touche le stade définitif de son destin à l'instant même. Il se peut que la décision fondamentale de l'homme soit recouverte de décisions secondaires et doive être d'abord pour ainsi dire déblayée."
Je précise qu'il parlait ici en particulier du purgatoire mais au fond, cela me semble pouvoir s'appliquer à tout homme.
L'homme étant créé par Dieu, étant uni à Dieu en son fondement, alors ce fondement, cette "couche la plus profonde" est nécessairement toute "oui" à Dieu. Et des couches et des couches de "non" peuvent le recouvrir mais elles ne peuvent faire disparaître cette réalité.
Oui d'accord mais alors cela confirme bien que ce mal n'est pas la personne, n'est pas sa vérité. Il en est plutôt une illusion, une déformation. Il est une construction.cmoi a écrit :Cers « identités superficielles » ne sont à mon avis pas si superficielles, elles emprisonnent des choses vraies et qui sont plus profondes, mais elles ont pris trop d’importance à cause du refoulement qui les a figées et nous a privé d’une explication, et quand notre réflexion sera devenue plus mature nous ne pourrons pas « revoir et corriger » la vérité que nous croyons savoir. Du coup, elles durent trop longtemps et nous influencent (et parfois à vie si on ne fait pas ce travail !) bien qu’elles auraient en effet dû être temporaires, et elles nous semblent absolu alors qu’elles ne sont en effet que partielles.
Comme dirait Denis Marquet dans "Aimez à l'infini" :
"notre moi est un système de défense", " "Moi" est le résultat d'une construction. Dès ma naissance, je me construis comme on me voit, je me construis comme on me veut. "
Que cela soit sa vérité n'est que subjectif mais cela ne correspond pas à la réalité.
Nous sauver du mal ou sauver le mal ?
Belle réflexioncmoi a écrit :Il nous reste le repentir et le ferme propos.
En fait le « mécanisme » mis à jour contient une erreur qui nous faisait réagir en décalage d’avec la réalité, en fonction de notre sensibilité anciennement blessée. Quand tout est mis à nu, la sensibilité se répare par la seule vérité retrouvée du fait de l’énergie nouvelle et libérée, qui va nous permettre de poser d’autres choix qui seront meilleurs et plus libres.
L'enfant avait bien sa dignité mais justement il a besoin qu’on la lui rende par la reconnaissance du mal qui lui a été fait. Mais l'enfant comme l'enfant en nous, ce qu'il y a de plus beau en nous, comme cette élan vital qui s'est retrouvé étouffé, cette part de nous authentique, véridique qui a été profané. Et qui subsiste quelque part en soi, attendant d'être reconnu.cmoi a écrit :Je vois les choses un peu différemment. L’enfant avait bien sa dignité et il sait qu’on la lui a volée, saccagée. C’est l’adulte qui a besoin qu’on lui rende la sienne, parce qu’il sait qu’il la possède mais n’en ressent rien, se croit obligé de la revendiquer ou de « laisser tomber », parce que entre les 2 il croit que c’est de sa faute s’il en a été privé, lésé, il se prête une capacité de résistance qu’il n’avait pas !
Ce pourquoi l’humilité vraie est un facteur de santé psychique et de résilience ! Tandis que l’orgueil provoque des traumatismes « faux » mais qui deviennent vrais… Le désir de « toute puissance » nous fait fuir la réalité et ne pas l’assumer (mais il y a aussi la peur et qui peut être justifiée… et d’autres paramètres encore…)
Et retrouvé, alors libéré.
Cela me fait penser à ce passage d'évangile :
"Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux." (Matthieu 18:3)
Je pense que l'adulte ne peut pas retrouver sa dignité, être pacifié, sans se reconnecter à et reconnaître l'enfant en lui.
Oui, bien sûr. Mais je posais plutôt la question de savoir pourquoi l'un tendrait vers le pardon et un autre vers la vengeance considérant surtout l'unité de leur nature et de leur origine.cmoi a écrit :Je pense que la réponse est simple, même si les conséquences sont immensément vastes : la culpabilité, l’orgueil et le refus de se reconnaître en tort conduisent à la vengeance (il s ‘agit de sentiments, d’affects, pas de réalité), l’humilité et le sentiment d’être aimé comme d’une grâce qui ne peut être enlevée totalement, et non d’un droit, conduisent au pardon.Didyme a écrit : Après, je ne peux manquer de me poser la question de savoir pourquoi certains tendent vers le pardon et d'autres vers la vengeance. .
Mais en « live », c’est évidemment plus complexe et demande un détricotage, car l’orgueil peut motiver le pardon, et demander humblement pitié peut conduire à la vengeance, sans compter le ras le bol de la révolte, etc..
Mais je ne suis pas sûr de me faire davantage comprendre .
Le passage de l'extrait cité :
"Mais pourquoi alors, si deux individus subissent une semblable blessure dans la petite enfance, l'un souffrira-t-il à l'âge adulte d'une dépression, tandis que l'autre présentera des traits pervers ? Pourquoi l'un aura-t-il tendance à occuper une place de victime émissaire, s'interdisant le bonheur, soucieux exclusivement de ses devoirs, se sentant coupable quoi qu'il fasse ou dise, tandis que le second, ne revendiquant que des droits, se permettra de jouir sans gêne et sans culpabilité, insensible à la souffrance et au désir d'autrui ? La différence tient au fait que le pervers, aux prises avec une culpabilité et une DIP encore plus massives et enfouies que celles du déprimé, se voit contraint, pour survivre, de dénier ces affects, de les censurer, les expulsant hors du champ de l'éprouvé et du ressenti conscient. Il est ainsi comparable à un appareil électrique qui aurait disjoncté en raison d'une augmentation exagérée de la tension pour ne pas exploser. Dans cette perspective, le pervers, bien que portant le vernis séducteur de la confiance en soi, de la solidité et de la maîtrise, souffre de césures narcissiques et identitaires bien plus graves que le déprimé. C'est le motif pour lequel ce qu'on pourrait lui souhaiter de meilleur en définitive, c'est de réussir un jour à déprimer pour pouvoir ôter son masque et quitter son blindage, afin de retrouver son enfant intérieur et d'accéder à sa vérité profonde longtemps dissimulée."
me confortant dans l'idée qu'on serait bien mal avisé de juger, de classer les uns parmi les bons et les autres parmi les mauvais, car ignorant leur histoire, car portant alors atteinte à leur dignité, à leur intégrité, à leur vérité.
Oui je suis d'accord.cmoi a écrit :Tout à fait d’accord sur le fait que la pulsion sexuelle est très loin de tout définir et expliquer, je pense même que prise isolément, c’est le contraire : son champ est très limité. L’énergie serait-elle sexuelle ne correspond pas au désir sexuel, elle est plus « vitale » que sexuelle. Le besoin d’amour est premier. L’amour est surtout à donner, mais comment donner ce qu’on n’aura pas reçu, si on ne croit pas qu’il y a une source intarissable et n’en a pas fait l’expérience – sur laquelle vient s’ajouter plus tard celle de la mort qui repose la question !
PS : désolé, je mets un peu de temps à répondre, mon métier me prenant souvent beaucoup de temps et d'énergie.