Hypervigilance
Publié : sam. 25 juil. 2015, 4:40
Il y a quelque temps, sur un autre fil de discussion (Agir dans le doute, de Sheryne), SergeA me demandait si je conseillerais à
mes enfants (si j'en avais...) de ne pas boucler leur ceinture de sécurité en conduisant, compte tenu que selon les statistiques, la probabilité qu'ils aient un accident est faible.
Cette référence à la conduite automobile n'était pas sans me parler.
Il y a 17 ans de cela, mon conjoint a été victime d'un grave traumatisme crânien. Il a été heurté par un véhicule alors qu'il traversait un boulevard à pied.
Suite à un trauma crânien sévère, comme après un AVC, on perd automatiquement son permis de conduire, cela va de soi.
Malgré certaines séquelles permanentes que lui a laissées son accident, mon conjoint a pu récupérer son permis, plus tard, mais cela a été long et difficile. Il a d'abord dû retrouver une à une les capacités et facultés nécessaires à la conduite automobile.
Mais à la fin de sa longue rééducation, un autre problème l'attendait, que je n'avais pas vu venir : l'hypervigilance.
Après avoir tout perdu et avoir dû travailler si fort pour tout réapprendre, cet homme autrefois si indépendant et si sûr de lui vivait un sentiment de vulnérabilité et d'insécurité bien compréhensible qui le rendait hypervigilant.
A prime abord, on pourrait croire que l'hypervigilance est une bonne chose et un gage de sécurité. Eh bien non.
En effet, si après avoir fait un arrêt obligatoire sur un coin de rue on tarde à repartir, alors que c'est notre tour de le faire, pour être sûr que les autres ne bougent pas, on ne fait que causer de la confusion chez les autres conducteurs qui ne savent plus si on avance ou si on recule, Ce qui risque de se produire, c'est que deux ou trois conducteurs décident finalement d'avancer en même.
temps.
Si on freine brusquement et inutilement après avoir vu sur le trottoir un jeune à vélo qui pourtant ne manifestait aucunement l'intention de s'engager dans la rue, on perturbe la circulation et on risque de provoquer un accident.
C'est avec le temps, peu à peu, que mon conjoint a retrouvé sa confiance. J'ai évité de le surprotéger et de l'encourager à se méfier de tout.
L'hypervigilance est le fruit de la peur et de l'insécurité. C'est aussi un manque de confiance en soi, en la vie, et envers autrui. cela n'a rien de positif.
Personnellement je n'ai jamais conduit dans l'anxiété. J'aime conduire et je le fais de façon très détendue.
Est-ce que cela pour autant est cause d'imprudence et de témérité ? Il n'y a aucun rapport entre les deux. Le fait d'être détendu et confiant ne nous prive pas de notre jugement si on en a un.
Oui, je boucle ma ceinture, je respecte le code de la route et j'évite les excès de vitesse. Et je conduis avec bonheur.
Un accident peut quand même se produire, évidemment. Et on peut aussi glisser sur une marche en sortant d'un immeuble et se fracasser les os en bas de l'escalier. Ça c'est simplement la vie, avec les risques qu'elle comporte et qu'on accepte avec le "deal" de départ. La vie est un tout. On ne s'empêche pas pour autant de monter et descendre des escaliers tout au long de notre vie, n'est-ce pas ?
C'est aussi de cette manière, en toute confiance, que je vis ma vie et ma foi. Pour employer le vocabulaire coloré de SergeA, je suis en effet une "décontractée de la foi" et souvent aussi une "brebis joviale et bondissante" .
En fait, la foi, qui est l'opposé de la peur, ne peut conduire à l'hypervigilance. La religion, elle, le peut très bien et malheureusement on en voit régulièrement des exemples sur ce forum.
Il y a des gens très religieux qui en viennent à voir le mal, le diable et le péché partout, qui vivent continuellement dans la crainte de tomber, qui se sentent menacés et sans défense, hypervulnérables, et qui se culpabilisent de tout et de rien.
Comme l'a écrit Kerniou sur un autre fil :"Grandir dans la crainte permanente du péché n'est pas la bonne initiation à la foi. Cette contre-éducation a fait déserter l'Église et éloigner de Dieu bon nombre de générations précédentes ..."
En effet !
De la même façon qu'un conducteur hypervigilant est un danger pour les autres, le religieux hypervigilant n'est pas dangereux que pour lui-même. Il fait aussi du tort aux gens qui l'entourent.
Les humains, avec leur esprit complexe et tordu ont parfois développé jusqu'au raffnnement l'art de se tirer dans le pied.
mes enfants (si j'en avais...) de ne pas boucler leur ceinture de sécurité en conduisant, compte tenu que selon les statistiques, la probabilité qu'ils aient un accident est faible.
Cette référence à la conduite automobile n'était pas sans me parler.
Il y a 17 ans de cela, mon conjoint a été victime d'un grave traumatisme crânien. Il a été heurté par un véhicule alors qu'il traversait un boulevard à pied.
Suite à un trauma crânien sévère, comme après un AVC, on perd automatiquement son permis de conduire, cela va de soi.
Malgré certaines séquelles permanentes que lui a laissées son accident, mon conjoint a pu récupérer son permis, plus tard, mais cela a été long et difficile. Il a d'abord dû retrouver une à une les capacités et facultés nécessaires à la conduite automobile.
Mais à la fin de sa longue rééducation, un autre problème l'attendait, que je n'avais pas vu venir : l'hypervigilance.
Après avoir tout perdu et avoir dû travailler si fort pour tout réapprendre, cet homme autrefois si indépendant et si sûr de lui vivait un sentiment de vulnérabilité et d'insécurité bien compréhensible qui le rendait hypervigilant.
A prime abord, on pourrait croire que l'hypervigilance est une bonne chose et un gage de sécurité. Eh bien non.
En effet, si après avoir fait un arrêt obligatoire sur un coin de rue on tarde à repartir, alors que c'est notre tour de le faire, pour être sûr que les autres ne bougent pas, on ne fait que causer de la confusion chez les autres conducteurs qui ne savent plus si on avance ou si on recule, Ce qui risque de se produire, c'est que deux ou trois conducteurs décident finalement d'avancer en même.
temps.
Si on freine brusquement et inutilement après avoir vu sur le trottoir un jeune à vélo qui pourtant ne manifestait aucunement l'intention de s'engager dans la rue, on perturbe la circulation et on risque de provoquer un accident.
C'est avec le temps, peu à peu, que mon conjoint a retrouvé sa confiance. J'ai évité de le surprotéger et de l'encourager à se méfier de tout.
L'hypervigilance est le fruit de la peur et de l'insécurité. C'est aussi un manque de confiance en soi, en la vie, et envers autrui. cela n'a rien de positif.
Personnellement je n'ai jamais conduit dans l'anxiété. J'aime conduire et je le fais de façon très détendue.
Est-ce que cela pour autant est cause d'imprudence et de témérité ? Il n'y a aucun rapport entre les deux. Le fait d'être détendu et confiant ne nous prive pas de notre jugement si on en a un.
Oui, je boucle ma ceinture, je respecte le code de la route et j'évite les excès de vitesse. Et je conduis avec bonheur.
Un accident peut quand même se produire, évidemment. Et on peut aussi glisser sur une marche en sortant d'un immeuble et se fracasser les os en bas de l'escalier. Ça c'est simplement la vie, avec les risques qu'elle comporte et qu'on accepte avec le "deal" de départ. La vie est un tout. On ne s'empêche pas pour autant de monter et descendre des escaliers tout au long de notre vie, n'est-ce pas ?
C'est aussi de cette manière, en toute confiance, que je vis ma vie et ma foi. Pour employer le vocabulaire coloré de SergeA, je suis en effet une "décontractée de la foi" et souvent aussi une "brebis joviale et bondissante" .
En fait, la foi, qui est l'opposé de la peur, ne peut conduire à l'hypervigilance. La religion, elle, le peut très bien et malheureusement on en voit régulièrement des exemples sur ce forum.
Il y a des gens très religieux qui en viennent à voir le mal, le diable et le péché partout, qui vivent continuellement dans la crainte de tomber, qui se sentent menacés et sans défense, hypervulnérables, et qui se culpabilisent de tout et de rien.
Comme l'a écrit Kerniou sur un autre fil :"Grandir dans la crainte permanente du péché n'est pas la bonne initiation à la foi. Cette contre-éducation a fait déserter l'Église et éloigner de Dieu bon nombre de générations précédentes ..."
En effet !
De la même façon qu'un conducteur hypervigilant est un danger pour les autres, le religieux hypervigilant n'est pas dangereux que pour lui-même. Il fait aussi du tort aux gens qui l'entourent.
Les humains, avec leur esprit complexe et tordu ont parfois développé jusqu'au raffnnement l'art de se tirer dans le pied.