Satan, auteur du péché ?

Altior
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2856
Inscription : sam. 05 juil. 2008, 23:59
Conviction : catholique traditionaliste
Localisation : In Ecclesia Dei

Satan, auteur du péché ?

Message non lu par Altior » dim. 10 sept. 2023, 21:01

Bonjour,

Ce Dimanche, j'ai dû fréquenter une Sainte Messe en rite ordinaire. Il y avait aussi un Baptême d'enfant. J'ai été choqué de voir, lors des Renonciations, la formule « Je rejette Satan auteur du péché ». Alors, deux questions :
1) cette phrase est-elle orthodoxe ?
2) cette phrase correspond au nouveau Rituel, ou bien c'est une création du prêtre ?

Merci pour vos lumières,
A.

Avatar de l’utilisateur
Olivier C
Consul
Consul
Messages : 1291
Inscription : jeu. 13 août 2009, 22:44
Conviction : Catholique
Localisation : Forum Segusiavorum
Contact :

Re: Satan, auteur du péché ?

Message non lu par Olivier C » lun. 11 sept. 2023, 4:23

Bonjour,

Je viens de vérifier, c'est bien textuellement dans le nouveau rituel. On le trouve en ligne.

Mais pourquoi cette formule ne serait-elle pas orthodoxe ? Dans la Genèse, le Serpent n'est-il pas celui par qui le mal s'est introduit dans le monde ?

Derrière cette formulation il y a cette idée - je pense - que l'homme n'est pas pleinement conscient, et donc pleinement responsable, de la portée du mal qu'il peut faire. Ce qui n'enlève pas à l'homme sa part de responsabilité dans cette "coopération" avec l'Adversaire.

La part de responsabilité de l'homme est amoindrie, elle n'est pas nule.
Je suis un simple serviteur, je ne fais que mon devoir.

cmoi
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3107
Inscription : jeu. 28 févr. 2019, 12:07

Re: Satan, auteur du péché ?

Message non lu par cmoi » lun. 11 sept. 2023, 6:43

Altior a écrit :
dim. 10 sept. 2023, 21:01
Bonjour,

Ce Dimanche, j'ai dû fréquenter une Sainte Messe en rite ordinaire. Il y avait aussi un Baptême d'enfant. J'ai été choqué de voir, lors des Renonciations, la formule « Je rejette Satan auteur du péché ». Alors, deux questions :
1) cette phrase est-elle orthodoxe ?
2) cette phrase correspond au nouveau Rituel, ou bien c'est une création du prêtre ?

Merci pour vos lumières,
A.
Il est tout à fait exact que le saint rituel prévoit, après la bénédiction de l’eau baptismale, l’interrogation par le célébrant des élus selon une dénomination de « renonciation » .
Laquelle peut s’opérer selon 3 formules A b et C.
Car l’introduction de formules alternatives par le saint Concile Vatican II ne s’est pas contenté de cibler le saint sacrifice de la messe, mais il s’étend aussi à tous les saints sacrements y compris aux rites préparatoires qui ont été remis à l’ordre du jour et en particulier pour le baptême (entrée en catéchuménat, appel décisif, scrutins, redditions du symbole de la foi, de l’effétah, de l’oraison dominicale : toutes pratiques vénérables qu’affectionnaient nos saints prédécesseurs dans la tradition séculaire de notre sainte mère l’Eglise).
Ce qui correspond aussi aux années ou semaines A b c etc. introduites à la fois soit dans la sainte liturgie des heures soit dans les saintes lectures, afin que la liturgie nous dévoile un spectre moins étroit (qui selon le droit jugement du saint magistère était sans doute devenu fade et monochrome, certes et sans doute pour de bonnes raisons ou en réponse à des occasions qui l’avaient rendu nécessaire, mais le temps était venu de ne plus se replier sur des habitudes protectrices mais de se déplier dans la joie de la résurrection ), de toute la richesse spirituelle à nous donnée par le Saint-Esprit depuis toujours et notamment la pentecôte.

Pour en revenir à ce qui vous a si pieusement effrayé, cette formulation appartient à la formule B.

Si nous nous limitons ici à ce qui concerne Satan expressément nommé, la formule A se contente d’un « renoncez-vous à Satan ? » (première question sur 3), et la formule C se fait plus loquace : « Renoncez-vous à Satan, votre ennemi, il sème l’ivraie au milieu du bon grain ? » (dernière question/3)
La formule B, en dernière question /3 également, indique d’une façon moins brutale et directe qui caractérise sa tournure générale : « pour suivre Jésus, le Christ, rejetez-vous Satan, qui est l’auteur du péché ? »


Concernant votre seconde question, plus cruciale et personnelle, je m’étonne que vous la posiez et n’y répondiez pas vous-même.
N’est-il pas notoire que nos péchés actuels n’auraient jamais existé sans le péché originel, lequel fut causé par un serpent que nous identifions sans peine comme étant le Satan métamorphosé pour mieux nous abuser ?
Sans cela, peut-être aurions-nous péché quand même, mais la réalité ne fait-elle pas loi ?

N’est-il pas tout autant notoire (mais moins identifiable scripturairement) que cet épisode n’aurait pas pu se produire si le Satan en question n’avait pas lui-même péché, à l’occasion d’une épreuve antérieure et qui concernait la nature angélique ? Que le Satan entraîna à sa suite d’autres anges dans une rébellion qui en fera des démons et qu’en cela il commit le premier péché ?
Or si l’auteur d’une idée est bien le premier à l’avoir eue, l’auteur du péché ne peut-il pas être le premier à l’avoir commis ?

Il arrive parfois que nous ayons des difficultés à identifier un auteur.
Ainsi, l’invention du télégraphe que nous attribuons souvent à un certain Edison*, alors qu’elle pourrait l’être à l’invention d’Alexander Graham Bell, à moins que ce ne soit celle de son compatriote Elisha Gray, en tout cas déposée le 14 février 1876 (mais peut-être est-ce Johan Philipp Reiss l’inventeur, si l’on en croit sa démonstration faire à Francfort en 1864 face à un public choisi, ou Antonio Meucci dont le matériel fut repris par Bell…) mais dans le cas présent, je ne vois pas de difficulté, sauf à imaginer que les premières créatures à avoir péché n’appartenaient pas à la nature angélique !
A moins d’imaginer encore que dans notre monde, voire un monde parallèle, il existe des créatures qui, ignorant le préalable de l’épreuve angélique, auraient elles-mêmes péché « comme pour une première » : en tout cas ce ne fut non seulement pas notre cas, mais en plus nous n’avons péché qu’à cause du Satan !
Ce qui en fait, ne renforcerait-il pas son droit à ce Satan de bénéficier à ce second titre d’être l’auteur du péché ?

Le lui contester ne reviendrait-il pas à entrer dans des spéculations aussi aventureuses que d’imaginer qu’il y a plus de 3 personnes en Dieu, de quoi faire se dresser les cheveux sur la tête des saint et en particulier des saints traditionalistes !

Et même s’il en existera parmi eux certains pour s’imaginer que cette formule pourrait contenir quelque hérésie subtilement enfouie et cachée, dormante, susceptible d’être ultérieurement activée et de polluer la saine et toujours sainte doctrine, faut-il vraiment faire de la théologie pour parvenir à croire que la formule entérinée dans le rituel par nos saints successeurs des apôtres est recevable ?

Je vous pose la question…

Adhérer à cette formule serait-il le signe d’un défaut d’instruction religieuse, d’un manque de prudence et de discernement, d’une pathologie qui refuserait par principe le soupçon en évoquant l’obéissance ?


Vous éclairez un point intéressant : la méfiance et le rejet des traditionalistes, manifesté à l’égard de tout ce qui a eu lieu depuis leur mémorable insurrection, ne pourrait-elle s’expliquer par le fait qu’ils ne digèrent pas le cru (comme la viande tartare, rien à voir avec la foi) ?
Il leur faudrait du beau, un beau qui serait plus édulcoré, des métaphores, des périphrases, des effets de style, de sorte à pouvoir boire leur thé dans leur salon en levant le petit doigt et tout en discourant de la passion du Christ avec un sourire angélique de non pas « sauvés » ou « rachetés » (ont-ils été esclaves ! (Jean, 8 : 22)) - mais préservés et mis à part en vue du jugement dernier !
C’est une façon raffinée de nier ce qui n’est plus, pour mieux rendre gloire à Celui à qui ils le doivent.
Etrange : « de nier ce qui n’est plus »…
Comme le disent avec jubilation certain hommes politiques : merci de nous avoir posé la question (et bravo pour votre sainte humilité) !

Cette pénible digestion pour le "cru", au point de ne pouvoir s'empêcher de considérer que cela doive cacher quelque chose, est une hypothèse très sérieuse...

PS Je m'appuie sur le rituel concernant les adultes, soupçonnant celui des enfants de s'en inspirer et profitant de l'occasion (vous l'aurez certainement compris...!) pour rendre compte des merveilles de notre liturgie.
* l’inventeur de la « fée électricité » auquel vous ne pensiez certainement pas en nous demandant nos « lumières », mais qui suffit à beaucoup et nous a tant procuré de bienfaits. Là comme à propos du sujet, pourquoi y voir du mal ?
Olivier C a écrit :
lun. 11 sept. 2023, 4:23
Derrière cette formulation il y a cette idée - je pense - que l'homme n'est pas pleinement conscient, et donc pleinement responsable, de la portée du mal qu'il peut faire. Ce qui n'enlève pas à l'homme sa part de responsabilité dans cette "coopération" avec l'Adversaire.
C'est sans doute la pente glissante à considérer... mais ce n'est là qu'une interprétation non nécessaire et, comme vous le soulignez ensuite, non suffisante.
Il y aurait lieu de ne pas oublier en revanche que Satan nous a menti : ce pourquoi en toute justice, nous n'avions pas à lui être "rachetés", car il n'a pas agi dans les règles !

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 24 invités