Régularité des habitudes de consécration et de communion

Alain
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Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Alain » jeu. 26 mai 2022, 11:45

:?: Bonjour,

Avant j'ai constaté que mes amis évêques consacraient un nombre d'hosties le mieux estimé possible en fonction des participants à leurs messes et des besoins de la réserve selon besoins par exemple pour la distribution aux malades à domicile. En cas de nécessité, ils fragmentaient l'hostie en deux avant sa distribution ou en quatre si nécessaire alors lors d'une remontée à l'Autel. Jamais ils n'utilisaient la réserve.

Maintenant, je vois des prêtres de paroisse et d'ordres monastiques ne consacrer qu'un petit nombre d'hosties que pour les célébrants puis, après consécration, se précipiter vers la réserve sainte pour y emporter l'ensemble des hosties pré-consacrées pour les distribuer à l'assistance communiante.

Qu'en est-il de ce nouveau comportement ? Le partage des hosties consacrées par eux n'est plus celui des hosties consacrées avec le peuple de Dieu qui a participé et partagé la messe avec eux.

Pourquoi ce changement de comportement ? De plus sachant que les mesures sanitaires du COVID ne sont plus d'applications en Belgique ?

Merci de vos réponses et si possible de documenter vos sources.

Santé et Bénédiction à Vous tous,

Alain

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Jean-Mic
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Re: Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Jean-Mic » jeu. 26 mai 2022, 19:32

Vous avez raison de faire remarquer que la communion devrait être pratiquée avec le pain et le vin consacrés lors de la messe-même, et que les allers-retours des calices entre l'autel, le lieu de la communion, et le tabernacle peut prendre des allures de jeu de cache-cache, tantôt risible, tantôt gênant, souvent inutile. Alors pourquoi mettre en place une réserve eucharistique ?

Tout d'abord, une raison pragmatique. Il est généralement bien difficile de connaître d'avance le nombre de communiants effectifs, même au vu de la taille de l'assemblée. Rares sont en effet les cas où le célébrant peut évaluer précisément le nombre d'hosties réellement nécessaires (une messe de semaine avec une très petite assemblée, par exemple). Du coup, la réserve eucharistique est une très utile variable d'ajustement (que le Seigneur pardonne la trivialité de mon expression pour parler de Son corps livré).

Puis, une raison théologique. La présence réelle du Christ mort et ressuscité, livré pour nous, est permanente dans les Espèces consacrées. Elle ne se dilue pas avec le temps. Nous n'avons donc pas d'autre choix que de les consommer sur le champ ou, si ce n'est pas possible de les consommer toutes, de les conserver avec respect.
Commençons par le vin. Le vin devenu Sang du Christ garde toutes ses propriétés de fruit de la vigne et du travail des hommes, et se corrompt par conséquent assez vite. Imaginez le goût que prendrait un fond de vin de plusieurs semaines dans un calice : vous obtiendriez un infâme vinaigre dans lequel il serait bien difficile de reconnaître le Vin du festin des noces de l'Agneau. On ne cherche donc pas à le conserver. On s'empresse de le consommer intégralement s'il en reste après la communion. D'où parfois des scènes presque cocasses pour trouver autour de l'autel celui qui devra se dévouer pour vider le fond du calice (oh ! comme je parle mal du Sang versé de Notre Seigneur).
Continuons avec le pain. Le pain devenu Corps du Christ se corromprait également bien vite et deviendrait vite une bouillie moisie et pleine de vermine, peu appétissante voire carrément dangereuse pour la santé, ... s'il ne s'agissait de pain azyme ! Heureusement pour nous, la Cène fut inaugurée par le Christ avec les pains azymes de la Pâque juive ! Et heureusement pour nous, les chrétiens ont repris, ou suivi, cette tradition d'origine juive ! Le Corps du Christ peut donc, à la différence de Son Sang, être conservé très longtemps, mais pas indéfiniment (la farine qui le compose reste un aliment périssable à long terme), dans une réserve eucharistique.
NB : La forme et sa place dans l'église de cette réserve eucharistique ont sensiblement varié au fil des siècles. Dans un autre fil, j'avais promis de revenir sur ce point. C'est l'occasion de jeter ici les bases du sujet.

Enfin, ce qu'on pourrait appeler une raison pastorale. La réserve eucharistique s'avère utile entre deux messes pour prélever les Espèces consacrées nécessaires et porter la communion aux absents, malades et empêchés. Il est donc raisonnable voire indispensable que cette réserve soit toujours approvisionnée (dit autrement : que le tabernacle ne soit pas vide). Si elle ne l'était pas, il faudrait qu'un prêtre consacre le pain avant chaque visite avec communion à un malade, ce qui ne serait pas certes insurmontable, mais resterait somme toute assez peu pratique.

Il va sans dire que je n'ai ici employé les termes pragmatique, théologique, et pastorale, que par commodité et que les trois catégories sont intimement liées et interpénétrées, voire, pour une part, interchangeables.
Dernière modification par Jean-Mic le lun. 30 mai 2022, 9:53, modifié 3 fois.
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Re: Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Jean-Mic » jeu. 26 mai 2022, 22:51

Certains s'étonneront que je n'ai pas encore abordé la place réservée à l'adoration eucharistique, ni même employé les mots de tabernacle, d'ostensoir, etc. Je poursuis donc.

Comme nous l'avons dit plus haut, et tout le monde en conviendra sur ce forum, la présence réelle est bel et bien permanente dans l'hostie consacrée. Les chrétiens que nous sommes se doivent donc de respecter au plus haut point le Corps du Christ dans les hosties consacrées en surnombre lors des messes précédentes. Il est donc légitime et hautement recommandé de L'adorer, soit exposé au cœur d'un ostensoir, soit caché au cœur d'un sépulcre comme le tabernacle. Mais, au risque de surprendre, peut-être même de choquer certains d'entre vous, cette possibilité ne nous est offerte que secondairement par rapport à sa fonction première de réserve à l'attention des absents, et tardivement dans l'Histoire.

Et, de fait, historiquement l'adoration du Saint-Sacrement n'est apparue comme une forme de dévotion que tardivement dans l'Eglise. Sans avoir eu le temps d'approfondir le sujet, je dirais qu'à ma connaissance, elle apparaît à la fin du Moyen-Âge (14ème s.) avec la Devotio moderna et qu'elle s'est développé avec force avec le concile de Trente (16ème s.), faisant du tabernacle le point focal de toute église post-tridentine. ... Ce qui n'était pas le cas auparavant !!! Entrons donc dans le détail.

Aux premiers temps de l'Eglise, c'est la dimension pastorale (cf. ci-dessus) de la réserve eucharistique qui prévaut : porter la communion aux absents ! Probablement dans un simple vase clos, ancêtre de nos calices avec couvercle, et probablement caché dans un endroit sûr de la domus ecclesiæ.

Passée la période des persécutions, avec la période constantinienne et la construction des premières églises (4ème s.), le lieu de la réserve eucharistique n'a plus à être secret ou caché, mais il reste néanmoins discret, et sans lien avec le lieu de la consécration, l'autel. Une armoire dans la sacristie fait parfaitement l'affaire. Toute la dévotion eucharistique est alors centrée sur le sacrement célébré à l'autel par le prêtre et donné en communion à l'Ecclesia, assemblée ... présente (communion au cours de la messe) ou absente (communion portée à domicile). Cette pratique et ces conséquences semblent avoir perduré pendant de longs siècles, au moins jusqu'à la période carolingienne.

Avec la Renaissance carolingienne (9ème s.) apparaissent des réceptacles d'un nouveau genre. Utilisant les mêmes codes décoratifs que les reliquaires (le culte des reliques est alors le culte majeur à l'attention des fidèles laïcs), magnifiquement ornés de pierres et de métaux précieux, ils sont exposés à proximité de l'autel majeur, tandis que les reliquaires sont exposés sur les autels. La forme la plus connue de ces réserves eucharistiques est celle de la colombe suspendue à une chaîne que l'on peut monter et descendre selon les besoins ..., principalement pour porter la communion aux clercs empêchés ou malades (car, majoritairement, à cette époque, seuls les clercs communient régulièrement). Dans cette concurrence visuelle, les colombes eucharistiques pèsent peu dans les dévotions des fidèles, dont on pourrait dire qu'ils sont obnubilés par les reliques des saints...

Avec la fin du Moyen-Âge et la Devotio moderna (14ème s.), le rapport aux Espèces eucharistiques commence à évoluer, sans pour autant que les laïcs communient beaucoup plus souvent. Les reliquaires ont désormais quitté leur place permanente sur l'autel et ne sont exposés qu'épisodiquement, mais de manière éclatante en fastueuses ostentions ou processions. L'attention peut désormais s'appesantir sur une réserve eucharistique proche de l'autel. La colombe suspendue tend à disparaître au profit d'une armoire fixe abondamment ornée, soit dans le mur du sanctuaire, soit à l'époque du gothique flamboyant (fin du 15ème-début du 16ème) dans de magnifiques et verticales (dépassant parfois trois mètres de hauteur) tours eucharistiques (hélas, peu ont survécu au concile de Trente). C'est de cette époque que date la généralisation de l'usage de la lampe eucharistique. Les lampes suspendues étaient bien depuis les siècles les plus reculés l'éclairage habituel des sanctuaires, mais en se parant, et elles-seules, de rouge, elles sont progressivement associées visiblement à la présence réelle et en deviennent sans ambiguïté le signal permanent.

Avec le concile de Trente (16ème s.), l'Eucharistie est plus que jamais mise au centre de la vie chrétienne. C'est alors qu'apparaissent les tabernacles, posés de manière triomphale sur l'autel majeur et magnifiés par des retables aux larges dimensions, faisant du lieu de la réserve eucharistique le point focal de l'église, visible de la porte, ... et ouvrant la voie à la dévotion de l'adoration eucharistique.

Nous et nos contemporains sommes tellement habitués à cette disposition qu'elle nous semble immémoriale, mais je pense avoir démontré que ce n'est pas le cas ... Cette disposition, pleine de richesses, liturgique, théologique, pastorale, et même esthétique ou artistique, comportait néanmoins quelques risques. Nous y reviendrons, mais il est déjà un peu tard ce soir.
Dernière modification par Jean-Mic le ven. 27 mai 2022, 14:36, modifié 3 fois.
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Re: Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Alain » ven. 27 mai 2022, 13:21

Merci d'avoir conforté mon avis personnel sur ces sujets. Aussi d'avoir apporté un éclairage historique en plus de fondement théologique de manière accessible sur ces points que je trouve importants et précieux.

Que Dieu vous bénisse pour cet enseignement,

Alain

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Re: Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Jean-Mic » lun. 30 mai 2022, 19:57

J'écrivais plus haut que la valorisation extrême (et mille fois justifiée) de l'Eucharistie par le concile de Trente avait eu, entre autres, pour conséquence l'installation magnifique du tabernacle comme point focal de l'église, sur l'autel, surmonté d'un retable. J'avais auparavant montré combien ce nouvel usage était en rupture avec ceux des siècles précédents. Et je terminais mon message en écrivant que cette pratique si riche de sens n'était pourtant pas sans risque. (NB : Je l'avais écrit au pluriel - des risques - mais je m'aperçois que ce pluriel était inapproprié.)

Le risque encouru était, et est toujours, celui de la redondance. La messe n'est-elle pas tout entière eucharistique ? N'est-elle pas la manifestation la plus accomplie de l'Eucharistie, sacrifice offert et communion partagée pour l'Eglise ? Elle l'est tout entière, sans rien pouvoir y retrancher : des premières notes et des premiers pas de la procession d'entrée jusqu'aux dernières notes et aux derniers pas de la procession de sortie.
Dans ces conditions, le tabernacle n'est pas à proprement parler indispensable à la célébration de la messe. De fait, nombre de messes, dont nul ne mettra la validité en doute, sont célébrées quotidiennement en l'absence de tabernacle. Qu'on pense aux messes d'un aumônier d'hôpital, d'un aumônier militaire, d'un aumônier scout, ...

Pas indispensable à la validité de la messe ! mais fort utile néanmoins ! (Lisez-moi jusqu'au bout avant de vous récrier.) Comme écrit plus haut, durant une messe avec assemblée, la réserve eucharistique remplit en effet les fonctions décrites dans mon premier message : pragmatique (variable d'ajustement, dans un sens ou dans l'autre, du nombre d'hosties consacrées et du nombre de communiants), théologique (respect dû aux Espèces consacrées non consommées), et pastorale (manifestation permanente de la communion avec les absents). (Cf. supra.) Et ce n'est pas rien ! Cette troisième fonction, celle de réserve en vue de la communion des absents, est encore plus grande, plus riche de sens qu'on ne le pense généralement. Ses conséquences liturgiques et ecclésiologiques sont immenses. La réserve eucharistique manifeste en effet à quel point, comme le dit la prière eucharistique, le sacrement est célébré et partagé pour toute l'Eglise. Toute l'Eglise ! Voilà une dimension proprement vertigineuse que l'on pourrait oublier dans nos assemblées parfois si peu nombreuses : quand nous célébrons la messe, quel que soit notre nombre et notre lieu, nous célébrons pour toute l'Eglise !!!

Que le lieu et l'agencement de la réserve soit digne, et, tant qu'à faire, aussi commode d'accès que possible, tout le monde en conviendra. Mais, pour cela, nul besoin que la réserve eucharistique soit sur l'autel où est présentement célébré le Saint Sacrifice, ni nécessairement dans le sanctuaire lui-même. En effet, à partir du moment où la messe est commencée et jusqu'à ce qu'elle complètement achevée, toute l'attention du célébrant et de l'assemblée doit être focalisée premièrement sur l'autel, à l'exception de la proclamation de la Parole où elle doit l'être deuxièmement sur l'ambon, troisièmement sur la personne du célébrant (à l'autel, à l'ambon, ou à son siège de présidence) ou du ministre qui officie (diacre, thuriféraire, lecteur, ..., ministre ordinaire ou extraordinaire). Pour être absolument complet il faudrait ajouter un quatrièmement : sur la croix durant le Triduum pascal. Ainsi donc, la présence-même du tabernacle sur l'autel apparaît redondante avec le sacrement célébré, pris dans son intégralité, c'est-à-dire du premier pas de la procession au dernier pas de procession.

A cet égard rappelons, au risque de surprendre, qu'au cours de la messe, il n'y a pas lieu de faire la génuflexion devant le tabernacle lors des diverses processions, mais seulement de saluer l'autel (voire de le baiser) dès lors qu'on s'en approche en procession. Or, durant la messe, tout déplacement d'un ministre est une procession ! Cela est évident dans une célébration solennelle avec plusieurs officiants et servants. Ça l'est un peu moins dans une messe où le célébrant est seul dans le sanctaire. Et pourtant : tout déplacement du siège à l'ambon, du siège à l'autel, autour de l'autel, est une procession. Et les plus sourcilleux seront d'accord que tout autre déplacement dans le sanctuaire n'est guère qu'agitation mal venue ...! La présence du tabernacle n'y change rien ! C'est l'autel où va être célébré le sacrifice eucharistique, sommet de la messe, qui doit faire l'objet de toute notre attention ! Le seul moment où il y a lieu de s'agenouiller devant le tabernacle, c'est quand un des ministres va quérir la réserve après la consécration afin de donner la communion en nombre suffisant, puis quand le même ministre, ou un autre, repose les hosties consacrées surnuméraires dans le tabernacle. Tout autre agenouillement devant le tabernacle pendant le déroulement de la messe révèle une incompréhension manifeste du mystère eucharistique célébré dans la messe ! A moins qu'il ne soit la conséquence malheureuse d'un déplacement non-processionnel qu'on aurait sans doute pu éviter.
Dernière modification par Jean-Mic le lun. 30 mai 2022, 21:50, modifié 4 fois.
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Re: Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Jean-Mic » lun. 30 mai 2022, 20:10

Redondante, et potentiellement source de confusion ! Comme le rappelle les textes liturgiques en vigueur, il est infiniment préférable que la réserve eucharistique soit bel et bien distincte de l'autel. Il serait évidemment faux et de mauvaise foi de croire que c'est une consigne nouvelle sortie ex-nihilo de la réforme liturgique qui a suivi le concile de Vatican II. Dès les années 1930, les liturgistes et théologiens Louis Bouyer en France et Romano Guardini (professeur et mentor du futur Benoît XVI) en Allemagne mettaient ces intuitions en œuvre, à force d'expérimentations et d'essais successifs dans le cadre de ce qu'on appelé le Mouvement Liturgique.

On fera évidemment tout pour qu'elle soit visible de loin et parfaitement identifiable, c'est entendu. Et sa qualité se doit d'être à l'égal de celle des autres éléments du mobilier du chœur : "fixe, noble et solide".


Le texte de la PGMR (Présentation Générale du Missel Romain) est assez clair sur tous les points que j'ai évoqué plus haut :
[+] Texte masqué
Le lieu de la réserve eucharistique

314. En fonction des données architecturales de l´église et conformément aux coutumes locales légitimes, la Sainte Eucharistie sera conservée dans un tabernacle placé dans un lieu très noble, insigne, bien visible, bien décoré et permettant la prière.
Le tabernacle sera normalement unique, fixe, fait d’un matériau solide et à l’abri des effractions, non transparent et si bien fermé que soit évité au maximum tout danger de profanation. Il convient de plus que le tabernacle soit béni avant d’être mis en service pour la liturgie, selon le rite prévu dans le Rituel romain.

315. Il est plus conforme à la vérité du signe que le tabernacle, où la très sainte Eucharistie est conservée, ne soit pas sur l’autel où la messe est célébrée.
Il faut donc que le tabernacle soit placé, au jugement de l’évêque diocésain :
- soit dans le sanctuaire, en dehors de l’autel de la célébration, sous la forme et dans un endroit qui conviennent mieux, sans exclure l’ancien autel qui ne servirait plus à la célébration ;
- soit encore dans un oratoire adapté à l’adoration et à la prière personnelle des fidèles, qui dépende architecturalement de l’église et bien visible des fidèles.

316. Selon la coutume traditionnelle, une lampe spéciale, alimenté avec de l’huile ou de la cire, brillera en permanence près du tabernacle, pour signaler et honorer la présence du Christ.

317. ...

Et le Code de Droit Canonique va évidemment dans le même sens :
[+] Texte masqué
LA RÉSERVE ET LA VÉNÉRATION DE LA TRÈS SAINTE EUCHARISTIE

Can. 934 - § 1. La très sainte Eucharistie :
1 doit être conservée dans l'église cathédrale ou une église équiparée, dans toutes les églises paroissiales et dans les églises ou oratoires annexés à la maison d'un institut religieux ou d'une société de vie apostolique;
2 peut être conservée dans la chapelle de l'Évêque et, avec l'autorisation de l'Ordinaire du lieu, en d'autres églises, oratoires et chapelles.
§ 2. Dans les lieux sacrés où la très sainte Eucharistie est conservée, il faut qu'il y ait toujours quelqu'un qui en prenne soin et, dans la mesure du possible, un prêtre y célébrera la Messe au moins deux fois par mois.
...

Can. 937 - Sauf si une raison grave s'y oppose, l'église dans laquelle la très sainte Eucharistie est conservée restera ouverte aux fidèles au moins quelques heures par jour, afin qu'ils puissent prier devant le très saint Sacrement.

Can. 938 - § 1. La très sainte Eucharistie ne sera conservée habituellement que dans un tabernacle de l'église ou de l'oratoire.
§ 2. Le tabernacle dans lequel la très sainte Eucharistie est conservée sera placé en un endroit de l'église ou de l'oratoire remarquable, visible, convenablement décoré et adapté à la prière.
§ 3. Le tabernacle dans lequel la très sainte Eucharistie est habituellement conservée sera inamovible, fait d'un matériau solide non transparent et fermé de telle sorte que soit évité au maximum tout risque de profanation.
§ 4. Pour une cause grave, la très sainte Eucharistie peut être conservée en un autre lieu sûr et décent, surtout la nuit.
§ 5. La personne qui est chargée de l'église ou de l'oratoire veillera à ce que la clef du tabernacle où la très sainte Eucharistie est conservée soit gardée avec le plus grand soin.

Can. 939 - Les hosties consacrées seront conservées en quantité suffisante pour les besoins des fidèles dans un ciboire ou dans un vase et seront fréquemment renouvelées, les hosties anciennes étant dûment consommées.

Can. 940 - Devant le tabernacle où la très sainte Eucharistie est conservée, une lampe spéciale sera constamment allumée pour indiquer et honorer la présence du Christ.
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Re: Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Jean-Mic » lun. 30 mai 2022, 21:27

Jean-Mic a écrit :
jeu. 26 mai 2022, 22:51
Avec la fin du Moyen-Âge ... à l'époque du gothique flamboyant (fin du 15ème-début du 16ème) dans de magnifiques et verticales (dépassant parfois trois mètres de hauteur) tours eucharistiques (hélas, peu ont survécu au concile de Trente).
Un exemple de tour eucharistique gothique : Semur-en-Auxois, collégiale Notre-Dame,
tour eucharistique située en avant du chœur dans le transept, avant 1470 :
Pièces jointes
Semur en Auxois - Collégiale Notre-Dame - tour eucharistique.jpg
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Re: Régularité des habitudes de consécration et de communion

Message non lu par Jean-Mic » lun. 30 mai 2022, 21:31

Et une interprétation contemporaine : Troyes, cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul,
tour eucharistique de la chapelle de l'Adoration, 2008 :
- le tabernacle est en cristal de couleur (d'une cristallerie locale),
- quelques leds assurent l'éclairage par l'intérieur en se reflétant sur le métal doré du ciboire,
- cette chapelle n'a pas d'autre fonction que l'adoration eucharistique.

L'éclairage intégré présente ici deux atouts :
- il n'y a pas transparence - ce qui est proscrit, cf. PGMR et CDC ci-dessus - mais illumination par l'intérieur,
- il n'y a pas besoin en plus d'une lampe de présence puisque c'est du tabernacle lui-même qu'émane la lumière de présence.
L'effet est saisissant. L'invitation à l'adoration est une vraie réussite.
Pièces jointes
cathédrale de Troyes - tour eucharistique.jpg
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