Bonjour mikesss,
Je vais rajouter mon grain de sel dans cette discussion. J'assiste chaque dimanche à la messe tridentine depuis mon enfance, j'ai servi cette messe durant de nombreuses années et maintenant je fais partie de la schola grégorienne.
Je suis sincèrement heureux de l'apprendre (mon grégorien est assez défaillant... ^^)
Je voudrais apporter quelques précisions sur le sujet et mon avis sur certains points.
En premier lieu, outre la difficulté de traduire en langue vernaculaire l'ensemble de la messe de St Pie V du fait de la masse de travail (car en plus du commun, il faudrait traduire tous les textes du propres) on perdrait en faisant cela un trésor de l'Eglise et on risquerait de dénaturer la dite messe tridentine. Cette messe a été pensée en latin, la traduire en retrouvant exactement l'idée originale est impossible, on omettrait presque forcement l'une ou l'autre nuance. Quand à remplacer le grégorien par des cantiques, quelle horreur!!!! le chant grégorien est par excellence le chant de l'Eglise, ce serait jeter à la poubelle des siècles de tradition (en plus d'œuvres d'une grande beauté musicale). L'idée selon laquelle la messe en langue vernaculaire afin de faciliter la compréhension n'est pour moi qu'un trompe l'œil: on ne faciliterait pas la compréhension de cette messe, on la transformerait en profondeur. Ce n'est pas parce que la messe est en latin qu'on ne comprend pas ce qui se passe; un missel sert à cela: vous avez tout le déroulé de la messe avec tous les textes traduits si vous ne comprenez pas le latin. (j'avoue que ce serait bien malheureux si le Lauda Sion écrit pas St Thomas d'Aquin était supprimé). De plus, comme ca a été déjà précisé, l'Evangile et l'épitre peuvent déjà être dits en français.
La Messe tridentine tient ses racines de la liturgie romaine antique, laquelle était primitivement célébrée en grec. Même après le passage au latin, elle fut célébrée en slavon, mohawk, chinois, anglais, grec (en France et en Italie jusqu'à la Révolution)... et en français, chez quelques jansénistes. Dire qu'elle serait à ce point liée au latin que toute traduction serait vouée à l'échec apparaît donc pour le moins contestable.
Il est tout à fait exact que le travail sera considérable. Mais ce n'est pas en soi une raison pour ne pas le faire.
D'ailleurs, il faut relativiser : une partie de ce travail existe déjà, d'une part dans la FORM, d'autre part dans des textes plus anciens. J'ai ainsi trouvé le texte complet de la liturgie de la Messe dans l’Église catholique gallicane (fondée par Hyacinthe Loyson) qui n'est autre que la forme extraordinaire traduite en français.
La vraie question se pose pour le propre de la Messe. Il est exact qu'il y aura là un travail énorme à faire. Cela dit, les catholiques francophones qui se disputent sur ce genre de question ont tendance à agir comme si l’Église se réduisait à la France. Si au contraire, ils jetaient un coup d'oeil à leurs frères anglo-saxons par exemple, ils verraient que ceux-ci ont déjà commencé ce travail. On compte ainsi de nombreux ouvrages permettant de chanter en anglais toutes les Messes de l'année (tant pour la FORM que pour la FERM). Il n'y a aucune raison pour que les français soient incapables de réussir là où les anglais ont réussi. Un peu de patriotisme, que diantre ! ^^
D'autre part, il y a eu toute une discussion sur le fait que les paroles du canon devaient être dites à voix basse. Alors quand le prêtre doit dire une prière à voix basse (et inaudible pour les assistants et les servants), il est précisé dans le missel "secreto". Quand à dire que ça ne peut pas être ne serait-ce que pour que le servant puisse sonner la cloche au Hanc Higitur, sachez qu'on n'a pas besoin d'entendre ce que dit le prêtre pour savoir ou il en est (par exemple, au hanc higitur, il étend les mains sur le calice et la pâle).
De fait, je n'aime pas beaucoup cette pratique. Mais ce n'est pas celle-ci qui nous occupe. Nous traitons de la langue, pas du silence du Canon.
Concernant le rôle de chacun dans la célébration de la messe, bien au contraire, la FERM est tout à fait logique je trouve; les laïcs, non consacrés, n'ont dans l'absolu pas à participer mais seulement à assister a ce mystère divin (même si, pour des raisons pratiques, ce sont la plupart du temps des laïcs qui servent et qui chantent en raison du manque de clercs). Et quand il y a une dérogation pour qu'un laïc participe, cela reste sur des rôles non réservés à des ordres majeurs (Sous-diacre, diacre ou prêtre). Je suis par exemple effaré de voir que dans certaines églises, des laïcs lire l'Evangile lors de la première partie de la messe alors que c'est réservé aux diacres. Quand au fait que les lors des messes solennelles, les prêtres qui assistent le prêtre en tant que diacre ou sous-diacre portent la dalmatique et non la chasuble ne me choque pas, ils sont effectivement diacres et sous diacre et peuvent très bien porter ces "tenues".
Je ne vous comprends pas très bien : la participation à la liturgie est chose normale, même et surtout pour les laïcs ; pour plus de détails, je vous renvoie aux enseignements de Pie X, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II, et du Concile Vatican II sur la participation des fidèles à la sainte liturgie.
Où avez-vous vu des laïcs lire l’Évangile ? Une telle pratique est assurément illégale et scandaleuse.
Enfin, concernant les cantiques et la polyphonie, d'une part, il me semble (il faudrait que je retrouve le texte officiel) que le rite de St Pie V interdit dans l'absolu l'utilisation de cantiques en français (règle qui, je pense à été assouplie avec le temps)? D'autre part, je suis assez d'accord que dans certaines paroisses, on veut absolument mettre de la polyphonie partout, quitte à ne pas chanter certaines pièces de grégorien et souvent au détriment du silence que nécessite le recueillement (entre autres que certains veulent absolument mettre de la polyph ou de l'orgue après la consécration.
Il serait intéressant de retrouver ce texte, en effet. Quoique n'étant pas un fanatique des cantiques, ils apportent une belle participation et ne devraient pas être interdits. Évidemment, ils ne doivent pas remplacer le chant du propre.
Un dernier point : en plaidant pour la FERM en langue vulgaire, je ne prêche pas pour ma boutique. Je parle dans l'intérêt de cette forme liturgique. Si elle est incapable de s'adapter sur ce point, elle restera à tout jamais la « Messe en latin », privilège d'un petit groupe ésotérique.
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.