Re: La réforme de la Semaine Sainte (1955)
Publié : mar. 18 avr. 2017, 22:36
Benoît XVI s'est trompé ? Et Jean-Paul II aussi, alors ? Puisqu'il a mis en place le motu proprio Ecclesia Dei, et la commission pontificale chargée de l'appliquer. Vous devriez peut-être alerter le pape François pour qu'il revienne sur les erreurs de ses prédécesseurs, heureusement que vous êtes là !Socrate d'Aquin a écrit : ↑mar. 18 avr. 2017, 19:34Je ne suis pas complètement d'accord. La réforme mise en place par S. Pie V avait justement pour but d'unifier la liturgie (même si sa réforme a épargné les diocèses ou ordres qui disposaient déjà d'une liturgie propre de plus de deux cent ans). Le but que poursuivit Paul VI n'est pas différent.archi a écrit : ↑mar. 18 avr. 2017, 18:36L'unicité du rite romain n'a jamais existé, sauf en 1969 quand Paul VI a publié le Novus Ordo - pourtant, Benoît XVI a bien expliqué, après consultation des cardinaux, que le missel romain traditionnel ne pouvait pas être interdit. Encore peut-on difficilement considérer le rite de 1969 comme "un" étant donné la quantité d'options qu'il propose, sa flexibilité intrinsèque et la flexibilité encore plus grande des façons dont il a été célébré depuis.
Auparavant, il y avait des usages régionaux (par exemple à Lyon), des usages d'ordres religieux (dominicain, chartreux...), etc... bien que le XIXe Siècle ait amené beaucoup de diocèses à abandonner leur usage propre (conservé jusque-là) au profit de l'ordo de Saint Pie V. Auparavant donc, la variété restait bien plus grande, même s'il s'agissait toujours du rite romain (l'ordinaire était essentiellement invariable, le canon était l même partout), il y avait des différences de rituel, des lectionnaires différents, des calendriers différents...
Sans compter la grande variété des rites non romains (orientaux, ambrosien, mozarabe...), bien sûr.
La communion spirituelle entre chrétiens n'est pas une affaire d'utiliser le même rite. Sinon, la liturgie devrait être absolument fixe depuis le début de l'Eglise, pour célébrer en communion spirituelle avec nos ancêtres.
Soit dit en passant, un reproche pertinent qui était fait à la liturgie préconciliaire était que, suite à l'apparition de l'imprimerie, on était passé d'une évolution organique du rite (les modifications étaient reportées à la main sur les livres existants, les usages évoluaient lentement et localement) à une rigidification (la Congrégation des Rites avait autorité pour décider d'une foultitude de détails, et le rôle du célébrant était d'accomplir exactement ce qui était prescrit, les modifications étaient répercutées par une réimpression des livres, bien plus facile désormais), d'où une liturgie vécue comme un ensemble d'obligations à accomplir par les clercs et non la prière du célébrant et du peuple.
Le problème est que quand on a voulu changer cet état de fait, vu que les prêtres n'avaient pas de réelle formation et culture liturgique (si ce n'est de connaître les rubriques), on est passé en masse à l'excès opposé, celui de l'improvisation et du laisser-aller.
Il faut savoir trouver un juste milieu. Les anciens rites de la semaine sainte sont légitimes de par leur antiquité, sans qu'il y ait besoin d'envoyer un dubia à la Congrégation pour la liturgie ou la commission Ecclesia Dei pour chaque détail. Sans priver les fidèles des nouveaux rituels auxquels ils tiennent (le feu de joie devant l'Eglise, etc...), il y a beaucoup de détails pour lesquels on pourrait s'inspirer des anciens rites. Certains ont d'ailleurs continué d'être couramment pratiqués dans bien des endroits, et ce dans les 2 formes, par exemple le rituel de l'ouverture de la porte le Samedi Saint.
Rappelons qu'en liturgie, la coutume a elle-même force de loi.
In Xto,
archi.
Quand aux rits non romains... c'est un vieil argument que j'ai souvent entendu chez les tradis: "regardez les catholiques orientaux: leur liturgie est différente de celle du Pape; alors nous avons aussi le droit à une liturgie différente de la sienne".
Sauf que la situation est entièrement différente: les orientaux ont d'autres traditions liturgiques, différentes des occidentales, et tout aussi légitimes. Il est d'ailleurs bien évident que la réforme de Paul VI ne les affecte aucunement, sinon de facto, du moins de jure. Les traditionalistes relèvent en revanche de la discipline de l'Eglise latine.
Quand à Benoit XVI, avec tout le respect que je lui dois (et Dieu sait que j'en ai), je pense qu'il s'est trompé en affirmant que l'ancien missel n'avait jamais été abrogé. La réforme de Paul VI fait que les dispositions contenues dans le nouveau Missel romain remplacent celles de l'ancien.
Quand aux options... oui, elles existent. Tout comme elles existent dans d'autres liturgies (dont les fameuses liturgies orientales: d'un endroit à l'autre, on ne dit pas exactement la même chose). Je ne vois pas le problème. Même si l'on peut dire que certaines options sont préférables à d'autres.
Et puis c'est incohérent: vous vous dites partisan de la diversité liturgique, mais vous ne tolérez pas les options dans le Missel de Paul VI ?
Et en passant, vous pourriez aussi vous intéresser aux liturgies mozarabe, lyonnaise, et ambrosienne, qui ont été balayées elles aussi par ces réformes, selon vous obligatoires à tout catholique, sous peine de quoi, au fait ? Hérésie ? Schisme ?
Que proposez vous ? L'excommunication ? L'expulsion ?
Éclairez moi, ça m'intéresse.