Danse et messe

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coeurderoy
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Re: Danse et messe

Message non lu par coeurderoy » jeu. 11 févr. 2010, 19:50

Laurent L. a écrit :
On oublie aussi que les hommes et femmes des XII-XIIIème s. moins "coincés" avec leurs corps que nous autres, héritiers de la "bonne tenue guindée" des manuels de politesse XIX ème, savaient glorifier Dieu par la danse (sur de merveilleuses mélodies rythmées et joyeuses) : ainsi les pèlerins de Montserrat qui dansaient en arrivant au terme de leur pèlerinage, ainsi les chanoines de grandes cathédrales en certaines occasions (bon, évidemment n'allez pas imaginer un chanoine balzacien dans cet exercice :-D ).
Pendant la messe ? :sonne:
Le médiéviste Joseph Bédier a étudié ces danses liturgiques et para-liturgiques (et rien d'étonnant dans une société dont les danses profanes "caroles", en cercle reprenaient la symbolique du mouvement des astres, réjouissaient tous les moments importants de la vie humaine, fédéraient une société : on savait donner la main à son voisin, ce qui coûte énormément à certains bourgeois à prie-Dieu armoriés, je sais !

Les clercs qui exécutaient ces danses se distinguaient par ailleurs des danseurs profanes en ceci : on ne frappait pas du pied (rythme très fréquent dans les estampies médiévales) et les textes chantés étaient évidemment en lien avec la liturgie, préfiguration de la Fête Céleste. Je n'ai pas l'article ni les références en question sous les yeux mais tenterai de faire une recherche.

Il m'est personnellement arrivé de chanter de très belles mélodies (d'après le Livre Vermeil de Montserrat ou les merveilleuses compositions d'Alphonse X "el sabio", contemporain de Louis IX : quel dynamisme, quelle liesse, quelle profondeur dans les textes s'alimentant à la pensée mystique de l'époque : on est à 1000 lieues, tant des fadaises des années 70 que de celles pieusement confites dans les chapelles intégristes (toute cette pacotille 1880 dégoulinant de zanges-louanges et autres rimes à la guimauve).

Ce qui manque à moult compositions musicales, c'est tout simplement la "virtus" la Force, celle de l'Esprit Saint, suave, fort et joyeux : en général on nous sert du niais, du dégénéré, du châtré, du languissant, toutes choses qui auraient fait déguerpir un Bernard de Clairvaux ou un François d'Assise.

Mais, dans l'imaginaire "traditionnaliste-expert-liturge" il existe une Messe totalement "fixée" et inamovible : qu'auriez-vous pensé alors des "hoquets" de la Messe-Notre Dame de Guillaume de Machaut (XIV ème s.), Messe sublime et intensément mystique qui choqua tout-de-même certaines oreilles purement grégoriennes ???
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Re: Danse et messe

Message non lu par jean_droit » jeu. 11 févr. 2010, 20:06

Et le commentaire est toujours aussi fou !

Commentaires personnels :
Vous vous doutez bien que je suis totalement contre de tels propos. C'est organiser du déclin de l'Eglise !
Tant qu'à la phrase : "Il critiqua aussi que lors de fêtes régionales folkloriques on célèbre généralement une messe : "celles-ci ne seraient pas nécessaires car il s'agit alors seulement 'd'un débit à la chaîne d'hosties'".
J'en ai déjà parlé.
Tout cela pour trouver de bonnes raisons pour ne pas célébrer de messes ! Essayer de justifier l'injusifiable !
Je trouve cela assez honteux !
Que ce soit en France ou que ce soit en Autriche.

'Sankt Pölten suit le chemin de Linz? (gloria.tv)
"Le diocèse de Sankt Pölten (Autriche) veut favoriser le remplacement des messes dominicales. C'est ce qu'a appris le défenseur pro-Vie autrichien Josef Preselmayr par un séminariste de Sankt Pölten. Dans le passé, le Vatican a rappelé qu'un fidèle qui ne va pas à la messe du dimanche ne répond pas à son devoir dominical.
Lors d'une réunion entre des étudiants en théologie et des séminaristes du diocèse de Sankt Pölten à l'académie de philosophie de la ville, le vicaire général Eduard Gruber a expliqué qu'il n'est pas nécessaire de célébrer la messe du dimanche dans chaque paroisse. La manifestation avait pour thème : "Processus de renouvellement, mise à plat commune des paroisses".
Le vicaire général a déclaré : "Il y aurait assez de possibilités de célébrations eucharistiques, comme des cérémonies ou des offices de la Parole qui pourraient être célébrés et dirigés par des laïcs quand il n'y a pas le curé du lieu en raison du manque de prêtres".
Il critiqua aussi que lors de fêtes régionales folkloriques on célèbre généralement une messe : "celles-ci ne seraient pas nécessaires car il s'agit alors seulement 'd'un débit à la chaîne d'hosties'".
Le problème des messes de la Parole repose dans le fait que là où elles sont célébrées, elles le sont par des prêtres encore disponibles mais débutants.
De plus les fidèles ne sont souvent pas prêts à faire quelques kilomètres pour assister à la messe."

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Re: Danse et messe

Message non lu par Fée Violine » jeu. 11 févr. 2010, 20:25

coeurderoy a écrit :tant des fadaises des années 70 que de celles pieusement confites dans les chapelles intégristes (toute cette pacotille 1880 dégoulinant de zanges-louanges et autres rimes à la guimauve).

Ce qui manque à moult compositions musicales, c'est tout simplement la "virtus" la Force, celle de l'Esprit Saint, suave, fort et joyeux : en général on nous sert du niais, du dégénéré, du châtré, du languissant, toutes choses qui auraient fait déguerpir un Bernard de Clairvaux ou un François d'Assise.
:clap:
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Re: Danse et messe

Message non lu par Laurent L. » jeu. 11 févr. 2010, 21:19

Mais oui, Cœurderoy, je n'ai rien à redire ;)
Je ne suis pas un adepte de l'imagerie sulpicienne ni des cantiques du 19e siècle et je ne parle pas de la "messe de toujouuuurs", si vous en doutiez. :-D
Merci quand même de me classer parmi les "bourgeois à prie-dieu armoriés" :clown:, c'est très aimable :/ Quelle charité d'apposer ainsi un "format" aux gens.
Quant à Guillaume de Machaut, je trouve sa musique sublime mais sombre et déprimante :cry:

Ce qui manque à moult compositions musicales, c'est tout simplement la "virtus" la Force, celle de l'Esprit Saint, suave, fort et joyeux : en général on nous sert du niais, du dégénéré, du châtré, du languissant, toutes choses qui auraient fait déguerpir un Bernard de Clairvaux ou un François d'Assise.
Ô que OUI !!! Comme c'est bien dit!
Dernière modification par Laurent L. le jeu. 11 févr. 2010, 21:34, modifié 2 fois.

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Re: Danse et messe

Message non lu par coeurderoy » jeu. 11 févr. 2010, 21:35

Cher Laurent, je ne pensais guère à vous ! (les "prie-Dieu armoriés" sont surtout dans certains cerveaux aujourd'hui...), et avec un tel avatar :coeur: je me doute que votre goût liturgique doit être très sûr !
C'est vrai, Guillaume de Machaut est souvent mélancolique (il faut reconnaître aussi qu'un vieux chanoine qui s'est mis à écrire des chansons courtoises pour une Péronne d'Armentières âgée de 16 ans, c'est assez original...). La Messe de Notre-Dame (créée pour "ma" cathédrale, Reims, est liée à ma conversion et ma découverte des trésors du Moyen-Age, et oui en cette année 1977 on célébrait le 6ème centenaire de la mort de mon compatriote rémois...je l'écoute toujours avec émotion car j'y ai découvert la beauté du latin d'Eglise...
Ce que je trouve plus déprimant (voire vite ennuyeux) c'est l'ars "subtilior", la polyphonie très complexe de la fin du XIVème qui ne vaudra jamais une belle et saine Messe grégorienne, je le reconnais.

Une musique liturgique digne de ce nom devrait être composée dans des lieux de prière et de science musicale, comme c'était le cas du temps où l'école de Notre-Dame, à Paris, Saint Benoît-sur-Loire, l'abbaye de Saint-Victor ou Saint-Martial de Limoges voyaient naître des chefs-d'oeuvre : après tout cela reviendra peut-être, il n'est pas interdit de rêver !

Bien fraternellement !


P.S : pour être tout-à-fait franc j'ai constaté récemment que les "bourgeois à prie-Dieu armoriés" étaient aujourd'hui ces "progressistes septuagénaires" accrochés à leur activisme liturgique : ainsi, à une Messe du soir conclue par un beau Salve Regina (sur l'initiative d'un prêtre d'une cinquantaine d'années fraîchement débarqué), la p'tite Dame (qui chante faux !) a tenu, alors que les fidèles quittaient déjà l'église, à entonner un "chant neu-neu" prévu sur la petite feuille dominicale...Avec un petit air qui signifiait "et ben, que ça vous plaise ou non, on le chantera quand même !" "De ptite damomniprésentékichantfo libera nos Domine !!!"
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Re: Danse et messe

Message non lu par philémon.siclone » ven. 12 févr. 2010, 1:51

jean_droit a écrit :Je ne suis pas d'accord avec vous.
Il me semble important de savoir mêler le profane au sacré.
Cela s'est fait durant des siècles.
La nouvelle mode est de rejeter la religion dans les églises et de distinguer la sphère publique de la sphère religieuse, le domaine privé du domaine public.
Supprimer la messe de Saint Hubert est une annerie car cela éloigne certains chrétiens de l'église et de la messe. Elle est ancrée dans les traditions séculaires des campagnes.
On voit mainenant, dans certaines campagnes, des fêtes patronales sans messe.
Les curés devraient profiter des fêtes "laïques" pour y introduire le Christ.
C'est cela l'Evangélisation de base.
Vous êtes malin. Vous mélangez deux choses qui n'ont rien à voir. Bien sûr qu'il est dommage d'avoir supprimé les fêtes patronales ! Comment pourrais-je penser le contraire ? ça date de quand au fait, la suppression des fêtes patronales ? ça ne daterait pas d'une certaine réforme liturgique des années 60-70, par hasard... ? Mmh ?

Un jour, j'ai téléphoné à la paroisse près de laquelle je suis né, pour demander si le saint du lieu était toujours fêté. J'avais pris mes renseignements, et savais que ce saint faisait l'objet depuis des siècles d'une grande fête dans toute la ville, avec des foires. En fait, naïvement, j'avais l'idée de faire un pèlerinage pour assister à cette fête. La foire existe toujours, et se réclame toujours du saint du lieu. Mais la femme de la paroisse sur qui je suis tombé au téléphone, la comptable en fait, m'a répondu sur un ton hargneux, presque haineux, que cette fête n'existait plus, avant de me raccrocher quasiment au nez. Un peu plus tard, j'écris au curé pour lui poser une autre question sur la paroisse. Mais deux jours après, la comptable me téléphone, furieuse, pour m'engueuler d'avoir osé écrire au curé sans être passé par elle, car elle considérait avoir répondu à mes questions, et que je n'avais pas à insister. Elle était dans une colère noire. Bien sûr, le curé n'aura jamais su l'objet de ma lettre, interceptée par cette très discrète et délicate personne... Et à l'époque, j'avais une idée vraiment très imprécise de la réforme liturgique. Je ne connaissais même pas la différence entre une messe en latin et une messe en français. Pourtant, cet accueil m'a énormément surpris et intrigué, et n'a pas peu fait dans l'idée que je me fais maintenant de l'ambiance qui règne dans les équipes paroissiales, et de la mentalité de ceux qui ont oeuvré pour la réforme liturgique.

Pour revenir à votre message, Jean Droit, vous nous faites part de votre déception quant à la suppression de la messe de St-Hubert. Je partage cette déception, et je suis d'accord pour maintenir les traditions locales, à condition que ça ne se transforme pas en chauvinisme idiot de ceux qui se croient mieux que tout le monde parce qu'ils sont du coin, "en plaignant les pauvres malheureux, les petits maladroits qui n'eurent pas la présence d'esprit de voir le jour chez eux", comme chante Brassens dans la Ballade des imbéciles heureux qui sont nés quelque part. Et je n'oublie pas que le Christ n'a pas eu de mots assez durs pour rebuter les chauvins de son époque, ces gens à l'esprit bornés qui se font une fierté jalouse d'avoir des traditions locales, et d'être du crû.

Mais après, vous enchaînez avec la "Messe des bouffons". Quel rapport ? Et là, je me permets de vous démasquer, petit polisson ! Ce que vous voulez, c'est que les gens fassent la fête et se réjouissent dans des banquets, tels Astérix et Obélix à la fin de leurs aventures. Ce sont les gauloiseries. Être bon vivant, et tout le reste. On retombe sur l'esprit chauvin, l'esprit "gaulois" et fêtard, de ceux qui forment un groupe local, une "tribu", et sont fiers d'y appartenir, en méprisant très franchement les "étrangers plus ou moins barbares" qui n'ont pas le bonheur d'être initiés à leurs coutumes, et ne l'auront jamais n'étant pas "natifs". Voilà, ce qui se cache derrière vos petits plans nostalgiques. Comme cela est loin du message chrétien...

Mais pour répondre sur le contenu : non, la messe des bouffons pour le Carnaval ne s'ancre pas dans la tradition chrétienne. Désolé. Vous regrettez les 700 personnes qui accourent tous les ans, attirés par cette curiosité, et, faut bien le dire, cette pitrerie qui ridiculise la religion. Et où sont-ils, le reste de l'année, vos 700 bouffons ? Certainement pas à l'église. Donc, je crois que c'est assez vain. Vous cherchez à obtenir la conversion de 700 "non-pratiquants" en leur offrant une bonne rigolade dans une église pendant la messe. Mais en fait, en faisant cela, vous les éloignez encore plus de Dieu.
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Re: Danse et messe

Message non lu par philémon.siclone » ven. 12 févr. 2010, 2:16

coeurderoy a écrit :On oublie aussi que les hommes et femmes des XII-XIIIème s. moins "coincés" avec leurs corps que nous autres, héritiers de la "bonne tenue guindée" des manuels de politesse XIX ème, savaient glorifier Dieu par la danse (sur de merveilleuses mélodies rythmées et joyeuses) : ainsi les pèlerins de Montserrat qui dansaient en arrivant au terme de leur pèlerinage, ainsi les chanoines de grandes cathédrales en certaines occasions (bon, évidemment n'allez pas imaginer un chanoine balzacien dans cet exercice :-D ).

Bref c'est toute une acceptation du corps et des possibilités qu'il offre, en certaines occasions pour participer à la jubilation de l'âme en louange que nous avons perdu !

Pour que ce type d'expression ne fasse pas "spectacle" il me semble évident que ces danses (qui reviendront peut-être si la Joie de l'Esprit Saint continue à travailler notre époque dépressive) devraient être conçues en harmonie parfaite avec l'esprit de l'acte liturgique, apprises, et exécutées avec le même soin et respect que celui que nous devons porter à tout ce qui concerne le culte divin...
Cher Coeurderoy, il y a danser et danser. La danse pratiquée par nos Anciens avaient sans doute quelque chose à voir avec les danses traditionnelles encore en usage en Afrique aujourd'hui. Parce qu'à cette époque, aucun geste, aucune attitude, et même aucune couleur portée sur un vêtement, aucune expression du visage, rien n'était laissé au hasard. Tout avait un sens. Tout était signe. Et cela venait naturellement, sans y penser. Je me demande d'ailleurs si cette signification codée attachée aux différentes manifestations de l'apparence et du corps, ne s'est pas maintenue justement dans les danses de cour, avec toute l'étiquette qui les accompagnait. Le roi dansait, les courtisans dansaient, et tout cela avait un sens. La danse classique, vilipendée ici, est d'ailleurs la lointaine héritière de ce ballet de cour, ce qui ne justifie certes pas qu'on l'introduise tout à coup en l'état dans un contexte où elle n'a plus sa place. Parce qu'entre temps, le sens s'est perdu. Même les danses paysannes ont disparu, sauf pour les exécutions folkloriques et autres manifestations touristiques. Comment dansent nos jeunes d'aujourd'hui ? Quel est le sens des danses actuelles ? Quel rapport entre une estampie du 12e et une danse rap, ou une danse de rave party ? Quel rapport également avec un pas de tango, ou même un pas de valse ? Je suis d'accord que dans l'absolu, manifester sa vie spirituelle par une attitude corporelle qui n'est pas uniquement faite d'agenouillement, constitue une richesse, une liberté même, puisqu'elle permet au corps de suivre complètement les sentiments de l'âme. Et je sais bien que David a dansé devant l'arche. Certes. Seulement, les codes sociaux se sont perdus... Le danger, avec ce genre de théorie, est d'ouvrir la porte au n'importe quoi, comme on le voit sur cette horrible vidéo. Si chacun y va de son pas de danse, on peut s'attendre au pire, je crois. Ce serait la cour des miracles ! Il faudrait d'abord travailler à restaurer des codes reconnus et utilisés par tous naturellement, pour que tout cela ait une certaine cohérence. ça ne se fera pas en un jour, et d'une. Et on n'en prend vraiment pas le chemin, en ces temps d'intensification extrême de l'individualisme, où chacun s'éloigne du groupe en s'enfermant dans son propre monde. Ce n'est pas au moment où le groupe se disperse et se méconnaît que l'on va réintroduire des pratiques qui supposent justement l'esprit de groupe, l'esprit de corps, le sentiment d'appartenir à une même culture.
Dernière modification par philémon.siclone le ven. 12 févr. 2010, 2:43, modifié 2 fois.
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Re: Danse et messe

Message non lu par philémon.siclone » ven. 12 févr. 2010, 2:33

coeurderoy a écrit :
Laurent L. a écrit : Pendant la messe ? :sonne:
Le médiéviste Joseph Bédier a étudié ces danses liturgiques et para-liturgiques (et rien d'étonnant dans une société dont les danses profanes "caroles", en cercle reprenaient la symbolique du mouvement des astres, réjouissaient tous les moments importants de la vie humaine, fédéraient une société : on savait donner la main à son voisin, ce qui coûte énormément à certains bourgeois à prie-Dieu armoriés, je sais !

Les clercs qui exécutaient ces danses se distinguaient par ailleurs des danseurs profanes en ceci : on ne frappait pas du pied (rythme très fréquent dans les estampies médiévales) et les textes chantés étaient évidemment en lien avec la liturgie, préfiguration de la Fête Céleste. Je n'ai pas l'article ni les références en question sous les yeux mais tenterai de faire une recherche.

Il m'est personnellement arrivé de chanter de très belles mélodies (d'après le Livre Vermeil de Montserrat ou les merveilleuses compositions d'Alphonse X "el sabio", contemporain de Louis IX : quel dynamisme, quelle liesse, quelle profondeur dans les textes s'alimentant à la pensée mystique de l'époque : on est à 1000 lieues, tant des fadaises des années 70 que de celles pieusement confites dans les chapelles intégristes (toute cette pacotille 1880 dégoulinant de zanges-louanges et autres rimes à la guimauve).

Ce qui manque à moult compositions musicales, c'est tout simplement la "virtus" la Force, celle de l'Esprit Saint, suave, fort et joyeux : en général on nous sert du niais, du dégénéré, du châtré, du languissant, toutes choses qui auraient fait déguerpir un Bernard de Clairvaux ou un François d'Assise.

Mais, dans l'imaginaire "traditionnaliste-expert-liturge" il existe une Messe totalement "fixée" et inamovible : qu'auriez-vous pensé alors des "hoquets" de la Messe-Notre Dame de Guillaume de Machaut (XIV ème s.), Messe sublime et intensément mystique qui choqua tout-de-même certaines oreilles purement grégoriennes ???
Le codex d'Alphonse de Castille était à l'usage de la cour.
Et nous parlons de liturgie paroissiale. Il faut donc comparer ce qui est comparable... L'esthétique des cathédrales n'était peut-être pas l'esthétique des églises de village. Et nous, nous sommes bien les paysans de notre temps. Je suis d'accord que la guimauve peut devenir insupportable. J'ai moi-même assez de mal à chanter les cantiques à la Vierge Marie (Je vous donne mon coeur, etc...). Le problème est qu'on n'a pas grand chose d'autre sous la main, à moins de passer au latin intégral (je n'ai rien contre, personnellement, mais ce n'est pas l'avis de tout le monde, même chez les tradis). Sinon, c'est les trucs de l'Emmanuel : Couronnée d'étoiles, ça va bien 5 minutes, ces espèces de sentimentalités issus des dessins-animés pour petites filles.

Au fait, je vous ai vu parler du hoquet, je ne sais plus où. Formellement réprouvé par les papes de l'époque... Je peux vous retrouver le texte, si vous voulez.

Mais bien sûr, la musique de Guillaume de Machaut, tant profane que religieuse, est géniale... Maintenant, allez faire chanter les motets aux paroissiens. Même les chorales en seraient fort incapables...

Je suggérerais, en ce qui me concerne, que l'on revienne aux douces mélodies champêtres d'autrefois, avec leurs couleurs modales si rustiques et douces à la fois, sans être dénuées de force et de simplicité.
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Re: Danse et messe

Message non lu par coeurderoy » ven. 12 févr. 2010, 8:56

Philémon :
en gros : entièrement d'accord avec ce que vous dites des danses anciennes (y compris à la cour de Versailles, tout le symbolisme des planètes gravitant autour du soleil peut se retrouver dans les danses en cercle manifestant une cohésion sociale autour de Dieu ou du roi... et il y a sans doute bien d'autres éléments que j'ignore, je ne suis pas un spécialiste).
Oui, tout avait sens (formes, couleurs, etc...)
Pour le "hoquet"...je l'ai fait exprès !!! :oops: Je sais bien qu'à Rome on a ...tiré la tronche en entendant cet "ars nova" (= moderne) qui imposait de curieuses saccades à la voix des chantres...Mais j'aime bien la Messe de Notre-Dame quic en groigne !!!
Il y a eu régulièrement des "remises de pendules à l'heure" côté liturgie : je crois me souvenir que Bernard de Clairvaux stigmatise quelque part certaines voix trop efféminées à son goût (on est en pleine époque des Troubadours) certaines façons d'interpréter le chant lui semblaient teintées de mollesses profanes...
Les Cisterciens ont épuré, par ex. l'office bénédictin et donné une liturgie plus virile et simplifiée (et du coup plus forte spirituellement à mon goût)...
Sur la danse je suis personnellement rétif à toute manifestation "mondaine", classique ou rap : François de Sales réprouve les "âmes femelles" en matière de spiritualité et cet amollissement de la prière, du goût, de la spiritualité me semble aller de pair avec les habitudes "show bizz" de nos contemporains : consommer du spectacle (et non plus être acteurs et participants d'une liturgie, acte nuptial, sacré).
Ce reproche pourrait très bien s'adresser d'ailleurs aux hommes et femmes des XVIII et XIX ème s : si beaucoup avaient une foi sincère, reconnaissons que l'envahissement de l'opéra et du théâtre dans les compositions destinées à l'Eglise a entrainé une véritable perte du sens liturgique...
Je crois cependant qu'il y aura une relève : Sylvanès, les Fraternités de Jérusalem ont déjà donné, par ex. des compositions profondes et jubilantes ne devant rien à l'incontinence sentimentale de notre époque...

Corcialement !
Dernière modification par coeurderoy le ven. 12 févr. 2010, 18:46, modifié 1 fois.
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Re: Danse et messe

Message non lu par takecare » ven. 19 mars 2010, 21:30

ce que dit le Vatican... tout est inscrit dans ces textes..

CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN
ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS

INSTRUCTION
Redemptionis Sacramentum
sur certaines choses à observer et à éviter
concernant la très sainte Eucharistie


SOMMAIRE
Préambule [1-13]
Chapitre I
Le gouvernement de la sainte Liturgie [14-18]
1. L’Évêque diocésain, grand prêtre de son troupeau [19-25]
2. La Conférence des Évêques [26-28]
3. Les Prêtres [29-33]
4. Les Diacres [34-35]
Chapitre II
La participation des fidèles laïcs à la célébration de l’Eucharistie
1. Une participation active et consciente [36-42]
2. Les fonctions des fidèles laïcs dans la célébration de la sainte Messe [43-47]
Chapitre III


La célébration correcte de la sainte Messe


1. La matière de la très sainte Eucharistie [48-50]
2. La Prière eucharistique [51-56]
3. Les autres parties de la Messe [57-74]
4. L’union des divers rites avec la célébration de la Messe [75-79]
Chapitre IV
La sainte communion
1. Les dispositions pour recevoir la sainte Communion [80-87]
2. La distribution de la sainte Communion [88-96]
3. La Communion des Prêtres [97-99]
4. La Communion sous les deux espèces [100-107]
Chapitre V
Quelques autres considérations concernant l’Eucharistie
1. Le lieu de la célébration de la sainte Messe [108-109]
2. Diverses dispositions concernant la sainte Messe [110-116]
3. Les vases sacrés [117-120]
4. Les vêtements liturgiques [121-128]
Chapitre VI
La sainte réserve eucharistique
et le culte de la très sainte Eucharistie en dehors de la Messe
1. La sainte réserve eucharistique [129-133]
2. Quelques formes du culte de la très sainte Eucharistie en dehors de la Messe [134-141]
3. Les processions et les congrès eucharistiques [142-145]
Chapitre VII
Les fonctions extraordinaires des fidèles laïcs [146-153]
1. Le ministre extraordinaire de la sainte Communion [154-160]
2. La prédication [161]
3. Les célébrations particulières en l’absence de prêtre [162-167]
4. Les clercs renvoyés de l’état clérical [168]
Chapitre VIII
Les remèdes [169-171]
1. Les graviora delicta [172]
2. Les matières graves [173]
3. Les autres abus [174-175]
4. L’Évêque diocésain [176-180]
5. Le Siège Apostolique [181-182]
6. Les plaintes concernant les abus liturgiques [183-184]
Conclusion [185-186]

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Communion_fidélité
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Re: Danse et messe

Message non lu par Communion_fidélité » mar. 25 juin 2013, 10:11

"D'ailleurs aucun rite chrétien ne connaît la danse. Ce qu'on appelle ainsi dans la liturgie éthiopienne ou dans la forme zaïroise de la liturgie romaine, est en fait une procession en cadence, tout à fait appropriée à la dignité de la liturgie. Cette démarche rythmée confère une unité et une ordonnance aux différents moments de la liturgie, une beauté et une dignité à la mesure de Dieu."

Cardinal Joseph Ratzinger, L'esprit de la liturgie, Ad Solem Éditions SA, Genève, 2001, Quatrième partie "La forme de la liturgie", Chapitre deux "Le corps dans la liturgie", 4.Stations debout et assise, p.157

etienne lorant
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Re: Danse et messe

Message non lu par etienne lorant » jeu. 27 juin 2013, 16:38

jean_droit a écrit :Danser c'est exprimer sa joie.
Cela convient tout à fait à un baptême.
Remarque plus générale :
On voit régulièrement sur internet des photographies de messe ou d'autres cérémonies religieuses qui veulent nous montrer des dérives dans la liturgie. En oubliant le contexte.
Bien souvent on s'aperçoit qu'il s'agit de messes pour les jeunes ou les enfants.
Cela ne me choque nullement que l'on essaye de rendre plus vivante la liturgie.
Je ne suis pas scandalisé quand on utilise une guitare .... ou des tam tam.
Ce qui est important c'est que la liturgie soit respectée.
Pour une fois, nous sommes d'accord - et ça me cause une douce joie !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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