Le médiéviste Joseph Bédier a étudié ces danses liturgiques et para-liturgiques (et rien d'étonnant dans une société dont les danses profanes "caroles", en cercle reprenaient la symbolique du mouvement des astres, réjouissaient tous les moments importants de la vie humaine, fédéraient une société : on savait donner la main à son voisin, ce qui coûte énormément à certains bourgeois à prie-Dieu armoriés, je sais !Laurent L. a écrit :Pendant la messe ?On oublie aussi que les hommes et femmes des XII-XIIIème s. moins "coincés" avec leurs corps que nous autres, héritiers de la "bonne tenue guindée" des manuels de politesse XIX ème, savaient glorifier Dieu par la danse (sur de merveilleuses mélodies rythmées et joyeuses) : ainsi les pèlerins de Montserrat qui dansaient en arrivant au terme de leur pèlerinage, ainsi les chanoines de grandes cathédrales en certaines occasions (bon, évidemment n'allez pas imaginer un chanoine balzacien dans cet exercice ).
Les clercs qui exécutaient ces danses se distinguaient par ailleurs des danseurs profanes en ceci : on ne frappait pas du pied (rythme très fréquent dans les estampies médiévales) et les textes chantés étaient évidemment en lien avec la liturgie, préfiguration de la Fête Céleste. Je n'ai pas l'article ni les références en question sous les yeux mais tenterai de faire une recherche.
Il m'est personnellement arrivé de chanter de très belles mélodies (d'après le Livre Vermeil de Montserrat ou les merveilleuses compositions d'Alphonse X "el sabio", contemporain de Louis IX : quel dynamisme, quelle liesse, quelle profondeur dans les textes s'alimentant à la pensée mystique de l'époque : on est à 1000 lieues, tant des fadaises des années 70 que de celles pieusement confites dans les chapelles intégristes (toute cette pacotille 1880 dégoulinant de zanges-louanges et autres rimes à la guimauve).
Ce qui manque à moult compositions musicales, c'est tout simplement la "virtus" la Force, celle de l'Esprit Saint, suave, fort et joyeux : en général on nous sert du niais, du dégénéré, du châtré, du languissant, toutes choses qui auraient fait déguerpir un Bernard de Clairvaux ou un François d'Assise.
Mais, dans l'imaginaire "traditionnaliste-expert-liturge" il existe une Messe totalement "fixée" et inamovible : qu'auriez-vous pensé alors des "hoquets" de la Messe-Notre Dame de Guillaume de Machaut (XIV ème s.), Messe sublime et intensément mystique qui choqua tout-de-même certaines oreilles purement grégoriennes ???