Bonjour !
Perlum Pimpum a écrit :Pastoral s’oppose à doctrinal, que ce doctrinal là soit marqué ou non d’infaillibilité.
Oui, le concile Vatican II semble en partie doctrinal, mais il n'a engagé l'infaillibilité sur aucun point, selon Paul VI et le cardinal Ratzinger.
A ce propos, c'est intéressant de constater comment, il y a encore quelques siècles, la plupart des clercs considéraient que l'infaillibilité était engagée dès que l'Eglise (chapeautée par le pape) enseignait une doctrine sur la foi ou les mœurs. Alors que de nos jours, j'ai l'impression que la plupart des clercs considèrent que pour que l'infaillibilité soit engagée, il faut que le texte magistériel précise que la doctrine en question est "de foi divine" ou "révélée par Dieu", tout en affirmant explicitement qu'elle doit être tenue par toute l'Eglise. On est passé d'une infaillibilité au sens large, à une infaillibilité très restreinte.
Perlum Pimpum a écrit :l’ordre public est juste s’il est conforme à l’ordre moral objectif, et il lui est conforme alors même qu’il n’impose pas le respect de la totalité des exigences de l’ordre moral objectif, suffisant seulement qu’il impose celles ordonnées au bien commun.
Sauf que votre point de vue exprimé ici ne correspond pas à ce que signifie l'ordre public juste selon DH.
Perlum Pimpum a écrit :L’État est donc légitime à réprimer les pratiques religieuses attentant à l’ordre public juste, mais illégitime à réprimer celles des pratiques religieuses qui violeraient l’ordre moral objectif sans violer l’ordre public juste.
Le problème, c'est que DH considère que la propagande et les manifestations publiques des fausses religions ne portent pas forcément atteinte à l'ordre public juste.
Perlum Pimpum a écrit :Et donc, puisque le devoir de l’État et de la société est de rendre un culte public au vrai Dieu, au Dieu de la foi théologale, l’Êtat catholique est légitime à inscrire ce devoir dans son ordre public juste, et à conséquemment réprimer les hérésies et les blasphèmes.
Votre interprétation ne peut pas coller parce que DH considère que les manifestations publiques des fausses religions ne portent pas en elles-mêmes atteinte à l'ordre public juste.
Perlum Pimpum a écrit :Remarquez toutefois, d’abord que les infidèles ne peuvent honorer le Dieu Trine qu’ils ignorent sinon nient. Ensuite que les infidèles et leurs cultes ne jouiront de l’immunité de coercition qu’autant qu’il n’offensent pas l’ordre public juste ; de sorte qu’en l’hypothèse où l’État n’est pas catholique, la répression ne pourra se tirer que des exigences de la loi naturelle à laquelle l’ordre public réfère, tandis qu’inversement, si l’État est catholique, il sera légitime à réprimer les infidèles et leur culte à raison des justes exigences d’ordre public propres à ce type d’État…
Vous faites une distinction entre Etat catholique et Etat non-catholique qui n'apparaît pas dans DH.
En gros, DH dit : il est interdit de faire des lois pour empêcher les actes religieux publics, tant qu'ils ne portent pas atteinte à l'ordre public.
Et vous, vous dites : il est permis de faire des lois pour empêcher les actes religieux publics, dès lors que l'Etat est catholique.
C'est incompatible parce que DH précise justement que l'Etat a le devoir d'être catholique.
Perlum Pimpum a écrit :Il est toutefois des circonstances où l’État catholique peut ne pas réprimer par la loi les agissements criminels des hérétiques. Par exemple, s’ils sont trop nombreux, de sorte que la loi prescrivant leur mise à mort soit de nature à entraîner une sédition. C’est pourquoi Pie XII enseignait que : « L’affirmation : l’erreur religieuse doit toujours être empêchée quand c’est possible, parce que sa tolérance est en elle-même immorale, ne peut valoir dans un sens absolu et inconditionné. » Quand donc ces circonstances de fait existent, elles sont la raison suffisante à ce que l’État tolère l’exercice des cultes infidèles.
La doctrine traditionnelle enseigne que l'Etat doit réprimer les fausses religions tant que cette répression ne nuit pas au bien commun. Mais la doctrine de DH enseigne que l'Etat ne doit pas réprimer les fausses religions tant que celles-ci ne troublent pas l'ordre public (notion différente du "bien commun spirituel").
Perlum Pimpum a écrit :Vous ne pouvez ignorer que DH n’affirme pas un droit positif à répandre l’erreur, mais un droit négatif à n’être pas contraint alors même que professant l’erreur, droit tiré de la nature même de l’homme, mais droit susceptible de tempéraments, toutes les fois où l’usage de ce droit contrevient à l’ordre public juste. Le délire est d’affirmer un droit positif à répandre l’erreur, et DH ne l’a jamais affirmé. Il n’y a donc pas à rejeter DH au motif du rejet du délire.
DH n’affirme aucunement ce que vous voudriez qu’elle dise. Loin que DH affirme au sens condamné par QC que « la meilleure condition de la société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violations de la loi catholique, si ce n’est dans la mesure où la tranquillité publique le demande », elle l’affirme en un sens tout différent, puisqu’elle affirme, tout au contraire du naturalisme condamné par QC, le devoir des États à être catholique et à avoir un ordre public juste : là est là meilleure condition de la société selon DH.
Quanta Cura condamne le naturalisme
et ses conséquences, et notamment celle de l'interdiction de réprimer les fausses religions à moins qu'elles ne troublent la paix publique. Or c'est justement ceci que DH entend interdire.
Perlum Pimpum a écrit :qui pourrait croire que DH, qui affirme explicitement le devoir des États à être catholiques, enseignerait le naturalisme ?
DH n'enseigne pas le naturalisme mais prône le "laisser faire" à moins que la paix publique soit troublée. Or cette erreur a été condamnée par Pie IX.
Perlum Pimpum a écrit :Mais DH n’enseigne aucunement un tel droit positif à répandre l’erreur : elle ne fait qu’affirmer un droit négatif à l’immunité de coercition, qu’elle limite par ailleurs par les justes exigences d’ordre public, qui permettent de réprimer l’erreur. Réprimer l’hérésie et le blasphème pour des justes motifs d’ordre public, est-ce cela que vous appelez placer sous la la tutelle et la protection de la loi le fait de répandre l’erreur ? Bref, vous excipez du principe de l’immunité de coercition affirmé par DH, en occultant délibérément le tempérament que DH y apporte, savoir le droit et le devoir des États à réprimer l’erreur dès celle-ci attenter à son ordre public juste.
N'essayez pas de noyer le poisson. Je n'ai pas dit que DH accordait un droit positif à répandre l'erreur. Mais le droit négatif à l'immunité de coercition est une conséquence directe du naturalisme qui a été explicitement condamnée par Pie IX.
Perlum Pimpum a écrit :Pour ce qui est de LP, vous commettez derechef un paralogisme. DH n’affirme ni un droit positif à répandre l’erreur, ni que la dignité de la personne humaine soit un motif de tolérance envers ceux répandant l’erreur. DH ne se place pas sur le plan de la tolérance, mais sur celui du droit négatif à l’immunité de coercition restreint par les justes limites de l’ordre public. La tolérance est toujours tolérance d’un mal. Mais l’immunité de coercition est un bien, fondé sur la dignité de la personne humaine. Bref, vous confondez abusivement tolérance à l’erreur et immunité de coercition, pour ensuite prétendre à une contradiction de doctrines.
Qu'on appelle cela tolérance ou immunité de coercition, cela revient au même : il y a diffusion de l'erreur.
Or DH affirme que «
le droit à la liberté religieuse a son fondement réel dans la dignité même de la personne humaine telle que l’ont fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même. » Donc cela contredit bel et bien LP qui affirme que le mal ne doit être toléré qu'en vue du bien commun et pour ce seul motif.
DH enseigne réellement que les fausses religions doivent être tolérées en raison de la dignité de la personne humaine.
cmoi a écrit :Il me semble bien que ce soit les tradis en ce que ce sont les seuls à contester la légitimité du pape et de l’autorité magistérielle, ce qui est très grave
Ce n'est pas la légitimité du pape ou de l'Eglise qui est contestée en elle-même, mais ce qu'ils ordonnent. Il me semble que Saint Thomas d'Aquin enseigne qu'on peut (et qu'on doit même) désobéir à une autorité légitime lorsqu'elle ordonne de faire ce qui est mal ou contraire au bien commun.
cmoi a écrit :Ainsi : elle se légitimise elle-même de ce qu’elle suit ce qui se faisait avant le concile ou « depuis toujours », mais suivre ce qui se faisait par exemple avant le dogme de l’Immaculée Conception, c’est donner droit au fait de ne pas y croire, tandis que ce n’est plus possible après : ce raisonnement nie donc l’institution même de l’Eglise tout en se donnant l’air du contraire !
Votre exemple est complètement inapproprié puisque l'Immaculée Conception est un dogme, et quant à la messe tridentine, elle a été déclarée valable pour toujours par Saint Pie V.
cmoi a écrit :Il n’y a qu’à considérer le flou qu’entretient une formulation comme « n’exprime pas suffisamment » : où est la limite ? Et en quoi leur point de vue serait-il le bon ?
La limite est justement la compatibilité avec la messe protestante. Les protestants reconnaissent eux-mêmes qu'ils peuvent célébrer la messe ordinaire catholique tout en lui donnant un sens protestant. C'est donc le simple fait que la messe puisse être invalide qui détermine que la limite a été franchie.
cmoi a écrit :D'autant qu'ils se contredisent souvent en évoquant par exemple leur droit d'avoir une messe différente selon leur "sensibilité" : il faudrait savoir !
Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ici.