Qui n'a pas un jour éprouvé un profond sentiment d'injustice face à une situation pourtant consacrée par les lois civiles ?
Si la légalité n'est pas une garantie de justice, c'est donc que la justice relève d'une norme supérieure à la norme politique. Ainsi l'expression "droit moral" suppose l'existence d'une loi supérieure de la loi positive des hommes : la loi morale, qui délimite le bien et le mal.
Certains philosophes - athées ou non - ont professé que la raison pure serait le principe de la morale. Tout en reconnaissant la rationalité du droit moral, nous pensons néanmoins que Dieu est la source unique et première du droit et de la morale.
Le terme "naturel" qui qualifie le droit moral naturel doit - quant-à-lui - se comprendre dans le sens ontologique du terme : relatif à la nature des êtres. Pour le dire simplement, la nature d'une chose est son essence propre, l'ensemble des attributs qui en définissent l'être (comme par exemple, dans l'expression "nature humaine").
Parcequ'il puise son origine dans la nature des choses, et que cette nature est elle-même voulue et crée par Dieu, le droit moral naturel est donc tout à la fois immanent et transcendant : immanent parce que naturel et transcendant parce que moral.
II. Précepte fondamental du Droit moral naturel
Toute créature tient de Dieu le droit inaliénable de se réaliser, dans toute la plénitude de sa nature.
La destinée particulière de chaque être de la Création constitue le dessein unique et original que Dieu a conçu à son égard. Puisqu'il serait absurde que Dieu ait pu vouloir donner une finalité à ses créatures sans vouloir également qu'elles la réalisent, c'est donc Sa volonté que tout être accomplisse son destin et se développe intégralement selon les exigences de sa nature propre.
Le Bien étant - par essence - l'objet de la volonté de Notre Seigneur, la réalisation de la nature propre de chaque être est donc une loi du droit moral (rappellons que le droit moral délimite le bien et le mal), et la loi fondamentale du droit moral naturel.
Découlant de cette première loi, le droit moral naturel est constituée par la déclinaison selon les diverses natures présentes dans la Création des exigences propres à la pleine réalisation de celles-ci.
III. Le principe harmonique
Dieu a fait tous les êtres de la Création - animaux, végétaux et minéraux - et leurs natures, selon Sa volonté. Nul ne pouvant affirmer sans blasphémer que Sa volonté pourrait être incohérente, il faut donc que le droit moral naturel soit cohérent, c'est-à-dire que ses énoncés ne portent pas de contradictions les uns entre les autres. Le droit naturel forme un système juridique cohérent.
Cela suppose l'existence théorique d'un ordre terrestre pleinement conforme à la volonté de Dieu et à la loi morale naturelle. Cet ordre moral naturel qui voit toutes les créatures vivrent en harmonie entre elles et avec leur Créateur, c'est le Paradis originel, celui qui n'a pas été blessé par le pêché : l'ordre du monde d'avant la Chute.
IV. Le Droit et le Devoir
Dans l'ordre de la Création, l'Homme - crée à l'image et à la ressemblance du Père - tient une place singulière par l'éminence de sa dignité et le libre-arbitre dont il dispose. Cette singularité fait de l'Homme un sujet de droit - par sa dignité, et un sujet de devoir - par son libre-arbitre.
D'après ce qui a été écrit supra, nous pouvions conclure à la primauté du droit sur le devoir.
Non que le droit soit plus important que le devoir, mais parce que le droit est le fondement du devoir. Parce que certains ont des droits, d'autres ont des devoirs : les droits des uns sont les devoirs des autres. Ainsi c'est un rapport de causalité qui unit le droit et le devoir.
La question de savoir pourquoi nous devons nous soumettre à notre devoir moral peut être posée.
Respecter les devoirs moraux qui nous incombent, c'est - nous l'avons vu - respecter le droit moral, donc la volonté du Père. Par orgeuil, l'Archange Lucifer s'est rebellé contre Yahvé. Se révolter contre un maître tyrannique peut être légitime et salvateur mais Dieu n'est ni arbitraire, ni tyrannique : Dieu est Amour.
Dieu est Amour et Il ne peut vouloir que notre bien. S'opposer à Sa Volonté en contrecarrant ses desseins, c'est d'une part violer la loi d'airain de Son amour qui lie toutes les Créatures entres-elles et à leur Créateur, mais c'est aussi contrarier notre nature aimante donc entraver notre propre bien... C'est donc tout à la fois un pêché et une folie, et il est juste de dire que l'obéissance à la loi de Dieu est sagesse.
Si, comme nous l'avons vu, l'existence engendre le droit, la liberté engendre la responsabilité et - réciproquement - la responsabilité explique et justifie la liberté. "Le droit à la liberté est indissociable du devoir d’en faire un usage responsable" (Jean-Paul II)
IV. Relation entre Droit moral et Droit positif
Le législateur doit - dans sa sphère de compétence - s'efforcer de rendre le droit positif le plus conforme possible au droit moral, et notamment au droit moral naturel... Mais sans s'illusionner néanmoins sur ses capacités à rétablir l'ordre moral originel ailleurs que dans le Royaume de Dieu, après la Résurrection : ce serait là de l'utopisme messianique, et même du totalitarisme - car la souveraineté du législateur se limite à la seule sphère politique.
Christophe
Liens sur ce thème :
http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6N.HTM
http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6O.HTM
http://www.centredeformation.net/doctrine/loi_nat.htm