Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

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Griffon
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Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par Griffon » jeu. 29 avr. 2010, 20:11

Il y a forcément un lien !
Aimer, c'est souffrir... Souffrit est-il aimer ?

Chez amis,

Quelle est votre expérience ? Jusqu'où êtes-vous prêts à souffrir ?
Jusqu'où êtes-vous déjà allé dans la souffrance pour Dieu ?
Et pourquoi acceptez-vous de souffrir ?

Tous les mystiques se frottent au mystère de la souffrance.
Même Cracboum !
;)
cracboum a écrit :Ma spiritualité est aussi abstraite intellectuellement qu'elle est ressentie, notamment dans le coeur. La première partie de ma vie ayant été marquée par la souffrance, j'en ai cherché et trouvé le sens dans la Croix, mais la Croix est aussi la porte qui fait communiquer le créé et l'Incréé, elle est le sceau du divin et le raison du créé. Elle est la Sagesse de Dieu et recèle la compréhension, et la contemplation, de tous les mystères , de Dieu et de la Création.
Ces propos n'engagent que moi.
Cher Cracboum,

En vous lisant, j'ai relevé 2 points. Je n'ai jamais pris le temps de vous interpeler à leur propos.
Je profite de ce fil pour les expliciter. Mais il est évident que vous n'êtes pas enfermés dans leur cadre.

1) L'origine de la souffrance,.... ne semble pas vous intéresser.
Pour ma part, elle entrée dans le monde avec la mort, suite au péché de l'homme.
Jésus les a empoignées l'une et l'autre.
En vainquant la mort, il a vaincu la souffrance.
En disant cela, j'exprime la conviction que la souffrance est de ce monde, et non pas du Royaume.

2) Vous parlez de l'amour comme d'un manque
Ce n'est pas mon expérience... même s'il y a bien un manque.
Pour moi, l'amour comble, déborde, comme la source jaillissante en vie éternelle dont Jésus parle à la samaritaine.
On en a tant qu'on a envie de le partager avec tous.
On a envie d'en donner toujours plus !
Et donc, on se tourne vers Jésus avec une énorme demande.
Un manque... mais c'est comme les gens riche : " on en veut toujours plus ".
Mais, en fait, ce qui est présent, c'est la joie.

Voilà.
Je vous laisse avec ces réflexions.

Cordialement,

Griffon.
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Mon bonheur est de vivre,
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par cracboum » jeu. 29 avr. 2010, 21:57

Bonjour Griffon, heureux de vous retrouver. Je viens de poster un message que j'ai aussitôt effacé. Il n'était pas satisfaisant. Je ne veux écrire que quand ça me viens (sur)naturellement. Je vais réfléchir et laisser l'Esprit-Saint m'inspirer. En tous cas, on sera mieux ici, à l'écart et dans la paix.
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par DA95 » jeu. 29 avr. 2010, 22:00

Bonsoir Griffon,

Ce sujet m'intéresse également. Je me joins à vous.

concernant votre deuxième point, je parle également d'amour comme d'un manque quand il s'agit de la dimension ascendante (l'éros) de l'amour. j'en avais fait la remarque dans le sujet précédent en partant de citations de Deus caritas est du Pape Benoît 16.
[+] Texte masqué
Une petite remarque, l’amour dans sa composante ascendante peut être manque. L'éros qui fonctionne en partie sous la modalité du désir veut combler un manque.
Nous sommes invité à dominer cet éros qui ivre et indiscipliné est occasion de chute pour l’homme. Mais l’éros participe à créer en nous se manque que seul l’amour descendant, l’agape peut combler.
Le Pape Benoît 16 l’exprime en ces terme dans son encyclique Deus caritas est
« Oui, l’eros veut nous élever «en extase» vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes, mais c’est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purifications et de guérisons….Il devient ainsi évident que l’eros a besoin de discipline, de purification, pour donner à l’homme non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être. »
Cette purification est nécessaire, elle est souffrance pour l’homme. Je pense que c’est en ce sens que craboum nous dit que l’amour est souffrance.
« Même si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant – fascination pour la grande promesse de bonheur –, lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours plus le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désirera «être pour» l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui »
L’amour est différencié mais forme une unité. L’amour ne peut être que éros mais il ne peut également être qu’agapè. Ainsi « D’autre part, l’homme ne peut pas non plus vivre exclusivement dans l’amour oblatif, descendant. Il ne peut pas toujours seulement donner, il doit aussi recevoir. Celui qui veut donner de l’amour doit lui aussi le recevoir comme un don. L’homme peut assurément, comme nous le dit le Seigneur, devenir source d’où sortent des fleuves d’eau vive (cf. Jn 7, 37-38). Mais pour devenir une telle source, il doit lui-même boire toujours à nouveau à la source première et originaire qui est Jésus Christ, du coeur transpercé duquel jaillit l’amour de Dieu (cf. Jn 19, 34) »
Je pense par contre qu’au ciel notre éros sera totalement purifié. La dimension de l’amour éros sera la même que la dimension agapè. Il n’y aura plus de manque, donc plus de souffrance. Car au ciel nous aimerons de l’amour même de Dieu. En Dieu l’éros est complètement agapè « Au contraire, le Dieu unique auquel Israël croit aime personnellement. De plus, son amour est un amour d’élection : parmi tous les peuples, il choisit Israël et il l’aime, avec cependant le dessein de guérir par là toute l’humanité. Il aime, et son amour peut être qualifié sans aucun doute comme l’éros, qui toutefois est en même temps et totalement agapè ».
Votre point numéro un sur l'origine temporelle de la souffrance m'interpelle. Quand je relie le chapitre 3 de la genèse. Je vois dans la traduction que j'ai que si la femme mange du fruit de l'arbre défendu c'est par ce qu'elle est séduite par ce fruit. Le verset 6 à vraiment la dialectique de l'éros La femme vit que l'arbre est bon et séduisant. Le fruit est de plus désirable pour acquérir ce que la femme pense être un bien le discernement. Le moteur de l'agir de la femme est le manque. Elle ne sait pas ce qu'est le discernement. Si elle se met en mouvement pour aller manger ce fruit c'est que ce manque pour elle n'est pas tolérable et qu'il faut le faire cesser. Pour le dire autrement elle souffre de ce manque.
Nous connaissons la suite, la femme mange du fruit défendu.
Hors nous avons la sémantique de l'amour (éros) dans les termes utilisés. Mais ici l'éros est ivre et indiscipliné, il ne recherche pas l'autre composante de l'amour qui est l'agapè. La femme chute et désobéit. C'est un peu comme si l'éros l'avait poussé à la chute.
Dans ce verset 6 nous avons à la fois la sémantique de la souffrance et celle de l'amour éros. Cela se passe avant la chute. La souffrance est donc antérieure à la chute, mais postérieure à la tentation.
Voilà en gros ma « datation » des origines de la souffrance. Cela montre aussi qu'un éros non purifié et souffrance sont liés.

Bien cordialement
"Amen, viens, Seigneur Jésus !" Ap 22,20

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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par cracboum » jeu. 29 avr. 2010, 22:06

Moi, je retiens, pour l'instant, que la souffrance est antérieure à la chute, alors qu'on la dit consécutive...merci DA95.
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par Griffon » ven. 30 avr. 2010, 5:22

@DA95
Un manque ?
Vous appelez cela un manque ?

La femme vit que l'arbre était bon et séduisant...
Mais pas avant d'avoir écouté le serpent.
C'est le serpent qui a décentré la femme d'elle-même, et qui a induit en elle le désir, puis l'envie.
L'eros, comme vous dites. Mais, est-ce une souffrance ?

Je n'appelle pas cela un manque.
Selon moi, il n'y avait pas souffrance, mais désir, séduction, attirance...

@Cracboum
Il vous reste à définir la souffrance.
Moi je parle de : faim, soif, pleurs, persécution, maladie, mort,... mais aussi mépris.
Car souffrir et être méprisé, voilà le chemin que nous a indiqué Jésus.
Le manque peut être une souffrance, mais pas forcément.

Merci à vous deux pour votre partage,

Griffon.


PS: aimer, est-ce forcément souffrir ?
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Mon bonheur est de vivre,
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par cracboum » ven. 30 avr. 2010, 8:48

@ Griffon, Dieu est au coeur de la souffrance, mais la souffrance peut être telle qu'on ne voit qu'elle.
Le Royaume des Cieux est comme une graine dans le terreau de la souffrance, au début on ne sait pas qu'il y a une vie qui grandit.
L'Esprit-Saint transforme la souffrance en amour, et là ou il n'y a pas(assez) d'amour, il met de la souffrance pour la transformer en amour.
A l'origine, l'Esprit plane sur les eaux, Il prépare la venue de la Vérité, laquelle s'accomplie avec la Croix. Quand "tout est accompli", Xrist rend l'Esprit qui retourne au Père : l'Amour se fait souffrance pour que la soufrance soit Amour.
L'Esprit-Saint travaille sans cesse à nous transformer en amour, et c'est cette action sur nous que nous appelons souffrance. Il travaille dans notre âme, mais aussi dans notre corps, dans le monde qui nous entoure, dans et par les lois naturelles en nous et hors de nous, d'ou la diversité des souffrances dont vous mentionnez quelques unes Griffon.
La souffrance n'est rien d'autre que l'amour perçu différemment selon notre état de transformation.
Le même amour cause enfer ou béatitude.
Plus subtile est l'idée de souffrance d'amour, je ne sais pas si je vais garder le même mot, comme vous me l'avez suggéré. D'un autre côté, c'est le même "fonctionnement" qui est en jeu, alors...il faudra y revenir.
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par DA95 » ven. 30 avr. 2010, 11:49

Bonjour Griffon,
Je n'appelle pas cela un manque. Selon moi, il n'y avait pas souffrance, mais désir, séduction, attirance...
Il me semble que l’on ne désire que parce qu’il nous manque l’objet de notre désir. De plus nécessairement l’on pense que cet objet nous procurera un plus grand bien. C’est intrinsèque au désir de rechercher le bien et le bonheur du sujet.
Le manque est pénible. Souffrir dans mon petit Larousse c’est supporter ce qui est pénible. La souffrance dans le même Larousse c’est le fait de souffrir.
Le manque est pénible, la douleur aussi et donc font souffrir. On peut dire que la douleur est un manque de bien-être.
Je montre que l’éros peut être souffrance. Mais pour moi l’éros est bien plus que cela. Je fais mienne cette phrase du Pape Benoît 16 « Même si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant – fascination pour la grande promesse de bonheur –, lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours plus le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désirera «être pour» l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui » et pour reprendre ce que nous dit Cracboum « l'Amour se fait souffrance pour que la souffrance soit Amour.
L'Esprit-Saint travaille sans cesse à nous transformer en amour, et c'est cette action sur nous que nous appelons souffrance » Pour être précis ce serait quand l’agapè s’insère dans l’éros que celui-ci se transforme. Est-ce que cette transformation est souffrance ? Sans doute, peut-on le conclure. Mais cette transformation est aussi évolution et pourrait s’affranchir de souffrance.

Mon cher Cracboum je voudrai faire une remarque. Quant le Christ dit « tout est accompli » et meurt ensuite sur la croix. Le Christ s’identifie au mal, au péché. L’identification n’est pas la même chose que l’être. Puisque Jésus est vrai Dieu et vrai homme cette identification sera poussé jusqu’à un degré divin. Le christ est identifié à la souffrance comme nul homme ne le saura jamais. Mais la croix ne s’arrête pas à l’identification. Le Christ est vainqueur de la mort de la souffrance. Je pense que cela veut dire dans le contexte de notre discussion que la souffrance n’existe plus qu’elle a été transformée en amour. Au ciel je ne pense pas qu’il ait de la souffrance par contre de l’Amour oui.
Ce qui est certain c’est que nous pouvons sur cette terre décider d’offrir notre souffrance à Dieu, nous pouvons participer dans notre chair au salut des âmes. Cette souffrance offerte par amour devient amour je le pense également cher Cracboum. Ce faisant après la transformation il reste l’amour, la souffrance elle n’est plus qu’un souvenir.

Bien à vous
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par Griffon » ven. 30 avr. 2010, 17:30

Cher Da95,
Si vous le permettez, je vais prendre les messages dans l'ordre.

Cher Cracboum,
Je poste mes commentaires dans votre message.
Je le fais brièvement, pour ne pas alourdir.
Ce sera une première approche pour confronter notre "vécu au niveau de la souffrance dans l'amour". :p
cracboum a écrit :@ Griffon, Dieu est au coeur de la souffrance, mais la souffrance peut être telle qu'on ne voit qu'elle.
Dans notre monde, pour nous sauver, Jésus s'est placé au coeur de la souffrance. Il donne sa vie librement.
Cela ne dit rien du Royaume de l'Esprit.


Le Royaume des Cieux est comme une graine dans le terreau de la souffrance, au début on ne sait pas qu'il y a une vie qui grandit.
L'Esprit-Saint transforme la souffrance en amour, et là ou il n'y a pas(assez) d'amour, il met de la souffrance pour la transformer en amour.
Je ne suis pas loin d'acquiescer, mais j'ajouterais un appel à notre liberté. L'homme peut refuser.

A l'origine, l'Esprit plane sur les eaux, Il prépare la venue de la Vérité, laquelle s'accomplie avec la Croix. Quand "tout est accompli", Xrist rend l'Esprit qui retourne au Père : l'Amour se fait souffrance pour que la soufrance soit Amour.
Je suis tout à fait d'accord avec vos prémisses, mais pas avec votre conclusion, si vous le permettez.
Donc, soit vous faites un saut logique, qu'il faut pouvoir expliquer, soit,... vous avez déraillé ! :/


L'Esprit-Saint travaille sans cesse à nous transformer en amour, et c'est cette action sur nous que nous appelons souffrance.
Encore une fois, d'accord sur la première phrase. Mais la souffrance est un des moyens qu'utilise l'Esprit-Saint. L'action de l'Esprit-Saint n'est pas souffrance.
Exemple: la prière est un moyen étonnant de transformation. Sans souffrance.

Il travaille dans notre âme, mais aussi dans notre corps, dans le monde qui nous entoure, dans et par les lois naturelles en nous et hors de nous, d'ou la diversité des souffrances dont vous mentionnez quelques unes Griffon.
La souffrance est une loi de ce monde.
D'accord qu'il s'agit là d'une grâce de Dieu car c'est vraiment un moyen de sanctification.
Or la sanctification, c'est bien l'action de l'Esprit. Et sans la souffrance, probablement que le salut n'aurait pas été possible.
Mais, la souffrance n'est pas ne suffit pas.
Jésus est venu nous montrer comment vivre la souffrance.
Lui-même n'est pas allé au devant de la souffrance comme un fakir, mais comme un héros.

La souffrance n'est rien d'autre que l'amour perçu différemment selon notre état de transformation.
n'est rien d'autre que...
Oh Cracboum, voilà une expression qui ne passe pas.
Et ce qui suit ne me semble pas plus correct.


Le même amour cause enfer ou béatitude.
Ca,... je ne comprens pas ! Un exemple concret ?

Plus subtile est l'idée de souffrance d'amour, je ne sais pas si je vais garder le même mot, comme vous me l'avez suggéré. D'un autre côté, c'est le même "fonctionnement" qui est en jeu, alors...il faudra y revenir.
Je vous laisse là à votre réflexion.
Je voudrais ajouter quelques exemples pour nourrir notre réflexion.
1.
Etre réveiller toutes les nuits de manière brutale et irrégulière. Devoir se lever pour changer un lange, calmer un cauchemar,... cela pendant 2, 3 ans !
Voilà une vraie torture objective.
Et pourtant, il y en a qui remettent le couvert.
2.
Etre trompé(e), trainé(e) dans la boue par un conjoint infidèle. Et tenir bon.
Pour les enfants, par fidélité,...

Merci pour votre collabotation,

Griffon.
Jésus, j'ai confiance en Toi,
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par Griffon » ven. 30 avr. 2010, 18:10

Bonjour DA95,

Je reviens vers vous... comme je peux car c'est bien beau, ce que vous avez écrit.
DA95 a écrit :Bonjour Griffon,
Je n'appelle pas cela un manque. Selon moi, il n'y avait pas souffrance, mais désir, séduction, attirance...
Il me semble que l’on ne désire que parce qu’il nous manque l’objet de notre désir. De plus nécessairement l’on pense que cet objet nous procurera un plus grand bien. C’est intrinsèque au désir de rechercher le bien et le bonheur du sujet.
Le manque est pénible. Souffrir dans mon petit Larousse c’est supporter ce qui est pénible. La souffrance dans le même Larousse c’est le fait de souffrir.
Le manque est pénible, la douleur aussi et donc font souffrir. On peut dire que la douleur est un manque de bien-être.
OK DA95, je me rends...
Cependant il faut distinguer alors...
Il y a 2 choses dont il faut tenir compte.
1. Il y a manque et manque, souffrance et souffrance
Ma fiancée est loin de moi et je voudrais tant qu'elle soit là....
Ma fille chérie va s'installer à l'étranger...
C'est la nuit obscure. Plus un seul lumière divine. Le ciel est fermé.

2. Il y a manque et manque, manque d'éros ou manque d'agapè
Typiquement dans votre exemple de la tentation d'Eve, Eve ne souffrait d'aucun manque avant d'avoir parlé au serpent. Mais voilà... celui-ci déploie sa technique : il sème le trouble, décentre la personne, et dès lors, la voilà sensible à une chose extérieure à elle dont elle n'a pas besoin pour son bonheur.
J'ai voulu distingué en disant que ce n'était pas un manque... Mais en tout cas, ce n'est pas la même chose que les exemples ci-dessus.

Autre exemple pour la réflexion:
Paul est marié avec Marie. Mais voilà qu'il tombe amoureux de Julie.
Va-t-il céder ? Oh ! Résister, c'est si difficile... une vraie souffrance ?
Quel est le lien de cette souffrance avec l'amour ?


Je montre que l’éros peut être souffrance. Mais pour moi l’éros est bien plus que cela. Je fais mienne cette phrase du Pape Benoît 16 « Même si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant – fascination pour la grande promesse de bonheur –, lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours plus le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désirera «être pour» l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui » et pour reprendre ce que nous dit Cracboum « l'Amour se fait souffrance pour que la souffrance soit Amour.
L'Esprit-Saint travaille sans cesse à nous transformer en amour, et c'est cette action sur nous que nous appelons souffrance » Pour être précis ce serait quand l’agapè s’insère dans l’éros que celui-ci se transforme. Est-ce que cette transformation est souffrance ? Sans doute, peut-on le conclure. Mais cette transformation est aussi évolution et pourrait s’affranchir de souffrance.
Merci pour cette approche lumineuse de notre pape...
Et merci à Dieu, de réussir à nous prendre par le bas pour nous élever à Lui.

Par contre, toute transformation n'est pas nécessairement dans la souffrance.
Ca,... c'est mon expérience. Comme la prière, par exemple.
L'action de l'Esprit-Saint s'appelle sanctification, et non pas souffrance.



Mon cher Cracboum je voudrai faire une remarque. Quant le Christ dit « tout est accompli » et meurt ensuite sur la croix. Le Christ s’identifie au mal, au péché.
Et encore... cette expression personnifie le mal et le péché.
En vérité, le Christ s'identifie à toutes les personnes qui font le mal et qui pèchent, prenant sur lui leurs fautes, et se présentant à leur place pour "subir la punition".
Texto ce qu'a fait Maximilien Kolbe quand il a pris la place de l'homme marié qui ne voulait pas mourir de faim parce qu'il avait une famille : il s'est avancé à notre place pour que les coups arrivent sur Lui.
Et nous, nous sommes bien dans le lot, évidemment.

L’identification n’est pas la même chose que l’être.
Effectivement.
Puisque Jésus est vrai Dieu et vrai homme cette identification sera poussé jusqu’à un degré divin. Le christ est identifié à la souffrance comme nul homme ne le saura jamais. Mais la croix ne s’arrête pas à l’identification. Le Christ est vainqueur de la mort de la souffrance. Je pense que cela veut dire dans le contexte de notre discussion que la souffrance n’existe plus qu’elle a été transformée en amour. Au ciel je ne pense pas qu’il ait de la souffrance par contre de l’Amour oui.
C'est aussi ma lecture...
Et il suffit de lire les extraits qui parlent de la Jérusalem céleste, ou plus simplement les béatitudes qui affirment que nous serons consolés, comblés,...

Ce qui est certain c’est que nous pouvons sur cette terre décider d’offrir notre souffrance à Dieu, nous pouvons participer dans notre chair au salut des âmes. Cette souffrance offerte par amour devient amour je le pense également cher Cracboum. Ce faisant après la transformation il reste l’amour, la souffrance elle n’est plus qu’un souvenir.
Précisément, comme la femme qui a accouché.

Bien à vous

Merci DA95,

Griffon.
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par DA95 » ven. 30 avr. 2010, 18:20

Oui Griffon, prenez le temps et les messages dans l'ordre.
cracboum a écrit :L'Esprit-Saint travaille sans cesse à nous transformer en amour, et c'est cette action sur nous que nous appelons souffrance.
Encore une fois, d'accord sur la première phrase. Mais la souffrance est un des moyens qu'utilise l'Esprit-Saint. L'action de l'Esprit-Saint n'est pas souffrance.
Exemple: la prière est un moyen étonnant de transformation. Sans souffrance.
Concernant cette phrase de Cracboum, j'avais compris que "cette action" était relative "à nous transformer" : l'action en tant que telle c'est la transformation. Et du coup j'étais assez d'accord avec Cracboum. Par contre s'il faut le comprendre comme vous l'avez compris alors je suis assez d'accord avec vous.

Bien à vous,
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par Griffon » ven. 30 avr. 2010, 18:45

Cher DA95,
Il y aurait plusieurs manières de comprendre la phrase de Cracboum ?

Lorsque nous prions, nous répondons à une invitation divine, et nous rejoignons l'Esprit-Saint qui prie en nous.
Du coup, la prière de l'Esprit devient efficace aussi dans notre vie (elle est toujours efficace dans le monde spirituel) car nous Lui faisons une place.
Cela nous transforme, mais pas nécessairement dans la souffrance.
Et ceux qui ont le don des larmes, c'est rarement des larmes de douleur.

Cordialement,

Griffon.
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par cracboum » ven. 30 avr. 2010, 20:05

Cher DA95, d'accord pour eros et agapé, ce n'est pas mon vocabulaire habituel, mais cela revient au même. L'action de Dieu met en mouvement toutes les potentialités de l'homme qui a donc l'impression (pénible) de faire tout le travail, puis quand celui-ci s'est un peu libéré de ses passions et unifié, et qu'un certain calme s'est établi, cette même action de Dieu lui est plus perceptible. Aprés un stade purgatif, correspondant à l'éros, vient un stade contemplatif correspondant à l'agapé, jusqu'à être transformé en lui.
Ces grandes étapes de la vie spirituelle ne font pas vraiment difficulté, je pense.
En revanche, j'ai un petit problème avec le "tout est accompli", et ne puis me résoudre à considérer que l'identification de xrist avec le péché et son rachat suffisent à en épuiser l'ampleur. Tout a été fait par Lui, en Lui et pour Lui, et Lui se serait incarné, serait mort sur la Croix et ressuscité à cause du péché ? Il y a là un effet de perspective qui nous fait prendre les causes prochaines pour la cause finale.
Les enfants sont comme ça, ils croient que tout est fait pour eux, ce qui es juste de leur point de vue, même si ce qui est fait l'est pour un autre projet qu'eux seuls, mais dont ils profitent.
Je suis résolument christocentrique.
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par cracboum » sam. 01 mai 2010, 0:15

IBonsoir Griffon, il ne faut pas soulever trop de lièvres à la fois, on ne sait plus ou donner de la tête.
Je vois que vous nous ramenez toujours à des exemples concrets. je vais prendre un de vos exemples, la prière. Moi non plus, actuellement la prière ne me cause aucune souffrance, elle se réduit à un simple sentiment de Sa présence, et je n'ai pratiquement rien à lui demander car Il prévient toutes mes demandes, et de toutes façons je ne veux rien d'autre à priori que ce qu'Il veut, je suppose que vous êtes dans une situation semblable. Vous en concluez qu'on peut se transformer sans souffrance, mais vous avez bien souffert pour en arriver là! Je pense qu'il faut voir les choses d'une façon globale, à l'échelle de la vie de chaque homme et à l'échelle du Corps Mystique qui bénéficie des fruits de la passion du Christ. Nous ne ressentons pas non plus l'amour de façon uniforme.
Et puis qu'est-ce que la souffrance? Par rapport au plus grand bonheur que vous avez connu, vous êtes en souffrance. Même si nous ne ressentons aucune douleur, nous sommes en souffrance du Ciel, de Dieu, de la paix et de la joie pour tous etc...Au fond, on s'habitue à la souffrance, et on ne perçois que les variations d'intensité.
D'ou ma question : croyez vous qu'au Ciel vous serez figé dans une béatitude immuable ? Le Père n'engendre t-il pas éternellement son Fils , avec qui nous ne ferons qu'un ? Vos états de conscience seront-ils immuables ou bien serez-vous "tantôt" conscient d'être autre, unique, "tantôt" immergé dans l'Un de Dieu jusque bien au delà de toute conscience ? Tantôt dans la conscience et la louange, tantôt dans l'oubli et l'adoration ? Vous n'aurez plus soif de Dieu? Dieu n'est-il pas le Dieu des vivants ? Que vous inspire la vie trinitaire?
Si la souffrance est une variation, je pense que la souffrance a toute sa place au Ciel, elle fait partie de notre béatitude.
L'unité de la souffrance et de la béatitude est le secret de Dieu, comme le don de sagesse surpasse celui d'intelligence. P. Varillon
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Griffon
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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par Griffon » sam. 01 mai 2010, 5:21

Bonjour Cracboum,

Votre "pour en arriver là" fait justement référence à une réalité de notre temps.
Le ciel est à l'image de ce que vous dites : "la prière ne me cause aucune souffrance, elle se réduit à un simple sentiment de Sa présence, et je n'ai pratiquement rien à lui demander car Il prévient toutes mes demandes, et de toutes façons je ne veux rien d'autre à priori que ce qu'Il veut".

Au ciel, la béatitude immuable : oui.
Le mot immuable qualifiant la béatitude.
Car pour le reste, nous serons plus que jamais des vivants.
Et les limites de notre monde ne nous empêcherons plus de être, de vivre, d'aimer. La souffrance aura donc disparu.

Cordialement,

Griffon.

PS:
En voyage, ce we, donc, très peu de connexions...
Jésus, j'ai confiance en Toi,
Jésus, je m'abandonne à Toi.
Mon bonheur est de vivre,
O Jésus, pour Te suivre.

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Re: Quel lien entre l'amour et la souffrance ?

Message non lu par cracboum » sam. 01 mai 2010, 8:28

Je ne m'entêterai pas à vouloir souffrir au ciel. J'en avais l'exclusivité, c'était ça l'avantage, mais c'est pas grave, j'ai encore d'autres trucs que je suis seul à penser.
Bon voyage Griffon!
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