Bénévolat et charité

[Marie2964]

Bonjour à tous,

Je viens vers vous car je m'interroge sur un point.

Je vous explique la situation: après une longue réflexion, j'ai décidé de m'engager dans du bénévolat or mes recherches n'aboutissent strictement à rien. J'en profite d'ailleurs pour m'étonner de ce que certaines associations manquent cruellement de bénévoles mais ne répondent pas aux sollicitations, même répétées!

Bref, il y aurait bien des associations pour lesquelles je pourrais m'engager néanmoins je me heurte à un problème personnel: celui de mes convictions, notamment politiques.

J'en viens donc à mon "dilemme": faut-il, par charité, outrepasser ses propres convictions politiques ou au contraire cela ne nuirait-il pas à la qualité de mon engagement bénévole si je venais à être en constante opposition avec celles-ci?

Je vous avoue être partagée car d'un côté je me dis qu'il faut savoir aimer/servir son prochain au delà de nous-mêmes mais en même temps je me pose la question de l'intégrité et de la morale personnelle.

Auriez-vous des débuts de pistes de réflexion, des remarques ? Cela est-il déjà arrivé à quelqu'un ?

Merci d'avance pour votre contribution.

Marie.

[Foxy]

Bonjour Marie

Je ne sais pas ce que vous entendez en disant "bénévolat et charité" ? : sans doute pensez vous aux associations humanitaires ?

Je ne peux que vous donner mon petit témoignage : je n'ai jamais considéré le bénévolat sous cet angle.

J'en fais depuis plus de 40 ans à la bibliothèque municipale de mon village. Je venais d'arriver en bretagne et j'étais allée faire un tour à la bibliothèque, très fournie mais les bouquins classés en dépit du bon sens.

Je me suis donc proposée pour ranger et étiqueter. Cela n'a pas été simple au début avec la clef qu'il fallait aller prendre en mairie et aussi compter avec la susceptibilité des personnes déjà là... le local qui servait aussi pour les écoles et les maitresses qui laissaient tout en plan (aux autres pour ranger...)

J'ai mis du temps, des années même, mais une entente, une amitié est née entre les quelques bénévoles que nous étions. J'ai surtout appris à connaitre les enfants et leurs parents autrement, à mettre en route un passage chez les personnes âgées : cela a été très enrichissant, même s'il fallait "boire un jus" à chaque maison...

Et lorsque le maire m'a demandé de choisir les bouquins au passage du bibliobus, de comptabiliser ceux qu'il fallait rendre, j'ai pris cela au sérieux en mettant les goûts des lectures personnelles des personnes avant les miens. Quant aux livres pour enfants, c'est une institutrice à la retraite qui est venue les choisir.

Tout cela ne s'est pas toujours fait sans accrocs. Je n'étais pas de leur bord ni religieux ni politique et il y a eu des discussions très orageuses pour arriver à refuser certains bouquins et si je n'y arrivais pas, à les placer au fond du rayonnage...

Maintenant, la bibliothèque est informatisée et il y a une salariée, mais elle me demande encore parfois de passer lui donner un coup de main. Et je continue à visiter certaines personnes qui ne peuvent pas se déplacer.

Un autre bénévolat lorsque j'ai pris ma retraite : aider les animatrices à la maison de retraite quelques après-midi par semaine : les liens qui se forment sont très forts, aussi bien avec le personnel que l'on peut aider à pousser les fauteuils roulants qu'à servir les goûters et les résidents qui se confient facilement. Ce qui est usant, c'est écouter chaque fois les mêmes histoires, mais qui sait si nous n'en serons pas là un jour ?

Voilà mon petit témoignage.

Bonne soirée

[Perplexe]

Vous pouvez, Marie, contacter France Bénévolat et être reçue pour discuter de vos préférences pour mieux définir ce qui vous conviendrait. Ils vous proposeront quelques associations à rencontrer. Mais certaines associations ne s'offrent pas ce service de "recrutement" alors ce sera à vous de contacter directement celles-ci.

Ce serait davantage certaines personnalités dans une association qui pourraient poser quelques difficultés.

Le problème d'une étiquette politique ne se pose pas en général, ce n'est pas le lieu, surtout si la vocation est humanitaire.

Demandez à lire ce qui constitue la raison de la création de l'association, ça peut se trouver souvent sur le net.

Oui, ça répond pas beaucoup au téléphone, c'est plutôt au feeling. Aller au salon des associations de votre ville, en septembre chaque année, vous aidera à trouver très facilement. Le site internet de votre ville ou sa maison des associations vous renseigneront aussi.

Mais vous pouvez tout autant faire une activité en tant qu'adhérente et vous investir par exemple auprès des enfants.

Ce qui est important c'est de rencontrer du monde pour mieux découvrir des pistes inattendues. C'est un milieu où l'on aime "sentir" les gens avant de discuter engagement car ça peut être délicat de dire par téléphone à une personne qu'il faudrait un ou une bénévole et sur place de lui dire pour une raison cachée " non, on ne cherche plus".

Discuter d'abord pour s'informer sur l'association est la première démarche avant de songer au Bénévolat. Vous pourrez mesurer à quel point ce milieu est plutôt a-politique.

[poche]

Il y a de nombreuses années, j'ai été invité à un atelier dont le sujet était l'asile, les réfugiés et l'immigration.
Il y avait des avocats qui faisaient la présentation. Beaucoup de présentateurs étaient des marxistes. J'ai vraiment eu un problème avec eux. La dernière des présentatrices était une religieuse. Elle a dit qu'ils avaient de vraies personnes qui essayaient d'échapper aux guerres dans leurs pays d'Amérique centrale.
Je suis allé la voir et lui ai proposé de l'aider avec des traductions et des choses de ce genre. Je ne sais pas quelles étaient les différentes idéologies des différentes personnes. Mais si quelqu'un a besoin de nourriture ou d'un abri, je suis prêt à mettre de côté ma pensée pour lui donner cette nourriture, cet habillement ou cet abri.

[Marie2964]

Bonjour à tous,

Je vous remercie pour vos commentaires et suggestions.

Je crois en réalité qu'il me faut effectivement chercher à (re)définir ce que je cherche dans le bénévolat et ce que je suis prête aussi à donner.

Il est vrai que j'envisageais, à tort, que le bénévolat n'était qu'humanitaire. Je me trouve ainsi bête à constater que ce n'est pas forcément le cas.

@ Perplexe: j'ai déjà consulté le site internet de France Bénévolat et me suis contentée de consulter les missions proposées. Il y en avait bien une mais qui me demandait trop d'investissement pour pouvoir m'engager sereinement.

J'ai également constaté après avoir pris contact avec différentes associations que souvent celles-ci me faisaient presque passer "un entretien d'embauche", chose que je n'apprécie pas car je ne vois pour le coup pas où se trouve la notion de don gratuit. Hier par exemple, j'ai eu un entretien avec une bénévole pour une association d'aide aux enfants et à la fin de la conversation cette personne m'invitait à envoyer mon CV (???!!) et une lettre de motivation.

Je peux tout à fait comprendre tout ce que touche à la motivation et à la rigueur je peux entendre qu'il y ait un entretien mais qu'en est-il du CV? Je trouve cela intrusif. Ça me dérange.

Je vais dorénavant tâcher d'explorer d'autres possibilité de bénévolat et je vous remercie pour vos conseils car je vous avoue aussi que mon projet de bénévolat n'est pas très précis.

Il faudrait en effet que je prenne contact avec quelqu'un qui pourrait m'aiguiller.

Bonne journée à tous.

Marie.

[Milla]

Bonjour Marie

Certaines associations répondent en effet peu aux mails ou aux formulaires de contact, et ne rappellent pas forcément. Parfois, c'est justement le manque de bénévoles qui fait ça : il y a souvent plus urgent, ou alors personne ne s'occupe spécifiquement de cette tâche et ça traine. J'ai fait du soutien scolaire avec le Secours populaire et c'était le cas.
Perplexe l'a dit, se rendre au forum des associations de la ville en septembre est une bonne façon de rencontrer les gens et de se renseigner (et aussi de découvrir des associations dont on ignorait l'existence !).

Personnellement, je ne suis pas choquée par le côté entretien d'embauche. Il faut que ça marche des deux côtés. Et c'est souvent nécessaire, car un bénévole qui n'a pas les compétences attendues peut être plus une gêne qu'une aide (pour rester dans le thème des bibliothèques, je pense à une personne qui était mal à l'aise avec l'informatique, et qui notait tous les prêts et retours à la main, ce qui faisait du travail supplémentaire pour la salariée). Imaginez un écoutant à SOS Amitié mal choisi : il peut faire des dégâts !
Bref, ne le prenez pas personnellement, c'est plutôt courant.

Le monde associatif est vaste. Peut-être que réfléchir à vos centres d'intérêt aiderait ? Être bénévole, c'est aussi bien trier les dons à Emmaüs que devenir famille d'accueil pour chats, faire la lecture aux personnes hospitalisées ou écrire à un détenu...

[Æoline]

Bonsoir Marie,

Tout dépend d'où vous vivez, mais il y a aussi régulièrement des associations catholiques qui recherchent des bénévoles, comme les Petits Frères des Pauvres.

[Jean-Mic]

Vous ne dites rien de ce qui vous touche, de vos souhaits, goûts ou attentes. Difficile dans ce cas de vous aider.
Le bénévolat est une constellation ! Il ne se limite pas au monde catho, loin de là, ... et heureusement.

Dans l'Eglise, pour s'en tenir à cet exemple, le bénévolat peut revêtir des formes très très très variées, et pour certaines méconnues.
Je suis sûr que M. le curé de votre paroisse ne serait pas mécontent d'avoir plus de bénévoles pour ... (au choix) balayer l'église, entretenir et réparer la sono, changer les ampoules grillées, ..., ou encore tenir la permanence téléphonique du presbytère, photocopier la feuille paroissiale ou la feuille de chants de dimanche prochain, et même (si vous avez une belle écriture) recopier les registres paroissiaux, ou compter les quêtes ... Plus proche de la liturgie : participer à la chorale, et pourquoi pas animer les chants de la messe, ... fleurir l'église ou laver et repasser les linges d'autel. Dans une perspective plus pastorale et plus spirituelle, se proposer comme catéchiste, participer aux équipes de préparation des familles au mariage ou au baptême, à l'équipe du catéchuménat, aux équipes d'accompagnement des familles en deuil ...

Vous voyez qu'il y en a pour tous les goûts et tous les charismes. Bien évidemment, ces tâches modestes ou visibles vous seront confiées par le curé, et lui seul. Encore faut-il qu'il sache que vous vous portez volontaire pour servir. Comment saura-t-il faire appel à vous si vous ne lui avez pas fait part de votre disponibilité ? De plus, certaines tâches nécessitent un peu de préparation et un minimum d'information préalable (exemple : accueillir les familles en deuil, ou devenir catéchiste, cela s'apprend ; mais laver et repasser les linges d'autel obéit aussi à des règles strictes qu'il faut connaître).

Si vous souhaitez que votre bénévolat s'inscrive dans une perspective caritative et humanitaire, je vous suggère de tout simplement demander à votre entourage catho ce qui existe autour de vous. Parlez-en à votre curé, questionnez vos amis paroissiens à la sortie de la messe, regardez les panneaux d'affichage à l'entrée de l'église, renseignez-vous auprès des quêteurs lors des quêtes impérées par le diocèse (contre la lèpre, contre la faim, pour les missions, etc.) ... Vous finirez bien par trouver des tuyaux ! En revanche, je vous déconseille de faire votre recherche sur internet. Vous risquez de trouver tout, n'importe quoi, et son contraire ... Rien ne remplace les informations et les contacts personnalisés et humains !

Enfin, ne perdez pas de vue qu'en matière de bénévolat comme dans beaucoup d'autres choses, rien de bien ne se fait sans amour ... sans Charité !!! Même balayer l'église ou compter la quête peut être à la fois un travail, un moment de conversation et un temps de prière. Mais, dans le cas qui nous intéresse, soyez convaincue que c'est un authentique acte de charité envers vos frères et sœurs de la communauté paroissiale. Et ça, ce n'est pas rien ! Certaines de ces tâches ne se voient même pas (n'attendez pas de remerciements, évidemment !) mais quand personne ne s'en charge, cela manque cruellement à tous, et tout le monde voit ... et râle contre ... la toile d'araignée qui reste.

[Altior]

Bonjour, Marie !

J'en profite d'ailleurs pour m'étonner de ce que certaines associations manquent cruellement de bénévoles mais ne répondent pas aux sollicitations, même répétées!

Il y a plusieurs explications à cela. Tout d'abord, il est évident que beaucoup d'associations sont, en réalité, des pompes à fric. Lorsque j'étais en Roumanie, pour un temps j'ai travaillé pour une association qui s'occupait des anciens victimes des tortures pendant le régime communiste. J'étais pas mal payé, le fric provenait principalement de l'Union Européenne. Cela ne veut pas dire que nous ne faisions rien pour ces pauvres victimes, mais notre motivation n'était pas humanitaire, mais pécuniaire. Nous étions là-bas pour du pognon. Aider des gens ? Oui, nous le faisions car c'était dans la "fiche de poste", mais pas plus que ça.

Puis, j'ai essayé de faire une association pour le soutien des plus méritants élèves. Car en Roumanie, comme en France, il y a des bourses pour les élèves pauvres, mais pas pour ceux méritants. Mais j'ai dû abandonner après trois ans, car je n'arrivais pas à convaincre assez de gens à s'impliquer. Je ne sais pas pourquoi il y a une mentalité selon laquelle "social" veut dire "quelque chose pour les pauvres". Quand il s'agit de faire un appel aux dons "pour les meilleurs, soient-ils pauvres ou riches" personne ne s'inscrivait. Par ailleurs, clôturer cette association fut beaucoup plus compliqué que de la démarrer.

Une autre explication vient d'un certain entre-soi que beaucoup d'assocs cultivent. Un nouveau arrivé ? C'est suspect. Sans doute il a un intérêt.

Mais pas toutes les associations sont pourries. Pour rester dans le témoignage, j'avoue être impressionné par les associations scout. Elles font des merveilles pour les jeunes (dont mes enfants). C'est du bénévolat pur, personne n'est rémunéré et pourtant ça tourne plutôt bien et elles sont en plein essor.

J'en viens donc à mon "dilemme": faut-il, par charité, outrepasser ses propres convictions politiques ou au contraire cela ne nuirait-il pas à la qualité de mon engagement bénévole si je venais à être en constante opposition avec celles-ci?

Pourquoi vous énerver à côté d'une association dont vous ne partagez pas les options fondamentales, au lieu de garder la sérénité d'esprit à côté des gens qui sont sur la même longueur d'onde que la vôtre ? Comme dit plus haut, le monde associatif est une constellation. Une chose est sûre : association apolitique, cela n'existe pas qu'au niveau déclaratif. Même parmi les associations chrétiennes, on trouve des unes de droite (comme SOS Calvaires ou SOS Chrétiens d'Orient par exemple), des autres de gauche (Apprentis d'Auteuil, etc). Sans doute, dans cette constellation, vous trouverez une étoile qui appellera davantage vos aspirations.

En Christ, notre Seigneur,
A.

[Jean-Mic]

Parlez-en à votre curé, questionnez vos amis paroissiens à la sortie de la messe, regardez les panneaux d'affichage à l'entrée de l'église, renseignez-vous auprès des quêteurs lors des quêtes impérées par le diocèse (contre la lèpre, contre la faim, pour les missions, etc.) ... Vous finirez bien par trouver des tuyaux ! ... Rien ne remplace les informations et les contacts personnalisés et humains !

Hier dimanche 13 novembre, c'était une journée nationale du Secours Catholique, et des quêteurs étaient à la sortie des messes. Avez-vous pu en rencontrer et vous renseigner ?