Ca va tomber comme un cheveu sur la soupe au milieu de la conversation, mais je pense utile de recopier ici une présentation du sacrement de réconciliation que je viens d'écrire sur un autre fil.
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 2&start=15
Le sacrement de réconciliation (couramment appelé la confession) te permet de réparer les blessures existantes dans ta relation d'amour avec Dieu. C'est comme quand on aime quelqu'un, on se rend compte que de temps en temps, nos paroles ou nos actes abiment notre relation d'amour. Ils peuvent blesser l'autre, mais on s'en sent blessé aussi.
Le sacrement de réconciliation n'a pas pour but de soigner les blessures que l'on aurait faites à Dieu. Au contraire, il s'agit de venir demander à Dieu de guérir nos propres blessures.
Comme tous les sacrements, il demande une petite préparation pour le vivre en en retirant le plus de fruit possible. Il ne s'agit pas tant de venir réciter la liste de nos péchés que de venir se placer devant Dieu et lui demander de réparer ce que nous avons abîmé. C'est un don merveilleux, dont il faut user autant que possible.
Un membre a écrit :Il ne s'agit pas tant de venir réciter la liste de nos péchés...
Vous avez sans doute raison, Peccator, mais ça me laisse songeur quand je pense à l'instruction religieuse que j'ai reçue autrefois, où l'on insistait lourdement sur la nécessité de l'inventaire complet de nos péchés...
Oui, je sais bien... Moi aussi, c'est ce que j'ai appris enfant... et cette manière de présenter les choses m'a durablement éloigné de la confession... Et on lit toujours ça aujourd'hui dans certaines présentation du sacrement de réconciliation.
C'est terrible dans la pastorale des "recommançants", les gens qui se sont éloignés de Dieu puis un jour retrouvé la foi et veulent rentrer à la maison. C'est terrible, parce que ça met des barrières très dures à passer. J'ignore comment on présente les choses en catéchuménat, mais j'espère que c'est plus attentif aux difficultés de l'homme à se tourner vers Dieu. Et je pense que le Pape est très conscient de ça, quand il dit qu'il faut d'abord témoigner de la miséricorde avant de commencer à parler des dogmes.
Je parle d'expérience, c'est très difficile à vivre quand on est le fils prodigue qui est parti loin de la maison de son père, et qui un jour comprend qu'il a besoin et envie d'y revenir... On lit l'évangile, on le médite, on est touché par la parabole du fils prodigue, on s'attend à voir le père courrir vers soi... et là, paf, une barrière à passer.
J'ai donc été heureux de rencontrer des prêtres qui m'ont permis une approche plus progressive du sacrement :
- L'essentiel, ce qui est vraiment fondamental, c'est déjà de se reconnaître pécheur, de prendre conscience qu'on a erré loin de Dieu, qu'on lui a tourné le dos, et qu'on a besoin de Lui pour réparer ce lien qu'on a rompu.
- Se reconnaître pécheur, c'est apprendre à voir à quelle occasion, en quelles circonstances on s'est détourné de Dieu, on Lui a retiré notre préférence. Et le bon moyen de faire cet état des lieux, c'est de dire concrètement quels sont les péchés que l'on a commis.
- On réalise très vite que demander pardon de ses péchés, mais garder certains péchés pour soi, ne pas en parler, ce n'est pas très cohérent. On voit bien que, même alors qu'ils ont été pardonnés, les péchés dont on n'a pas parlé continuent d'être douloureux dans son coeur. Donc on s'efforce de parler de tous ceux dont on a conscience.
- Et puis, quand on commence à se confesser régulièrement, on est agacé de voir qu'à peine sorti du confessional, on prend conscience d'un truc qu'on n'a pas dit, qu'on a oublié, qui vient d'être pardonné pourtant, mais dont on aurait bien aimé pouvoir parler. C'est alors qu'on découvre la pratique de l'examen de conscience : ce n'est plus une démarche passive où on attend de découvrir un jour que tiens, là, je suis pécheur, mais de relire sa vie pour discerner quand et comment on arrive à pécher. Et évidemment, on parle en confession de ce qu'on trouve.
On voit bien que faire un inventaire de ses péchés, c'est une démarche qu'il faut apprendre à faire. Et pour la faire, nous avons besoin de la grâce de Dieu, parce que c'est justement l'amour de Dieu qui est la lumière qui révèle nos zones d'ombres.
Mais il ne faut pas se leurrer non plus : il faut bien être conscient que l'inventaire dont on parle, c'est celui des péchés dont on a pris conscience. Faire réellement l'inventaire exhaustif de tous ses péchés ? C'est impossible : si l'homme connaissait réellement toutes les fois où il pèche, il ne le supporterait pas !
Pour illustrer cette approche progressive du sacrement, je veux bien témoigner de comment ça s'est passé pour moi. Peut-être que cela aidera certains à revenir au sacrement de pénitence.
Très peu de temps après ma conversion, mon retour à Dieu, j'ai compris que ce retour signifiait réparer ce lien d'amour en Lui et moi que j'avais coupé. Je me suis dit qu'il allait falloir nous réconcilier, et cela m'a fait comprendre que le bon moyen pour cela, c'était justement le sacrement de réconciliation. Je suppose que l'Esprit murmurait déjà dans mon coeur, parce que bon, la confession ce n'était vraiment pas une démarche évidente pour moi, mais là d'un coup je l'ai vue, cette évidence.
A ma première confession, j'ai clairement dit au prêtre qu'il y avait des choses que je n'étais pas encore capable de dire. Que je savais qu'il faudrait que j'en parle un jour, mais que pour cela, il faudrait d'abord que je renforce ma foi. J'étais comme un enfant qui a fugué et fait des bêtises et puis finalement rentre à la maison : avant de pouvoir tout raconter, il a besoin d'un peu de temps pour laisser grandir la confiance.
Le prêtre m'a répondu, très justement, que la confession n'est pas une négociation, qu'on ne pardonne pas certains péchés mais pas les autres : le prêtre dit bel et bien "je te pardonne tous tes péchés". Mais moi, je ne voulais pas négocier : je reconnaissais simplement que je n'étais pas encore capable de parler de certaines choses, trop difficiles pour moi.
Alors j'ai demandé à Dieu de guérir en moi cette peur qui m'empêchait de Lui parler de certains de mes actes. Et le prêtre a bien voulu me donner l'absolution, pour tous mes péchés, y compris ceux dont je ne pouvais pas parler. Rien que de vous raconter ça ce matin, de revivre cette expérience de l'incroyable miséricorde de Dieu, ça me fait encore pleurer...
A partir de ma confession suivante (15 jours plus tard), il m'a été facile de parler de ce dont je ne pouvais pas parler avant. Non pour demander le pardon, puisque ces péchés m'avaient déjà été remis, mais parce que j'avais besoin alors de vivre le fait de pouvoir en parler. Et en fait, je n'ai pas eu grand chose à dire, quelques mots ont suffit. Mais ça m'a permis de clore le "dossier".