Re: Les cathos traditionalistes
Publié : mer. 05 févr. 2020, 10:19
Bonjour Carhaix,
Je repensais ce matin en me réveillant à votre dernière (me concernant ce matin….) remarque. Et j’en suis arrivé à cette évidence : et si le fond du problème était là ?
Si, majoritairement, le dernier concile est un concile qu’ils acceptent, à part certains points qui pour eux ne sont pas des détails mais qui restent objectivement minoritaires, si donc il convient seulement que ce concile soit amendé, corrigé, précisé pour retrouver la plénitude de la saine doctrine, c’est qu’ils le reconnaissent malgré tout comme ils reconnaissent le pape, comme étant celui de l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. Alors si seulement cela est vrai, ils n’ont pas le choix : ils doivent l’accepter, le reconnaître, réentrer dans l’Eglise au plus vite, y adhérer, et seulement une fois dans l’intérieur, v faire valoir leurs arguments et pour des amendements.
Ils n’ont pas le droit au nom de quoi que ce soit de refuser cette démarche et elle doit leur être prioritaire. Leur seule autre possibilité, et ils n’ont jamais osé aller jusque là et à mon sens ne le feront jamais, c’est d’excommunier l’Eglise. Et d’élire le seul vrai pape. Comme l’ont fait en réponse les orthodoxes, mais il est vrai à partir d’un sentiment d’égalité, d’agir en égaux, tandis que eux ne le peuvent pas hiérarchiquement. Mais en cela ils agissent encore en personnes qui sont soumises à l’Eglise, ce qui est contradictoire et plus offensant, moins franc.
Il convient qu’ils résolvent eux-mêmes leur contradiction, sinon ils ne seront pas crédibles sur le long terme. Donc ils n’ont que cette alternative, et tout retard qu’ils prennent à ne pas réentrer dans l’Eglise est dans tous les cas un péché, quel que soit le choix final qu’ils feront.
J’ai lu je ne sais plus de qui, Aldebaran je crois, que leurs résistances seraient devenues d’ordre logistique et financière : ce serait extrêmement regrettable de leur part, et infondé : ils n’ont qu’à le dire franchement et cela pourra être discuté comme c’est : si le Vatican n’est pas un spoliateur, toutefois il peur précisément le devenir si on agit avec lui « par en-dessous ».
En fait, je ne fais rien ici que répéter autrement ce que j’ai déjà dit, et qui est le regard que je porte aujourd’hui sur ce « conflit ».
Je vais maintenant poursuivre mon analyse que je croyais finie, jouer les prolongations. Elle sera peut-être au départ trop schématique, comme eux le sont doctrinalement, mais elle ira en se précisant et cela lèvera les ambigüités de départ.
Voilà en quoi consiste leur attitude et leur raisonnement :
Vis-à-vis des protestants, ils disent :
Les protestants disent que seule la grâce sauve : ils ont raison, il n’y a pas que du mauvais en eux ! Mais comme ils ne reconnaissent pas les sacrements comme le véhicule de cette grâce, la discussion n’est pas possible avec eux, elle serait faussée car nous ne parlerions pas de la même chose quand nous nous entendrions : ce serait un leurre.
Les juifs, les musulmans, croient en un Dieu unique : nous aussi, ils ont raison, il n’y a pas que du mauvais en eux (nous sommes tolérants !) Mais comme ils ne reconnaissent pas le Dieu trinitaire, la discussion n’est pas possible avec eux, elle serait faussée car nous ne parlerions pas de la même chose quand nous nous entendrions : ce serait un leurre.
Et ainsi de suite…
Avec les vaticanistes, ils n’osent rien dire de semblable mais n’en pensent pas moins : simplement parce qu’ils ne voudraient pas être excommuniés. Et cela est vrai depuis le début ! Ils nous font en gros, à nous qui voudrions les réconcilier, perdre notre temps !
Leur problème c’est qu’à force d’avoir cette attitude, ils n’ont plus que 2 prochains : les vaticanistes, avec lesquels il faudrait qu’ils se réconcilient mais pas pour le moment et sans qu’ils puissent leur dire vraiment ce qu’ils ont sur le cœur car ils seraient alors excommuniés (croient-ils, ce qui est un manque de foi et de courage) et le reste du monde qu’il leur faut éviter.
Bien sûr ils le fréquentent au quotidien, mais avec un rien si farouche de résistance intérieure, une sorte de filtre permanent et qui ne peut « laisser passer » que dans un sens : ils baptisent ou adoptent avec joie les entrants. Mais le « mélange » est interdit dans leur doctrine.
Alors qu’est-ce qu’il se passe ? Et bien ils refusent toutes les vérités « extérieures » sous le prétexte que le tout n’étant pas la partie, aucune partie d’accord n’est possible. Ils refusent donc l’évolution du monde, des sciences, de la philosophie, des mœurs, de tout ce qui peut, par quelque bout, entrer en partie dans leur « tout « religieux » » : ils secouent après les semelles de leurs souliers dès qu’ils sont contraints, pour des raisons de vie sociale ou professionnelle, d’entrer en communication.
Le résultat est catastrophique et là encore, contradictoire : s’ils ont besoin par exemple d’un psychologue, ils sont bien obligés d’aller en voir un qui utilise aujourd’hui des méthodes er des schémas qu’ils récusent comme fallacieux. Alors soit ils s’y refusent, préférant rester souffrant, soit ils sont partagés, mélangés, et la thérapie ne peut pas bien fonctionner. Car de plus en plus de thérapies s’inspirent de spiritualité, la science a en a compris la portée et admis l’influence. Certes selon un dogmatisme empirique qui ne fait pas référence à une quelconque religion et par conséquent, (reprendre le raisonnement d’avec les protestants, les juifs, etc.)
Ils ne peuvent pas se former à ces thérapies puisqu’elles utilisent selon eux des données erronées (de faux dogmes, etc.) Ils admettent qu’il y a en elles du vrai, mais ils n’y ont plus accès, puisqu’il n’est de plus en plus pas antérieur à leur séparation du monde, mais postérieur. Et à chaque fois qu’ils essayent « quand même », ils se trouvent déjugés, se sentent exclus, rament, ne peuvent plus s’accorder, comprendre.
Parfois, par nécessité, ils se laissent faire pour les besoins de leur guérison, mais ils reprennent vite aussitôt leur formalisme.
Tant qu’ils ne feront pas l’effort de considérer que si une partie est vraie, cela vaut la peine de fermer les yeux sur le désaccord pour « entrer en communion », ce qui suppose qu’ils doivent accepter qu’il y ait aussi en eux « une partie qui puisse être fausse » puisqu’elle excluait ce vrai extérieur, ils seront « foutus ».
L’intégrisme c’est cela : un lent desséchement.
Sous le prétexte que l’on détient par grâce la plénitude de la vérité, on ne reconnaît pas toute vérité extérieure qui pourtant ne peut que faire partie de cette vérité, sous le prétexte qu’elle est extérieure. Or tout ce que l’on ne trouve pas par soi-même est extérieur et encore une fois, nous ne sommes pas omniscients : nous profitons les uns des autres et dans l’ordre de la nature, il y a des vérités nouvelles qui sont acquises par des gens qui nous sont extérieurs, et, il faudra bien le reconnaître un jour, dans l’ordre de la grâce aussi puisque les deux sont intimement liés.
Le rôle du prêtre (de la religion) est d’offrir, de faire intercession, pas de fournir la matière et la plus belle peut provenir d’ailleurs, et le soin de celle-ci est beau, grand, noble, béni de Dieu…
Ou alors ils deviendront des voleurs, ou ils finiront par lâcher-prise. Mais dans quel état ! Voleurs, ils ne sauront toujours pas quoi faire de leur larcin, il leur faudra voler aussi le mode d’emploi, et sans le bénéfice de l’expérience et de la « tradition » profane.
Il y a un mot derrière tout cela et qui le qualifie, et il est bien connu : l’orgueil. L’orgueil dû à l’intolérance, l’incapacité de/à dialoguer sans que ce soit une communication à sens unique, sans qu’à priori l’autre soit dans le vrai ou ne puisse pas nous « contaminer » (donc la peur aussi, car nous lui reconnaissons humblement du pouvoir et de la séduction, des « qualités »), la certitude que nous avons bien compris la vérité et qu’elle ne peut plus nous être éclairée autrement que mieux et « par l’intérieur ». Il n’y a plus d’examen de conscience. Comme le disait Saint Jean-Paul II : « le dialogue pour examen de conscience » n’existe pas chez eux. Tout est essentiel et par conséquent, ce qu’ils sont les seuls à détenir pour vrai ne peut pas être abandonné au profit d’une vérité plus grande qui l’exclurait ne serait-ce que momentanément. Cette vérité serait-elle celle de l’amour qu’il y a dans la communion.
Voilà pourquoi il y a eu la caricature qui a décidé qu’il y avait d’un côté la vérité, et de l’autre la charité. Car réduire celle-ci à des actes de bienveillance c’est la limiter. Elle doit être aussi dans la parole, dans la pensée, dans les idées, pour exister et s’installer, s’enraciner dans le cœur.
Si l’autre ne fait pas l’effort d’être tolérant à leur place, et encore à condition de ne pas chercher à leur faire ne serait-ce qu’implicitement admettre quoi que ce soit qui heurterait leur jugement de ce qu’est la vérité, tout est coupé. Il faut un extraordinaire concours de circonstances, une patience angélique et très bien les connaître, pour arriver à leur faire admettre ce qui sera pour eux une nouveauté.
Car cette vérité n’est pas la leur mais celle de Dieu. Ils auraient été incapables de l’inventer, et plus elle leur est à ce titre mais à ce titre seulement, « extérieure » (là est leur humilité) plus ils seront incapables d’entrer en communication avec un autre extérieur qui à leurs yeux serait en désaccord sur le moindre petit point car ce serait un reniement. Si leur vérité leur appartenait, ils pourraient, mais là ils n’ont pas le choix. Ils sont dans une dichotomie et une impasse dont la souffrance serait énorme et elle ne reposait sur un monstrueux bluff qu’ils refuseront de reconnaître en avançant leur souffrance même pour témoin.
Ils suscitent délibérément une situation d’impasse que Dieu seul peut solutionner, plutôt que d’accepter l’idée qu’ils puissent être dans l’erreur. Il y a un moment où ils sont obligés de refuser d’y réfléchir, car ce serait mettre en cause la parole ou la promesse de Dieu. Or il faudrait qu’ils le fassent pour qu’ils comprennent que ce n’est pas le cas.
Ils s’accrochent à une perfection de forme (qui peut être intellectuelle) qui a fait ses preuves et qui a été atteinte, mais qui n’est plus pleinement opérationnelle (tut le monde le reconnaît : même sans Vatican II, la désertion des Eglises aurait eu lieu. Ce qui veut dire que sinon, au mieux ou au pire, l’hypocrisie serait restée massive et devenue une sorte de parjure ou de sacrilège*). Ce n’est pas le changement qu’ils refusent, mais qu’il ait pu dissoudre cette perfection et que celle-ci soit toujours à reconquérir.
Ils refont Babel et n’en ont pas compris la leçon.
*De fait, dans ce rite et tout au long de sa célébration, sauf dans la récitation du « notre père » mais tardivement et qui peut (pris sous un angle soupçonneux) n’être tenu que pour une répétition imbécile et sans intelligence répondant aux besoins d’une cérémonie qui se veut aussi « faire mémoire », qu’est-ce qui n’exprime pas le désir de s’émanciper courtoisement d’une dépendance, Jésus Christ étant celui qui nous l’a permis ? Mais dépendance au péché, ou au créateur… et pour ultérieurement ne plus entendre quels reproches ?
Acte alors sacrilège ou pour le moins de superstition, conjuration d’un mauvais sort et qui s’en approche d’un petit pas de patinage.
La perfection, dès que l’on croit la posséder, nous affranchit de vivre sous le souffle de l’Esprit.
Or je crois que c'est précisément par lutte contre ce genre de soupçons que l'intégrisme s'est dressé...
Bien des gens qui ont alors quitté l’Eglise (ils n’ont rien fait de pire que ces intégristes et pour un constat identique !) portaient en eux une exigence plus grande que ce ratatinement. Ce serait nier la bonté et la justice de Dieu que de croire qu’il ne leur aura pas permis, ne serait-ce qu’un peu, de trouver aussi ce qu’ils cherchaient. Il faudra bien que l‘Eglise aussi se la/se le réincorpore et pour cela, qu’elle rende son dogme « vivant ». Qu’il apporte à leurs travaux sa valeur propitiatoire !
Tout ceci étant écrit, qu’il soit clair qu’il ne s’agit nullement ici d’un réquisitoire, mais d’une lamentation éplorée qui dépasse la supplication…
Je repensais ce matin en me réveillant à votre dernière (me concernant ce matin….) remarque. Et j’en suis arrivé à cette évidence : et si le fond du problème était là ?
Si, majoritairement, le dernier concile est un concile qu’ils acceptent, à part certains points qui pour eux ne sont pas des détails mais qui restent objectivement minoritaires, si donc il convient seulement que ce concile soit amendé, corrigé, précisé pour retrouver la plénitude de la saine doctrine, c’est qu’ils le reconnaissent malgré tout comme ils reconnaissent le pape, comme étant celui de l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. Alors si seulement cela est vrai, ils n’ont pas le choix : ils doivent l’accepter, le reconnaître, réentrer dans l’Eglise au plus vite, y adhérer, et seulement une fois dans l’intérieur, v faire valoir leurs arguments et pour des amendements.
Ils n’ont pas le droit au nom de quoi que ce soit de refuser cette démarche et elle doit leur être prioritaire. Leur seule autre possibilité, et ils n’ont jamais osé aller jusque là et à mon sens ne le feront jamais, c’est d’excommunier l’Eglise. Et d’élire le seul vrai pape. Comme l’ont fait en réponse les orthodoxes, mais il est vrai à partir d’un sentiment d’égalité, d’agir en égaux, tandis que eux ne le peuvent pas hiérarchiquement. Mais en cela ils agissent encore en personnes qui sont soumises à l’Eglise, ce qui est contradictoire et plus offensant, moins franc.
Il convient qu’ils résolvent eux-mêmes leur contradiction, sinon ils ne seront pas crédibles sur le long terme. Donc ils n’ont que cette alternative, et tout retard qu’ils prennent à ne pas réentrer dans l’Eglise est dans tous les cas un péché, quel que soit le choix final qu’ils feront.
J’ai lu je ne sais plus de qui, Aldebaran je crois, que leurs résistances seraient devenues d’ordre logistique et financière : ce serait extrêmement regrettable de leur part, et infondé : ils n’ont qu’à le dire franchement et cela pourra être discuté comme c’est : si le Vatican n’est pas un spoliateur, toutefois il peur précisément le devenir si on agit avec lui « par en-dessous ».
En fait, je ne fais rien ici que répéter autrement ce que j’ai déjà dit, et qui est le regard que je porte aujourd’hui sur ce « conflit ».
Je vais maintenant poursuivre mon analyse que je croyais finie, jouer les prolongations. Elle sera peut-être au départ trop schématique, comme eux le sont doctrinalement, mais elle ira en se précisant et cela lèvera les ambigüités de départ.
Voilà en quoi consiste leur attitude et leur raisonnement :
Vis-à-vis des protestants, ils disent :
Les protestants disent que seule la grâce sauve : ils ont raison, il n’y a pas que du mauvais en eux ! Mais comme ils ne reconnaissent pas les sacrements comme le véhicule de cette grâce, la discussion n’est pas possible avec eux, elle serait faussée car nous ne parlerions pas de la même chose quand nous nous entendrions : ce serait un leurre.
Les juifs, les musulmans, croient en un Dieu unique : nous aussi, ils ont raison, il n’y a pas que du mauvais en eux (nous sommes tolérants !) Mais comme ils ne reconnaissent pas le Dieu trinitaire, la discussion n’est pas possible avec eux, elle serait faussée car nous ne parlerions pas de la même chose quand nous nous entendrions : ce serait un leurre.
Et ainsi de suite…
Avec les vaticanistes, ils n’osent rien dire de semblable mais n’en pensent pas moins : simplement parce qu’ils ne voudraient pas être excommuniés. Et cela est vrai depuis le début ! Ils nous font en gros, à nous qui voudrions les réconcilier, perdre notre temps !
Leur problème c’est qu’à force d’avoir cette attitude, ils n’ont plus que 2 prochains : les vaticanistes, avec lesquels il faudrait qu’ils se réconcilient mais pas pour le moment et sans qu’ils puissent leur dire vraiment ce qu’ils ont sur le cœur car ils seraient alors excommuniés (croient-ils, ce qui est un manque de foi et de courage) et le reste du monde qu’il leur faut éviter.
Bien sûr ils le fréquentent au quotidien, mais avec un rien si farouche de résistance intérieure, une sorte de filtre permanent et qui ne peut « laisser passer » que dans un sens : ils baptisent ou adoptent avec joie les entrants. Mais le « mélange » est interdit dans leur doctrine.
Alors qu’est-ce qu’il se passe ? Et bien ils refusent toutes les vérités « extérieures » sous le prétexte que le tout n’étant pas la partie, aucune partie d’accord n’est possible. Ils refusent donc l’évolution du monde, des sciences, de la philosophie, des mœurs, de tout ce qui peut, par quelque bout, entrer en partie dans leur « tout « religieux » » : ils secouent après les semelles de leurs souliers dès qu’ils sont contraints, pour des raisons de vie sociale ou professionnelle, d’entrer en communication.
Le résultat est catastrophique et là encore, contradictoire : s’ils ont besoin par exemple d’un psychologue, ils sont bien obligés d’aller en voir un qui utilise aujourd’hui des méthodes er des schémas qu’ils récusent comme fallacieux. Alors soit ils s’y refusent, préférant rester souffrant, soit ils sont partagés, mélangés, et la thérapie ne peut pas bien fonctionner. Car de plus en plus de thérapies s’inspirent de spiritualité, la science a en a compris la portée et admis l’influence. Certes selon un dogmatisme empirique qui ne fait pas référence à une quelconque religion et par conséquent, (reprendre le raisonnement d’avec les protestants, les juifs, etc.)
Ils ne peuvent pas se former à ces thérapies puisqu’elles utilisent selon eux des données erronées (de faux dogmes, etc.) Ils admettent qu’il y a en elles du vrai, mais ils n’y ont plus accès, puisqu’il n’est de plus en plus pas antérieur à leur séparation du monde, mais postérieur. Et à chaque fois qu’ils essayent « quand même », ils se trouvent déjugés, se sentent exclus, rament, ne peuvent plus s’accorder, comprendre.
Parfois, par nécessité, ils se laissent faire pour les besoins de leur guérison, mais ils reprennent vite aussitôt leur formalisme.
Tant qu’ils ne feront pas l’effort de considérer que si une partie est vraie, cela vaut la peine de fermer les yeux sur le désaccord pour « entrer en communion », ce qui suppose qu’ils doivent accepter qu’il y ait aussi en eux « une partie qui puisse être fausse » puisqu’elle excluait ce vrai extérieur, ils seront « foutus ».
L’intégrisme c’est cela : un lent desséchement.
Sous le prétexte que l’on détient par grâce la plénitude de la vérité, on ne reconnaît pas toute vérité extérieure qui pourtant ne peut que faire partie de cette vérité, sous le prétexte qu’elle est extérieure. Or tout ce que l’on ne trouve pas par soi-même est extérieur et encore une fois, nous ne sommes pas omniscients : nous profitons les uns des autres et dans l’ordre de la nature, il y a des vérités nouvelles qui sont acquises par des gens qui nous sont extérieurs, et, il faudra bien le reconnaître un jour, dans l’ordre de la grâce aussi puisque les deux sont intimement liés.
Le rôle du prêtre (de la religion) est d’offrir, de faire intercession, pas de fournir la matière et la plus belle peut provenir d’ailleurs, et le soin de celle-ci est beau, grand, noble, béni de Dieu…
Ou alors ils deviendront des voleurs, ou ils finiront par lâcher-prise. Mais dans quel état ! Voleurs, ils ne sauront toujours pas quoi faire de leur larcin, il leur faudra voler aussi le mode d’emploi, et sans le bénéfice de l’expérience et de la « tradition » profane.
Il y a un mot derrière tout cela et qui le qualifie, et il est bien connu : l’orgueil. L’orgueil dû à l’intolérance, l’incapacité de/à dialoguer sans que ce soit une communication à sens unique, sans qu’à priori l’autre soit dans le vrai ou ne puisse pas nous « contaminer » (donc la peur aussi, car nous lui reconnaissons humblement du pouvoir et de la séduction, des « qualités »), la certitude que nous avons bien compris la vérité et qu’elle ne peut plus nous être éclairée autrement que mieux et « par l’intérieur ». Il n’y a plus d’examen de conscience. Comme le disait Saint Jean-Paul II : « le dialogue pour examen de conscience » n’existe pas chez eux. Tout est essentiel et par conséquent, ce qu’ils sont les seuls à détenir pour vrai ne peut pas être abandonné au profit d’une vérité plus grande qui l’exclurait ne serait-ce que momentanément. Cette vérité serait-elle celle de l’amour qu’il y a dans la communion.
Voilà pourquoi il y a eu la caricature qui a décidé qu’il y avait d’un côté la vérité, et de l’autre la charité. Car réduire celle-ci à des actes de bienveillance c’est la limiter. Elle doit être aussi dans la parole, dans la pensée, dans les idées, pour exister et s’installer, s’enraciner dans le cœur.
Si l’autre ne fait pas l’effort d’être tolérant à leur place, et encore à condition de ne pas chercher à leur faire ne serait-ce qu’implicitement admettre quoi que ce soit qui heurterait leur jugement de ce qu’est la vérité, tout est coupé. Il faut un extraordinaire concours de circonstances, une patience angélique et très bien les connaître, pour arriver à leur faire admettre ce qui sera pour eux une nouveauté.
Car cette vérité n’est pas la leur mais celle de Dieu. Ils auraient été incapables de l’inventer, et plus elle leur est à ce titre mais à ce titre seulement, « extérieure » (là est leur humilité) plus ils seront incapables d’entrer en communication avec un autre extérieur qui à leurs yeux serait en désaccord sur le moindre petit point car ce serait un reniement. Si leur vérité leur appartenait, ils pourraient, mais là ils n’ont pas le choix. Ils sont dans une dichotomie et une impasse dont la souffrance serait énorme et elle ne reposait sur un monstrueux bluff qu’ils refuseront de reconnaître en avançant leur souffrance même pour témoin.
Ils suscitent délibérément une situation d’impasse que Dieu seul peut solutionner, plutôt que d’accepter l’idée qu’ils puissent être dans l’erreur. Il y a un moment où ils sont obligés de refuser d’y réfléchir, car ce serait mettre en cause la parole ou la promesse de Dieu. Or il faudrait qu’ils le fassent pour qu’ils comprennent que ce n’est pas le cas.
Ils s’accrochent à une perfection de forme (qui peut être intellectuelle) qui a fait ses preuves et qui a été atteinte, mais qui n’est plus pleinement opérationnelle (tut le monde le reconnaît : même sans Vatican II, la désertion des Eglises aurait eu lieu. Ce qui veut dire que sinon, au mieux ou au pire, l’hypocrisie serait restée massive et devenue une sorte de parjure ou de sacrilège*). Ce n’est pas le changement qu’ils refusent, mais qu’il ait pu dissoudre cette perfection et que celle-ci soit toujours à reconquérir.
Ils refont Babel et n’en ont pas compris la leçon.
*De fait, dans ce rite et tout au long de sa célébration, sauf dans la récitation du « notre père » mais tardivement et qui peut (pris sous un angle soupçonneux) n’être tenu que pour une répétition imbécile et sans intelligence répondant aux besoins d’une cérémonie qui se veut aussi « faire mémoire », qu’est-ce qui n’exprime pas le désir de s’émanciper courtoisement d’une dépendance, Jésus Christ étant celui qui nous l’a permis ? Mais dépendance au péché, ou au créateur… et pour ultérieurement ne plus entendre quels reproches ?
Acte alors sacrilège ou pour le moins de superstition, conjuration d’un mauvais sort et qui s’en approche d’un petit pas de patinage.
La perfection, dès que l’on croit la posséder, nous affranchit de vivre sous le souffle de l’Esprit.
Or je crois que c'est précisément par lutte contre ce genre de soupçons que l'intégrisme s'est dressé...
Bien des gens qui ont alors quitté l’Eglise (ils n’ont rien fait de pire que ces intégristes et pour un constat identique !) portaient en eux une exigence plus grande que ce ratatinement. Ce serait nier la bonté et la justice de Dieu que de croire qu’il ne leur aura pas permis, ne serait-ce qu’un peu, de trouver aussi ce qu’ils cherchaient. Il faudra bien que l‘Eglise aussi se la/se le réincorpore et pour cela, qu’elle rende son dogme « vivant ». Qu’il apporte à leurs travaux sa valeur propitiatoire !
Tout ceci étant écrit, qu’il soit clair qu’il ne s’agit nullement ici d’un réquisitoire, mais d’une lamentation éplorée qui dépasse la supplication…