Bonsoir,
Kerygme a écrit :Mais face à votre propos plein de douceur combien anathémisent, clivent, rejettent, entretiennent la division au nom d'une préférence liturgique ?
Ce que vous dites là fait partie du procédé maintes fois utilisé fois sur ce fil de discussion et consistant à renforcer une argumentation par l'étalage de caricatures de "traditionalistes". Heureusement que personnes ici n'a utilisé le même procédé à l'encontre des non-traditionalistes !
J'imagine d'ici un portrait savoureux, plein de clichés.
Mais en réalité, qu'est-ce qu'on en a à fiche, franchement ?!
Quel est le rapport direct entre les actions de Madame de la Tronchembier de Versailles ou de Monsieur Tartemolle vivant à Cuges-les-Trifouilles (tous deux fidèles de la messe tridentine) et la réflexion à avoir concernant le fait qu'un catholique a besoin de la Tradition catholique, y compris telle que s'exprimant dans les messes d'avant la réforme ? Qu'est-ce que ça coûte de répondre point par point aux problèmes soulevés sans convoquer des clichés et des litanies interminables sur la méchanceté des traditionalistes : riches, arrogants, malpolis, aristocrates, méprisants, cravate, sans sourire, pharisien, Parisien, Versaillais, rigides, et toute la panoplie ? Bigre... Ces clichés sont faux, d'ailleurs. Ce n'est pas parce que certains traditionalistes sont comme ça que la majorité l'est ! Et, fussent-ils avérés, quelle conclusion en tirer ? Que la messe non réformée rendrait stupide et méprisant et que c'est donc à cause de cette conclusion patente qu'il fallait entreprendre le grand coup de ménage ? Bon sang mais c'était en effet une remarquable raison !
la Samaritaine a écrit :je croirais que vous feriez preuve de mauvaise foi, que vous feriez exprès de ne pas comprendre ce que vous dit Cinci, qui pourtant, s'exprime clairement
En effet, je ne comprends pas ce que vient faire ce type de non-argument dans ces discussions. Si vous pensez pouvoir m'expliquer raisonnablement la pertinence de ce type de catalogue, allez-y, je vous écoute, chère Samaritaine.
Soyons sérieux.
Ce que nous méritons tous ici sont plutôt des choses comme ça :
Kerygme a écrit :Lorsque je discute avec la génération de mes parents, environ 20 ans dans les années 60, le témoignage est souvent le même : "j'allais à la messe parce que j'y étais obligé","je n'ai jamais vécu la messe comme tu en parles, on était présents et c'est tout","Le Credo ? je l'ai toujours récité sans y réfléchir". Une fois libérés du carcan du "qu'en dira t-on", du regard de la société, du voisin etc, les gens ne se sont plus sentis obligés; et le plus surprenant c'est qu'ils ont été cohérents avec leur manque de foi et ce n'était pas forcément le cas avant.
Vous avez amplement raison de souligner combien c'était sans doute un soulagement pour beaucoup de catholiques d'avoir l'impression que l'assistance à la messe dominicale n'était plus aussi obligatoire qu'avant. Ainsi, par conséquent, si l'amour du Christ n'était pas ce qui faisait se lever le dimanche matin, au moins la peur du "qu'en dira-t-on" n'était plus le moteur principal pour se lever. Je ne nierais pas que, parfois, quand ma foi chancelle, que je me sens lourde, comme souvent se sent lourd tout être humain normal, non encore saint, il m'arrive d'avoir envie de rester au fond de mon lit douillet pour prendre un bon petit déjeuner avec croissants. Devrais-je en être fière ou tout simplement cela ne peut-il pas me servir à réaliser que nous devons nous aider les uns les autres à avoir plus de courage ?
En quoi est-ce un progrès de penser ne plus avoir à faire malgré tout l'effort de se lever ? En quoi le fait d'être plus confortables en faisant ce choix apporte-t-il un surcroît de bonheur à notre âme ? Pensez-vous sincèrement qu'il était souhaitable qu'une transmission religieuse devienne déficiente au sein d'une famille qui désormais se sentait "libérée" de la peur du gendarme ? Ne pensez-vous pas que, étant donnée la nature pècheresse des hommes, il ne faut pas que parfois la crainte de mal faire puisse palier à l'absence d'amour du Christ et donc du prochain ? En quoi les traditionalistes se trompent-ils en tenant à ce qui pouvait tenir ensemble des gens également pécheurs ? Comment justifier le fait que, par la faute de ce relâchement de l'effort, des actes mauvais pour la famille humaine puissent être perpétrés ? Si ma famille avait correctement transmis en son sein des choses importantes de la tradition catholique je n'aurais pas posé des actes hideux qui ont blessé des enfants, mon mari, des gens que j'aimais de façon égoïste, plus pour en être aimé que pour les aimer avant tout. Sommes-nous sûrs de bien saisir la portée de la mise à distance de certaines exigences de foi, comme l'est toujours actuellement celle d'aller à la messe le dimanche ?
la Samaritaine a écrit :Non, Cinci ne vous dit pas, et aucun non tradi (dont je fais partie) non plus, qu'il déplore que vous fréquentiez des messes tradis. Je pense d'ailleurs que vous ne trouverez pas sur ce vaste forum de propos tenus par des non tradis critiquant la fréquentation de lieux tradis, critiquant la messe messe tradi.
Ce qui me paraît étonnant c'est juste que, donc, rien n'est donc reproché à la "messe tradi" mais que les "tradis" font ici l'objet incessant de critiques acerbes et souvent injustes, fruits de jugements téméraires ayant peu de rapport avec la choucroute. Ça nous fait une belle jambe... Avant d'être catholique, j'étais "néo-sorcière", ultra tendance, milieu parisien artistico-bobo et, pour moi, tous les cathos étaient tels que vous décrivez les traditionalistes : une caricature. Allons-nous encore longtemps baser nos discussions sur des choses pareilles ?
Mes attaches avec le milieu hyper post-moderne de l'art et des collectionneurs façon millenials sont encore importantes, mais que voulez-vous que ça me fasse que ces personnes pensent que je suis comme les caricatures complaisamment colportées ici ? Je ne vais pas vraiment m'en défendre car en effet je préfère leur parler de Jésus et des mecs en soutane qui envoient du lourd.
la Samaritaine a écrit :Par votre esprit d'ouverture et votre absence totale de jugement sur les autres, vous nous donnez, Cendrine, l'impression d'être une exception.
Je ne veux et peux pas porter de jugement pertinent car notre foi nous dit que nous sommes tous rigoureusement semblables, jamais particuliers (mis à part quelques traits physiques et le caractère), réellement pareils les uns aux autres. Je ne suis pas une exception, ni vous non plus, ni personne ici. Pour qui nous prenons-nous ?
Ce que je vois dans ces catholiques "tradis" qui sont surchargés sur ce forum de mauvaise réputation, c'est au contraire la petitesse, le besoin d'être nourris et la conscience de ce besoin. Il y a beaucoup de gens humbles socialement, sans doute même beaucoup plus que dans les messes "ordinaires" qui comptent par contre beaucoup de petits bourgeois post-soixante-huitards (ces termes ne sont pas chez moi dépréciatifs), en tout cas dans ma paroisse. A la messe dite par l'ICRSP dans ma petite ville, il y a des femmes de ménage, des employés de bureau, un jeune agriculteur, des vieilles dames de la campagne, des profs de collège, deux amoureux des vieilles pierres, mon mari et moi, ex bouffeurs de curés ; la seule dame riche, c'est une antiquaire qui va bientôt devoir mettre la clef sous la porte parce que les vieilleries sont bonnes à jeter au feu aujourd'hui.