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par Kerniou » dim. 20 mars 2011, 11:24
Je partage vos interrogations, Archi, et, pour avoir vécu ces changements, je vais essayer de vous transmettre mon analyse qui n'engage que moi.
En premier, je dirais qu'il faut tenir compte des changements socio- économiques de l'époque.
Après la guerre, la population était majoritairement rurale et c'est à la ruralité que l'église adressait son message et c'est sur elle que l'église exerçait son influence sinon, parfois son pouvoir, avec consignes de vote pour les élections ...
Avec l'exode rural, les paysans qui " étaient maîtres chez eux " se sont retrouvés soumis à l'autorité, voire à l'arbitraire de petits chefs dans les usines où ils ont découvert une autre forme d'injustice sociale et la rudesse des rapports sociaux. S'ils avaient des ressources régulières mensuelles, ils en payaient le prix. Certains seraient bien retournés à la terre mais les femmes qui avaient goûté au confort et parfois, aussi, échappé à la tutelle de leur belle-famille ne voulaient pas en entendre parler.
Alors que dans leur campagne, ces fidèles avaient la considération du leur curé, ils se sont sentis isolés en ville: en effet, les prêtres ne visitaient guère les cités ouvrières. Les ouvriers avaient très mauvaise réputation. Ces nouveaux citadins se rendaient compte que l'on pouvait très bien vivre sans Dieu et que contrairement à l'enseignement reçu, on n'en était forcément puni, du moins, sur terre ...
Si certains de ces nouveaux ouvriers s'engageaient dans les luttes sociales, c'était avec la réprobation du clergé ...
Comme je l'ai déjà dit, la catéchèse qui s'attachait aux définitions et à valorisation de l'obéissance, n'encourageait ni la réflexion ni l'engagement personnels.
Pendant les trente glorieuses, chacun voyait son sort s'améliorer même si ce n'était pas au même rythme pour tous. Un décalage s'est opéré entre les valeurs enseignées au catéchisme et les nouveaux modes de vie.
Avec les bourses d'études ( dont j'ai bénéficié ), les enfants des milieux modestes ont eu accès à des professions qui ne leur étaient pas destinées antérieurement et le discours du clergé et les pressions qu'il exerçait pour le respect de l'ordre social établi et voulu par la " Divine Providence " ne pouvaient plus tenir ...
Ceci n'est qu'une part de l'explication mais pour l'avoir observée, elle me paraît juste, bien que parcellaire.
Je crois pouvoir dire qu'avec ou sans le concile, l'évolution aurait été la même.
Aujourd'hui, beaucoup de ceux qui ont reçu cet enseignement religieux n'en ont pas voulu pour leurs enfants et bien que l'église ait changé de l'intérieur et modifié son attitude et son discours, les vieux clichés ont la vie dure...
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.