A propos de la confession

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Shane
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A propos de la confession

Message non lu par Shane » lun. 26 mai 2008, 15:43

Bonjour !

Se confesser c'est de dire nos péchés et de demander le pardon de Dieu. Et la pénitence ? Qu'est ce qu'il y a de différent avec la pénitence hormis le jeûne ? Faire pénitence c'est bien demander le pardon... :oops:

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Yves54
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Re: Pénitence et confession

Message non lu par Yves54 » lun. 26 mai 2008, 16:07

Bonjour,

Votre question appelle un enseignement en détail et le catéchisme fait ce travail. Je vous cite donc toutes les parties concernant le sacrement de réconciliation et la pénitence.

In Xto

Yves

CEC a écrit :I. Comment est appelé ce sacrement ?

1423 Il est appelé sacrement de conversion puisqu’il réalise sacramentellement l’appel de Jésus à la conversion (cf. Mc 1, 15), la démarche de revenir au Père (cf. Lc 15, 18) dont on s’est éloigné par le péché.

Il est appelé sacrement de Pénitence puisqu’il consacre une démarche personnelle et ecclésiale de conversion, de repentir et de satisfaction du chrétien pécheur.

1424 Il est appelé sacrement de la confession puisque l’aveu, la confession des péchés devant le prêtre est un élément essentiel de ce sacrement. Dans un sens profond ce sacrement est aussi une " confession ", reconnaissance et louange de la sainteté de Dieu et de sa miséricorde envers l’homme pécheur.

Il est appelé sacrement du pardon puisque par l’absolution sacramentelle du prêtre, Dieu accorde au pénitent " le pardon et la paix " (OP formule de l’absolution).

Il est appelé sacrement de Réconciliation car il donne au pécheur l’amour de Dieu qui réconcilie : " Laissez-vous réconcilier avec Dieu " (2 Co 5, 20). Celui qui vit de l’amour miséricordieux de Dieu est prêt à répondre à l’appel du Seigneur : " Va d’abord te réconcilier avec ton frère " (Mt 5, 24).



IV. La pénitence intérieure

1430 Comme déjà chez les prophètes, l’appel de Jésus à la conversion et à la pénitence ne vise pas d’abord des œuvres extérieures, " le sac et la cendre ", les jeûnes et les mortifications, mais la conversion du cœur, la pénitence intérieure. Sans elle, les œuvres de pénitence restent stériles et mensongères ; par contre, la conversion intérieure pousse à l’expression de cette attitude en des signes visibles, des gestes et des œuvres de pénitence (cf. Jl 2, 12-13 ; Is 1, 16-17 ; Mt 6, 1-6. 16-18).

1431 La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde divine et la confiance en l’aide de sa grâce. Cette conversion du cœur est accompagnée d’une douleur et d’une tristesse salutaires que les Pères ont appelées animi cruciatus (affliction de l’esprit), compunctio cordis (repentir du cœur) (cf. Cc. Trente : DS 1677-1678 ; 1705 ; Catech. R. 2, 5, 4).

1432 Le cœur de l’homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à l’homme un cœur nouveau (cf. Ez 36, 26-27). La conversion est d’abord une œuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos cœurs à lui : " Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis " (Lm 5, 21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C’est en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre cœur est ébranlé par l’horreur et le poids du péché et qu’il commence à craindre d’offenser Dieu par le péché et d’être séparé de lui. Le cœur humain se convertit en regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19, 37 ; Za 12, 10) :

Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est précieux à son Père car, répandu pour notre salut, il a ménagé au monde entier la grâce du repentir (S. Clément de Rome, Cor. 7,4).

1433 Depuis Pâques, c’est l’Esprit Saint qui " confond " le monde en matière de péché " (Jn 16, 8-9), à savoir que le monde n’a pas cru en Celui que le Père a envoyé. Mais ce même Esprit, qui dévoile le péché, est le Consolateur (cf. Jn 15, 26) qui donne au cœur de l’homme la grâce du repentir et de la conversion (cf. Ac 2, 36-38 ; cf. Jean-Paul II, DeV 27-48).



V. Les multiples formes de la pénitence dans la vie chrétienne

1434 La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. L’Écriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière, l’aumône (cf. Tb 12, 8 ; Mt 6, 1-18), qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyre, ils citent, comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain (cf. Jc 5, 20) l’intercession des saints et la pratique de la charité " qui couvre une multitude de péchés " (1 P 4, 8).

1435 La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et du droit (cf. Am 5, 24 ; Is 1, 17), par l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la persécution à cause de la justice. Prendre sa croix, chaque jour, et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence (cf. Lc 9, 23).

1436 Eucharistie et Pénitence. La conversion et la pénitence quotidiennes trouvent leur source et leur nourriture dans l’Eucharistie, car en elle est rendu présent le sacrifice du Christ qui nous a réconciliés avec Dieu ; par elle sont nourris et fortifiés ceux qui vivent de la vie du Christ ; " elle est l’antidote qui nous libère de nos fautes quotidiennes et nous préserve des péchés mortels " (Cc. Trente : DS 1638).

1437 La lecture de l’Écriture Sainte, la prière de la Liturgie des Heures et du Notre Père, tout acte sincère de culte ou de piété ravive en nous l’esprit de conversion et de pénitence et contribue au pardon de nos péchés.

1438 Les temps et les jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’Église (cf. SC 109-110 ; ⇒ CIC, can. 1249-1253; CCEO, can. 880-883). Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage fraternel (œuvres caritatives et missionnaires).

1439 Le mouvement de la conversion et de la pénitence a été merveilleusement décrit par Jésus dans la parabole dite " du fils prodigue " dont le centre est " le père miséricordieux " (Lc 15, 11-24) : la fascination d’une liberté illusoire, l’abandon de la maison paternelle ; la misère extrême dans laquelle le fils se trouve après avoir dilapidé sa fortune ; l’humiliation profonde de se voir obligé de paître des porcs, et pire encore, celle de désirer se nourrir des caroubes que mangeaient les cochons ; la réflexion sur les biens perdus ; le repentir et la décision de se déclarer coupable devant son père ; le chemin du retour ; l’accueil généreux par le père ; la joie du père : ce sont là des traits propres au processus de conversion. La belle robe, l’anneau et le banquet de fête sont des symboles de cette vie nouvelle, pure, digne, pleine de joie qu’est la vie de l’homme qui revient à Dieu et au sein de sa famille, qui est l’Église. Seul le cœur du Christ qui connaît les profondeurs de l’amour de son Père, a pu nous révéler l’abîme de sa miséricorde d’une manière si pleine de simplicité et de beauté.




VI. Le sacrement de la pénitence et de la réconciliation

1440 Le péché est avant tout offense à Dieu, rupture de la communion avec Lui. Il porte en même temps atteinte à la communion avec l’Église. C’est pourquoi la conversion apporte à la fois le pardon de Dieu et la réconciliation avec l’Église, ce qu’exprime et réalise liturgiquement le sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation (cf. LG 11).

Dieu seul pardonne le péché

1441 Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2, 7). Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même : " Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre " (Mc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin : " Tes péchés sont pardonnés ! " (Mc 2, 5 ; Lc 7, 48). Plus encore : en vertu de sa divine autorité, il donne ce pouvoir aux hommes (cf. Jn 20, 21-23) pour qu’ils l’exercent en son nom.

1442 Le Christ a voulu que son Église soit tout entière, dans sa prière, sa vie et son agir, le signe et l’instrument du pardon et de la réconciliation qu’Il nous a acquis au prix de son sang. Il a cependant confié l’exercice du pouvoir d’absolution au ministère apostolique. Celui-ci est chargé du " ministère de la réconciliation " (2 Co 5, 18). L’apôtre est envoyé " au nom du Christ ", et " c’est Dieu lui-même " qui, à travers lui, exhorte et supplie : " Laissez vous réconcilier avec Dieu " (2 Co 5, 20).

Réconciliation avec l’Église

1443 Durant sa vie publique, Jésus n’a pas seulement pardonné les péchés, il a aussi manifesté l’effet de ce pardon : il a réintégré les pécheurs pardonnés dans la communauté du peuple de Dieud’où le péché les avait éloignés ou même exclus. Un signe éclatant en est le fait que Jésus admet les pécheurs à sa table, plus encore, qu’il se met lui-même à leur table, geste qui exprime de façon bouleversante à la fois le pardon de Dieu (cf. Lc 15) et le retour au sein du peuple de Dieu (cf. Lc 19, 9).

1444 En donnant part aux apôtres de son propre pouvoir de pardonner les péchés, le Seigneur leur donne aussi l’autorité de réconcilier les pécheurs avec l’Église. Cette dimension ecclésiale de leur tâche s’exprime notamment dans la parole solennelle du Christ à Simon Pierre : " Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux " (Mt 16, 19). " Cette même charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée au collège des apôtres unis à leur chef (Mt 18, 18 ; 28, 16-20) " (LG 22).

1445 Les mots lier et délier signifient : celui que vous exclurez de votre communion, celui-là sera exclu de la communion avec Dieu ; celui que vous recevez de nouveau dans votre communion, Dieu l’accueillera aussi dans la sienne. La réconciliation avec l’Église est inséparable de la réconciliation avec Dieu.

Le sacrement du pardon

1446 Le Christ a institué le sacrement de Pénitence pour tous les membres pécheurs de son Église, avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. C’est à eux que le sacrement de Pénitence offre une nouvelle possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de la justification. Les Pères de l’Église présentent ce sacrement comme " la seconde planche [de salut] après le naufrage qu’est la perte de la grâce " (Tertullien, pæn. 4, 2 ; cf. Cc. Trente : DS 1542).

1447 Au cours des sièclesla forme concrète, selon laquelle l’Église a exercé ce pouvoir reçu du Seigneur, a beaucoup varié. Durant les premiers siècles, la réconciliation des chrétiens qui avaient commis des péchés particulièrement graves après leur Baptême (par exemple l’idolâtrie, l’homicide ou l’adultère), était liée à une discipline très rigoureuse, selon laquelle les pénitents devaient faire pénitence publique pour leurs péchés, souvent durant de longues années, avant de recevoir la réconciliation. A cet " ordre des pénitents " (qui ne concernait que certains péchés graves) on n’était admis que rarement et, dans certaines régions, une seule fois dans sa vie. Pendant le septième siècle, inspirés par la tradition monastique d’Orient, les missionnaires irlandais apportèrent en Europe continentale la pratique " privée " de la pénitence qui n’exige pas la réalisation publique et prolongée d’œuvres de pénitence avant de recevoir la réconciliation avec l’Église. Le sacrement se réalise désormais d’une manière plus secrète entre le pénitent et le prêtre. Cette nouvelle pratique prévoyait la possibilité de la réitération et ouvrait ainsi le chemin à une fréquentation régulière de ce sacrement. Elle permettait d’intégrer dans une seule célébration sacramentelle le pardon des péchés graves et des péchés véniels. C’est, dans les grandes lignes, cette forme de la pénitence que l’Église pratique jusqu’à nos jours.

1448 A travers les changements que la discipline et la célébration de ce sacrement ont connu au cours des siècles, on discerne la même structure fondamentale. Elle comporte deux éléments également essentiels ; d’une part, les actes de l’homme qui se convertit sous l’action de l’Esprit Saint : à savoir la contrition, l’aveu et la satisfaction ; d’autre part, l’action de Dieu par l’intervention de l’Église. L’Église qui, par l’évêque et ses prêtres, donne au nom de Jésus-Christ le pardon des péchés et fixe la modalité de la satisfaction, prie aussi pour le pécheur et fait pénitence avec lui. Ainsi le pécheur est guéri et rétabli dans la communion ecclésiale.

1449 La formule d’absolution en usage dans l’Église latine exprime les éléments essentielles de ce sacrement : le Père des miséricordes est la source de tout pardon. Il réalise la réconciliation des pécheurs par la Pâque de son Fils et le don de son Esprit, à travers la prière et le ministère de l’Église :

" Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : par le ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés ". (Ordo Paenitentiae 46. 55 [Polyglotte Vaticane 1974, p. 27. 37])




http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_INDEX.HTM
« Commettre des erreurs est le propre de l'humain, mais il est diabolique d'insister dans l'erreur par orgueil »
Saint Augustin
(sermon 164, 14)

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Shane
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Re: Pénitence et confession

Message non lu par Shane » lun. 26 mai 2008, 16:28

Merci Yves, pour votre réponse. On m'avait déjà donné le lien mais je ne l'avais pas sauvegardé et j'ai eu du mal à le retrouver :-D

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La confession

Message non lu par Zvjezdana62 » mar. 09 sept. 2008, 17:24

Bonjour à tous :)

Je voudrais poser ici une question :

Si une personne n’était pas croyante dans son enfance et sa jeunesse ou au moins elle n’avait pas des idées claires sur ce point et elle n’avait jamais pratiqué la confession et maintenant elle le doit faire pour la première fois.

La personne en question maintenant a déjà un certain âge, or elle doit confesser des péchés de plusieurs décennies de sa vie.

C’est un peu long et puis comment se rappeler tout depuis l’enfance ?

Alors comment faire ?

Cordialement
Zvjezdana
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Serge BS
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Re: La confession

Message non lu par Serge BS » mar. 09 sept. 2008, 17:52

Simplement en allant voir un Prêtre, de sa connaissance si possible, et en le lui disant franchement ! Lui, il saura comment faire ! Il suffit d'avoir confiance dans ce Prêtre ! Pas plus compliqué ! Si elle n'en connaît pas, le mieux est qu'elle s'adresse à un Père d'une Communauté charismatique telle que l'Emmanuel ou encore à un Frère de Saint-Jean ! Ils sont particulièrement aptes à ce genre de démarche ! Mais, en fait, tout Prêtre est apte à écouter et à entendre, à expliquer et à conduire ! Si la contrition et le repentir sont sincères, si la prière est sincère, Dieu saura bien pardonner ce que cette personne aura oublié ! Rassurez-la donc !

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Christophe
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Re: La confession

Message non lu par Christophe » mar. 09 sept. 2008, 20:06

Bonsoir Zvjezdana, Serge a complètement raison : surtout n'ayez pas peur, aller voir un prêtre, en toute simplicité, et il vous guidera... ;)
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Zvjezdana62
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Re: La confession

Message non lu par Zvjezdana62 » mar. 09 sept. 2008, 20:58

Merci bien pour vos réponses SBS et Christophe :) .
"Invoque-moi, je te répondrai, je te révélerai de grandes choses, des choses inaccessibles que tu ne connais pas."

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Confession, pardon, réconciliation

Message non lu par Serge BS » sam. 07 mars 2009, 12:35

  • Comme l'on discute sur un autre sujet de la confession et de l'absolution collective (http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... =86&t=7358), je me permets de soumettre à votre réflexion et à vos remarques un texte de réflexion que j'avais écrit voici longtemps sur ma perception (que j'espère la plus catholique possible) du thème "Pardon et réconciliation". J'attends vos remarques et corrections éventuelles.
Saint Paul, dans le préambule de sa deuxième Lettre aux Corinthiens, salue ses frères de l'Église de Dieu établie à Corinthe par les mots :
  • Bénis soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de notre consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit” (2Co 1, 3-4) ;
par ces mots puissants, l'Apôtre nous révèle la nature de Dieu : Père de toute miséricorde. Connaître ainsi Dieu, Père de toute miséricorde, est une grâce extraordinaire, car cette connaissance est certes une consolation pour ceux qui sont perdus sur la voie du péché, mais elle fait aussi des consolés, donc des relais de la miséricorde du Père révélé par le Fils et répandu par le Saint-Esprit.

Le mot miséricorde vient du latin misericordia qui signifie : qui a le coeur sensible au malheur..., ce qui exprime déjà beaucoup. Le Dictionnaire Robert donne pour sa part comme premier sens à ce mot celui de sensibilité à la misère, au malheur d'autrui, mais en précisant qu'il s'agit là d'un sens vieilli, c'est-à-dire qui ne s'emploie plus naturellement dans la langue parlée courante; or, est-ce vrai ? Pour le chrétien, ce sens du mot miséricorde est-il vraiment dépassé, alors qu'il est une facette du mystère de l'être divin, de celui qui est Amour ? Or, l'Amour n'a pas d'âge et ne se conjugue qu'au présent ! En fait, la miséricorde est la manière employée par Dieu pour faire connaître son Amour éternel à son Peuple, Jésus Christ venant pour étendre cet Amour éternel à toute l'humanité.

Le Livre de l'Exode est rempli de la miséricorde de Dieu. Ainsi, lorsqu'au temps du buisson ardent, Yahvé confie sa mission à Moïse, Il dit :
  • J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs : oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste (...). Maintenant, le cri des Israélites est venu jusqu'à moi, et j'ai vu l'oppression que font peser sur eux les Égyptiens” (Ex 3, 7-9) ;

de même, Il se présente à Moïse en disant :
  • Je suis le Dieu de tes Pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob” (Ex 3, 6).

Dieu se montre à son peuple comme compatissant, miséricordieux et libérateur, et quant Il se révèle, sa qualité première est la miséricorde. Même avant la conclusion de l'Alliance, Dieu est Dieu de miséricorde :
  • "Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, riche en grâce et en fidélité; qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché... ” (Ex 34, 6-7)
    Yahvé est lent à la colère et riche en bonté, il tolère faute et transgression... ” (Nb 14, 18).

La miséricorde est donc un caractère premier de Dieu, et, comme le rappelle Saint Thomas d'Aquin, Dieu n'est miséricordieux que par amour, en tant qu'il nous aime comme étant quelque chose de lui-même (Somme théologique III, Q. 30, a.2, s.1) et se montrer miséricordieux doit être regardé comme le propre de Dieu et la manifestation de sa toute puissance.

En fait, Dieu, éternel, a noué avec son peuple une relation de type paternel qui se retrouve tant dans sa relation avec Moïse que dans les récits de la Création. Ne dit-il pas à Moïse, lorsqu'Il lui demande d'aller trouver Pharaon : Mon fils premier-né, c'est Israël (Ex 4, 22) ? La deuxième Lettre aux Corinthiens reprend cette idée, qui est aussi l'enseignement d'Isaïe et de Jérémie, lorsque l'Apôtre écrit : Je serai pour vous un père et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant (2Co 6, 18). Dieu est tout puissant et plein de tendresse... On retrouve chez Osée cette même description émouvante :
  • Et moi j'avais appris à marcher à Éphraïm, je le prenais par les bras et ils n'ont pas compris que je prenais soin d'eux ! Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d'amour; j'étais comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m'inclinais vers lui et le faisais manger” (Os 11, 3-4),

alors que des accents semblables se retrouvent en Isaïe :
  • Sion avait dit : “Yahvé m'a abandonnée, le Seigneur m'a oubliée.” Une femme oublie t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas” (Is 49, 14-15).

C'est encore dans le Livre d'Isaïe que l'on peut lire :
  • C'est mon peuple, des enfants qui ne vont pas me tromper” (Is 63, 8),
ou encore :
  • Débordant de fureur, un instant, je t'avais caché ma face. Dans un amour éternel, j'ai eu pitié de toi, du Yahvé, ton Rédempteur” (Is 54, 8).

Les mots hébreux qètèn et qèrèv, que l'on retrouve tout au long de l'Ancien Testament, traduisent bien cette idée d'amour de Dieu, puisqu'ils signifient au sens premier tout à la fois entrailles, sein maternel : Dieu est Père, mais il est aussi tendre qu'une mère, les Apôtres cherchant à imiter ce modèle :
  • Comme une mère nourrit ces enfants et les entoure de soins, telle était notre tendresse pour vous que nous aurions voulu vous livrer, en même temps que l'Évangile de Dieu, notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers” (1Th 2, 7-8).


Dieu Père, dans son Amour infini, est force et fidélité, et offre ainsi la sécurité à son enfant Israël. Souvenons-nous de ces mots du Père Lagrange, au début de ce siècle : “La miséricorde divine est comme la racine, le principe de toutes les œuvres de Dieu; elle les pénètre et les domine”. Enfin, le Pape Jean-Paul II n'avait-il pas écrit en décembre 1980 dans son Encyclique Dives in misericordia sur la miséricorde divine :
  • Ainsi, en actes comme en paroles, le Seigneur a-t-il révélé sa miséricorde des les origines du peuple qu'il s'est choisi, et, tout au long de son histoire, ce peuple s'en est continuellement remis, dans ses malheurs comme dans la prise de conscience de son péché, au Dieu des miséricordes” (DM, 4) ?

La Nouvelle Alliance a été conclue par le sang du Christ. Dans cette Alliance, Jésus est le révélateur de la miséricorde du Père, Il en est l'instrument, le sacrement et le signe de réconciliation du Père avec Israël, et, par Israël, de la réconciliation avec toute l'humanité. En Jésus Christ, le Père s'est révélé aux hommes, à tous les hommes :
  • Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle” (Jn 3, 16).

Jésus Christ nous a fait entrer dans le mystère de la paternité divine, Il nous l'a fait connaître :
  • Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité” (Jn 1, 14).
Jésus nous a révélé ce mystère, mais il a aussi rayonné de son être de Fils :
  • Qui m'a vu a vu le Père” (Jn 14, 9).


Jean-Paul II nous a rappelé ainsi que dans le Christ et par le Christ, Dieu devient visible dans sa miséricorde, c'est-à-dire qu'est mis en relief l'attribut de la divinité que l'Ancien Testament (...) avait déjà défini comme la “miséricorde” (DM 2). Le Christ confère ainsi à toute la tradition vétérotestamentaire sa réalité définitive qui est étendue à toute l'humanité. : Il l'incarne et Il la personnifie, Il est lui-même la miséricorde. Par le Christ, Dieu devient visible aux hommes, à tous les hommes !

En faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable (Ac 10, 38), Jésus nous a montré sa compassion et sa miséricorde, et par là-même celle du Père. Par sa Pâque, Jésus est devenu totalement l'instrument de la miséricorde du Père et l'homme se trouve ainsi à nouveau en pleine communion avec Dieu par l'effacement du péché, Jésus étant l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde (Jn 1, 29), étant le juste qui subit la malédiction du pécheur, l'innocent identifié aux hommes. Par sa mort, le Christ a partagé le sort des hommes, entrant dans la mort et connaissant l'impuissance des hommes dans sa descente aux enfers, mais les a aussi portés vers le Père; on peut ici songer à la théorie d'Urs von Balthasar -même s'il ne se prononce pas vraiment sur la réalité de cette hypothèse- de la chute du Fils, de la perdition humaine du Fils coupé de Dieu, théorie qui est cependant contestable en ce sens que même si le Christ a connu la mort humaine, il restait Fils de Dieu dans la Trinité. Dans sa mort humaine, le Christ a attendu le bon plaisir du Père, mort dans laquelle le poids du péché de l'humanité l'avait précipité. La Résurrection , clé de notre Foi, a été le signe du pardon du péché de l'humanité que le Christ a porté pour nous sur la Croix (DM 7). Ceci est renforcé par le fait que dès sa première apparition aux disciples après sa Résurrection, le Christ leur a donné le pouvoir de remettre les péchés :
  • Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus” (Jn 20, 22-23).

Désormais, la rémission des péchés, obtenue par le Christ, est transmise aux Apôtres, et à leurs successeurs : l'Église.

Le Baptême est don de la vie divine; il est pardon de tous les péchés. Se pose néanmoins le problème de ceux qui - comme toute l'humanité - tombent à nouveau dans le péché, perdant ainsi une partie de la grâce baptismale et blessant la communauté ecclésiale. C'est là que la réconciliation, posée par les Pères de l'Église, prend tout son sens : elle est un deuxième Baptême, nous plus dans les eaux, mais dans les larmes. La réconciliation permet de retrouver sa place dans la communauté ecclésiale et la grâce de l'amour du Père. Elle est ainsi le lieu privilégié d'exercice de la miséricorde divine.

À la suite de Jean-Paul II (DM 5-6), commentons ensemble la parabole de l'enfant prodigue [Lc 15], sans hésiter à la mettre en perspective avec le récit de la chute [Gn 3]. Par cette parabole, Jésus raconte l'histoire de l'humanité; Il décrit le projet du Père créant une humanité restaurée et appelée à vivre la vie de famille avec Lui. Comme dans la Création, un père avait deux fils, puis il y a exposé de l'errance de l'homme, mauvais usage de la liberté, insatisfaction du cœur de l'homme, mais aussi attente patiente du père, attente patiente et miséricordieuse du Dieu sauveur et rédempteur. Dieu permet ainsi par son Amour à son dessein initial de se réaliser : l'union de Dieu le Père par le Fils et dans l'Esprit Saint redevient une réalité.

Tous les moments importants du sacrement de la réconciliation se retrouvent dans cette parabole :
  • - l'aveu des fautes, le cœur contrit tourné vers Dieu ;
    - l'entrée dans une vie pénitente, tournée vers Dieu et non plus distante ;
    - le pardon accordé et reçu, c'est-à-dire le rétablissement de la relation d'Amour entre Dieu et ses enfants, entre Dieu et son enfant qui retrouve sa place dans l'Église.

Dans le Jardin d'Éden, l'homme vivait dans un jardin familial que lui avait confié son Père pour le cultiver et le garder [Gn 2, 15]; il y vivait libre de ses choix dans l'intimité du Père, tout comme le fils prodigue disposait des biens de son père, en toute liberté. L'homme, libre, disposait à l'origine de tous les biens mis à sa disposition par le Père, biens tant matériels -le cosmos- que spirituels -la dignité de fils. Comme le fils prodigue qui réclame sa part d'héritage, l'homme a choisi librement la rupture, et comme lui, loin de son père, il perd sa ressemblance au père, son identité, pour arriver au pays de la dissemblance absolue, car, par le fruit défendu, l'homme a pris connaissance du bien et du mal, modifiant ses choix qui ne sont plus entre le bien et un bien supérieur, mais entre le bien et le mal ! Coupé de son père, comme l'homme s'est coupé de Dieu, le fils prodigue connaît la peur -penser au j'ai eu peur de [Gn 3, 10]-, la pauvreté, la misère, la faim, la déchéance, l'humiliation, la non reconnaissance; mais, aimé malgré tout même s'il n'en a pas conscience, il réfléchit dans sa solitude et dans sa détresse; le rapprochement avec la faute d'Adam est ici évident : après le péché originel, Adam est privé de la gloire de Dieu [Rm 5, 12-20], sa nudité - non seulement matérielle mais aussi spirituelle - étant le signe de la rupture d'avec Dieu et de l'éloignement de Dieu.... Reconnaissant sa faute, le fils prodigue se décide à implorer de son père son pardon, pour qu'il soit l'un de ses serviteurs. Mais, là, comme l'homme, il a oublié que son Père, que Dieu, est fidèle en son Amour, que Dieu veut une humanité qui soit à nouveau son enfant, désiré et créé, aimé, chéri, cherché et attendu...

Cette parabole est histoire du Salut, tout comme l'élection d'Israël , le plus petit des peuples parmi les Nations, a fait de lui une peuple normatif pour l'histoire de tous les autres peuples. Comme le père du fils prodigue l'a accueilli dans la joie, Dieu nous accueille à notre place de fils dans sa famille, au banquet, à son cœur même. La parabole du fils prodigue est en fait une annonce prophétique pour toute l'humanité qui, par et dans le Christ revêtu de la miséricorde du Père, retrouve sa condition filiale. Elle est aussi énoncé des dispositions nécessaires pour le retour au Père : annonce et aveu de sa faute ; reconnaissance que la rupture réfute la condition de fils; mais elle est surtout tournée vers l'avenir, l'aveu étant non pas un retour vers le passé ou contemplation morose ou morbide de son ego mais un moyen aidant à mener le combat spirituel à venir. La miséricorde permet en effet toujours de tirer le bien du mal, ce bienfait se réalisant par le pardon et l'absolution. N'oublions pas que le père voyant son fils au loin court vers lui, l'enlace; comme lui, le Père nous attends, nous cherche et nous donne l'absolution par la joie et dans la miséricorde transmise à notre cœur de fils. L'homme est fait pour rentrer dans la vie trinitaire : par la satisfaction -expression théologique de la pénitence-, l'homme exprime en fait son désir de demeurer désormais dans la gloire du Père rouverte par le Christ, dans le giron du Père; ceci est symbolisé dans la parabole par les images du chemin, du désir et du retour...

L'image du vêtement de fête dont est revêtu le fils prodigue est elle aussi importance, car elle est image de la grâce, tout comme l'anneau est signe du nouvel accès aux richesses du père, au don de Dieu. Le vêtement et cet anneau sont les signes de l'alliance retrouvée au moment du pardon, du nouvel accès à la totalité des biens du Père, bref à la vie divine. Le prodigue est fils et il a retrouvé son identité : il était mort, pécheur, perdu, mais il est revenu à la vie, retrouvé.... Il ne nous faut donc pas passer auprès de la grâce sans la voir, car elle est l'état d'énergie qui nous guérit du péché, le pécheur étant en quelque sorte un malade spirituel qui doit reprendre vigueur et goût à la vie divine.

C'est dans le sacrement de la réconciliation que se déploie la miséricorde du Père que le Fils a reprise en portant le péché du monde et qui est diffusée dans l'Église par l'Esprit Saint. Ce sacrement est l'un des hauts lieux de la foi chrétienne, mais il a été modifié : avant, tout se passait dans un confessionnal, dans le noir, ce qui était peu propice à l'accueil de la joie de la réconciliation, alors qu'aujourd'hui, la forme, à la lumière, est beaucoup plus favorable, car le Christ est la lumière :
  • Je suis le chemin et la vérité et la vie” (Jn 14, 6).

On a bien évolué depuis le IV° Concile du Latran - qui imposa la confession pour les péchés graves -, le Concile de Trente demandant une confession de dévotion, c'est-à-dire une confession mettant en jeu à la fois le pardon, la guérison, mais surtout créant une dynamique de maintien de la vie dans l'Église et dans l'Esprit Saint; Vatican II a complété cette vision en introduisant une vision a priori estimée nouvelle, alors qu'elle était sous-jacente dans l'idée de dynamique du Concile de Trente, mais encore fallait-il insister : celle de la joie, celle du bonheur de faire le bien par l'aveu du mal ! Avec Vatican II, on est vraiment passé d'un formalisme jugé par certains pesant - surtout par oubli de cette joie au XIX° siècle - à un sacrement joyeux. Saint Pie X avait d'ailleurs insisté sur la nécessité de remettre cette idée de joie à nouveau au coeur du sacrement ! Et cet élément de Vatican II, finalement conforme à tout l'esprit de la Tradition, n'est en rien contesté par les catholiques de la Fraternité sacerdotale saint Pie X soit dit en passant ! Car il y a toujours de la joie à retrouver ses frères, à retrouver Dieu !

Si un baptisé a commencé à entrer dans le mystère de la miséricorde du Père, il doit comprendre que la réconciliation est un retour vers le Père, qu'il doit, après l'avoir blessé par le péché, faire un retour vers Lui; mais pensons-nous vraiment au Père lorsque nous nous confessons ? Quelle utilité alors ? La réconciliation ne doit pas être tristesse mais au contraire moyen de demeurer sur un chemin joyeux, celui de la communion, de la communauté par et en l'Amour du Père, celui de la joie d'un cœur pardonné tourné vers le père et donc vers tout frère en humanité. Restant un devoir pour le chrétien, mais sans aucune obligation temporelle imposée comme avant - chaque semaine pour les enfants -, chacun peut trouver ainsi son rythme pour retrouver cette grâce infinie et impérissable qu'est l'Amour de Dieu; Jean-Paul II nous a clairement redit que le pardon par le sacrifice du Fils était infini, ce qui fait qu'aucun péché ne peut prévaloir sur cette force d'Amour. En fait, l'obstination de l'homme a refuser la grâce du fait du péché originel a été détruite par la Croix glorieuse et par la mort du Fils, seule la mort matérielle restant trace de ce péché originel; mais s'il n'y a plus immortalité de la chair, il y a immortalité de l'esprit, donc de la part divine de l'homme, d'où la croyance absolue du chrétien en l'espérance de la Résurrection et dans la vie éternelle. Néanmoins, seul le péché contre l'Esprit Saint serait susceptible de ne pas être pardonné, et encore car sa constitution est très difficile; il faut en effet refuser de manière absolue et définitive le Salut, nier de manière absolue Dieu après l'avoir rencontré, ce que peut faire l'homme de par son libre-arbitre, et ce en conscience et après connaissance de ce Salut et de ce que l'Église est chargée de nous aider à croire. Finalement, seul un homme très riche en esprit peut commettre ce péché définitif qui implique une sur-connaissance, alors même que le don de la Croix, la Foi éclairée, la prière et la réconciliation des autres hommes sont autant d'armes aidant l'Esprit Saint à lutter contre cette volonté absolue de négation de la grâce et du Salut. La damnation éternelle est donc excessivement rare, mais elle est ce qui est le plus grave, car mort définitive à Dieu. Et ceci n’est contesté par aucun texte, même par le Nouveau Testament, soit dit en passant !

Il faut dans tous les cas éviter de gâcher la grâce de la réconciliation mais au contraire penser à la joie du Père de nous retrouver et au corps du Christ qu'est l'Église. Il faut donc se confesser non pas par conformisme, non pas comme obligation, mais pour le Père et pour l'Église, car la confession est rétablissement de la force de la communauté ecclésiale affaiblie avec nous par nos péchés: chacun supporte, appuie et aide l'autre ! Il nous faut donc accepter dans la joie et en pensant au Père et à l'Église le baiser du pardon qu'est l'absolution. L'absolution permet la transformation de l'homme saisi par la détresse spirituelle du péché, et cet homme se doit lui-même d'être attentif à la détresse spirituelle des autres hommes car il se doit d'être miséricordieux avec ses frères comme le Père est miséricordieux avec les hommes. La réconciliation est donc certes en notre faveur, mais aussi en faveur de l'Église, de nos frères, mais aussi union et renfort à Jésus Christ, instrument de la miséricorde du Père, cette miséricorde qui est la qualité première du Père des Cieux.

Elle implique donc aussi des actes après l’absolution de la part du confessé, actes devant aller jusqu’à son auto-dénonciation en cas de crime car alors l’absolution ne serait pas valable car rejetée unilatéralement par le confessé par refus de s’amender, par restriction mentale ! Lorsque l’on se confesse, c’est à Dieu et non au Prêtre que l’on parle, et la confession n’est en rien une machine automatique à laver le péché, un kleenex que l’on jette après usage ! IL faut y mettre du sien pour obtenir le pardon réel ; ce n’est qu’alors que le sacrement est total ! La confession est pénitence, joie, réconciliation, donc à la fois remède et démarche de conversion (cf. Mt 5, 24 ; Jn 20, 22-23 ; …) !

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Le sacrement de réconciliation

Message non lu par morix » dim. 20 sept. 2009, 5:45

Je me demande si le sacrement de réconciliation (confession, pénitence) n'est pas tombé en désuétude.
Pensez-vous qu'il est ecore pratiqué?
Quel sens lui donner aujourd'hui?
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Re: Le sacrement de réconciliation

Message non lu par philémon.siclone » dim. 20 sept. 2009, 15:39

morix a écrit :Je me demande si le sacrement de réconciliation (confession, pénitence) n'est pas tombé en désuétude.
Pensez-vous qu'il est ecore pratiqué?
Quel sens lui donner aujourd'hui?
Où vivez-vous ?

Au contraire, ce sacrement est de nouveau, et de plus en plus pratiqué, après être tombé en désuétude dans les années 70 (maudite époque !).

Mais si vous vivez en rase campagne, ce ne doit pas être évident de trouver des prêtres disponibles (je me demande souvent ce qu'ils fabriquent de la journée ! :-D )
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Re: Le sacrement de réconciliation

Message non lu par Harfang » dim. 20 sept. 2009, 23:44

Même en rase campagne, il y a des prêtres qui confessent sur rendez-vous, pas seulement à horaire fixe chaque jour au confessionnal.

Pour faire simple, la confession est le meilleur moyen pour retrouver une conscience claire et un véritable apaisement en étant assuré du pardon de Dieu et en nous fortifiant pas la grâce sacramentelle. Cependant, il ne faut pas non plus le voir comme une simple formalité d'hygiène spirituelle, mais surtout comme une rencontre avec le Christ à travers son serviteur : le prêtre.
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Re: Le sacrement de réconciliation

Message non lu par Columbanus » lun. 21 sept. 2009, 9:30

morix a écrit :Je me demande si le sacrement de réconciliation (confession, pénitence)...
Petite précision : le sacrement peut être appelé de réconciliation ou de pénitence mais la confession n'est pas le sacrement : elle est une des "phases" du sacrement en question.

Columbanus.
Dernière modification par Columbanus le sam. 03 juil. 2010, 23:42, modifié 1 fois.
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Re: Le sacrement de réconciliation

Message non lu par morix » mar. 22 sept. 2009, 4:57

J'ai compris qu'il faut distinguer les "péchés mortels des "péchés véniels" et qu'il convient de ne pas communier en cas de péché mortel.
Mais je me demande quels sont les péchés que nous pouvons qualifier de mortels.
Existe t-il une liste en faisant l'inventaire?
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Re: Le sacrement de réconciliation

Message non lu par Harfang » mar. 22 sept. 2009, 18:15

IV. La gravité du péché : péché mortel et véniel

1854 Il convient d’apprécier les péchés selon leur gravité. Déjà perceptible dans l’Écriture (cf. 1 Jn 5, 16-17), la distinction entre péché mortel et péché véniel s’est imposée dans la tradition de l’Église. L’expérience des hommes la corrobore.

1855 Le péché mortel détruit la charité dans le cœur de l’homme par une infraction grave à la loi de Dieu ; il détourne l’homme de Dieu, qui est sa fin ultime et sa béatitude en Lui préférant un bien inférieur.

Le péché véniel laisse subsister la charité, même s’il l’offense et la blesse.

1856 Le péché mortel, attaquant en nous le principe vital qu’est la charité, nécessite une nouvelle initiative de la miséricorde de Dieu et une conversion du cœur qui s’accomplit normalement dans le cadre du sacrement de la Réconciliation :

Lorsque la volonté se porte à une chose de soi contraire à la charité par laquelle on est ordonné à la fin ultime, le péché par son objet même a de quoi être mortel... qu’il soit contre l’amour de Dieu, comme le blasphème, le parjure, etc. ou contre l’amour du prochain, comme l’homicide, l’adultère, etc ... En revanche, lorsque la volonté du pécheur se porte quelquefois à une chose qui contient en soi un désordre mais n’est cependant pas contraire à l’amour de Dieu et du prochain, tel que parole oiseuse, rire superflu, etc., de tels péchés sont véniels (S. Thomas d’A., s. th. 1-2, 88, 2).

1857 Pour qu’un péché soit mortel trois conditions sont ensemble requises : " Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré " (RP 17).

1858 La matière grave est précisée par les Dix commandements selon la réponse de Jésus au jeune homme riche : " Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère " (Mc 10, 18). La gravité des péchés est plus ou moins grande : un meurtre est plus grave qu’un vol. La qualité des personnes lésées entre aussi en ligne de compte : la violence exercée contre les parents est de soi plus grave qu’envers un étranger.

1859 Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur (cf. Mc 3, 5-6 ; Lc 16, 19-31) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère volontaire du péché.

1860 L’ignorance involontaire peut diminuer sinon excuser l’imputabilité d’une faute grave. Mais nul n’est censé ignorer les principes de la loi morale qui sont inscrits dans la conscience de tout homme. Les impulsions de la sensibilité, les passions peuvent également réduire le caractère volontaire et libre de la faute, de même que des pressions extérieures ou des troubles pathologiques. Le péché par malice, par choix délibéré du mal, est le plus grave.

1861 Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l’amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour. Cependant si nous pouvons juger qu’un acte est en soi une faute grave, nous devons confier le jugement sur les personnes à la justice et à la miséricorde de Dieu.

1862 On commet un péché véniel quand on n’observe pas dans une matière légère la mesure prescrite par la loi morale, ou bien quand on désobéit à la loi morale en matière grave, mais sans pleine connaissance ou sans entier consentement.

1863 Le péché véniel affaiblit la charité ; il traduit une affection désordonnée pour des biens créés ; il empêche les progrès de l’âme dans l’exercice des vertus et la pratique du bien moral ; il mérite des peines temporelles. Le péché véniel délibéré et resté sans repentance nous dispose peu à peu à commettre le péché mortel. Cependant le péché véniel ne rompt pas l’Alliance avec Dieu. Il est humainement réparable avec la grâce de Dieu. " Il ne prive pas de la grâce sanctifiante ou déifiante et de la charité, ni par suite, de la béatitude éternelle " (RP 17) :

L’homme ne peut, tant qu’il est dans la chair, éviter tout péché, du moins les péchés légers. Mais ces péchés que nous disons légers, ne les tiens pas pour anodins : si tu les tiens pour anodins quand tu les pèses, tremble quand tu les comptes. Nombre d’objets légers font une grande masse ; nombre de gouttes emplissent un fleuve ; nombre de grains font un monceau. Quelle est alors notre espérance ? Avant tout, la confession ... (S. Augustin, ep. Jo. 1, 6).

1864 " Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis " (Mt 12, 31 ; cf. Mc 3, 29 ; Lc 12, 10). Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint (cf. DeV 46). Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle.
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Re: Le sacrement de réconciliation

Message non lu par philémon.siclone » mar. 22 sept. 2009, 18:29

morix a écrit :J'ai compris qu'il faut distinguer les "péchés mortels des "péchés véniels" et qu'il convient de ne pas communier en cas de péché mortel.
Mais je me demande quels sont les péchés que nous pouvons qualifier de mortels.
Existe t-il une liste en faisant l'inventaire?
Vous savez, malgrè tout ce que vous pourrez lire sur la question, rien ne pourra jamais remplacer un entretien avec un prêtre. Il faut lui exposer ce qui vous préoccupe le plus, et il vous aidera à y voir plus clair. Parfois on commet des péchés graves sans s'en rendre compte. Un même péché n'aura pas le même degré de gravité suivant le degré de conscience et le style de vie que l'on a mené jusqu'alors. Parfois, le moment est venu de tout mettre à plat, et d'examiner globalement tout cela. Si l'on n'a aucune expérience de la confession, alors une confession générale s'impose. Et ça soulage pas mal...
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