Jeune foi a écrit : ↑ven. 29 mai 2020, 18:51
Mes questions sont donc:
_ Pensez vous qu'annoncer sa foi par lettre est une bonne idée?
_ Comment arriver à s'adresser à un prêtre quant on est timide?
_ Que faut il faire avant de recevoir le baptême (formation?), faut il un parrain et une marraine lorsqu'on est adolescente, et faut il payer?
_ Je me doute qu'il faut être baptisée pour recevoir l'hostie, mais faut il aussi avoir fait sa première communion?
Bonjour, Jeune foi!
Votre cas semble particulièrement difficile, car je comprends que vos parents ne sont pas simplement athées, mais franchement, voire farouchement contre la foi. Sans doute ils vous aiment et, comme tout parents, ils veulent le mieux pour leur enfant. Sauf que, pour eux, selon ce que vous dites, être catholique ce n'est pas le mieux, mais le pire. Vous connaissez vos parents suffisamment pour avoir une image de leur réaction. Ils ne penseront pas que la prunelle de leurs yeux est tombée sous l'emprise de cette institution qui vend de l'opium pour le peuple, qui a fait tant de mal à la France et à l'humanité, en l'entraînant d'abord dans les croisades, puis dans les guerres religieuses? Cette institution-là qui a empêché le progrès de la science, qui fourmille de prêtres pédophiles et avides d'argent qui font mine de servir un charlatan qui aurait fait des miracles selon un livre compilé il y a deux mille ans! Comment? Notre fille, dans laquelle nous avons semé tant d'espérances, fréquente ces lieux de perdition appelés «églises», va à ces rituels moyenâgeux appelés «messes», où elle risque pas seulement l'emprise spirituelle, mais de se voir agresser par ces sodomites, car, malheureusement, la République n'a pas réussi a couper la tête à tous! Mais on peut pas laisser les choses comme ça, il faut agir!
Maintenant, tout dépend de ce qu'ils comprendront par «agir». Vous ne risquez pas d'arriver dans une situation pire qu'à présent? Avec épuration de votre bibliothèque, avec inspection de votre ordinateur, avec interdiction absolue les dimanches? Finalement, les relations dans votre familles ne seront pas plus tendues et, tombant souvent en larmes, vous n'aurez pas le sentiment (plus ou moins justifié) d'être opprimée? Alors, la tentation de rébellion contre vos parents, jamais encouragée par Dieu ni dans l'Ancien Testament, ni dans le Nouveau, n'est pas prévisible?
Mais peut-être j'exagère. Peut-être ils se rendent compte que vous n'êtes plus la petite qui doit être amenée à la maternelle avec son doudou, que, à 14 ans, vous avez quelque moyen de discernement et qu'il est le cas de vous laisser un peu de liberté. À vous de voir si, dans votre chambre, vous mettez une affiche avec Marilyn Manson ou bien vous accrochez une icône de Jésus. À vous de préférer Voltaire ou Pascal, Gide ou Bernanos et ainsi de suite. Alors, si vous n'êtes pas encore là, je me demande s'il n'est pas mieux d'attendre. Votre première question est comment annoncer la foi. Sans doute, une lettre serait mieux qu'une annonce au barbecue. Mais pourquoi vous dépêcher? Voilà la question-clé! Car il y a une alternative à une annonce intempestive: faire les choses en douceur, en offrant la possibilité à vos parents de s'adapter et en évitant une attitude confrontationnelle. Vous savez, Jeune foi, la doctrine catholique concernant la guerre juste ? Parmi les conditions pour qu'une guerre soit moralement légitime, il y en a deux qui vous concernent: la guerre doit être le dernier ressort, et la victoire doit être envisageable. Dans le cas de figure, vous avez les moyens d'éviter la guerre et, si vous arrivez là-bas, la victoire est plus que douteuse. Alors, prenez en compte une tactique à petit pas. Comme disent les Anglais:
item by item, brick by brick. Un jour laissez sur le lit un livre de Charles Péguy. Un autre, collez sur votre placard un dessin de notre système solaire accompagné d'une image de Copernic, sous laquelle écrivez discrètement: «Nicolas Copernic. Prêtre catholique.». Un autre, regardez un DVD avec le film «Cristeros». Ceci et tant d'autres (à vous de les imaginer et d'aménager leur gradation!) sont des signes qui aideront vos parents à comprendre un peu vos préférences, de façon que, finalement, votre option pour la religion ne soit pas une nouvelle renversante.
Maintenant, voici des réponses ponctuelles à vos questions:
1. Affirmatif, mais, comme montré plus haut, l'alternative ne se limite pas à ces deux options.
2. Moi je me suis adressé la première fois par téléphone et j'ai eu un rdv. Sauf que j'avais 25 ans et pas trop timide. Pensez à une lettre aussi dans ce cas.
3. Oui, il y a une formation. À voir avec le prêtre. Si les choses accrochent, envoyez-moi un message privé. Parrain et/ou marraine (préférable dans le cas d'une fille) est de coutume. Pareillement, si les choses accrochent, MP. Pour le baptême proprement dit, il ne faut pas payer (ça serait un péché appelé «simonie»). Pour le petit trousseau habituellement c'est le parrain/maraine qui paye. Pourtant, si vous envisagez des conditions spéciales et à la carte (chorale, par exemple) il se peut qu'une contribution soit exigée.
4. Oui, il faut absolument être baptisée pour recevoir l'hostie. Dans le cas du baptême des adultes et des adolescents, la première communion se fait vite après le baptême, souvent séance tenante.
Bon courage, Jeune foi! Suivez le conseil de padre Pio! Utilisez votre ange gardien. Il est là pour vous aider. Il est affligé si vous ne lui demandez rien!