Yves54 a écrit :je ne ressens / conçois pas du tout l'amour que je porte à mes proches comme un don de Dieu, mais alors pas du tout, bien au contraire
Ce qui ne veut absolument pas dire que dans la réalité ce n'est pas le cas. Que vous le ressentiez différemment ne change pas le fait que Dieu est le donateur de l'amour. Votre ressentie ne reflète pas forcément la réalité des choses, c'est apparemment sur ça que vous bloquez.
Le ressenti n'est pas une preuve en soi, je te l'accorde. Mais c'est déjà un premier indice. En outre, j'ai ajouté un petit mot qui a visiblement échappé à ta sagacité : "conçois"
Mais je mentirais si j'affirmais qu'il n'y a pas quelque chose de viscéral dans ce rejet. Jamais je n'arriverai à admettre qu'un être soi-disant bon et puissant puisse laisser souffrir des enfants innocents... C'est plus fort que moi, ça me dégoûte. Bien sûr, on peut toujours émettre des hypothèses plus sophistiquées les unes que les autres... mais vois-tu, ce ne sont jamais que des hypothèses
ad hoc invérifiables. Avec le même genre d'hypothèse, je peux réussir à "prouver" que personne, en vérité, n'a été négligeant avec qui que ce soit, personne n'a manqué d'assistance à personne en danger, et que tous les hommes politiques veillent à notre bonheur, même si on a l'impression du contraire...
Plutôt que de me couper les cheveux en quatre, je préfère penser que Dieu, s'il existe, n'est pas bon ou n'est pas puissant, c'est beaucoup plus naturel à envisager, beaucoup plus intuitif. D'ailleurs historiquement, il n'y a guère que le judéo-christianisme pour avoir cru en un Dieu bon. Les dieux de la plupart des autres religions n'ont rien de particulièrement bon...
Je crois que rien ne pourra jamais me convaincre, car au fond, le problème du mal peut se ramener à un raisonnement déductif :
1. Prémisse majeur : Si X peut et veut empêcher Y alors Y est empêché (par définition)
2. Prémisse mineure : Dieu peut empêcher le mal (par hypothèse)
3. Prémisse mineure : Dieu veut empêcher le mal (par hypothèse)
4. Conclusion : Le mal est empêché.
Or un raisonnement déductif est dit monotone, c'est-à-dire que quel que soit le nombre de prémisses non contradictoire entre elles et avec celles déjà posées que l'on rajoutera, cela ne changera pas la conclusion.
Par conséquent, soit il faut admettre la conclusion contre-intuitive que le mal n'existe pas, soit il faut supprimer une des prémisses.
Amicalement,
Mikaël