Francois Euvé, La science à l'épreuve de Dieu, 2022

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ChristianK
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Francois Euvé, La science à l'épreuve de Dieu, 2022

Message non lu par ChristianK » ven. 22 déc. 2023, 19:57

Francois Euvé (avec Etienne Klein) , La science l’épreuve de Dieu, Paris, Salvator, 2022. 186 p.


Un livre intelligent mais qui ne correspond pas à sa pub qui annonce une réponse à Bolloré-Bonassies. Il n’y a pas traitement des positions de ces auteurs mais une sorte de survol méthodologique sur ce que la science empirique peut et ne peut pas faire.
Le livre, d’autre part, semble à côté du dogme de Vatican I ou peu s’en faut. Euvé, prof de philo chez les jésuites du centre Sèvres, donne l’impression d’une grave incompétence métaphysique thomiste.

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14 (phénomènes physiques doivent s’expliquer par des causes physiques=recherche scientifique
27 (la foi relève de la confiance, de la relation interpersonnelle, plus intersubjective qu’objective


--oui, mais la théologie naturelle c’est pas la foi. Et Bolloré faisait de la théologie naturelle, dela facon la plus courante chez les protestants américains


39 (somme=monument de la pensée;
Au sens strict ce ne sont pas des preuves, sinon il ne serait pas nécessaire d’en avoir 5;


--Incompétence. Le nombre de preuves de la somme n’a rien à voir avec la validité. Très surprenant de la part d’un prof de philo….


40 (elles sont un exercice de la raison, la foi étant acquise;
Dieu n’est pas déduit, il est déjà au commencement; la voie permet d’enrichir


--Interprétation permise, mais une autre est plus vraisemblable : ce sont des preuves du Dieu des philos, sans la foi, lequel est une voie vers le Dieu de la révélation. Ceci est compatible avec l’idée que Dieu soit au commencement, mais psychologiquement seulement, comme un préjugé philosophique tenporaire


42 (4e voie=platonicienne

--Oui , intéressant.


46 (cause 1ere est autre que causes secondes; une 1ere cause physique serait du même type que les autres causes physiques

--Oui, faire le lien explicite avec Bolloré aurait été indiqué ici. Mais mëme là il n’est pas clair que la cause 1ere de Bolloré, en biologique p.ex.,serait nécessairement intramondaine


94 (multivers : spéculations dépourvues de moyens d’observation, à la limite de la science

--Très juste.


101 (connaitre Dieu et un objet physique ne sont pas du même ordre

--Oui


108 (on ne peut plus croire que l’orage soit un châtiment divin;
L’homme moderne rejette l’idée d’une double causalité, naturelle et surnaturelle


--Faux. On peut si c’est prêché et expliqué activement. UN orage peut être châtiment, pcq les lois de la nature sont causée par Dieu à tout moment, et un châtiment ou récompense n’impliqueraient aucunement un changement des lois, mais simplement leur agencement de toute éternité, l’harmonie préétablie de Leibniz (préstabilisme)


111 (K. Barth : GRANDE INFLUENCE CONTRE LA THEOLOGIE NATURELLE…altérité divine;
mystère inaccessible à la raison


--Grand danger du protestant Barth, contre la théologie naturelle et Vatican I…


127 (morale ne peut partir de ce qui est; morale est au service de la liberté

-Très ambigu. Aristote, fondateur de la philo morale, ne dirait pas ca. La morale ne part pas des faits, mais des essences derrière les faits
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Dialogue avec le physicien Etienne Klein

153 (naif pour la sc de prouver l’existence de Dieu…a priori hors de ses champs d’action et d’investigation (car cela supposerait un achèvement de la science);
Euvé : Dieu est mystérieux, échappe par principe à l’emprise de notre intelligence…extrapolation de nos désirs, nous voulons être omniscients


--incompétence. Klein a raison (contre Bolloré, semble-t-il, ou certains aspects de Bolloré); mais Euvé commet l’erreur de type positiviste qui identifie l’intelligence à la scinece empirique, éliminant du coup l’intelligence métaphysique. Et ca semble hérétique du point de vue de Vatican I , Clairement.


159 (il faut se garder de voir la singularité comme une origine, du point de vue physique
162 (il pourrait y avoir un autre univers avant;
Pas de preuve pour l’origine, ni du contraire; il faut attendre d’autres recherches


--Oui, du point de vue de la physique empirique. St Thomas pensait que le commencement du monde était indémontrable (au contraire de la création, qui peut être ab aeterno du point de vue de la philo). Mais la singularité est plus suggestive de création comparée à d’autres théories, abandonnées depuis le big bang.


164 (l’origine serait une transition entre non-être et être. Est-ce pensable?;
C’est affronter le mystère du néant


--exactement, et Klein devrait savoir que c’est le ressort des preuves traditionnelles. Cette transition ets impensable, c’est pourquoi, il y a Dieu avant l’origine


165 (si l’être a toujours existé., l’univers n’a ^pas eu de commencement;
Comment passer de rien à quelque chose? Cela semble échapper à l’entendement; bien sûr on a le droit d’imaginer un principe transcendant… Mais par quels mécanismes? La physique ne sait pas. Et un néant accompagné d’un principe transcendant serait il encore néant?

--Klein a tout compris sans s’en apercevoir; le fait qu’Euvé ne le fasse pas remarquer indique une incompétence philosophique (du point de vue thomiste).
« univers » est ambigu ci-haut. Si c’est tout ce qui existe ca inclut Dieu, et ca n’a pas de commencement; l’être n’a pas de commencement, c’est l’être contingent qui a une cause.
Et il n’y a jamais de passage de rien mais de Dieu. E effectivement un néant plus Dieu n’est pas un néant. Et c’est de la métaphysique , pas de la physique


166 (création ex nihilo : étrange et paradoxal car suppose que l’absence de toute chose a pu créer quelque chose…Mais comment donc?;
Peut-il y avoir une cause 1ere cause de soi?

--Retombe dans l’erreur. La création ex nihilo est ab Deo. Et il n’y a pas de cause de soi, mais un être nécessaire, sans cause. Incroyable que Euvé entende ca sans réagir!


167 (Il est difficile de concevoir que le néant puisse être le sujet du verbe « changer », autrement dit acteur

--Comme St Thomas dirait, exactement. La création n'est pas un changement.

167 Leibniz a posé la question « pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien? »

--Oui mais pas dans le sens de l’auteur, ni dans le sens heideggérien. Il entendait « quelque chose de contingent », quelque chose de créé. La question pourquoi l’être , dans toute sa généralité, est un non sens.


168 (explication par Dieu ne va pas car pour Leibniz Dieu n’est pas rien; et on ne peut demander passeport d’être à l’être même

--On voit très bien l’erreur ici : l’auteur imagine chez Leibniz un passage du néant à l’être, un non sens pour Leibniz. Et oui l’être en général (tout ce qui existe, incluant Dieu) ne peut être cause de l’être en général, il devrait se précéder lui-même, le passage se fait de l’être nécessaire à l’être contingent

168 Les métaphysiciens objecteraient que l’ëtre ne peut servir pour justifier l’être

--Absolument pas, sauf les heideggeriens. Incroyable incompétence de Euvé, s.j.


170 (comment les électrons connaissent-ils la loi physique à laquelle ils obéissent?

--Bonne question. C’est la racine de la 5e voie


171 (au 1er abord la nature des lois physiques semblent relever de la métaphysique, beaucoup de scientifiques évitent la question

--exactement. Elles sont au-delà des phénomènes, présupposées par eux.


174 (l’origine de l’univers demeure un mystère, question métaphysique. Sans réponse connaissable

--du point de vue des sciences empiriques seulement. L’idée que ca implique absence de réponse connaissable tout court relève de la philo positiviste, pas des sciences empiriques. Si on a le mot science au sens d’Aristote, la philo est une science, quoique non empirico-mathématique


175 (mais nous sommes des animaux métaphysiques, qui nous interrogeons sur l’être en tant qu’être

--très juste.

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Re: Francois Euvé, La science à l'épreuve de Dieu, 2022.

Message non lu par aldebaran » ven. 29 déc. 2023, 17:28

Oui les critiques semblent unanimes pour décrire un livre creux. L'impression qu'il fallait absolument un livre pour dévaloriser celui à succès de Bolloré et Bonassies, et c'est intéressant de constater que les contre-arguments ont aussi peu d'épaisseur. On voit bien que le mouvement s'inverse, et que la science autrefois instrument de la promotion d'un matérialisme athée pointe désormais plutôt sur un monde derrière les apparences et le manque de crédibilité de l'intervention d'un simple hasard versus une création "réglée" pour chacun des paramètres physiques avec une précision nécessaire extraordinaire.
Un livre récent qui le décrit bien:
https://www.decitre.fr/livres/le-retour ... 29373.html
Commenté ici (malgré le titre de l'émission, en fait ce livre devient le thème principal des échanges):
https://www.youtube.com/watch?v=Ygi_jkejW0g

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Re: Francois Euvé, La science à l'épreuve de Dieu, 2022

Message non lu par ChristianK » sam. 30 déc. 2023, 20:22

Livre creux, je n'irais pas jusque là. La critique méthodologique est bonne, l'idée que la théologie naturelle relève de métaphysique et de la philo, pas de la science empirique. La grande faiblesse, c'est sur le terrain même de la métaphysique et du dogme. On attaque Bolloré indirectement, mais on passe à côté de St Thomas et Leibniz, par positivisme latent. ON dit non seulement la science ne prouve pas Dieu au sens large comme le pense Bolloré, mais on ajoute la raison (qu'on identifie subrepticement à la raison) ne prouve pas Dieu puisque la science ne le prouve pas. Donc on reste dans l'agnosticisme métaphysique (qui semble contraire à Vatican I).
Le chapitre de Bolloré sur la philo, de facon un peu analogue, est particulièrement méprisant et à côté de la plaque, comme si seule la science empirique pouvait prouver Dieu, un très gros contresens. Il rejette "une discussion philosophique abstraite et ennuyeuse ».

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