(extraits abrégés d’une 1ere version plus longue - on peut trouver le Pdf en ligne)
Textes de la Somme pour réfléchir. Je crois que tous y est pour les solutions. La satisfaction est essentiellement une bonne œuvre par un pénitent. Rien à voir avec l’enfer. Il y a donc une « obligation » de Dieu pour la damnation.
I-II 87
Article 3 : Y a-t-il un péché qui rende passible d’une peine éternelle ?
...
3. Nul ne fait une chose s’il n’y trouve pour soi-même un plaisir. Or, la Sagesse (1, 13) assure que “ Dieu ne prend
pas plaisir à la perdition des hommes ”. Il ne les punira donc pas d’un châtiment éternel.
”
…. C’est pourquoi, si le péché détruit dans son principe l’ordre par lequel la volonté de l’homme est soumise à
Dieu, le désordre sera de soi irréparable, encore qu’il puisse être réparé par la vertu divine. Or, le principe, en cet
ordre de choses, c’est la fin ultime à laquelle on adhère par la charité. C’est pourquoi tous les péchés qui détournent
de Dieu en faisant perdre la charité, entraînent, autant qu’il est en eux, l’obligation à une peine éternelle.
Il est pourtant juste, selon S. Grégoire, que l’homme ayant,
dans son éternité, péché contre Dieu, trouve son châtiment dans l’éternité de Dieu. ” Or, on dit de quelqu’un qu’il a
péché dans son éternité, non seulement lorsqu’il a continué l’acte durant toute sa vie d’homme, mais par le fait que,
s’il met sa fin dernière dans le péché, c’est qu’il a la volonté de le faire éternellement. Aussi S. Grégoire ajoute-t-il :
“ Les méchants auraient voulu vivre sans fin pour pouvoir demeurer sans fin dans leurs iniquités. ”
2….
. ” C’est donc de cette manière
que les peines éternelles des réprouvés, infligées par Dieu, sont médicinales : pour ceux qui s’abstiennent des péchés
par la pensée de ces grands châtiments. Selon ce passage du Psaume (60, 6) : “ Tu as fait signe à ceux qui te
craignent d’éviter le trait qui frappe, pour sauver tes bien-aimés. ”
3. Dieu ne prend pas plaisir aux châtiments pour eux-mêmes ; mais il prend plaisir à l’ordre de sa justice, qui les
exige.
...
Article 4 : Y a-t-il un péché qui rende passible d’une peine infinie en grandeur ?
Réponse :
. Ainsi donc, ce
qui correspond à l’aversion de Dieu dans le péché, c’est la peine du dam, laquelle est infinie comme cette aversion,
puisqu’elle est la perte d’un bien infini, c’est-à-dire de Dieu.
Solutions : 1. Il ne convient pas à la justice de Dieu que le pécheur soit tout à fait réduit à néant, parce que ce serait
contraire à la perpétuité de la peiné, qu’exige, avons-nous dit, la justice divine. Mais de celui qui est privé des biens
spirituels, on dit qu’il est réduit à rien : “ Si je n’ai pas la charité, je ne suis rien ”, dit l’Apôtre (1 Co 13, 2).
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III Supplément (ad mentem Thomae par le secrétaire Réginald de PIperno)
Q 12.
ARTICLE 2: La satisfaction est-elle un acte de justice?
…
De plus, nulle autre vertu que la justice n’a pour objet d’établir l’égalité entre des choses
extérieures au moi. Or c’est précisément ce que fait la satisfaction, qui établit l’égalité entre la
pénitence et l’offense précédente. La satisfaction est donc un acte de justice.
Conclusion:
…. Il en
va de même de la pénitence qui établit l’égalité dans celui-là seul qui la fait, puisque c’est le
pénitent lui-même qui "tient sa peine", en sorte que la pénitence est, d’une certaine façon, une
espèce de justice vindicative. Nous voyons par là4ue la satisfaction, qui établit dans celui qui
la fait une égalité par rapport à l’offense précédente, est une oeuvre de justice, quant à cette
partie de son opération qu’on appelle pénitence.
Solutions:
Art 3
3. La satisfaction étant une partie de la pénitence regarde le passé et non l’avenir. Or ne
Q 13
ARTICLE 1: L'homme peut-il offrir satisfaction à Dieu?
Objections:
...
5. Le péché mortel actuel est plus grave que le péché originel. Mais personne n’a pu offrir
satisfaction pour le péché originel; si ce n’est un Homme-Dieu; il en est donc de même pour
le péché actuel.
Cependant:
ainsi que l’a écrit saint Jérôme "Qu’il soit anathème, celui qui dit que Dieu nous prescrit
quelque chose d’impossible!" Or la satisfaction est de précepte "'Faites de dignes fruits de
pénitence." Il est donc possible d’offrir satisfaction à Dieu.
D’ailleurs Dieu est plus miséricordieux que l’homme; or il est possible d’offrir satisfaction à
l’homme et donc aussi à Dieu. …
. Or il arrive qu’on s’impose une peine
égale à la jouissance prise dans le péché. Il arrive donc qu’on puisse offrir à Dieu satisfaction.
Conclusion:
L’homme devient le débiteur de Dieu à double titre, à raison des bienfaits reçus et à raison des
péchés commis. L’action de grâces, l’adoration et les autres prières de même genre ont pour
objet la dette que nous créent les bienfaits reçus de Dieu; la satisfaction acquitte la dette
contractée par le péché que nous avons commis.
Q15
ARTICLE 1: Les oeuvres satisfactoires doivent-elles être pénales?
Objections:
1. Il semble que la satisfaction ne doive pas se faire par des oeuvres pénales. La satisfaction
doit être une compensation pour l’offense de Dieu. …
…3. Satisfaire, c’est, au dire de saint Anselme, "rendre à Dieu son dû d’honneur", mais cela peut
se faire autrement que par des oeuvres pénales. C’est donc que la satisfaction ne requiert pas
des oeuvres pénales.
Cependant:
saint Grégoire nous dit: "Il est juste que le pécheur s’inflige, par la pénitence, d’autant plus de
peine qu’il s’est fait, par sa faute, de plus grands dommages".
D’ailleurs la satisfaction doit guérir parfaitement la blessure du péché. Or les remèdes aux
péchés sont des peines, comme le dit le Philosophe. Il faut donc que la satisfaction se fasse
par des oeuvres pénales.
Conclusion:
…Or, quoique du côté de Dieu, rien du bien divin ne puisse être enlevé, le pécheur
Cependant, comme nous l’avons dit, s’efforce, autant qu’il est en son pouvoir, d’enlever
quelque chose à Dieu. Il faut donc, pour qu’il y ait con que la satisfaction enlève quelque
chose au pécheur, au profit de l’honneur de Dieu. Mais l’oeuvre bonne, en tarit qu’oeuvre
bonne, n’enlève rien à celui qui la fait; elle ajoute plutôt à sa perfection; celui-ci ne peut donc
subir une soustraction de bien, pour l’oeuvre bonne, que si cette oeuvre est pénale. Il faut
donc, pour qu’une oeuvre soit satisfactoire, qu’elle soit bonne, afin d’honorer Dieu et qu’elle
soit pénale afin de soustraire au pécheur quelque bien.
Solutions:
1. Bien que Dieu ne se délecte pas dans les peines en tant que peines, il y prend plaisir en tant
qu’elles sont justes et peuvent être ainsi satisfactoires.
3. L’honneur dû pour le péché est la compensation de l’offense qui ne peut se faire sans une
peine du pécheur. C’est de ce dû, que doit s’en tendre la parole de saint Anselme.
ARTICLE 2: Les peines de la vie présente sont-elles satisfactoires?
Objections:
1. Il semble que les peines dont Dieu nous, punit en cette vie ne puissent pas être
satisfactoires. Rien ne peut être satisfactoire que ce qui. est méritoire, comme on le voit par ce
que nous avons dit. Mais nous ne méritons que par les choses qui dépendent de nous; et
comme les châtiments, que Dieu nous inflige, ne dépendent pas de nous, il semble donc qu’ils
ne puissent pas être satisfactoires.
2. La satisfaction est le privilège des bons. Or ces châtiments temporels sont aussi infligés aux
méchants et c’est à eux principalement qu’ils sont dûs. Ils ne peuvent donc pas être
satisfactoires.
Conclusion:
La compensation de l’offense passée peut avoir sa cause dans l’offensant ou être imposée par
un autre. Quand elle est imposée par un autre, elle a plutôt le caractère de peine vindicative,
que celui de satisfaction. Quand elle procède de l’offensant lui-même, elle devient
satisfaction. Si donc le patient, auquel Dieu inflige des châtiments, les fait siens de quelque
façon, ils reçoivent le caractère de satisfaction. Or il les fait siens en tant qu’il les accepte pour
la purification de ses péchés, les utilisant en patience. Si, au contraire, il proteste, avec
impatience, contre ces châtiments, il ne les fait siens d’aucune façon et ils n’ont, en con
séquence, aucun caractère de satisfaction, mais seulement celui de peine vindicative.
Solutions:
1. Bien que ces châtiments ne soient pas eux-mêmes en notre pouvoir, il dépend de nous de
nous en servir en patience; c’est ainsi que faisant de nécessité vertu, nous pouvons les rendre
méritoires et satisfactoires.
2. "Le même feu qui fait briller l’or fait fumer la paille" nous dit saint Grégoire (saint
Augustin dans la Cité de Dieu). C’est ainsi que les mêmes châtiments purifient les bons et
rendent les mauvais plus coupables par impatience. C’est pourquoi les châtiments ne sont
satisfaction que pour les bons, bien qu’ils soient communs aux bons et aux méchants.
ARTICLE 3: Les oeuvres satisfactoires sont-elles bien énumérées, quand on en compte
trois l’aumône, le jeûne et la prière?