Bonjour Coco Lapin,
Coco lapin a écrit : ↑mer. 12 juil. 2023, 11:10
Non, pas forcément. Dieu connaît (par avance ou dans un éternel présent, on s'en fiche un peu, là n'est pas le sujet) tous les enchaînements hypothétiques, même si ceux-ci n'auront jamais lieu. Par exemple, il sait que s'il exauçait telle prière, cela entraînerait telles conséquences mauvaises, donc il ne le fait pas. Autre exemple : il sait que s'il laissait vivre telle personne, cela entraînerait telles conséquences qu'il ne souhaite pas, donc il le tue.
Le sujet à débattre devient fort ténu et la conversation fort pointue. Christian a même ressorti la « grosse artillerie » du thomisme !
Il me semble que la liberté que Dieu nous a donné va au-delà de ce que Dieu peut prévoir autrement que par ce qui ressemblerait à un calcul parfait de probabilité, et que c’est pour cela que l’Ecriture, comme Jésus l’a rappelé, a dit que nous étions « des dieux ».
Là se trouve aussi une preuve d’amour.
Le « cadeau » de notre liberté est extrême, elle est plus grande que tout ce que nous pouvons imaginer et en faire, il n’y entre aucun déterminisme aussi minime soit-il. Le fait de tout savoir « d’avance » n’y change rien : là est le mystère. Et là encore ce n’est compréhensible que par et dans l’amour qui nous a fait ce cadeau incroyable par sa portée.
Autre précision importante : je ne fais pas d’amalgame entre le virtuel et le réel, pour en quelque sorte diminuer la prescience de Dieu et laisser entendre que les 2 s’équivalent : Dieu fait bien la distinction et il la connaît de façon pratique.
Vos exemples sont contestables, même si ce ne sont que des exemples et que les contester ne remet pas en cause votre avis. Ainsi, si notre volonté bonne (et non bonne volonté) nous indique de faire « telle chose », même si nous savons avec certitude que cela va entraîner telle conséquence mauvaise, ne devrions-nous pas agir selon notre volonté quand même ?
Alors à plus forte raison quand nous sommes Dieu !
Cette réponse sur cet exemple est néanmoins une piste à méditer pour ceux qui pensent comme notre récent membre...
Coco lapin a écrit : ↑mer. 12 juil. 2023, 11:10
cmoi a écrit :Donc, il n'est pas le responsable de notre damnation, car ce n'est pas le péché qui nous damne, mais l'absence de repentir, l'absence d'adhésion à son amour et quand bien même nous ne saurions pas que c'est le sien, y adhérer suffit.
Je pense que vous vous trompez, car la contrition imparfaite sans le sacrement de pénitence ne suffit pas pour être sauvé.
Je ne pense pas, mais il est vrai que j’ai peu d‘atomes crochus avec la contrition imparfaite, elle me semble déformer l’image de Dieu et ne pouvoir exister qu’avec au moins le désir d’une contrition parfaite. Vous devrez en tenir compte dans ce qui suit. Car je vais vous proposer une thèse qui me déplaît mais à laquelle je souscris.
Je pourrais donc vous réponde qu’en parlant de repentir et d’amour j’envisageais bien la contrition parfaite, mais je vais en profiter pour argumenter autre chose qui ne fera que reprendre ce que vous avez-vous-même supposé par votre récente réponse à Kerygme, en distinguant les critères de l’Eglise catholique de la réalité du ciel et sachant qu’il y a 2 cas de figure.
- Le premier est celui du baptisé : à la contrition imparfaite il faut ajouter le désir de se confesser, mais je doute qu’il soit absent (ou par ignorance, mais je vous épargne la suite qui revient au second cas) et dans ce cas, si, on sera pardonné bien que n’ayant pu se confesser ici-bas et être en état de grâce, dès lors que cette contrition sera présente – qui par sa nature même « demande » voire exige la confession en sachant ce qu’elle vaut et est. (Mais jusque-là, je pourrais quand même avoir tort, cf. plus bas)
Le second est celui de qui ne peut pas « aller à confesse ».. Par conséquent les critères de salut ici se mesurent en fonction de son adhésion à la Révélation, ainsi que l’a défini Vatican II, et plus profondément cela (qui est parfois défini comme étant la charité) revient au repentir de ce qui en nous offense le bien, souvent manifesté davantage par le ferme propos qui en est la conséquence mais aussi partie prenante.
Je vous accorde néanmoins que d’un point de vue formel vous avez le droit de penser que je puisse avoir tort, car le concile de trente a déterminé que c’était ma contrition parfaite qui entraînait le pardon immédiat, et pour ne pas dévaloriser la confession elle a considéré que le désir de se confesser en était une partie prenante inhérente, ce qui est logique de la part d’un chrétien qui ne pourrait pas savoir s’il a atteint ou non cet état. Par ailleurs et de façon plus profonde, l’aveu fait partie de cet état d’amour (ne parlons pas de celui qu’on ne fait pas pour ne pas blesser, puisque Dieu sait tout !)
En revanche, la confession imparfaite exige la confession en plus pour que le pardon soit effectif. Alors, est-ce que le désir « en plus » de se confesser suffit pour qu’on soit pardonné ? Croyez-vous que Dieu puisse damner quelqu’un simplement parce qu’il n’aura pas eu l’occasion de se confesser ? On admet bien le baptême de désir, non ? Or si Dieu nous pardonnera, n’est-ce pas qu’il nous a déjà pardonné !
La distinction vaut en ce que Dieu suspend son pardon à la confession tant qu’on sera vivant, mais si on meurt avant d’avoir pu se confesser Jésus est bien prêtre (le seul vrai…) et se chargera de nous confesser lui-même !
Par ailleurs, en officialisant la possibilité d’être sauvé hors de l’Eglise et de ses sacrements, le concile Vatican II a fait avancer la supposition encore plus loin car il ne serait pas juste que là où un incroyant serait sauvé parce qu’il n’est pas baptisé, un baptisé ne le serait pas juste parce qu’il n’aura pas eu l’occasion de se confesser !
Bref, j’en conclus pour ma part que l’Eglise un jour déclarera que la contrition imparfaite avec le désir de se confesser, suffisent pour être sauvé pourvu que l’on n’évite pas délibérément de le faire ou par distraction… Même si certes on ne sera pas pardonné ici-bas et ne sera pas encore en état de grâce.
Ceci étant, ne croyez pas que j’en fasse peu de cas, car le Royaume de Dieu est déjà parmi nous, et ne pas être en état de grâce provoque de graves dommages…C’est pourquoi selon moi l’Eglise recule le moment de clarifier les choses.
Car Jésus a bien fait cette distinction dans les évangiles, à propos du péché contre l’Esprit, entre 2 « tribunaux » et cela ne compte pas pour des prunes… !
Ceci étant dit, je pense à l’inverse qu’un catholique pratiquant remplissant toutes les conditions officielles pour être en état de grâce, pourrait bien (je ne suis pas affirmatif, en tout cas pas dans tous les cas) finir damné car en réalité, il ne se repent pas secrètement d’un péché mortel ou contre l’Esprit Saint qu’il n’a jamais avoué en confession et pour cause : il ne veut pas en reconnaitre le caractère peccamineux et la définition en manque dans les 10 commandements qui ne sont pas assez précis (même en y ajoutant ceux de l’Eglise et du catéchisme). Ou il l’aura avoué mais sans un vrai repentir sincère – en général, il y aura des récidives cachées.
Cela n’est évidemment pas compatible avec une contrition parfaite.
Le pécheur catho ou pas se cache souvent ses péchés, ceux dont il souhaite pouvoir continuer à les faire comme à son insu… Il suffit de voir l’accueil qu’il fera ou donnera à qui les trouve et les débusque quand même, que ce soit volontaire ou non !
N'est-ce pas en accord avec Mathieu (7: 21-23) ?
Il me semble que l’on peut donc en venir à penser comme ceci sans grand danger, et qu’à défaut cela en conduit beaucoup à adhérer à des thèses comme celle de Mr Dumouch…
Last, but not the least, si j’avais tort, la position actuelle de l’Eglise à l’égard des divorcés remariés à qui elle refuse l’absolution, serait indigne, incohérente et inacceptable. L’Eglise affirme bien que le refus de l’absolution ne veut pas dire qu’ils ne pourront pas être sauvés !
Autrement dit, avec une contrition parfaite ou imparfaite, mais le désir de se confesser !
C’est aussi ce qui se cache souvent derrière le concept de for interne.
J'attends votre "retour" à ce long développement qui décrit une situation à laquelle je ne pensais pas, mais vous m'y avez fait penser.