Bonjour à chacun,
@Lucie1990
Lucie1990 a écrit : ↑mer. 17 août 2022, 14:03
Mais voilà " Qu'en pense l'église en communion avec le Pape"? Pour moi ça résonne un peu comme " cesser de penser par soi-même même et demander au pape comment on doit croire ". Et j'ai un peu de mal avec ça.
J’en suis désolé pour vous.
Je remercie Prodigal d’avoir mis en évidence diverses nuances éclairantes avec lesquelles il me semble que nous sommes d’accord, mais, hélas, je pense que vous avez bien compris ce que je voulais vous exprimer, mais que vous le ressentez comme un mal, de sorte que vous désirez le contraire.
Et vous avez raison de me répondre sous l’angle du ressenti et du désir, car c’est bien une question de goût ou d’amour. Même si c’est subjectif, ce que vous savez bien, je comprends que tant que vous aurez «
un peu de mal avec çà », vous resterez attirés par son contraire.
Comme moi et les autres intervenants, vous aimez bien sûr savoir et comprendre la vérité en toutes questions. Personne ne veut ni ne peut renoncer à sa raison. Il faut la chérir, l’entretenir et la développer autant que possible. C’est un outil indispensable à la compréhension mais aussi à la communication humaine.
À cet égard, personne ne peut ni ne veut renoncer à «
penser par soi-même ». Mais, chacun est assez intelligent pour comprendre par sa propre raison et ses propres pensées qu’il est très très limité et minuscule dans l’univers, que le maximum de connaissances et de qualités dans notre intelligence et dans notre raison est et sera toujours clairement et manifestement insuffisant pour en faire une source de certitude, de vérité, pour la connaissance de ce qui est vrai, juste et bon.
Vous le savez certainement, mais votre désir de «
penser par vous-même », indépendamment de toute autorité extérieure résiste néanmoins à l’idée d’une dépendance ou d’une soumission qui vous semble contraire à votre liberté intérieure, à une valeur essentielle pour un humain.
Vous ne croyez pas à une compatibilité entre, d’une part, votre liberté et vos désirs les plus profonds et, d’autre part, une vérité venue d’ailleurs et reçue, dès lors, comme une vérité imposée niant votre liberté.
Un catholique ne demande pas au Pape «
comment il doit croire ». Un catholique croit que l’Église en communion avec le Pape est le Corps indivisible du Christ qui enseigne la foi de manière fiable et authentique. Mais, les mots sont toujours limités et les compréhensions individuelles infiniment variées. Il reste un travail infini pour la raison, pour sonder la vérité à tous égards en communion avec tous les fidèles, mais sur ce rocher sûr qu’est la foi de l’Église mûrie et façonnée depuis deux mille ans par les Pères de l’Église et le Magistère.
Si «
penser par vous-même » vous fait préférer vos propres pensées à celles consolidées par la Tradition et le Magistère, si vous estimez que vos propres pensées ont une valeur ou une fiabilité supérieure, ce n’est pas nécessairement par orgueil et aveuglement. La faiblesse de chacun est trop manifeste pour lui-même.
Il me semble que c’est plutôt par désespérance et incrédulité. Comment un pauvre pécheur (c’est vrai pour chacun des papes qui se sont succédés), comment des humains remplis de faiblesses et pécheurs notoires pourraient-ils constituer ensemble une source fiable de vérité ? Vous préférez suivre vos propres pensées parce qu’au moins, elles vous sont familières et libres.
Et pourtant, c’est là la bonne nouvelle inouïe de l’Évangile. Dieu vient sauver des pécheurs et en faire des saints par lesquels il agit. C’est Lui notre garantie. Même au milieu des péchés et des blasphèmes, des fautes et des erreurs, Dieu établit son Église et assure la transmission authentique et fiable de l’Évangile, du salut qui nous sauve.
Ce n’est pas aux papes ou aux évêques réunis en Conciles que je crois. C’est au Christ agissant en eux parce que l’Église est son Corps indivisible.
Non, le Pape ne vous dit pas ce que vous
« devez » croire. Vous êtes libre. Mais, un jour, si vous ne savez plus quoi croire, peut-être vous souviendrez vous que le relativisme total des opinions individuelles infiniment variées et contradictoires n’est pas le seul chemin. L’Église est là. Celle du Christ fondée sur Pierre et sa succession. Et c'est une nouvelle magnifique et c'est une joie de la découvrir, et même une vraie libération intérieure. Une vérité qu'on est heureux de découvrir et non que l'on
« devrait » croire. Ce qui est vrai est vrai. Est-ce juste de le percevoir comme une obligation qui n'a de sens que devant un choix ?
Lucie1990 a écrit : ↑mer. 17 août 2022, 18:31
Mais ensuite il y a l'église orthodoxe (qui se réclame aussi être de " la juste doctrine ". Pourquoi l'église fondée par le Christ ne serait pas chez eux ?
Le Christ est partout où il est reçu. Mais, le successeur de Pierre est actuellement à Rome par une succession apostolique ininterrompue depuis deux mille ans.
Sous des modalités d’organisation qui ont évolué, les apôtres ont organisé sans interruption leur succession sous l’autorité de Pierre puis de ses successeurs. Ils ont commencé à le faire pour Judas, le premier disparu d’entre eux (Ac. 1, 15-26). Au décès de Pierre puis de chacun de ses successeurs (ou parfois après une démission), les successeurs des apôtres désignés par les Papes précédents pour assurer la succession ont procédé au remplacement sans discontinuité.
À un moment de l’histoire, les orthodoxes s’en sont écartés et ont rompu leur communion avec le Pape à Rome. Hélas. Mais, cela n’a pas changé, ni interrompu la succession apostolique, ni l’unité indivisible de l’Église. Là où est Pierre, là est l’Église.
@ Æoline
Æoline a écrit : ↑jeu. 18 août 2022, 2:52
Pour moi, comme le dit si bien Xavi, "qu'en pense l'Eglise en communion avec le Pape" c'est surtout un appel à apprendre à penser en tant que partie de ce grand organisme vivant qu'est le Corps du Christ. Tertullien le disait déjà, on ne peut pas être chrétien tout seul... L'apprentissage de ce que c'est que de former ensemble le Corps du Christ passe par là. Mais ce n'est pas pour autant une renonciation à l'usage de sa raison, loin de là. C'est peut-être beaucoup plus une hiérarchisation différente des priorités, avec une importance primordiale donnée à l'unité.
Je ne sais pas si d'autres ont fait la même expérience, mais je peux témoigner d'une chose : j'ai commencé à vraiment entrer dans la vie spirituelle quand mon énergie a cessé d'être monopolisée par la question de décider toute seule ce que je pouvais croire. Lorsque j'ai compris que je pouvais faire confiance à l'Eglise et m'appuyer sur elle, cela a dégagé un espace intérieur immense pour vivre une relation intime avec le Seigneur. Et au fond, y a-t-il quelque chose qui compte plus que cela dans une existence humaine?
Chère Æoline, vous êtes lumineuse ! Un immense merci pour vos réflexions magnifiques et justes que vous avez développé dans plusieurs messages et qui réjouissent le cœur.