Æoline a écrit : ↑mar. 09 août 2022, 15:33
Bonjour Cmoi, et désolée du retard de réponse ;
Je vous en remercie : vous nous aviez prévenus de votre indisponibilité.
Merci aussi pour votre honnêteté, et je dois vous dire que vous en accomplissez le conseil à merveille ; vos propos sont justes et précis, levant toute ambiguïté sur la doctrine catholique.
Je continue à penser qu’il fallait cet éventuel électrochoc, d’ailleurs la réaction de Lucie aurait pu être très différente.
Quelle que soit la religion chrétienne à laquelle chacun appartient, toute sa vie il se posera des questions et c’est ainsi que la foi progresse.
- Pour moi et en tant que catholique, la tentation de me reconnaître protestant répond généralement à moins de foi (pas de présence réelle, plus de sacrements, etc. ) mais pas toujours (et si nous avions tous reçu le pouvoir de célébrer ? N’y a-t-il pas une grâce surérogatoire, plus importante que celle des sacrements ! J’assimile à cette envie celle de ne plus prier que les personnes de la Trinité…)
Celle de devenir Orthodoxe à plus de foi et de spiritualité, de mysticisme, moins de rigidité.
Un des meilleurs antidotes à ces tentations, c’est de voir certaines réalités que ces « théories » ont produites : les églises protestantes sont tristes sans saints ni icônes, cacophonie de l’autorité, ils sont bien plus rigides que ne le laisse entendre leur supposée tolérance doctrinale, certains orthodoxes ont aussi des rigidités encore pires que les nôtres, etc.
Une doctrine identique pour tous, cela permet à chacun de l’aborder sous tous les angles possibles, donc une grande liberté, tandis que plusieurs options laissées à l’appréciation de chacun pour privilégier l’intimité avec Jésus (une de mes tentations) cause des préjudices à l’esprit et jusque dans la psychologie.
Toujours est-il que tout chrétien doit se positionner en être responsable, et chercher la vérité sans concession, tenir compte de ses convictions profondes et avoir une attitude honnête vis-à-vis de chaque religion.
Par exemple, ne pas prier les saints reste à mes yeux une attitude hautement possible et belle, mais pas exclusive. Je crois en la grâce surérogatoire (les charismes en font partie ! Ne pas y croire manque de réalisme… Il n’y a pas besoin que ce soit déjà un dogme. Avant que Vatican II ne le dise clairement, enfant je ne croyais pas que tous les non-baptisés iraient en enfer, par un simple sentiment de justice au fond de mon cœur et malgré l’enseignement reçu – qui gardait un certain flou, une gêne sur le sujet, un « blanc ».)
Bref, il y a en chacun une exigence de vérité qui le pousse et qui ne cesse de le conduire à plus de clarté, de compréhension, d’intelligence, et si les diverses doctrines existantes y incitent (ce qui peut être un bien ou un mal, je ne sais), les expériences de vie s’en chargent aussi.
Toujours est-il, à l’égard des religions, qu’elles répondent toutes à la nécessité de ne pas rester isolé, ce que toutes tiennent pour mauvais (rien à voir avec la vie d’ermite).
Nous devons néanmoins tenir la nôtre pour la référence absolue, et dès lors que nous décidons de tenir compte des autres non comme de possibles alternatives (ce serait nier la vérité qui ne peut qu’être une), mais comme il faut bien le dire d’autres postulantes à ce titre (puisqu’aucune n’accepte d’être « humaine » et donc perfectible, en recherche de mieux, défaillante sur le dogme : là est sans doute déjà le mal, de ne pas savoir mieux en définir le périmètre !) il me semble qu’il n’y a qu’une manière de les aborder (à supposer qu’on ne tienne pas cela pour une tentation, s’en remettant au jugement de Dieu si jamais on se trompait et préférant approfondir celle qui nous a été « donnée ») : les prendre telles qu’elles sont et pour ce qu’elles sont, les approfondir de façon objective et enthousiaste (intellectuellement et spirituellement) en oubliant ce qu'enseigne la nôtre (les comparaison doivent ne venir qu'ensuite) analyser les conséquences et les mécanismes, reconfigurer le paysage spirituel tel qu'il y est décrit et présenté, en mesurer les différences d’avec la nôtre et ce qu’elles signifient, pour au final « statuer » sur ce qui nous semble vraiment irréconciliable et choisir celle qui détiendrait la vérité (par défaut, la nôtre antérieure doit être privilégiée).
Ce qui nous oblige aussi à être impartial, à ne pas agir et nous décider en faveur de nos pulsions ou de nos intérêts (chic ! je vais pouvoir me remarier !), de nos goûts, ou pour effacer des sentiments désagréables, en réaction à tel fait ou comportement, et surtout d’avoir une « philosophie » intègre. Nos pensées souvent ne se construisent que pour défendre notre mode de vie : au lieu que ce dernier s’adapte à ce que nous savons être le bien, nous faisons des compromis.
Bref, si c’est notre conscience qui doit trancher et elle seule, précisément elle n’est pas « pure » et c’est aussi un exercice pour elle de purification.
Il me semble que trop de personnes se servent de la possibilité offerte de changer de religion, dans une optique différente – et il y en a beaucoup, d’optiques. Certaines diront que non, mais concrètement leur façon de procéder les désavoue.
Sur un fil comme celui-ci, il me semble inévitable de « mettre à plat » les différences dogmatiques entre les 2 religions, de ne pas les laisser à l’appréciation subjective de chacun, même si bien évidemment d’autres facteurs entrent pour une part non négligeable dans un choix sincère de conversion, Il n’en reste pas moins que nous semblons être plusieurs à considérer que c’est insuffisant, que les rapports vivants à établir et qui relèvent de la pratique ne peuvent être transmis qu’en live,
Le danger du live étant que la doctrine puisse passer au second plan, quand la démarche n’a rien d’acté officiellement. Reste alors une spiritualité vague bercée par plusieurs courants et qui ne permet aucune réelle progression spirituelle mais qui peut en donner l’illusion.
Je profite de l’occasion pour vous poser une question sur votre témoignage personnel : Y a-t-il quelque chose du protestantisme dont vous regrettez la disparition dans votre vie depuis que vous êtes catholique ?