Aimer ses ennemis

« Dieu leur donnera peut-être de se convertir et de connaître la vérité. » (2Tm 2.25)
Règles du forum
Forum de débats dialectiques entre personnes de bonne volonté autour de la religion chrétienne (catholicisme) et des objections formulées à son encontre

NB : L'attention des intervenants est particulièrement attirée sur la courtoisie et le respect ; les blasphèmes et provocations visant à blesser le sentiment religieux des lecteurs seront modérés ; les discussions inutilement polémiques seront verrouillées et leur initiateurs sanctionnés.
Ombiace
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2750
Inscription : dim. 24 août 2014, 14:38

Re: Aimer ses ennemis

Message non lu par Ombiace » mar. 04 oct. 2022, 18:47

Didyme a écrit :
sam. 01 oct. 2022, 19:33
Pour reprendre un ancien message sur le sujet :

Didyme a écrit :En ce qui concerne la haine, si on sort de l'aspect théorique et qu'on considère l'empirisme, force est de constater que lorsque l'on hait d'une haine vindicative un objet, on accorde à cet objet un pouvoir sur nous, il devient l'objet de notre attention, de notre intérêt et on se lie par la haine à cet objet. On se laisse enfermer par la haine à ce mal que l'on hait.
Quand je considère la Passion du Christ, le Christ qui est liberté ne s'est pas laissé enfermé dans le mal par la haine. Il n'a pas exprimé la moindre haine sur le chemin de la Passion.


C'est un peu la même dynamique que l'on peut trouver dans la démarche du pardon. Quand on refuse de pardonner, on ne peut se libérer du mal qu'on nous a fait.
On est pris dans une quête de justice, de réparation. Mais on s'y trouve piégé, pris dans une spirale dont on ne parvient pas à sortir. Comme chercher une issue dans une impasse. Et ça engendre de la colère.
Parce que dans la recherche de justice il y a comme une volonté que ce qui a été fait ne soit pas. Mais c’est vain, on ne peut pas faire que ce qui a été fait n’ai pas eu lieu. On ne peut pas changer, même si c’est difficile à accepter.
Il y a une recherche de réparation dans un désir de faire payer à l’autre pour le mal qu’il nous a fait. Mais si cela peut apaiser en surface, on retombe dans la même spirale car obtenir réparation, faire payer l’autre n’enlève en rien ce qui a été fait. On souffre et on transmet de la souffrance, ou comme dirait Denis Marquet « Tout le monde se défend », on transforme alors la souffrance en violence, mais la spirale n’est pas brisée car la souffrance demeure. Et ce qui a été fait n’a pas disparu.
On recherche une solution dans ce qui ne peut en donner.
C’est là peut-être que le pardon se fait nécessaire. Pas pour les autres mais pour soi. Pas pour justifier le mal qui a été fait mais pour ne plus laisser ce mal nous ronger et nous maintenir prisonnier, pour le laisser enfin derrière et avancer.
Le pardon c’est aussi une façon de repartir de l’avant, de laisser le passé derrière, de ne plus le laisser polluer le présent ni nous faire souffrir.
En fait, tant qu’on ne pardonne pas, l’autre continue de nous faire du mal. On veut faire payer le mal mais c’est le mal qui nous fait payer, encore et encore. Au lieu de s’autoriser à vivre, de se libérer du mal, on laisse ce mal poursuivre son œuvre, nous tourmenter, nous ronger.
Le pardon c’est rendre le mal impuissant, ne plus lui accorder comme une importance vitale à laquelle on s’accroche, mais lui donner ce qu’il vaut vraiment, « rien », du mépris, et s’en distancier, s’en détacher, s’en distinguer.
Je pardonne parce que ce mal ne « mérite » pas que je m’y consacre, ne mérite pas qu’on lui accorde une quelconque valeur.


Et là encore, je retrouve l'analogie dans la Passion, le Christ mort pour le pardon des péchés. Ou dit autrement pour réduire le mal à l'impuissance, vaincre le péché.
Merci de reprendre votre fil, Didyme. Si je vous comprends bien, on cherche à provoquer le bien chez autrui, en niant qu'il y ait eu malfaisance de sa part. Je suis d'accord, cela ne change pas les cartes

Ombiace
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2750
Inscription : dim. 24 août 2014, 14:38

Re: Aimer ses ennemis

Message non lu par Ombiace » mar. 04 oct. 2022, 19:03

aldebaran a écrit :
lun. 03 oct. 2022, 20:08
Bonjour Ombiace,
On va essayer que vous cheminiez un peu moins seul dans votre réflexion .
Bonsoir aldebaran.
Merci de votre démarche empathique.
Je vous laisse peut-être le sentiment d'être dans l'interprétation subjective. Je vous l'accorde!
Toutefois, ne sachant guère comment déchiffrer autrement les comportements, je ne retire pas mon propos
aldebaran a écrit :
lun. 03 oct. 2022, 20:08
J'ai peur de faire un contresens, il faudrait que vous explicitiez, notamment ce souci dont vous parlez.
Ne vous donnez pas cette peine, c'est de peu d'importance
aldebaran a écrit :
lun. 03 oct. 2022, 20:08
Idéalement, tous les chrétiens ne devraient pas être du monde, simplement dans le monde (et non retirés du monde). Mais la faiblesse et le péché sont là, beaucoup restent orientés vers la réussite humaine, la puissance, la bonne situation. Ce qui fait admirer et vouloir ressembler aux gens aux sommets, lesquels ne le sont pas toujours par des moyens très moraux.
Vous devez être plus jeune que moi, ce sont des réflexions que j'aurais pu avoir bien des années auparavant.
J'en suis venu à la conclusion qu'il faut d'abord s'occuper de sa propre pureté (..)
Je pense avoir fait le chemin inverse, ayant constaté que le cheminement solitaire de la pureté avait ses limites, lui aussi.. Du coup j'attends sans doute des autres ce qui n'est pas raisonnable d'attendre..

C'est bien possible!
En même temps, Notre Seigneur n'en attend-il pas beaucoup Lui-aussi ?

Avatar de l’utilisateur
Didyme
Senator
Senator
Messages : 949
Inscription : dim. 16 août 2009, 12:42
Conviction : Catholique

Re: Aimer ses ennemis

Message non lu par Didyme » mar. 04 oct. 2022, 23:53

Ombiace a écrit :
mar. 04 oct. 2022, 18:47
Merci de reprendre votre fil, Didyme. Si je vous comprends bien, on cherche à provoquer le bien chez autrui, en niant qu'il y ait eu malfaisance de sa part. Je suis d'accord, cela ne change pas les cartes
Non, il n'est pas question de nier le mal mais de se libérer de ce mal et de la haine. De court-circuiter si je puis dire la dynamique de la haine, son cercle vicieux. Et ceci par le pardon.
Le pardon ce n'est pas la négation du mal, ce n'est pas non plus laisser faire le mal mais c'est aussi ne pas se laisser enfermer dans ce mal. C'est renoncer à la vengeance. En plus de reconnaître l'égarement de la créature, qu'elle vaut plus que ses fautes.

Après je ne dis pas non plus que le pardon est facile, loin de là.

Lorsque Dieu pardonne les péchés, ça n'est pas qu'il considérerait que le mal n'est pas grave mais je pense que non seulement il fait la distinction entre la personne et son péché, mais aussi qu'il n'accorde aucune valeur au péché.
Quand je dis que le péché n'a pas de valeur, je ne dis pas qu'il n'est pas grave mais je dis qu'il n'a pas de valeur en soi, comme quelque chose digne d'estime, d'intérêt. Le péché est simplement désolant et méprisable.


L'exhortation à pardonner me semble aller dans ce sens, dans l'idée de ne pas se laisser dévorer, enfermer dans la haine, dans la vengeance. De ne pas se laisser atteindre par le péché. De ne pas entretenir, alimenter sa dynamique mais de l'enrayer, de casser sa puissance par le pardon.
C'est comme faire ricocher le péché sur soi, ou plutôt de le noyer dans l'amour, de l'y faire sombrer.
J'ai l'impression qu'il y a là-dedans quelque chose du mystère de l'enfer, enfouie en Dieu, dans l'amour.


Après, je ne sais pas si cela provoque nécessairement le bien chez autrui, peut-être est-ce désarmant. Peut-être est-ce désamorçant. Peut-être cela confronte-t-il la personne à son propre péché si personne en face ne le reçoit.
L'autre est un semblable.

Ombiace
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2750
Inscription : dim. 24 août 2014, 14:38

Re: Aimer ses ennemis

Message non lu par Ombiace » mer. 05 oct. 2022, 1:44

Didyme a écrit :
mar. 04 oct. 2022, 23:53
Ombiace a écrit :
mar. 04 oct. 2022, 18:47
Merci de reprendre votre fil, Didyme. Si je vous comprends bien, on cherche à provoquer le bien chez autrui, en niant qu'il y ait eu malfaisance de sa part. Je suis d'accord, cela ne change pas les cartes
Non, il n'est pas question de nier le mal mais de se libérer de ce mal et de la haine. De court-circuiter si je puis dire la dynamique de la haine, son cercle vicieux. Et ceci par le pardon.
Le pardon ce n'est pas la négation du mal, ce n'est pas non plus laisser faire le mal mais c'est aussi ne pas se laisser enfermer dans ce mal. (..)
Bonjour Didyme, j'avais bien compris cela.. Je ne prétendais qu'à retranscrire ce que j'avis compris de votre propre analyse de ce qui permet au péché de se pérenniser, en adoptant une forme "mutante" sans jamais se résorber :
Didyme a écrit :
sam. 01 oct. 2022, 19:33
Pour reprendre un ancien message sur le sujet :

Didyme a écrit :En ce qui concerne la haine, si on sort de l'aspect théorique et qu'on considère l'empirisme, force est de constater que lorsque l'on hait d'une haine vindicative un objet, on accorde à cet objet un pouvoir sur nous, il devient l'objet de notre attention, de notre intérêt et on se lie par la haine à cet objet. On se laisse enfermer par la haine à ce mal que l'on hait.
Quand je considère la Passion du Christ, le Christ qui est liberté ne s'est pas laissé enfermé dans le mal par la haine. Il n'a pas exprimé la moindre haine sur le chemin de la Passion.


C'est un peu la même dynamique que l'on peut trouver dans la démarche du pardon. Quand on refuse de pardonner, on ne peut se libérer du mal qu'on nous a fait.
On est pris dans une quête de justice, de réparation. Mais on s'y trouve piégé, pris dans une spirale dont on ne parvient pas à sortir. Comme chercher une issue dans une impasse. Et ça engendre de la colère.
Parce que dans la recherche de justice il y a comme une volonté que ce qui a été fait ne soit pas. Mais c’est vain, on ne peut pas faire que ce qui a été fait n’ai pas eu lieu. On ne peut pas changer, même si c’est difficile à accepter.
Il y a une recherche de réparation dans un désir de faire payer à l’autre pour le mal qu’il nous a fait. Mais si cela peut apaiser en surface, on retombe dans la même spirale car obtenir réparation, faire payer l’autre n’enlève en rien ce qui a été fait. On souffre et on transmet de la souffrance, ou comme dirait Denis Marquet « Tout le monde se défend », on transforme alors la souffrance en violence, mais la spirale n’est pas brisée car la souffrance demeure. Et ce qui a été fait n’a pas disparu.
On recherche une solution dans ce qui ne peut en donner.
C’est là peut-être que le pardon se fait nécessaire. Pas pour les autres mais pour soi. Pas pour justifier le mal qui a été fait mais pour ne plus laisser ce mal nous ronger et nous maintenir prisonnier, pour le laisser enfin derrière et avancer.
Le pardon c’est aussi une façon de repartir de l’avant, de laisser le passé derrière, de ne plus le laisser polluer le présent ni nous faire souffrir.
En fait, tant qu’on ne pardonne pas, l’autre continue de nous faire du mal. On veut faire payer le mal mais c’est le mal qui nous fait payer, encore et encore. Au lieu de s’autoriser à vivre, de se libérer du mal, on laisse ce mal poursuivre son œuvre, nous tourmenter, nous ronger.
Le pardon c’est rendre le mal impuissant, ne plus lui accorder comme une importance vitale à laquelle on s’accroche, mais lui donner ce qu’il vaut vraiment, « rien », du mépris, et s’en distancier, s’en détacher, s’en distinguer.
Je pardonne parce que ce mal ne « mérite » pas que je m’y consacre, ne mérite pas qu’on lui accorde une quelconque valeur.


Et là encore, je retrouve l'analogie dans la Passion, le Christ mort pour le pardon des péchés. Ou dit autrement pour réduire le mal à l'impuissance, vaincre le péché.
, lorsque qu'il n'y a pas véritable pardon.

Jolie apologie du pardon, en tout cas, que la vôtre.. :
Didyme a écrit :
mar. 04 oct. 2022, 23:53
Ombiace a écrit :
mar. 04 oct. 2022, 18:47
Merci de reprendre votre fil, Didyme. Si je vous comprends bien, on cherche à provoquer le bien chez autrui, en niant qu'il y ait eu malfaisance de sa part. Je suis d'accord, cela ne change pas les cartes
Non, il n'est pas question de nier le mal mais de se libérer de ce mal et de la haine. De court-circuiter si je puis dire la dynamique de la haine, son cercle vicieux. Et ceci par le pardon.
Le pardon ce n'est pas la négation du mal, ce n'est pas non plus laisser faire le mal mais c'est aussi ne pas se laisser enfermer dans ce mal. C'est renoncer à la vengeance. En plus de reconnaître l'égarement de la créature, qu'elle vaut plus que ses fautes.

Après je ne dis pas non plus que le pardon est facile, loin de là.

Lorsque Dieu pardonne les péchés, ça n'est pas qu'il considérerait que le mal n'est pas grave mais je pense que non seulement il fait la distinction entre la personne et son péché, mais aussi qu'il n'accorde aucune valeur au péché.
Quand je dis que le péché n'a pas de valeur, je ne dis pas qu'il n'est pas grave mais je dis qu'il n'a pas de valeur en soi, comme quelque chose digne d'estime, d'intérêt. Le péché est simplement désolant et méprisable.


L'exhortation à pardonner me semble aller dans ce sens, dans l'idée de ne pas se laisser dévorer, enfermer dans la haine, dans la vengeance. De ne pas se laisser atteindre par le péché. De ne pas entretenir, alimenter sa dynamique mais de l'enrayer, de casser sa puissance par le pardon.
C'est comme faire ricocher le péché sur soi, ou plutôt de le noyer dans l'amour, de l'y faire sombrer.
J'ai l'impression qu'il y a là-dedans quelque chose du mystère de l'enfer, enfouie en Dieu, dans l'amour.


Après, je ne sais pas si cela provoque nécessairement le bien chez autrui, peut-être est-ce désarmant. Peut-être est-ce désamorçant. Peut-être cela confronte-t-il la personne à son propre péché si personne en face ne le reçoit.

Avatar de l’utilisateur
Didyme
Senator
Senator
Messages : 949
Inscription : dim. 16 août 2009, 12:42
Conviction : Catholique

Re: Aimer ses ennemis

Message non lu par Didyme » mer. 05 oct. 2022, 10:40

D'accord, c'est moi qui vous avais mal compris alors ;) .
L'autre est un semblable.

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 100 invités