Bonsoir Gaudens,
Gaudens a écrit : ↑mar. 15 déc. 2020, 21:12
En efffet comme Carolus l’a noté dans sa dernière question, nos « premiers parents »,de quelque nom qu’on leur donne,eurent une relation avec Dieu .Une relation qui se détériora,comme on sait et qiui commença sans que se pose la question de la monolatrie,s’agissant d’un groupe très réduit(la question de savoir si autour de ce groupe existait ou non d’autres groupes ayant éventuellement commencé à développer une mono ou polylatrie est relativement sans intérêt dans cette optique).
Le christianisme, à travers la figure de Paul et, plus tardivement la communauté johannique, a conceptualisé la notion de "chute de l'humanité" pour mieux mettre en valeur l'œuvre de Jésus. Le judaïsme n'adopte pas cette vision, la preuve est attestée par la Bible elle-même : le récit du jardin d'Eden est entièrement autonome et ne présente pas de lien de cause à effet avec la suite de l'Ancien Testament. L'alliance avec Abraham n'a pas pour objectif de palier à l'expulsion du jardin d'Eden ni de recréer un nouvel Eden mais concerne l'élection d'un homme et de sa descendance, à savoir l'histoire d'Israël comme fil conducteur de l'Ancien Testament. On notera que les livres historiques et les prophètes sont muets sur le récit du jardin d'Eden, comme si ce dernier n'était qu'anecdotique ou que les auteurs n'en n'avaient pas eu connaissance.
Pour moi, la raison de ce mutisme est simple : le récit d'Adam et Eve, tout comme les onze premiers chapitres de la Genèse, n'ont pas d'autre vocation que de proposer une réflexion sur les origines de l'homme et du monde.
Les auteurs bibliques ont imaginé un état originel d'un premier couple dans l'intimité de Dieu pour expliquer ce qui constitue le fondement de notre nature et de notre condition humaine, interprétés comme la conséquence d'une série de désobéissances : pourquoi la connaissance du bien et du mal, le travail, la souffrance, les douleurs de l'accouchement, la mort, les langues, les nations, etc.
Le même mode de pensée est reproduit avec l'histoire d'Israël : l'effroi suscité par la déportation à Babylone a conduit les auteurs bibliques à développer une réflexion sur la cause de ce désastre. Ils ont donc réinterprété les invasions étrangères, l'effritement progressif d'Israël, sa partition en deux royaumes, la disparition du royaume du Nord, la déportation de Juda comme la conséquence d'une désobéissance au Dieu d'Israël.
À mon sens, cette conception de la faute de l'homme de la naissance de l'humanité jusqu'à l'histoire d'Israël jusqu'au 6ème siècle avant J. C. trouve sa source dans le choc de l'exil. Les rédacteurs ont transposé leur souffrance par une réflexion remontant jusqu'au point zéro en proposant un récit des origines strictement sur le même modèle de pensée :
- Dieu parmi d'Adam et Eve > désobéissance du couple > expulsion du jardin > Dieu est caché.
- Dieu au milieu de son peuple > désobéissance d'Israël > expulsion de la terre promise > Dieu est caché.
Vous l'aurez compris, je ne crois pas que l'homme ait vécu un jour dans la proximité de Dieu. Pas seulement parce que l'homme est le fruit de l'évolution. Aussi, car la finalité de la vie humaine est de cheminer vers Dieu et de l'aimer par la foi, et ce, de tout temps. Or, la foi est ce qui garantit l'exercice de la liberté de l'homme. Et cette pleine liberté est le seul chemin qui conduit à l'amour véritable.
Gaudens a écrit : ↑mar. 15 déc. 2020, 21:12
Dans le cas d’Abraham l’Ecriture ne dit rien de ses conceptions en la matière pour les temps ayant précédé ce que raconte la Genèse qui,elle, parle d’une relation exclusive sans que s’y perçoive l’ombre d’une autre divinité.Au fil du temps il est exact que la descendance d’Abraham se comporta au mieux de façon monolatrique - et encore pas toujours - jusqu’à l’époque des Prophètes sans doute.
L'étude attentive de la première partie de la Genèse montre que la connaissance de Dieu dans les récits de la création, du déluge et de l'histoire d'Abraham est beaucoup plus aboutie que dans le livre de l'Exode. Pas de monolâtrie ici mais bien le Seigneur Dieu qui a créé l'univers. Je ne nie pas qu'Abraham ait pu exister mais le récit dans sa forme finale est de composition tardive. Tout à fait logique puisque, comme je l'ai dit ci-dessus, il est une réflexion du temps de l'exil.
La notion d'alliance pour définir la relation de l'humanité avec Dieu provient pour moi également de l'exil car elle est le modèle parfait pour le justifier : une alliance comporte en effet des engagements réciproques et des sanctions en cas de manquement. Notamment la menace de l'exil qui est récurrente dans les livres historiques, en particulier le Deutéronome.
Gaudens a écrit : ↑mar. 15 déc. 2020, 21:12
Il y eut à la fois pédagogie divine si l’on accepte de lire l’Histoire Sainte comme une progression spirituelle inspirée par l’Esprit Saint et aussi certainement un effort continu de réflexion de la part de ceux qui guidaient le peuple hébreu.Mais d’un point de vue chrétien et si on maintient un minimum d’inspiration divine on ne peut tout limiter à la réflexion d’un ou de groupes de personnes.
Pour toutes les raisons évoquées dans ce message, je ne peux être réceptif à la notion de pédagogie divine.