L'ancien testament, ce livre très controversé

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Carolus » lun. 14 déc. 2020, 0:27

ademimo a écrit :
lun. 14 déc. 2020, 0:09
ademimo :

Si Dieu est l'Unique, il ne peut être le Dieu d'un seul peuple, mais celui de tous […]
Il n’y a qu’un SEUL DIEU, cher ademimo. :)
Gn 2, 15-16 Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde. Le Seigneur Dieu donna à l’homme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. »
Nos premiers parents Adam et Ève savaient déjà que DIEU est UNIQUE, n’est-ce pas ? :oui:

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Invité » lun. 14 déc. 2020, 21:48

Fée Violine a écrit :
dim. 13 déc. 2020, 23:43
Mais autant que je sache, les Hébreux n'ont jamais vénéré les phénomènes naturels !
Absolument. Je voulais dire que c'est grâce à la lumière d'Israël que l'humanité a suivi son chemin et cessé d'adorer des astres, de se créer des dieux pour les phénomènes naturels, etc. Ceci étant dit, Thomas Römer soutient l'idée selon laquelle YHWH était à l'origine un Dieu de l'orage.

Et Israël a passé son temps à s'éloigner de son Dieu pour servir les divinités des autres peuples. Je pense que cette tentation est l'illustration évidente que Dieu ne s'est pas révélé de manière aussi éclatante que la Bible ne le suggère... Le Dieu qui se cache d'Isaïe correspond certainement davantage à la réalité.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Fée Violine » lun. 14 déc. 2020, 23:42

cette tentation est l'illustration évidente que Dieu ne s'est pas révélé de manière aussi éclatante que la Bible ne le suggère...
Je ne trouve pas ça si évident.
Dieu est discret, certes, mais les prophètes ont pu s'adresser au peuple en insistant lourdement, les gens ont pu comprendre très bien et être d'accord, et ensuite changer d'avis. Là c'est la légèreté humaine qui est en jeu.
Mais bon, on s'éloigne un peu du sujet...

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par ademimo » mar. 15 déc. 2020, 2:02

Invité a écrit :
lun. 14 déc. 2020, 21:48
Fée Violine a écrit :
dim. 13 déc. 2020, 23:43
Mais autant que je sache, les Hébreux n'ont jamais vénéré les phénomènes naturels !
Absolument. Je voulais dire que c'est grâce à la lumière d'Israël que l'humanité a suivi son chemin et cessé d'adorer des astres, de se créer des dieux pour les phénomènes naturels, etc. Ceci étant dit, Thomas Römer soutient l'idée selon laquelle YHWH était à l'origine un Dieu de l'orage.

Et Israël a passé son temps à s'éloigner de son Dieu pour servir les divinités des autres peuples. Je pense que cette tentation est l'illustration évidente que Dieu ne s'est pas révélé de manière aussi éclatante que la Bible ne le suggère... Le Dieu qui se cache d'Isaïe correspond certainement davantage à la réalité.
Ce qui le rapprocherait de Zeus/Jupiter, le dieu de la foudre. On peut établir un autre parallèle sachant qu'étymologiquement, Jupiter signifie "Zeus le père" ou "Dieu le père", le mot "dieu" étant d'ailleurs construit sur la même étymologie que Zeus.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Carolus » mar. 15 déc. 2020, 3:25

ademimo a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 2:02
ademimo :

Ce qui le rapprocherait de Zeus/Jupiter, le dieu de la foudre. On peut établir un autre parallèle sachant qu'étymologiquement, Jupiter signifie "Zeus le père" ou "Dieu le père", le mot "dieu" étant d'ailleurs construit sur la même étymologie que Zeus.
Le Dieu d’Abraham est le Créateur de l’Univers, cher ademimo. :)
Gn 1, 1 AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre.
« Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible … » (Credo : symbole de Nicée). 🙏

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Fée Violine » mar. 15 déc. 2020, 8:58

ademimo a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 2:02
étymologiquement, Jupiter signifie "Zeus le père" ou "Dieu le père", le mot "dieu" étant d'ailleurs construit sur la même étymologie que Zeus.
Et que le mot latin "dies", le jour.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Suliko » mar. 15 déc. 2020, 16:03

Fée Violine a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 8:58
ademimo a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 2:02
étymologiquement, Jupiter signifie "Zeus le père" ou "Dieu le père", le mot "dieu" étant d'ailleurs construit sur la même étymologie que Zeus.
Et que le mot latin "dies", le jour.
Ce qui est étonnant, c'est que c'est le mot Zeus qui est étymologiquement lié au mot Dieu, et non pas le grec theos !
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Gaudens » mar. 15 déc. 2020, 21:12

Bonsoir Ademimo,Invité et les autres.

D’accord avec vous sur l’erreur consistant à figer la Bible et à y voir une Parole directe de Dieu ou à peu près à la façon en effet des Protestants des XVI et XVIIè siècles ( et encore aujourd’hui des fondamentalistes) ou des Musulmans avec le Coran supposé incréé.
Du reste parler de « la Bible » à propos des Saintes Ecritures est une sorte de raccourci puisqu’en grec on les appelait « Biblion »(les livres) un peu comme l’acronyme hébreu Tanakh (pour résumer la Loi ,les Prophètes et les autres Ecrits. Bref, plutôt que de parler de « la nature révélée » de la Bible,il vaudrait mieux parler de la nature biblique de la Révélation, ce qui n’est pas la même chose.

Pour la Tradition chrétienne,les Ecritures sont le fruit de deux démarches parallèles – mais qui se rejoignent non à l’infini mais dans le Christ Lui-même,l’une verticale venant de Dieu et descendant vers l’homme et l’autre à la fois verticale (montant vers Dieu) et horizontale (l’homme dans son histoire particulière) ,incarnée dans la démarche hébraique :une histoire d’Alliance.En efffet comme Carolus l’a noté dans sa dernière question, nos « premiers parents »,de quelque nom qu’on leur donne,eurent une relation avec Dieu .Une relation qui se détériora,comme on sait et qiui commença sans que se pose la question de la monolatrie,s’agissant d’un groupe très réduit(la question de savoir si autour de ce groupe existait ou non d’autres groupes ayant éventuellement commencé à développer une mono ou polylatrie est relativement sans intérêt dans cette optique).Dans le cas d’Abraham l’Ecriture ne dit rien de ses conceptions en la matière pour les temps ayant précédé ce que raconte la Genèse qui,elle, parle d’une relation exclusive sans que s’y perçoive l’ombre d’une autre divinité.Au fil du temps il est exact que la descendance d’Abraham se comporta au mieux de façon monolatrique - et encore pas toujours - jusqu’à l’époque des Prophètes sans doute.
Il y eut à la fois pédagogie divine si l’on accepte de lire l’Histoire Sainte comme une progression spirituelle inspirée par l’Esprit Saint et aussi certainement un effort continu de réflexion de la part de ceux qui guidaient le peuple hébreu.Mais d’un point de vue chrétien et si on maintient un minimum d’inspiration divine on ne peut tout limiter à la réflexion d’un ou de groupes de personnes.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par ademimo » mar. 15 déc. 2020, 21:57

Suliko a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 16:03
Fée Violine a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 8:58

Et que le mot latin "dies", le jour.
Ce qui est étonnant, c'est que c'est le mot Zeus qui est étymologiquement lié au mot Dieu, et non pas le grec theos !

Je me demande si les deux étymologies ne seraient pas étroitement mêlées, entre le terme indo-européen signifiant "emplacement", puis "lieu sacré, temple", à l'origine de "theos", et un terme très voisin signifiant à la fois "ciel" et "jour", à l'origine de "Zeus". Je ne me suis pas plongé dans la question, mais je crois me souvenir que le "temple" à l'origine est un espace mentalement tracé dans le ciel où l'on observait (ou "contemplait") les signes célestes, fastes ou néfastes. L'édification matérielle du temple avait pour premier objet de délimiter ce plan d'observation en direction du ciel. C'est peut-être pour cela que les temples préhistorique sont parfois comparés à des "observatoires", en raison de leur dispositif spécialement adapté à l'observation de phénomènes astronomiques.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par ademimo » mar. 15 déc. 2020, 22:17

Gaudens a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 21:12
Bonsoir Ademimo,Invité et les autres.

D’accord avec vous sur l’erreur consistant à figer la Bible et à y voir une Parole directe de Dieu ou à peu près à la façon en effet des Protestants des XVI et XVIIè siècles ( et encore aujourd’hui des fondamentalistes) ou des Musulmans avec le Coran supposé incréé.
Du reste parler de « la Bible » à propos des Saintes Ecritures est une sorte de raccourci puisqu’en grec on les appelait « Biblion »(les livres) un peu comme l’acronyme hébreu Tanakh (pour résumer la Loi ,les Prophètes et les autres Ecrits. Bref, plutôt que de parler de « la nature révélée » de la Bible,il vaudrait mieux parler de la nature biblique de la Révélation, ce qui n’est pas la même chose.

Pour la Tradition chrétienne,les Ecritures sont le fruit de deux démarches parallèles – mais qui se rejoignent non à l’infini mais dans le Christ Lui-même,l’une verticale venant de Dieu et descendant vers l’homme et l’autre à la fois verticale (montant vers Dieu) et horizontale (l’homme dans son histoire particulière) ,incarnée dans la démarche hébraique :une histoire d’Alliance.En efffet comme Carolus l’a noté dans sa dernière question, nos « premiers parents »,de quelque nom qu’on leur donne,eurent une relation avec Dieu .Une relation qui se détériora,comme on sait et qiui commença sans que se pose la question de la monolatrie,s’agissant d’un groupe très réduit(la question de savoir si autour de ce groupe existait ou non d’autres groupes ayant éventuellement commencé à développer une mono ou polylatrie est relativement sans intérêt dans cette optique).Dans le cas d’Abraham l’Ecriture ne dit rien de ses conceptions en la matière pour les temps ayant précédé ce que raconte la Genèse qui,elle, parle d’une relation exclusive sans que s’y perçoive l’ombre d’une autre divinité.Au fil du temps il est exact que la descendance d’Abraham se comporta au mieux de façon monolatrique - et encore pas toujours - jusqu’à l’époque des Prophètes sans doute.
Il y eut à la fois pédagogie divine si l’on accepte de lire l’Histoire Sainte comme une progression spirituelle inspirée par l’Esprit Saint et aussi certainement un effort continu de réflexion de la part de ceux qui guidaient le peuple hébreu.Mais d’un point de vue chrétien et si on maintient un minimum d’inspiration divine on ne peut tout limiter à la réflexion d’un ou de groupes de personnes.
J'ajoute une petite chose à laquelle je tiens beaucoup : le Christ n'a rien écrit, ni n'a dicté ni transmis aucun écrit. À la seule exception de quelques mots tracés sur le sol, ce qui a peut-être une signification très importante. Et pendant plusieurs décennies, les chrétiens n'ont ressenti aucun besoin d'une Bible, ou de "livres", si on veut. En fin de compte, les premiers "livres" ont été les épîtres de Paul, qui avaient d'ailleurs sans doute une importance à la fois pratique et théologique, car on peut dire que Paul est le premier théologien de l'Église. Il est le premier à se soucier de fixer un cadre magistériel. Et ses épîtres n'ont alors aucune prétention à former la "Parole de Dieu".

Ensuite se mettent à circuler des évangiles cherchant à établir, chacun, la bonne version des faits, au moment où les chrétiens se dispersent en différentes "communautés" plus ou moins antagonistes. C'est alors que Paul prend conscience de la nécessité d'un évangile officiel, et charge son secrétaire Luc de "mener son enquête", et on comprend qu'il avait accès à un témoin de choix qui était la Vierge Marie. Pierre, à Rome disposait de son propre évangile, dû à son secrétaire Marc, que la tradition nomme aussi Jean, à peu près calqué sur celui de Mathieu qui, lui, avait fondé une communauté en Afrique du Nord (je dis ça de mémoire). Dans la foulée, Luc nous écrit l'histoire du début de la communauté chrétienne, et des périples de son maître Paul.

On arrive à la fin du 1er siècle, lorsque Jean, qui avait sa propre communauté en Asie, nous livre sa vision toute personnelle. C'est probablement chez lui qu'émerge l'idée d'un "livre saint", ayant statut de Parole de Dieu, tant ses deux livres paraphrasent la Genèse, et certaines visions des Prophètes de l'Ancien Testament, dans une perspective de grande récapitulation. Or, les écrits johanniques ne se sont pas imposés tout de suite dans toute l'Église. Rejetés par de nombreuses églises, ils ont mis des siècles à être acceptés.

Tout cela pour dire que l'idée du "livre saint" n'a fait qu'émerger très lentement, peut-être à partir de Jean à la fin du premier siècle, et n'était sans doute pas dans l'esprit du Christ qui, face aux scribes qui invoquaient la Loi, s'était assis un jour par terre pour y tracer un texte invisible, peut-être pour signifier que le seul et véritable "livre saint" où écrit le doigt de Dieu ne se lit pas sur un rouleau de parchemin.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Suliko » mar. 15 déc. 2020, 23:15

Je me demande si les deux étymologies ne seraient pas étroitement mêlées
Je n'ai jamais rien lu de tel. L'étymologie indo-européenne de Zeus renvoie à une racine signifiant "briller", tandis que l'étymologie de theos renvoie à une racine signifiant "souffle, esprit".
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Message non lu par Invité » mar. 15 déc. 2020, 23:38

Bonsoir Gaudens,
Gaudens a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 21:12
En efffet comme Carolus l’a noté dans sa dernière question, nos « premiers parents »,de quelque nom qu’on leur donne,eurent une relation avec Dieu .Une relation qui se détériora,comme on sait et qiui commença sans que se pose la question de la monolatrie,s’agissant d’un groupe très réduit(la question de savoir si autour de ce groupe existait ou non d’autres groupes ayant éventuellement commencé à développer une mono ou polylatrie est relativement sans intérêt dans cette optique).
Le christianisme, à travers la figure de Paul et, plus tardivement la communauté johannique, a conceptualisé la notion de "chute de l'humanité" pour mieux mettre en valeur l'œuvre de Jésus. Le judaïsme n'adopte pas cette vision, la preuve est attestée par la Bible elle-même : le récit du jardin d'Eden est entièrement autonome et ne présente pas de lien de cause à effet avec la suite de l'Ancien Testament. L'alliance avec Abraham n'a pas pour objectif de palier à l'expulsion du jardin d'Eden ni de recréer un nouvel Eden mais concerne l'élection d'un homme et de sa descendance, à savoir l'histoire d'Israël comme fil conducteur de l'Ancien Testament. On notera que les livres historiques et les prophètes sont muets sur le récit du jardin d'Eden, comme si ce dernier n'était qu'anecdotique ou que les auteurs n'en n'avaient pas eu connaissance.

Pour moi, la raison de ce mutisme est simple : le récit d'Adam et Eve, tout comme les onze premiers chapitres de la Genèse, n'ont pas d'autre vocation que de proposer une réflexion sur les origines de l'homme et du monde.

Les auteurs bibliques ont imaginé un état originel d'un premier couple dans l'intimité de Dieu pour expliquer ce qui constitue le fondement de notre nature et de notre condition humaine, interprétés comme la conséquence d'une série de désobéissances : pourquoi la connaissance du bien et du mal, le travail, la souffrance, les douleurs de l'accouchement, la mort, les langues, les nations, etc.

Le même mode de pensée est reproduit avec l'histoire d'Israël : l'effroi suscité par la déportation à Babylone a conduit les auteurs bibliques à développer une réflexion sur la cause de ce désastre. Ils ont donc réinterprété les invasions étrangères, l'effritement progressif d'Israël, sa partition en deux royaumes, la disparition du royaume du Nord, la déportation de Juda comme la conséquence d'une désobéissance au Dieu d'Israël.

À mon sens, cette conception de la faute de l'homme de la naissance de l'humanité jusqu'à l'histoire d'Israël jusqu'au 6ème siècle avant J. C. trouve sa source dans le choc de l'exil. Les rédacteurs ont transposé leur souffrance par une réflexion remontant jusqu'au point zéro en proposant un récit des origines strictement sur le même modèle de pensée :

- Dieu parmi d'Adam et Eve > désobéissance du couple > expulsion du jardin > Dieu est caché.

- Dieu au milieu de son peuple > désobéissance d'Israël > expulsion de la terre promise > Dieu est caché.

Vous l'aurez compris, je ne crois pas que l'homme ait vécu un jour dans la proximité de Dieu. Pas seulement parce que l'homme est le fruit de l'évolution. Aussi, car la finalité de la vie humaine est de cheminer vers Dieu et de l'aimer par la foi, et ce, de tout temps. Or, la foi est ce qui garantit l'exercice de la liberté de l'homme. Et cette pleine liberté est le seul chemin qui conduit à l'amour véritable.
Gaudens a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 21:12
Dans le cas d’Abraham l’Ecriture ne dit rien de ses conceptions en la matière pour les temps ayant précédé ce que raconte la Genèse qui,elle, parle d’une relation exclusive sans que s’y perçoive l’ombre d’une autre divinité.Au fil du temps il est exact que la descendance d’Abraham se comporta au mieux de façon monolatrique - et encore pas toujours - jusqu’à l’époque des Prophètes sans doute.

L'étude attentive de la première partie de la Genèse montre que la connaissance de Dieu dans les récits de la création, du déluge et de l'histoire d'Abraham est beaucoup plus aboutie que dans le livre de l'Exode. Pas de monolâtrie ici mais bien le Seigneur Dieu qui a créé l'univers. Je ne nie pas qu'Abraham ait pu exister mais le récit dans sa forme finale est de composition tardive. Tout à fait logique puisque, comme je l'ai dit ci-dessus, il est une réflexion du temps de l'exil.

La notion d'alliance pour définir la relation de l'humanité avec Dieu provient pour moi également de l'exil car elle est le modèle parfait pour le justifier : une alliance comporte en effet des engagements réciproques et des sanctions en cas de manquement. Notamment la menace de l'exil qui est récurrente dans les livres historiques, en particulier le Deutéronome.
Gaudens a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 21:12
Il y eut à la fois pédagogie divine si l’on accepte de lire l’Histoire Sainte comme une progression spirituelle inspirée par l’Esprit Saint et aussi certainement un effort continu de réflexion de la part de ceux qui guidaient le peuple hébreu.Mais d’un point de vue chrétien et si on maintient un minimum d’inspiration divine on ne peut tout limiter à la réflexion d’un ou de groupes de personnes.
Pour toutes les raisons évoquées dans ce message, je ne peux être réceptif à la notion de pédagogie divine.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Fée Violine » mer. 16 déc. 2020, 0:25

ademimo a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 21:57
Suliko a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 16:03
Ce qui est étonnant, c'est que c'est le mot Zeus qui est étymologiquement lié au mot Dieu, et non pas le grec theos !

Je me demande si les deux étymologies ne seraient pas étroitement mêlées, entre le terme indo-européen signifiant "emplacement", puis "lieu sacré, temple", à l'origine de "theos", et un terme très voisin signifiant à la fois "ciel" et "jour", à l'origine de "Zeus". Je ne me suis pas plongé dans la question, mais je crois me souvenir que le "temple" à l'origine est un espace mentalement tracé dans le ciel où l'on observait (ou "contemplait") les signes célestes, fastes ou néfastes. L'édification matérielle du temple avait pour premier objet de délimiter ce plan d'observation en direction du ciel. C'est peut-être pour cela que les temples préhistorique sont parfois comparés à des "observatoires", en raison de leur dispositif spécialement adapté à l'observation de phénomènes astronomiques.
Oui, le temple est un espace découpé, de la racine "tem" qu'on retrouve dans "tome" (une fraction de livre) ou dans les termes médicaux finissant par "tomie" (idée de couper). Le temple est d'abord un espace délimité, sacré, qui n'a été construit que bien plus tard.
Rien à voir avec théos, dont l'origine, selon le dictionnaire Bailly, est obscure (on suppose une ancienne forme thésos, ce qui ne nous éclaire pas beaucoup).

Rien à voir non plus avec la racine indo-européenne "di" (la lumière du jour).

Pour répondre à la remarque de Suliko, je dirais que la notion de dieu (théos) est plus générale, plus vaste que celle de Zeus.
Zeus n'est qu'une divinité parmi d'autres.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par ademimo » mer. 16 déc. 2020, 1:15

Suliko a écrit :
mar. 15 déc. 2020, 23:15
Je me demande si les deux étymologies ne seraient pas étroitement mêlées
Je n'ai jamais rien lu de tel. L'étymologie indo-européenne de Zeus renvoie à une racine signifiant "briller", tandis que l'étymologie de theos renvoie à une racine signifiant "souffle, esprit".
Vous avez sûrement raison, Suliko.

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Re: L'ancien testament, ce livre très controversé

Message non lu par Gaudens » mer. 16 déc. 2020, 17:23

Bonjour Invité.
Je reviens sur quelques uns des points évoqués dans votre réponse d’hier soir à mon précédent message.Il y en a d’autres pour lesquels soit je serais à peu près d’accord(l’absence vraisemblable d’une figure de « Parole de Dieu » exprimée par des livres saints pour les premières générations chrétiennes) soit sur lesquels il serait souhaitable de revenir ultérieurement.
Le fond de votre perception des questions qui nous agitent ici est que tout serait à trouver selon vous dans les écrits (ce qui est bien un peu contradictoire,je trouve, avec votre constatation de départ que je partage quelque peu) .Or tout n’est pas dans les Livres,même bibliques.
Depuis au moins les temps mosaiques,coexista en Israel Loi écrite et loi orale , en résumé l’Ecriture et la Tradition ,comme l’Eglise elle-même n’aura jamais cessé de le percevoir.Votre affirmation selon laquelle la séquence du Jardin d’Eden n’aurait eu aucun écho, aucune suite,aucune conséquence dans l’histoire d’Israel ne vaudrait que si vous prouviez qu’il en fut de même dans la Tradition orale,la Loi orale.Evidemment cette recherche est par nature difficile mais par exemple le Talmud est une piste possible.Je n’ai certes jamais lu celui-ci mais je crois bien savoir que de tout temps les rabbins se sont remémorés les « parashas » concernant Adam et Eve et la chute ,éventuellement en en rajoutant quelque peu d’ailleurs.
De même votre conception de l’ »alliance » me parait réductrice
, donc fautive.L’Alliance entre Dieu et l’humanité ne relève pas d’une alliance entre Etats distincts et plus ou moins égaux avec des mécanismes de contrôle, de ré-examen, des sanctions et des pénalités,etc… Il s’agit plutôt d’une alliance amoureuse tout au plus comparable à celle de deux époux s’échangeant leurs …alliances .Alliance au demeurant totalement disproportionnée entre un Tout -Puissant et un être minuscule perdu dans un petit (mais merveilleux) coin de l’Univers ,présence mystérieuse au sein de celui-ci , explicable seulement par la nature aimante d’un Dieu Communication en lui-même .
Et le thème de l’alliance revient dans l’Histoire sainte comme un fil conducteur : « L’histoire sainte sacerdotale a justement pour fil conducteur ce renouvellement des alliances qui, d’une étape à l’autre ,concerne la seule descendance d’Abraham ; alliance sinaitique,qui concerne le seul peuple d’Israel l’autre,scande le dessein de salut :alliance noachique,universelle ;alliance patriarcale(Genèse 17) qui …On peut compléter cette perspective par la nouvelle alliance ,telle que l’annonce par avance Ezéchiel,prophète sacerdotal (Ez,37,26) »(source :Pierre Grelot,Sens chrétien de l’Ancien Testament, citant G.von Rad et O.Prokosch, Desclée 1962).

Votre reproche d’absence de « lien de cause à effet » entre les Livres de la Bible m’apparait donc vain si l’arrière plan est constamment présent bien qu’explicitement tu dans les textes écrits :sans chutes successives il n’y aurait guère eu besoin d’alliances successives ,jusqu’à l’Alliance parfaite et définitive en Jésus-Christ :telle est la foi constante des Pères et celle de l’Eglise depuis toujours.

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