Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

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Xavi
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Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Xavi » jeu. 20 juil. 2017, 11:27

Je viens d’avoir un échange de lettres avec un vieil ami pasteur protestant évangélique.

Ce 17 juillet, après un échange de réflexions sur diverses divergences entre protestants et catholiques, il m’a écrit :

Évidemment il y a beaucoup à dire … Finalement cela revient à la source d'autorité : pour nous c'est l'écriture seule alors que pour toi c'est l'écriture plus la tradition plus tout ce que l'Église catholique a pensé au fil des siècles y compris la notion du Pape comme successeur de Pierre que tu mentionnes dans ton mail…
En tout cas comme tu dis si bien notre union en Christ et notre amour fraternel demeurent au travers de ces différences quoi qu'elles paraissent parfois très importantes et je te souhaite de continuer à aimer le Seigneur et à œuvrer pour lui pour le salut des âmes et pour la gloire de notre Sauveur…


Cela m’a donné l’occasion de revenir sur le principe protestant du Sola Scriptura en lui écrivant ceci :

Je me réjouis toujours de pouvoir échanger avec toi et j’ai bien sûr observé tes multiples références au catéchisme catholique que tu consultes certainement souvent. C’est le meilleur ouvrage possible pour comprendre la foi catholique. Je connais aussi tes multiples contacts avec des catholiques et cela ne peut que contribuer à mûrir ta réflexion.

Malgré les désaccords, tu manifestes beaucoup d’affection et d’attention, et tu situes exactement le nœud des difficultés lorsque tu me réponds : « Finalement cela revient à la source d'autorité : pour nous c'est l'écriture seule alors que pour toi c'est l'écriture plus la tradition ».

Je ne peux que te confirmer que je ne suis pas d’accord lorsque tu affirmes (contre l’évidence !) que « pour nous c’est l’écriture seule ». Ce n’est pas vrai parce que c’est contraire à la réalité : la Parole de Dieu nous parvient par et avec une tradition. C’est un fait.

L’écriture « seule », « sans la tradition » : cela n’existe pas. La Parole de Dieu a été écrite par des hommes, avec une langue d’homme (l’hébreu ou le grec) et des modes d’expression d’une époque antique (la culture juive principalement) dans un contexte historique de référence qui n’est plus le nôtre. La Parole de Dieu ne parvient pas uniquement et directement à notre esprit, mais elle est comprise et expliquée par l’intermédiaire de notre cerveau.

Même si l’Esprit Saint nous inspire et nous conduit, c’est ton cerveau humain qui a rédigé, composé et expliqué tout ce que tu écris …, exactement comme le cerveau de chaque auteur biblique l’a fait pour chaque texte de l’Ecriture même s’il était inspiré par Dieu lui-même d’une manière lui permettant d’exprimer la parole de Dieu.

De même que le Christ est vrai Dieu et vrai homme de manière indivisible, la Parole de Dieu écrite qu’est la Bible est aussi vraiment divine que vraiment humaine. Il est impossible de distinguer ou de séparer, dans la Bible, la Parole de Dieu de la parole humaine qui l’a écrite, faite de mots humains, d’une langue humaine, d’une culture humaine, en utilisant une modalité de fonctionnement du cerveau terrestre humain (la capacité de recevoir et de comprendre un texte écrit) qui ne nous donne accès à ce texte que par la lecture ou l’audition (qui sont des facultés humaines) et par la compréhension (qui est aussi une faculté humaine).

Un texte qui ne peut pas être lu ou entendu et qui ne peut pas être compris est semblable à un texte mort pour son destinataire.

La parole de Dieu est un texte qui nous est donné par l’intermédiaire de la compréhension de l’humain qui le reçoit.

L’écriture « seule » cela n’a aucun sens et cela n’existe pas. Une écriture, c’est indivisiblement un message écrit par quelqu’un « et » compris par un autre. Une écriture ou une parole c’est toujours deux personnes : celui qui parle (ou écrit) et celui qui écoute et comprend.

Donc, ni pour toi, ni pour aucun protestant, ni pour personne, il n’est possible d’affirmer que l’autorité c’est l’Ecriture « seule » : c’est impossible. C’est seulement une astuce fausse pour cacher une partie de la réalité. La vérité, c’est qu’à défaut d’Eglise, lorsque tu écris « pour nous c’est l’écriture seule », cela signifie en réalité : c’est « l’écriture et ma pensée (l’autorité suprême de ma conscience individuelle) et/ou une tradition protestante évangélique », mais en cachant une partie de cette réalité.

La Parole de Dieu nous parvient uniquement par et avec une tradition. Si ce n’est pas celle de l’Eglise fondée par le Christ, c’est inévitablement la pensée individuelle et la compréhension particulière de l’individu qui lit ou de sa tradition religieuse particulière.

Celui qui dit : je crois en l’écriture « seule », croit, en réalité, à l’écriture « et » à sa propre pensée, dans un mélange où sa propre pensée est par nature et inévitablement dominante par rapport à la pensée de l’autre d’où provient le texte. Il devient pour lui-même le pape de sa propre foi.

Le principe de l’Ecriture « seule » n’est qu’un refoulement qui cache la vérité de l’autorité réelle qui est reconnue. Cette autorité véritablement reconnue ce n’est pas la parole de Dieu, mais c’est la pensée de l’homme qui lit et comprend. En cela, le principe Sola scriptura est faux en ce qu’il donne, en réalité, l’autorité suprême à la conscience de l’individu qui lit, en cachant, par un mensonge par omission, que ce principe remplace l’autorité de Dieu qui parle par la libre interprétation de celui qui lit.

Et, pire encore, celui qui lit de cette manière ne distingue plus sa propre pensée de celle de Dieu. Il confond la parole de Dieu avec la compréhension de sa propre pensée et finit par la considérer comme la pensée de Dieu lui-même. L'assistance de l'Esprit Saint n'y change rien car c'est toujours un humain pécheur qui l'accueille plus ou moins dans ses pensées.

Tu vas penser néanmoins que le catholique à tort parce qu’il « ajoute » la tradition à la Parole de Dieu et parce qu’il attribue ainsi une même autorité à des paroles d’hommes.

Cette pensée ne comprend pas correctement la foi catholique.

La Bible est la Parole de Dieu. La Tradition est faite de paroles d’hommes. Donc, tu as raison : la Bible a une autorité absolument supérieure et aucun enseignement du Pape n’est une parole de Dieu. La Bible et la Tradition, cela ne veut pas dire que la tradition des hommes a la même autorité que la parole de Dieu.

Mais, et c’est là ton problème, je dois ici te répéter que la Bible ne nous parvient et ne peut être comprise que « par » et « avec » une tradition humaine. Sans l’Eglise fondée par le Christ sur Pierre et ses successeurs, la Bible n’est plus reçue et comprise que par une myriade de traditions particulières plongeant les croyants dans un relativisme général sur toute la révélation qui se retrouve perdue dans une foule d’interprétations et de compréhensions particulières entre lesquelles il ne reste que des consciences individuelles, se retrouvant, chacune, seule et incapable de comprendre de manière certaine, sauf à attribuer par un orgueil fou à sa propre conscience personnelle une capacité suffisante pour discerner le vrai du faux dans les innombrables querelles théologiques des compréhensions différentes.

La tradition catholique n’ajoute rien à la révélation. Comme toi, nous croyons que la révélation par la Bible, la Parole de Dieu, est complète et clôturée. Il n’y a rien à y ajouter. Mais, tout reste à comprendre.

Car, entre les mille pages de la Bible, et les milliards de pages de nos vies et de nos pensées qui se succèdent dans l’histoire depuis déjà plus de deux mille ans, la révélation reste à comprendre et à être reçue. L’Eglise du Christ nous aide sans cesse à comprendre, au cœur des questions soulevées à chaque époque, comment pouvoir entendre et comprendre la Parole de Dieu en communion au corps du Christ.

Car ce n’est pas à une existence et à une compréhension individuelles qui nous sommes appelés, ce n’est pas à une connaissance « seul » que nous sommes invités. Adam et Eve ont voulu s’emparer de la connaissance et ils en sont morts.

Nous recevons vraiment la Parole de Dieu en communion avec les autres membres du corps du Christ. Cette communion est réalisée par l’Esprit Saint dans le corps du Christ qu’est l’Eglise. La Parole de Dieu et la tradition de l’Eglise sont indivisibles. La tradition ne s’ajoute pas à la Parole de Dieu, elle est seulement le moyen par lequel la Parole nous parvient et peut être comprise. C’est un fait à reconnaître. Ce n’est pas un choix. Gardée et inspirée à l’Eglise par l’Esprit Saint, cette tradition nous permet de bien comprendre la parole de Dieu, en communion avec le Christ et avec tous les membres de son corps, et nous préserve de nous perdre dans le labyrinthe des interprétations particulières.

Celui qui l’ignore ne fait, hélas, que s’attribuer à sa propre conscience l’autorité suprême qu’il prétend attribuer à la seule parole de Dieu.

En réaction, mon ami protestant m’a répondu ce qui suit :

Je suis content de te lire lorsque tu dis certaines choses avec lesquelles je suis complètement d'accord. Tu dis par exemple que la Bible a une autorité absolument supérieure et que la Bible est une révélation clôturée et cela est un fondement important.

Cependant tes idées selon laquelle l’Ecriture ne peut pas être la seule source d'autorité à cause de l’inévitabilité de la comprendre et de l'interpréter par un individu ou une communauté me semblent manquer d’objectivité. Quand nous disons que la Bible est la seule autorité nous voulons dire qu'elle seule possède une autorité objective et immuable ; elle est donc en dernier recours la source finale de toute question à propos de la doctrine ou de la morale chrétienne.

Je suis d'accord que nous interprétons et comprenons la Bible toujours de manière imparfaite. D'autant plus alors avons-nous besoin d'une Parole de Dieu objective immuable qui garde l’autorité finale devant toute question.

Je suis aussi d'accord avec toi que nous lisons évidemment la Bible dans le cadre d'une tradition mais cela ne veut pas dire que notre façon traditionnelle de voir l'enseignement biblique est elle-même l’autorité. Toutes nos idées sont finalement soumises à examen devant la parole objective de Dieu.

Quand tu dis que nous recevons la Parole de Dieu en communion avec les autres membres du corps de Christ je suis d'accord avec toi et je pense que je fais partie de ce corps de Christ universel avec l’ensemble de tous les autres rachetés nés de nouveau dans le monde quelle que soit leur appartenance ecclésiologique.

Un dernier point que j'aimerais mentionner est celui où tu dis que chacun pense que sa propre pensée est la Parole de Dieu. Je dirais plutôt que chacun assume la responsabilité pour ses propres croyances à la lumière objective de la Parole de Dieu. En tant qu'enseignant j'ai la responsabilité d'assumer autant que faire se peut la responsabilité de traduire correctement le sens exact de la Bible et pour cela j'ai besoin d'aide des autres enseignants dans l'église qui connaissent Jésus et qui sont spécialistes dans la compréhension et l'enseignement de l'écriture. Mais toujours en fin de compte chaque croyant est responsable de ses propres croyances devant la Bible.


Cela m’a permis de développer en réponse les réflexions suivantes :

A l’écoute de la même et unique Parole de Dieu dont l’autorité s’impose aux dirigeants de l’Eglise autant qu’à tous les chrétiens, l’équilibre et la tension qui peuvent exister concrètement dans la compréhension et l’interprétation de l’Ecriture, entre l’autorité de la tradition de l’Eglise et l’autorité de la conscience individuelle, sont à considérer avec des nuances délicates qui demandent une attention et une prudence incessantes qui se soustraient souvent aux limites trop définies ou aux affirmations trop précises.

Tu écris, de manière exacte, que « Quand nous disons que la Bible est la seule autorité nous voulons dire qu'elle seule possède une autorité objective et immuable » ou encore que c’est la référence ultime et prépondérante (la « source finale » ou l’« autorité finale »), pour toute question « à propos de la doctrine ou de la morale chrétienne ».

Ici, le dialogue avance bien. Nous étions déjà d’accord pour constater que la Bible est la Parole de Dieu alors que l’enseignement des dirigeants de l’Eglise n’est qu’une parole d’hommes (donc, bien sûr, avec une autorité « objective » évidemment inférieure car on ne peut mettre au même niveau la parole de Dieu et des paroles d’hommes). D’accord aussi pour constater que la révélation est clôturée. La révélation est « complète » dans la parole de Dieu.

Mais, entre une autorité « objective et immuable » (ce sont des mots justes que tu utilises) et un enseignement concret au peuple de Dieu pour indiquer ce qui est réellement dit par la Bible, ce qui doit être compris dans la Bible, par rapport à des questions théologiques, eschatologiques ou autres, tu écris aussi de manière exacte : « Je suis d'accord que nous interprétons et comprenons la Bible toujours de manière imparfaite » et « je suis aussi d'accord avec toi que nous lisons évidemment la Bible dans le cadre d'une tradition ».

Ce double accord sur la faiblesse personnelle de la compréhension « imparfaite » de chaque chrétien et sur le fait que nous lisons « dans le cadre d’une tradition », « en communion avec les autres membres du corps de Christ », est un vrai rapprochement pour la compréhension mutuelle entre nous.

Tu es bien sûr membre du corps du Christ, même d’un point de vue catholique.

Ta réponse attentive permet de mieux préciser la différence qui subsiste au-delà des accords que nous pouvons constater.

Car, la portée et l’application concrètes de ces accords ne sont pas les mêmes pour tous.

Comment lire et comprendre la Bible « en communion avec les autres membres du corps de Christ » ? Il n’y a guère de problème pour les nombreuses convictions essentielles partagées par tous les chrétiens qui ont été reprises dans les Credos des anciens conciles.

Mais, pour toutes les autres questions où des opinions divergentes s’expriment parmi les chrétiens et qui sont souvent d’une grande importance pour la foi et le salut, comment départager les multiples opinions différentes, qui souvent sont transmises dans diverses traditions religieuses particulières (chaque dénomination a une doctrine plus ou moins étendue précisant dans un sens particulier diverses questions discutées entre les dénominations), entre lesquelles il n’y a pas d’autorité concrète reconnue pour trancher les différentes interprétations ou compréhensions de la Parole de Dieu qui est l’autorité « objective et immuable » ?

Il me semble qu’il faut admettre qu’il n’y a que deux possibilités.

La première possibilité, qui a ta préférence, c’est de considérer que, pour connaître la vérité sur ces questions, chacun n’a plus que sa conscience individuelle pour décider, sur la base de son « examen devant la parole objective de Dieu », de la vérité d’une interprétation de la Bible sur un point par rapport à une autre ou pour adhérer à un ensemble d’interprétations proposées par une tradition religieuse.

Ainsi, « chaque croyant est responsable de ses propres croyances devant la Bible ».

Mais, malgré ta formation de pasteur, ta longue expérience et tes nombreuses connaissances, tu reconnais que tu ne peux le faire que « de manière imparfaite » et qu’en outre, « pour cela j'ai besoin d'aide des autres enseignants dans l'église qui connaissent Jésus et qui sont spécialistes dans la compréhension et l'enseignement de l'écriture ».

C’est une mission et une responsabilité impossibles pour tous les petits dans l’Eglise.

Et même pour toi ou les personnes les mieux formées théologiquement et bibliquement, il n’est pas possible de prétendre pouvoir trancher des controverses et dire avec certitude le vrai au nom de Dieu. Chacun ne peut oublier qu’il est imparfait. Il ne reste alors qu’un relativisme profond : chacun a sa conviction, mais tous sont imparfaits et personne ne peut vraiment savoir si son interprétation est bonne ou mauvaise sur aucune question discutée.

La seule alternative, c’est la conviction catholique que, selon la Parole de Dieu (et, en particulier, l’institution des apôtres, les paroles de Jésus à Pierre et la succession apostolique), Jésus a lui-même établi une institution qui demeure sous la protection de l’Esprit Saint pour assurer dans son Eglise une interprétation authentique « qui ne défaille pas » pour l’essentiel par rapport à la foi et au salut.

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par gerardh » jeu. 20 juil. 2017, 23:02

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Bonjour,

Mon plus grand étonnement est, sauf erreur, que ce dialogue ne mentionne en aucune façon l'action du Saint Esprit dans la compréhension de l'Ecriture.


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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Xavi » ven. 21 juil. 2017, 10:09

Peut-être un manque d'attention à ce dialogue lorsqu'il rappelle que " L'assistance de l'Esprit Saint n'y change rien car c'est toujours un humain pécheur qui l'accueille plus ou moins dans ses pensées" ? Mais, c'est vrai que c'est long à lire...

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par gerardh » ven. 21 juil. 2017, 10:41

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Bonjour,

Nous sommes tous faits d'argile, et par nos insuffisances le Saint Esprit peut être attristé, contristé ou éteint. Malgré cela il est suffisant pour guider le croyant dans la compréhension des Ecritures, et son rôle ne doit pas donc être minimisé. Jésus a dit aux disciples (et pas seulement aux apôtres : quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera. (Jean 16, 13-15).

Aussi : "il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Ecritures" (Luc 24, 45)

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Héraclius » ven. 21 juil. 2017, 13:58

Reste à expliquer pourquoi, cher Gérard, un fils de luthérien confessant se mettant à l'écoute de l'esprit saint en vient quasi-systématiquement à croire en la présence réelle, alors qu'un fils de baptiste la rejettera avec pas moins de dévotion et d'écoute. ;)


Le fait est que si l'esprit saint avait une action direct sur le laïc se mettant humblement à l'écoute de l'Ecriture, comme le professent les protestants conservateurs, alors on devrait voir plus de conversions spontanées aux dénominations enseignant une position particulière.

Or, les fervents luthériens restent luthériens, et les fervents baptistes restent baptistes.
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par gerardh » ven. 21 juil. 2017, 14:13

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Cher Héraclius,

Vous supposez que deux personnes supposées "se mettre à l'écoute de l'Esprit Saint" en viennent à des conclusions doctrinales différentes et même opposées. Or cela ne peut pas être, et cela veut dire qu'au moins l'une des deux n'est pas à l'écoute de l'Esprit Saint quelque soit la bonne volonté éventuelle de cette personne.

Par ailleurs la Parole n'est pas réservée aux ecclésiastiques. Même le Pape le dit. Quant aux conversions spontanées ou non, elles ne sont pas assez nombreuses, et cela est dû non pas à des problèmes d'interprétation des Ecritures mais à la méchanceté du cœur humain. Et ce n'est pas un certificat de baptême qui pourra résoudre ce problème.


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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Alizee » ven. 21 juil. 2017, 14:29

Il y a deux explications à cela, Héraclius (enfin, moi j'en vois deux):
1/ si vous croyez en la présence réelle en tant que luthérien et même le dites, vous n'allez déranger personne. On ne vous fera pas de reproche. On parle parfois de cosubstantiation chez les Luthériens.
2/ croire en la présence réelle est une chose fondamentale, nécessaire, mais non suffisante pour se convertir vers une autre confession. Il y aussi "tout le reste" si je puis dire qui ne repose pas forcément sur la Bible (ex. l'Assomption si on parle d'une conversion vers le catholicisme).

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Théodore » ven. 21 juil. 2017, 14:38

Et s'ils sont vraiment très fervents ils deviendront catholiques, croyez-en mon expérience ;)

Bon dialogue, soit dit en passant. Le Sola Scriptura est un château de cartes, et les quelques tentatives protestantes de réintroduire une autorité traditionnelle qui soit tout de même soumise à l'Ecriture se brisent sur le problème de l'interprétation personnelle.
Unam peti a Domino, hanc requiram,
Ut inhabitem in domo Domini omnibus diebus vitae meae.
Ut videam voluptatem Domini, et visitem templum eius.


Psaume XXVI, verset 7-8.

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Frédo MB38 » ven. 21 juil. 2017, 20:40

Bonjour à toutes et tous.

Avant toute chose, je précise que je suis protestant. Je me définis comme un « évangélique historique », c'est à dire à la foi de ce que l'on appelait les Églises évangéliques avant les vagues américaines, pentecôtistes et crypto-libérales. En gros, le protestantisme historique, attachés au Sola Scriptura, avec cette particularité de rejeter toute alliance avec l'État, même à l'époque du Concordat.

Dans la théologie protestante, il ne s'agit absolument pas de nier l'existence d'une tradition ni d'un magistère. Il est question de dire que c'est « par l'Écriture seule » (Sola Scriptura, à l'ablatif) que nous connaissons la Vérité, et que rien ne doit en être retranché ni y être ajouté. En revanche, une tradition et un magistère ont leur place dans les enseignements tant des Réformateurs des seizième et dix-septième siècles que des Revivalistes du dix-neuvième.

En revanche, sachant que « tradition » veut dire « transmission, don à travers les âges », aucune activité humaine ne peut se passer de tradition, et certainement pas la foi ! Calvin, Luther, Wesley et les Revivalistes, comme les théologiens « évangéliques historiques » aujourd'hui, puisent largement dans la patristique, par exemple, pour comprendre l'Écriture. Cela ne signifie absolument pas que leurs écrit font autorité, en tout cas pas plus que la prédication du pasteur du coin dimanche dernier. Il faut examiner toute chose et retenir ce qui est bon (I Thessaloniciens 5:21). Mais quel gâchis ce serait de s'en priver !! Calvin cite abondamment Augustin d'Hippone dans L'Institution chrétienne, par exemple ; sans tout retenir, loin s'en faut ! Enseigner l'Écriture en se privant de deux mille ans de réflexion n'est pas conforme aux principes fondateurs du protestantisme, et en contradiction flagrante avec l'Écriture, qui nous enseigne d'être à l'écoute des Anciens (Ésaïe 58:12, II Timothée 3:15 etc... etc... etc...).

Quant au magistère, on ne peut pas nier que le Seigneur a fondé l'Église en lui donnant des ministres, et que le Nouveau Testament ne nous montre pas l'exemple d'Églises locales dénuées de tout contact les unes avec les autres. Il s'agit donc bien d'une communauté où des personnes exercent une autorité ; une autorité humble, relative, entre pairs, mais une autorité. L'ecclésiologie des Réformateurs était très hiérarchique, celles des Revivalistes un peu moins, mais congrégationalisme strict, qui prône l'indépendance totale de chaque assemblée locale, en tout cas sa généralisation dans les milieux évangéliques, est récent. Je suis pour ma part un adversaire féroce de ce système, que je dénonce avec véhémence comme anti-biblique. C'est principalement ce qui m'a conduit à mettre un terme à mon ministère pastorale en janvier dernier.

Contre les « illuminés » (sic) de son temps, qui prétendaient comprendre seuls les Écritures sous prétexte d'avoir l'Esprit-Saint, bien sûr en meilleure part que les copains, Calvin disait « Quel est cet esprit qu'ils nous rotent ? » dénonçant un esprit qui vient de ventre, du petit nombril de chaque prédicateur auto-proclamé.

Je me permets de placer ici un extrait d'un livre qui devrait être publié dans quelques jours. L'extrait en question fait partie d'un commentaire de II Pierre 1:20 à 2:3.


La serve interprétation

« Tout protestant fut pape, une bible à la main », Boileau a-t-il écrit. C'est l'image que beaucoup de catholiques romains ont du pro­testantisme : chacun y aurait le droit d'interpréter la Bible à sa guise, donc de bâtir les doctrines qui lui font plaisir. Ce reproche est exagéré. Ce ne sont pas tous les protestants qui agissent de la sorte, grâce à Dieu ! Toutefois, au dix-neuvième siècle, le protestantisme libéral a in­venté le principe de « libre interprétation », que les Réformateurs au­raient refusé avec vigueur : Calvin, Luther, Wesley ont beaucoup in­sisté sur l'autorité de l’Église en matière d'interprétation de l’Écriture. Sans doute auraient-ils rétorqué en parlant de « serve interprétation », c'est à dire d'une interprétation soumise à l’Église, elle-même dirigée par des ministres aux compétences éprouvées.

Au vingtième siècle, ce principe libéral de libre interprétation de l’Écriture a été largement adopté par le protestantisme dit « évangé­lique » et actuellement on trouve tout à fait normal que tout un chacun puisse lire et interpréter à la Bible à sa façon sans référence à l’Église ni aux ministères. Pourtant le texte que nous venons de lire est sans ambiguïté : la doctrine de la libre interprétation n'est pas biblique. L’Écriture ne doit pas être l'objet d'interprétations privées, affirme Pierre. On ne peut pas, chacun dans son salon ou dans sa cuisine, faire sa propre tambouille et décider de ce qui est vrai ou non.

Le subjectivisme

La société actuelle voudrait que tout soit subjectif, même la véri­té. Tout doit être centré sur l'être humain. La morale doit être sinon évacuée du moins centrée sur le bon plaisir de l'être humain. Les lois de la société, de même, doivent être dictées par le souci d'éprouver du plaisir. Les religions traditionnelles, qui enseignent que la loi de Dieu est au dessus des lois humaines, sont évincées au profit de prétendues spiritualités humanistes. Ainsi, de nouvelles théologies, qui nient l'existence du péché en tant qu'offense à Dieu, décident au nom de l'épanouissement humain ce qui est permis ou pas. Nous en avons eu tout récemment une tragique illustration avec l'acceptation du « mariage » gay par le « protestantisme » libéral.

Une autre prétendue spiritualité centrée sur l'être humain, le Nouvel-Âge (ou New Age), prétend que chacun d'entre nous doit créer sa propre réalité, qu'il n'y a pas de vérité absolu. Selon cette conception, tout est relatif. La vérité est subjective, c'est à dire qu'elle vient de moi, je suis la source de ma propre vérité. Le Nouvel-Âge insiste sur l'expérience : il ne s'agit pas de croire, mais de savoir, de ressentir. Selon cette conception, est vrai non pas ce qui m'est révélé par Dieu mais ce que je ressens.

Il est tragique de constater que cette conception de la vérité a largement pollué la chrétienté. De plus en plus de chrétiens pré­tendent baser leur foi sur l'expérience. On veut ressentir Dieu, faire l'expérience de la présence de Dieu avec les sens. On ne cherche plus Dieu dans sa Parole mais dans l'intuition, les signes et les pro­phéties à bon marché. L'affirmation selon laquelle la Bible est la Pa­role de Dieu n'a plus la cote. Cette démarche a entre autres consé­quences funestes que lorsque l'on base sa foi sur une expérience sensorielle et que cette expérience ne se renouvelle pas, on perd la foi.

Une Révélation objective

Ce que Pierre nous dit dans le texte que nous venons de lire, c'est que la vérité est objective, extérieure à nous-mêmes. Elle vient d'En-Haut, elle nous transcende. Nous ne sommes pas propriétaires de la vérité, elle ne dépend pas de nous et nous n'avons pas à en décider. La vérité vient de Dieu et elle demeure la « chose de Dieu ».

Certes l’Écriture nous invite aussi à faire l’expérience subjective de la vérité. Il est écrit notamment « Sentez et voyez combien l’Éternel est bon ». Nous constatons la présence et l'amour de Dieu par son action dans nos vies, par la paix qu'il met dans nos cœurs ; mais comment saurions-nous que Jésus est mort pour nos péchés si cela ne nous était pas révélé par l’Écriture ? Il n'y a pas d'authentique expérience spirituelle sans préalable doctrinal.

Bien entendu, le christianisme scripturaire est expérimental ; il s'agit d'avoir une foi vivante, de la mettre en pratique et d'en voir les fruits. Pour autant, il n'est pas question de la vider de son contenu doctrinal. La vie chrétienne a pour point de départ un événement inté­rieur, la conversion suivie de la régénération qui permet de faire l'ex­périence concrète de l'action divine. Cependant, le christianisme n'en est pas moins une vérité objective. Une spiritualité authentique sans fondement doctrinal clair et éprouvé, cela n'existe pas. Nul ne peut se permettre de remettre en cause les vérités objectives contenues dans la Bible. La liberté de disposer à notre guise de la Parole de Dieu n'existe pas. La vérité est extérieure à nous-mêmes. Toute spiritualité authentique est fondée sur la Révélation objective contenue dans l’Écriture.

Quand on aime quelqu'un, on l'aime pour ce qu'il nous donne à connaître de lui. On ne peut pas aimer quelqu'un qu'on ne connaît pas, qui ne se révèle pas. L'amitié naît d'une connivence, d'une com­plicité qui n'est possible que si l'autre se dévoile. Il en va de même avec Dieu. L'amour est un sentiment subjectif qui naît d'une révélation objective, qu'il s'agisse des relations humaines ou de notre relation avec Dieu.

Qui peut interpréter l’Écriture ?

Le Saint-Esprit sert de prétexte au subjectivisme. De nombreux chrétiens ou prétendus tels tiennent pour vraies des choses qu'il leur aurait été donné de comprendre ou de savoir par le Saint-Esprit. Dans le même ordre d'idées, on entend souvent dire que c'est le Saint-Es­prit qui nous permet d'interpréter l’Écriture. Or, on ne trouve cette affir­mation nulle part dans l’Écriture. De plus, si l'on prenait mille per­sonnes qui prétendent toutes interpréter l’Écriture seules dans leur coin avec le seul secours du Saint-Esprit, gageons que l'on se retrou­verait avec matière à créer mille dénominations totalement différentes les unes des autres ; d'où l'état du protestantisme.

Mais alors, qui a le droit d'interpréter l’Écriture ? Je ne suis bien sûr pas en train de dire que l'on doit recevoir l'interprétation de l’Écriture d'une hiérarchie dont il faudrait accepter les enseignements sans réfléchir. La première source d'interprétation de l’Écriture c'est l’Écriture elle-même. L’Écriture est cohérente parce que Dieu est co­hérent. Un texte biblique obscur est rapidement éclairé lorsqu'il est lu dans son contexte littéraire et historique, et plus largement dans le contexte de toute la Bible.

Je crois aussi que pour la comprendre, il faut lire la Bible dans le seul but de connaître Dieu et se dépouiller de tout désir de confirmer les croyances qui nous son chères. Les interprétations particulières dont parle Pierre sont un piège qui nous menace tous. Je pense que la plupart des chrétiens ont envie que l’Église dans laquelle ils se sentent bien soit dans la vérité et ont tendance à lire la Bible de façon à en confirmer les doctrines. Il y a aussi des vérités qui dérangent et qui nous poussent à tordre le sens des Écritures.

Pour être rendus capables de mettre la parole de Dieu en œuvre dans nos vies (et sans chercher à bâtir de nouvelles doctrines) il faut aussi lire la Bible en pleine communion avec son auteur : l'Esprit-Saint ; et pour être en communion avec l'Esprit-Saint, il faut être per­sévérant dans la sanctification. Le péché obscurcit nos cœurs et notre capacité à comprendre Dieu et sa Parole.

Je crois que la question de l'interprétation de l’Écriture est, dans une large mesure, un faux problème. Si nos cœurs étaient pleinement disposés à aimer Dieu et sa parole, si nous étions sans cesse remplis de l'Esprit et en communion avec Dieu, si notre priorité était de connaître Dieu et si nous marchions fidèlement dans la sanctification, nous n'aurions pas tant besoin d'interpréter la Révélation biblique que de la recevoir. C'est le péché qui rend nécessaire l'interprétation.

L’Église et les ministères

Il demeure que Dieu n'a pas adressé à tous une vocation de théologien. La Bible nous dit que l’Église doit être conduite par des anciens aptes à l'enseignement. Paul appelle les anciens « pasteurs et docteurs », ce qui pourrait se traduire aussi par « bergers et enseignants ». Dieu donne à l’Église des ministres qui ont pour fonction de la conduire et de la protéger par l'enseignement. Je crois que les chrétiens doivent étudier la Bible dans le cadre de l’Église locale, sous la houlette de ministres dont les compétences ont été éprouvées. L'enseignement biblique relatif à l'organisation de l’Église et aux ministères tord un peu plus le cou à la fausse doctrine de la libre interprétation.

Les faux docteurs

Pierre nous met en garde contre les faux docteurs. Il déclare à ses lecteurs qu'il y a, au présent, de faux prophètes (c'est à dire des gens qui prétendent parler au nom de Dieu mais qui ne parlent qu'en leur nom propre) et de faux docteurs (c'est à dire de faux enseignants) qui introduiront, au futur, des hérésies. Il y avait donc déjà à l'époque apostolique des hérésiarques prêts à sévir. Il est également question sous la plume de Pierre de cupidité et d'exploitation ; ces faux doc­teurs se reconnaissent donc notamment par leur amour de l'argent.

Le moins que l'on puisse dire est que notre époque n'est pas mieux lotie. Un nombre incalculable de fausses doctrines circulent et on les laisse se développer sous prétexte d'unité, ce qui est fort paradoxal : pour ne pas diviser « le corps », on laisse s'épanouir des doctrines plus farfelues et plus nocives les unes que les autres. On s'attaque impunément aux fondements de la foi et en particularité à ceux que nous venons d'évoquer : la souveraineté de l’Écriture, l’Église et les ministères.

(...)

On ne compte plus les livres, les sites et les vidéos sur Internet demandant aux chrétiens de se détacher de l’Écriture pour suivre des fausses doctrines et des fausses prophéties, ce que Pierre appelle des « hérésies de perdition ». Il annonce aussi que la voie de la vérité sera calomniée à cause de ces gens...

Pierre nous donne aussi un indice pour reconnaître les faux doc­teurs : leur cupidité. Ici on pense immédiatement au prétendu « évan­gile de la prospérité ». Lorsque vous êtes attirés par les enseigne­ments d'un prédicateur à la mode dans les librairies, sur Internet ou sur les chaînes de télévision par satellite, une bonne piste pour savoir s'il est de bonne foi ou non est de chercher à en savoir plus sur son patrimoine. Si vous découvrez que cette personne vit dans une maison qui vaut plusieurs millions de dollars et qu'elle se déplace dans un jet semblable à ceux utilisés par les émirs du pétrole, passez à autre chose : vous avez affaire à un faux prophète. Il n'y a pas de vertu dans la misère, mais vivre dans une telle opulence dans un monde qui crève de faim, c'est bien la preuve que la charité chré­tienne la plus élémentaire est absente et que l'objectif de ces per­sonnes n'est pas de faire avancer le Royaume de Dieu.
C'est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus (Apocalypse 14:12)

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Xavi » ven. 21 juil. 2017, 22:13

C’est bien de procéder longuement à divers constats et de rappeler l’importance de la tradition ainsi que les dangers du subjectivisme, mais quelle solitude de n’avoir que sa propre conscience individuelle pour trancher les controverses innombrables qui subsistent entre des théologiens de haut niveau qui tous ont bénéficié de l’Esprit Saint sans pouvoir cependant s’accorder !

En fin de compte, sans le magistère de l’Eglise et l’assistance de l’Esprit Saint qui lui est assurée par le Christ pour que la foi de Pierre « ne défaille pas », la libre interprétation reste inévitable en dehors de l’Eglise catholique, ainsi que l’incertitude qui en résulte pour chacun en présence des nombreuses interprétations contradictoires sur beaucoup de points importants pour la foi, même si chaque chrétien peut, en conscience et en espérant suivre l’Esprit Saint, choisir de suivre tel ou tel maître chrétien, telle ou telle tradition.

Mais, sans l'autorité du Magistère du Pape et de tous les successeurs de Pierre qui l'ont précédé, chaque chrétien reste seul avec ses propres pensées comme seule autorité déterminante.

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Alizee » ven. 21 juil. 2017, 22:30

Xavi
Je souscris totalement à ce que vous dites. Une des raisons qui explique que j'ai quitté le protestantisme.

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Frédo MB38 » ven. 21 juil. 2017, 22:43

Xavi a écrit :
ven. 21 juil. 2017, 22:13
...quelle solitude de n’avoir que sa propre conscience individuelle pour trancher les controverses...
Trancher les innombrables controverses théologiques, ce n'est pas mon propos.
Et je n'ai pas que ma propre conscience individuelle pour trancher : j'ai l'Écriture, la tradition et le magistère au sens protestant de ces termes, et l'Esprit-Saint.
Se référer à sa seule jugeote est contraire aux principes fondateurs du protestantisme ; mais j'ai été assez long la dessus plus haut, je ne vais pas remettre ça ! :exclamation:

Alizee a écrit :
ven. 21 juil. 2017, 22:30
Xavi
Je souscris totalement à ce que vous dites. Une des raisons qui explique que j'ai quitté le protestantisme.
Je sais pour ma part pourquoi j'ai quitté le catholicisme ! Mais là n'est pas la question.
C'est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus (Apocalypse 14:12)

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Xavi » sam. 22 juil. 2017, 11:10

Bonjour Fredo,

Vous écrivez :
Frédo MB38 a écrit :
ven. 21 juil. 2017, 22:43
je n'ai pas que ma propre conscience individuelle pour trancher : j'ai l'Écriture, la tradition et le magistère au sens protestant de ces termes, et l'Esprit-Saint.
Se référer à sa seule jugeote est contraire aux principes fondateurs du protestantisme ; mais j'ai été assez long la dessus plus haut, je ne vais pas remettre ça !
Je ne comprends pas comment vous parvenez à écrire cela sans ressentir vous-même que la réalité concrète vous contredit.

Vous avez « l'Écriture, la tradition et le magistère au sens protestant de ces termes, et l'Esprit-Saint ». C’est vrai.

Mais, comment parvenez-vous à nier que vous n’avez « que » votre propre conscience individuelle pour trancher toute controverse subsistant entre des chrétiens ?

Seule votre propre conscience vous permet de trancher ce que dit « l’Ecriture » (en réalité, ce que vous pensez que l’Ecriture dit, selon votre interprétation ou compréhension personnelle), « la tradition » (en réalité, celle que vous reconnaissez comme vraie selon votre compréhension de l’Ecriture et votre sensibilité religieuse), « le magistère au sens protestant du terme » (en réalité, les seuls docteurs ou pasteurs que vous reconnaissez comme bons selon votre appréciation de leur respect de l’Ecriture telle que vous l’interprétez et la comprenez) et « l’Esprit Saint » (en réalité, ce que vous croyez provenir de l’Esprit Saint, toujours selon votre propre jugement).

Il me semble qu’il est ainsi manifeste que vous ne pouvez vous référer, pour toute controverse, qu’à « la seule jugeote » de votre conscience.

Même si vous le niez, c’est bien hélas un, et même « le », principe fondateur du protestantisme, ce que rien dans votre long message précédent ne me semble contredire.

Vous répondez, par ailleurs, à Alizée :
Frédo MB38 a écrit :
ven. 21 juil. 2017, 22:43
Je sais pour ma part pourquoi j'ai quitté le catholicisme ! Mais là n'est pas la question.
Mais si, c’est bien là la question qui empêche de voir.

Car, il y a mille raisons pour quitter le catholicisme. L’Eglise est faite de pécheurs et on y trouve le mal dans les paroles comme dans les actes. Et la blessure du mal dans l’Eglise peut être d’une violence inouïe. Seulement, il n’y a pas d’alternative et il y a la promesse de la victoire du Christ sur tout mal.

Si le trésor est souvent dans la boue, le trésor demeure ce qu’il est. Un trésor irremplaçable.

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par Suliko » sam. 22 juil. 2017, 14:42

Bonjour Frédo MB38,

Ce que je n'ai jamais réussi à comprends, dans le protestantisme, c'est comment justifier la rupture avec des croyances autrefois partagées par toute la Chrétienté et se retrouvant peu ou proue chez tous les Pères de l'Eglise et tous les grands théologiens. Par exemple, non seulement l'Eglise catholique, mais encore les églises orientales (orthodoxes, monophysites, nestoriennes) croient en la Présence réelle dans l'eucharistie. Je pourrais multiplier les exemples... Qu'est-ce qui justifiait de rejeter tout cela ? Comment croire que Dieu aurait laissé errer les chrétiens sur un point aussi important de la foi pendant des siècles ?

Je serais aussi très intéressée de savoir ce qui vous a convaincu que le catholicisme n'était pas la vraie religion et en quoi le protestantisme était-il le vrai chemin vers Dieu.

Suliko
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Dialogue sur le principe protestant Sola Scriptura

Message non lu par gerardh » sam. 22 juil. 2017, 19:29

_________

Bonjour,

Sur leurs fondements essentiels le catholicisme comme le protestantisme ou d'autres dénominations sont des déclinaisons chrétiennes, et en ce sens elles ne sont pas à rejeter.

Ladite "libre interprétation" est un terme ambigu. Elle ne suppose en aucune manière que chacun puisse accommoder sa doctrine à sa sauce, comme le font beaucoup les uns et les autres si ce n'est parfois au sommet du moins à la base. Ainsi on respecte le Pape mais on conserve ses propres vues. Et il y aurait aussi beaucoup d'exemples "protestants". Tout cela serait charnel.

Cette expression de libre interprétation vient sans doute de ce qu'à une époque le clergé catholique prétendait être au-dessus de ses frères dans la lecture des Ecritures, et voulait les expliquer à sa manière, d'ailleurs dans des buts peut-être recevables. Le problème est que ces Ecritures, même si ce clergé s'en défend, étaient plus ou moins cachées aux fidèles dans certaines de leurs parties, voire interdites de lecture : on peut difficilement le nier. Les protestants ont remis à l'ordre du jour ces lectures divines, et les catholiques, avec retard et certains atermoiements, ont dû suivre, mais sous couvert de filtre préalable de la hiérarchie ecclésiastique. Dans le même temps elle encourage maintenant ces lectures, ce qui est une très bonne chose.

A l'expression "libre interprétation" je substituerais l'expression "bonne interprétation". Dans les épîtres on trouve une expression qui se traduirait littéralement pas "découper droit la Parole de Dieu". Maintenant qui détient cette bonne interprétation ? Le sujet de discussion reste entier malgré la rectification des termes. J'en conviens. Cela passe en tout cas par l'opération du Saint Esprit. Les protestants pensent que ses communications aux âmes sont directes. Les catholiques pensent qu'elles se font au travers du clergé. Iront ils néanmoins jusqu'à penser qu'elles ne peuvent en aucun cas être directement accessibles aux laïcs ?


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