Bonjour,
Je souhaite revenir sur certains éléments de cette discussion, en particulier la primauté de la Sainte Eglise romaine.
hussard a écrit :Je ne souhaite pas particulièrement entrer dans un débat sur les Eglises orthodoxes, mais simplement montrer que certaines Eglises ont conservé leur Foi (au iota près) depuis des siècles, sans reconnaître l'autorité papale. Donc la conservation de la Foi n'est pas liée à la question de l'autorité papale.
Avant de vérifier cette assertion, il convient déjà de préciser ce que l'on entend par "conserver la Foi". Si l'on entend par cette expression le fait de conserver le Credo, je suis assez d'accord. SI l'on étend cette expression aux règles afférentes, à la discipline ecclésiastique, bref à toute les règles de la vie en Eglise, on se rend compte que les églises séparées de Rome ont dévié avec le temps.
Un exemple parmi d'autres. L'indissolubilité du mariage a été relativisé dans certaines églises orthodoxes (doctrinalement parlant j'entends), où le divorce peut être autorisé sous certaines conditions. Depuis le schisme, les églises orthodoxes n'interprètent plus le chapitre XIX de l'Evangile selon Saint Matthieu de la même façon que l'Eglise romaine. Cette dernière conserve une stricte observance de l'indissolubilité du mariage.
Cet exemple est, à mon avis, une conséquence de ne plus être en lien avec le tronc qu'est l'Eglise catholique, dont la tête est le Christ et son vicaire le pape. Le risque (qui n'est pas systématique) est d'ajouter au dépôt de la foi ou de le transformer sans s'en rendre vraiment compte.
Dès lors, la vacance du siège de Saint Pierre, qui il est vrai s'est produite plusieurs fois dans l'histoire de l'Eglise, mais sans excéder une durée qui changerait durablement l'assemblée des évêques autour du pape, n'a jamais été un problème dans l'Eglise catholique romaine. Toutefois, l'Esprit Saint assiste toujours les évêques pour remplacer au plus vite un pape défunt ou impotent, de sorte que l'Eglise visible garde sa signification aux yeux des hommes. En bref, la vacance est possible, peut durer un peu, mais pas au point que l'église dérive.
Il ne faut pas oublier que l'autorité de l'Eglise relève certes du pape, mais aussi du collège des évêques. Les conciles ont mis du temps pour trouver un saint équilibre entre les deux, sans privilégier l'un par rapport à l'autre.
hussard a écrit :
Sur le Magistère :
L'Eglise catholique prend des décisions magistérielles qui se veulent universelles, mais dans les faits elles ne sont bien évidemment suivies que par les catholiques.
Les Eglises orthodoxes prennent également des décisions magistérielles (qui se veulent universelles également) et qui ne sont suivies que par chacune de ses Eglises qui les décrète.
D'un point de vue objectif, je ne vois aucune différence.
C'est le drame de la division visible entre chrétiens. Qui fait la volonté du Christ ? L'agir humain peut conduire à des erreurs graves et des hérésies, tout en voulant faire le bien, et ceci dans toutes les églises chrétiennes (y compris l'Eglise catholique!). Ceci dit, Notre Seigneur Jésus Christ a promis à Pierre que sa foi ne défaillera pas et a également promis l'infaillibilité de l'Eglise catholique. Donc en matière de Magistère, l'Eglise catholique est assurée, par la conduite de l'Esprit Saint, de ne pas se tromper en matière de foi et de moeurs. Les églises séparées ou schismatiques n'ont pas cette garantie, puisque en se séparant de la Mère Eglise, elles se séparent un peu du Christ aussi, et sans Lui, on ne peut rien faire.
Bien entendu, cet argument est à inscrire dans le temps. Certains papes ont dû dire de grosses âneries en matière de foi ou de moeurs dans l'histoire de l'Eglise, mais cela n'a pas été validé sur le plan magistériel car les conditions n'étaient pas réunies. Le discernement se fait dans le temps.
hussard a écrit :
Sur la charité :
Pour ce qui est de l'état hostile dans lequel naissent les schismes, en particulier du grand schisme d'orient il me semble qu'en imputer la responsabilité uniquement aux orthodoxes soit aller un peu vite en besogne...
En effet. C'est plus une incompréhension réciproque et un contexte politique (à une époque où la laïcité n'est pas forcément bien comprise) qui a conduit à cela. Ceci dit, le déroulement du schisme en 1054 appuie ce que je dis plus haut. Les manuels d'histoire relatent le fait que les 2 églises s'excommunient mutuellement, en les mettant au même niveau. C'est aller un peu vite en besogne, et c'est surtout nier que l'Eglise de Rome, avant le schisme, a une autorité sur toutes les autres églises du monde en communion avec elle. En réalité, lorsque le schisme a été consommé, les églises d'Orient ont excommunié l'église de Rome, cette dernière ne réagissant que tardivement du fait de la mort prématurée de Léon IX. Ce qui fait accroire au fait que l'église d'orient était déjà autocéphale avant le schisme, ce qui est absurde.
hussard a écrit :
Sur l'autorité papale :
Pour l'argument de l'autorité papale, c'est un argument auto-réalisateur : nous considérons notre Eglise comme la seule véridique, donc ils ont tord, donc ils doivent reconnaître notre Pape, or ils ne le font pas : donc ils ne sont pas dans l'Eglise... cet argument est brandi par nos adversaires également. Etant donné que tout le monde peut se l'appliquer, il n'a de fait aucune valeur.
L'autorité papale s'ancre dans la Sainte Ecriture et dans le déroulement de l'histoire de l'Eglise. L'argument tel que vous le présentez n'est en effet pas probant, mais reformulé comme suit, il a une certaine portée :
Notre église est la seule directement reliée aux apôtres sans aucune interruption depuis le Christ. Les différentes papes se sont succédés à la suite de Saint Pierre, sans rupture dans la tradition apostolique. En conséquence, le pape de l'Eglise catholique est bien lié à l'Eglise primitive qui conserve le dépôt de la foi, le Magistère et toutes les règles afférentes. C'est donc la seule église pleinement reliée au Christ.
Je n'ai pas trouvé, malgré mes recherches et mes réflexions, d'éléments historiques pouvant contredire ceci (et heureusement pour moi catholique, sinon, je me poserais beaucoup de questions sur mon appartenance à l'Eglise catholique dans un souci de vérité).
Bien à vous,