Tian,
Vous me demandiez :
Quoiqu'il en soit, il ne suffit pas non plus que Paul suggère le célibat des femmes comme étant une condition meilleure pour elles, encore faut-il qu'il explique comment dans le 1er siècle les femmes qui ne pouvaient pas travailler allaient vivre ce célibat (!)
Si une femme ne se mariait pas, qui allait lui donner le gite et le couvert ? Comment allait-elle subvenir à ses besoins ?
Qui se serait occupé de Marie tout au long de sa vie si elle avait eu le projet dès l'enfance d'être une vierge consacrée ?
Si la bibliste que nous avons vue dans l'émission de KTO affirme que les vierges consacrées n'existaient pas à l'époque je ne vois pas pourquoi nous en doutons (?)
Quel intérêt aurait-elle à le dire si ce n'était pas vrai alors qu'elle a voué sa vie à ces études ?
Eh bien, j'ai ici l'abbé Pierre Descouvemont qui indique :
- «On a objecté que le propos de virginité était anachronique. Mais il a des antécédents chez les Esséniens. Philon parle d'une communauté de «vierges âgées». (Guide des difficultés de la foi catholique, p.358)
Malheureusement, notre bon père ne citera pas la référence pour Philon dans son ouvrage. Néanmoins, un autre petit ouvrage dans ma bibliothèque peut faire état du fonctionnement et des règles des Esséniens (à l'époque de Jésus précisément).
Ici :
«... Pline insiste sur le fait que les Esséniens vivent «sans femmes et sans amour» et que leur secte, gens in qua nemo nascitur, se renouvelle uniquement grâce à l'afflux de recrues converties à leur idéal ascétique. Philon de son côté nous dit qu'ils ont banni le mariage en même temps qu'ils ont prescrit une parfaite continence». (Marcel Simon, Les sectes juives au temps de Jésus, P.U.F., p.52)
Les sources données par M.Simon : Philon, Quod omnis probus liber sit et Apologie des juifs (extrait conservé par Eusèbe de Césarée); Pline, Histoire naturelle 5, 17, 4
Je voulais dire que la notion de "continence religieuse" ou de virginité n'était pas inconnue du monde juif à l'époque de Jésus. Le concept n'était pas du tout impensable pour des juifs, ni impensable ni impossible.
Les Esséniens avaient en haute estime la chasteté et la continence mais précisément parce qu'ils attendaient le messie, croyez-le ou non. Ils se qualifieraient certainement de nos jours comme tenants d'une secte apocalyptique. Il n'y a évidemment que le contexte d'une petite communauté de foi qui puisse permettre à des gens (hommes ou femmes) de survivre sans travailler, ou à une femme de vivre sans mari.
Quant à
Marie Noëlle Thabut : moi j'aime bien cette femme. Après visionnement de l'extrait indiqué sur KTO : il ne me paraît pas que son propos visait à tenir comme radicalement impossible l'état de «continence sacrée» en Israël.
En premier lieu, elle souligne le fait que chez Isaïe la fameuse prophétie touchant le messie parlait d'une jeune femme et non pas d'une vierge. C'est le texte grec de la Bible qui parlerait d'une vierge. Ensuite, elle fera voir plus loin qu'il aurait été peu probable (selon elle) que Marie ait pu nourrir un idéal de vierge consacrée,
avant son projet de mariage avec Joseph. Elle nous dit qu'elle comprend, néanmoins, que Marie ait pu changer ses projets à raison de ce que lui arrive : la visite de l'ange, l'annonce du messie, etc.
Là-dessus, moi j'ajoute : dans la société juive du temps,
il était normal qu'une jeune femme non encore mariée soit vierge. Marie aurait beau ne pas avoir nourrit le projet d'être "vierge pour la vie" entre 5 et 17 ans, le fait est que les jeunes femmes de cet âge était généralement vierges de toute façon.
Art. Virginité : Dans la tradition juive, la virginité était un idéal pour toute jeune fille non mariée. Le grand prêtre ne pouvait épouser qu'une femme vierge (Lv 21,13)
Source : Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, p.1052