Bonjour à tous
Pour ceux qui veulent des versions « complexes » … il y en a
Conseils de lecture : Roure : «
Entre exégète et dogmatisme » et Carle : «
Les quatre frères de Jésus » … dont je fais une petite comparaison … mais avant il faut être conscient que :
a) Le problème des noms dans le monde sémite est complexe et les généalogies encore plus … sans oublier les surnoms … les noms d’usages/coutumes les adoptions etc etc … ceci ajouté à la traduction hébreu/français et/ou grec/français !!! cela devient du «
chinois » !!!
b) Donc comment faire pour essayer de faire le moins d’erreurs possibles … il faut partir du principe (qui est juste) que c’est la Septante qui a servi de modèle de traduction hébreu/grec … c’est ainsi que «
adelphos » (traduit de l’hébreu «
ah ») … déborde (et de loin) le strict cadre de frère de sang … pour englober pratiquement toute parenté (cousin, oncle, fils adoptif, etc etc).
c) Malgré ces précautions … le «
problème » des «
frères » au-delà du constat des noms et des recherches historiques … est relancé (avec d’autant plus de violence) suite au dogme de la virginité perpétuelle de la sainte Vierge … là l’historien/exégète ne peut rien dire que ce qu’il a dit en dehors de ce dogme … car nous entrons dans le domaine de la Foi de la Théologie.
1) Analyse de Jn (19,25) :
«
Près de la croix de Jésus, se tenaient sa mère, la sœur [adelphé] de sa mère, Marie de Clopas et Marie-Magdelaine ».
a) à la question : y a-t-il 3 ou 4 femmes ???
La réponse de Carle et de Roure est la même à savoir : Il y a bien ici
TROIS femmes reliées par la conjonction «
et », grec «
kai ».
b) donc «
la sœur de sa mère » et «
Marie de Clôpas » sont une seule et même personne … les deux Carle/Roure font intervenir le fait qu’il ne saurait y avoir dans une même famille deux sœurs ayant le même prénom.
Roure ajoute à juste titre : sauf dans l’hypothèse ou l’une serait décédée avant la naissance de l’autre … ce qui n’est manifestement pas le cas ici.
c) les deux arrivent à la même conclusion … que ces deux Marie ne sont pas sœur biologique … mais parente c-à-d sa «
belle-sœur » ce que nous allons approfondir.
2) les quatre «
frère » : Jacques, Joseph, Simon, Jude en Mt (13,55) … Jacques, Joset, Jude, Simon en Mc (6,3) … il y a ici une inversion des deux derniers.
Roure donne les dates … tout en disant que contrairement aux relations de parenté qui sont sûr les dates sont toujours à l’étude … c’est ainsi que pour les quatre il donne les dates suivantes :
a) José/Joseph … 20 av JC - 50 ap JC il serait donc l’aîné,
b) Simon … 14 av JC – 65 ap JC,
c) Jacques le Mineur/Juste … 9 av JC – 62 ap JC,
d) Jude/Thaddaï … 8 av JC – 65 ap JC ;
Les deux sont d’accord dans l’appellation de ce Jacques : Jacques le Mineur, ou Jacques le Juste et/ou Jacques le «
frère du Seigneur » … et aussi sur le fait qu’il sera le premier évêque de Jérusalem.
3) sur l’étymologie du mot «
sœur/frère » … avec le (
‘ah) en hébreu araméen et son utilisation notamment dans la Septante c’est maintenant classique pour ne pas y revenir.
Par contre Carle ajoute : «
En milieu sémitique la notion de « frère » s’applique aussi bien à des frères de sang qu’à une parenté plus éloignée en ligne collatérale à des degrés divers … ainsi en akkadien tous les termes de parenté sont formés à partir du mot « frère » … frère du père ou de la mère pour oncle ou tante … fils du frère du père ou de la sœur du père pour les neveux (ou les cousins) ».
«
Surtout l’hébreu/araméen n’ont aucun mot pour désigner les cousins/cousines … même l’hébreu moderne est condamné en l’occurrence à une périphrase … idem pour l’arabe … on dira en général « le fils du frère de la mère » ou « le fils de la sœur de la mère » ou « le fils de la sœur du père ».
Quant’à Roure il dit : «
Par la filière latine « soror » « sœur » remonte à la racine indo-européenne SWE … présente aussi dans les langues germaniques … cette racine dénote la simple appartenance au groupe … on la retrouve dans le vocable latin désignant le cousin « sobrinus » (=sorte de frère) … avant le XIII siècle l’ancien français « serorg » disait encore ce que nous appelons « belle-sœur » (en allemand « schwägerin ») … de même notre mot « frère » se rattache, par le latin, à un autre mot grec qu’adelphos … « phrater » qui a donné « phratrie » et qui désigne les égaux devant le « pater » aussi bien les cousins ».
4) Clôpas, Cléophas, Alphée !!! voir avec un K en lieu et place du C …
Il y a deux problèmes à résoudre … d’une part Alphée et d’autre par Clôpas (et/ou Cléophas) … car en fait ces deux patronymes « pointent » sur des fils différents … d’où la nécessité de les différencier au risque de « jouer » sur l’écriture de ces noms … ne pas perdre notre but qui ici est d’identifier cette «
Marie de Clôpas » mère des quatre «
frères ».
4.1) en Jn (19,25) nous avons bien un Clôpas (c’est d’ailleurs lui qu’il faut identifier) … or en Lc (24,18) nous avons un Cléopas/Cléophas … la différence tient à pas grand-chose !!!
Carle à juste titre ne fait que dire … que c’est deux noms sont différents.
Roure va plus loin … non seulement pour lui c’est deux noms sont bien différents en terme des personnes visés mais Cléophas … grand-père dont le nom
[keul]-Iopha signifie le change-tout ou préteur à gage … a deux enfants une fille du nom de Marie (d’où la Marie de Cléophas/Clôpas) et un fils qui a le même nom que le père à savoir Cléophas.
Donc à ce niveau Roure et Carle disent bien que c’est deux personnage … de Jn (19,25) et Lc (24,18) via les nom de Clôpas/Cléophas sont différents … la différence ici (mais qui va s’annuler plus loin) c’est que pour Carle le nom de «
Marie de Clôpas » désigne une femme qui s’appelle Marie et qui est l’épouse de Clôpas … tandis que pour Roure cette «
Marie de Clôpas/Cléophas » porte le nom de son père.
4.2) Alphée … Jacques le Petit par quatre fois est appelé fils d’Alphée (Mt 10,3 ; Mc 3,18 ; Lc 6,15 ; Act 1,13) … de plus Lévi/Matthieu est aussi appelé fils d’Alphée (Mc 2,14) … Carle et Roure sont OK pour dire qu’il ne s’agit pas du même Alphée.
Il reste à résoudre le « passage » entre Alphée et Clôpas :
Au niveau de Carle … Halphaïos et Klôpas sont la double transcription d’un même prénom hébreu/araméen Kolphaï … il mentionne H. Gazelles disant à propos de Jacques : «
est dit fils d’Alphée, mais Alphée et Clôpas représentent les mêmes consonnes, quoi qu’en pense le P. Lagrange (il y avait divergences, entre-eux à propos de la transcription des gutturales sémitiques) ».
C’est un peu compliqué pour approfondir ce raisonnement … disons que pour Carle : «
Alphée et Clôpas sont bien un même personnage ».
Au niveau de Roure : C’est plus simple … Alphée c’est Alphée c’est le fils de Héli Jacob et de Marie d’Héli … et c’est le mari de Marie Cléophas et il aurait pris de sa femme le surnom d’Alphée-Cléophas (Alphée-Clôpas) … ce qui rejoint Carle.
La différence c’est que pour Carle ce Alphée=Clôpas est le frère de Joseph … tandis que pour Roure ce Alphée-Clôpas est le demi-frère de Joseph … pour lui : les parents « légaux » de Joseph étant Héli José et Abdit mais Héli José meurt sans enfant si bien qu’en application du lévirat les parents « charnels » de Joseph sont Héli Jacob et Abdit (Héli Jacob épousera la mère d’Alphée à la mort d’Abdit).
5) Quant’au témoignage d’Hégésippe … notamment concernant Simon frère de Jacques le Petit et qui serait devenu à la mort de son frère le deuxième Evêque de Jérusalem … d’une part les dates ne concordent pas (notamment au niveau de sa mort) mais il semble que c’est Siméon/Simon fils de Cléophas (compagnon d’Emmaüs) il serait donc cousin de Jacques et non son frère … puisque la mère de Jacques est la sœur du père de ce Siméon … c’est du moins la thèse de Roure.
Moralité :
Les deux thèses sont les mêmes pour ce qui concerne des
frères-cousins via Joseph (et non via Marie comme pour Jérôme) … les principales différences portent :
a) sur le nom/prénom/surnom Alphée-Clôpas,
b) sur la parenté de cet Alphée/Clôpas au regard de Joseph … frère, demi-frère,
c) sur le « devenir » de ces frères-cousins … notamment Simon deuxième évêque de Jérusalem.
Cordialement, Epsilon