Mespheber a écrit :Je chercherai tout ça à l'occasion, car à vrai dire, je mène ma barque en "freelance"...........
Voilà, c'était la petite blague pour marquer la fin du sabbat en votre compagnie. :P
Je crois alors, que tu as un cheminement proche de mon ami :
Il est juif mais ni famille ni lui ne pratiquaient. Il a une formation scientifique qui lui donne un curiosité qui va au bout des choses. Réservé, perfectionniste, toujours en recherche, il est tombé un jour, chez un bouquiniste sur un évangile qu'il a dévoré, analysé, médité. Après avoir murement réfléchi, il est allé trouver le curé de l'église de la sainte Trinité à Paris. Pourquoi, là ? Il n'en sait rien lui-même.
Il se trouve que je connais bien cette paroisse, confiée à la communauté de l'Emmanuel où j'ai été catéchiste plusieurs année. Il rencontre donc le père Francis KOHN, juif converti (aujourd'hui au vatican), toujours flanqué du père Rudolph KARLS, également juif converti(par Olivier MESSIAEN dont il avait été l'élève), et lui demande à être baptisé. Il s'attendait à ce que le père KOHN accède de suite à sa demande. Or, surprise, celui-ci lui demande de réfléchir encore pendant un mois. Mon ami a été surpris et n'a pas compris. Au fond, il y a vu comme un signe.
Pendant le mois qui a suivi, il a plongé dans la Torah (excuse si l'orthographe est fausse) et a redécouvert sa religion d'origine. Il a appris l'hébreu, a suivi un enseignement et est ainsi devenu un juif fervent
A l'époque, notre relation était seulement courtoise mais je pressentais en lui quelque chose de particulier....
Le temps passe....Ma fille a un appel religieux très fort et décide de s'engager auprès des soeurs de mère Térésa. Mon ami l'apprend et un soir, il nous appelle très embarrassé "j'aimerais m'entretenir avec Alexandra de son appel......Voyez-vous, je reçois, moi-aussi certaines faveurs dont je ne peux parler à mon rabbin et j'aimerais en parler"
C'est ainsi que notre relation est devenue une amitié spirituelle. J'ai compris que dans le judaïsme, si on aime ruminer la bible, on a une grande méfiance envers la mystique. Cela m'a été confirmé plus tard par une fille juive qui vivait, elle aussi certaines choses qui l'avaient poussée vers le catholicisme faute d'écoute de la part de son rabbin
Il avait à peine embrassé le judaïsme que le Seigneur manifestait sa joie en l'inondant d'amour. C'était comme des bouffées soudaines qui pouvaient l'envelopper à n'importe quels moments, même inattendus, même en plein travail et qui le mettaient hors de lui, des bouffées d'amour et de lumière.
Cela ressemble assez à la parabole de l'enfant prodigue quand le Père retrouve son fils :
11 Il dit encore : " Un homme avait deux fils.
12 Le plus jeune dit à son père : " Mon père, donne-moi la part de biens qui doit me revenir. " Et il leur partagea son avoir.
13 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout réalisé, partit pour un pays lointain, et il y dissipa son bien en menant une vie de prodigue.
14 Lorsqu'il eut tout dépensé, survint une grande famine dans ce pays, et il commença à sentir le besoin.
15 Et il alla se mettre au service d'un habitant de ce pays, qui l'envoya dans ses champs paître des porcs.
16 Et il eût bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les porcs, mais personne ne lui en donnait.
17 Alors, rentrant en lui-même, il dit : " Combien de mercenaires de mon père ont du pain en trop, et moi, ici, je meurs de faim ! "
18 Je me lèverai et j'irai à mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et envers toi;
19 je ne suis plus digne d'être appelé ton fils : traite-moi comme l'un de tes mercenaires. "
20 Et il se leva et alla vers son père.
Comme il était encore loin, son père le vit; et, touché de compassion, il courut, se jeta à son cou, et le couvrit de baisers.
21 Le fils lui dit : " Mon père, j'ai péché contre le ciel et envers toi; je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. "
22 Mais le père dit à ses serviteurs : " Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds;
23 et amenez le veau gras, tuez-le; et mangeons, festoyons :
24 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il a été retrouvé. " Et ils se mirent à festoyer. ..........
Il se trouve qu'en tant que catholique, à l'époque, je recevais les mêmes graces que lui....Curieux !....
Ses graces ne s'arrêtaient que lorsqu'il péchait. Alors, il courait demander pardon au frère qu'il avait offensé....et les graces reprenaient.....
Quand un de ses frères venait lui demander un conseil, il se résumait à une phrase "aime ton prochain comme toi-même"
Nous avons alors décidé de nous réunir une fois par semaine pour prier ensemble vingt minutes. C'était peu mais, compte tenu de nos emplois du temps, impossible de faire mieux. Une amie musulmane devait nous rejoindre. Malheureusement, à la dernière minute, son mari (catholique) s'y est opposé. Cela a duré deux ans.
Mon ami n'avait aucun problème avec l'Esprit-Saint. Pour Jésus, par contre, il me disait comme vous "je ne dis pas que ce n'est pas le messie, je n'en sais rien mais en tous cas, un prophète"
Nous disions le Notre Père, des psaumes, des chants à l'Esprit-saint, le "shema Israël", certaines prières comme celle de Charles de Foucauld et saint François d'Assise et une prière de coeur et de demande pour la paix dans le monde. Il a hésité à prier avec sa kippa mais ne l'a jamais fait, dommage...
Nous avons pu parler de choses très profondes et abordé des thèmes difficiles comme celui du sacré-coeur qu'il a compris
J'ai pu l'accompagner à la synagogue rue Copernic. Je ne dois pas faire juive car, à peine arrivée, on s'est précipité pour me fouiller. J'ai trouvé la ferveur très différente de nos églises. Les gens sont joyeux. C'est une famille face à Dieu. Le rabbin s'adresse parfois à une personne de la salle (impensable dans une église). Il y a eu une coupe partagée joyeusement. J'ai bien reconnu là, le peuple de la promesse tandis que nous sommes le peuple de l'accomplissement. Notre coupe est celle de la passion.
J'ai reconnu des prières semblables aux nôtres que je suivais sur un livre écrit d'un côté en hébreu, de l'autre en français. Mon ami me guidait et tournait les pages.
Mais de toute l'assistance, le plus abimé dans la prière, c'était lui.