Transsubstantiation

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ti'hamo
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par ti'hamo » lun. 09 nov. 2009, 21:52

> Gerardh
"Mais ce qui me semble le plus important, c'est que le Christ est dorénavant en position d'homme ressuscité et glorifié dans le ciel. Il ne doit donc pas être honoré comme enfant Jésus (Cf : Noël), et son sacrifice a eu lieu une fois pour toutes. Il a été dans l'abaissement, mais il est maintenant dans la gloire. Aussi s'il est possible de célébrer le mémorial de cet abaissement, il n'est pas convenable de le faire figurer comme encore abaissé, et même souffrant à chaque messe pour les péchés."
Vous oubliez que Dieu transcende l'espace et le temps et n'y est pas soumis comme nous. On pourrait tout à fait dire que le Christ souffre, au présent, sa Passion, et son abaissement, en ce moment même au Golgotha et dans toutes les consécrations de toutes les messes de tous les temps et de tous les lieux. En même temps.

(D'autre part, je m'étonne de vous voir aussi dogmatique, pour quelqu'un qui veut défendre le point de vue protestant : ai-je bien lu, vous nous dites bien que le Christ ne doit pas être honoré comme enfant Jésus ? Nous l'interdisez-vous? Estimez-vous cela hérétique ?)
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
[Konrad Lorenz]

Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.
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gerardh
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par gerardh » mar. 10 nov. 2009, 1:24

_______

Raistlin, vous avez écrit notamment :
J'adore la doctrine protestante : elle fait de Dieu un menteur ou un impotent.
Pensez-vous que de tels jugements soient à votre honneur ? Cela contraste avec la modération habituelle de vos propos. Que Dieu me garde de faire de même.

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Re: Transsubstantiation

Message non lu par gerardh » mar. 10 nov. 2009, 1:33

________

ti'hamo, vous écrivez :
On pourrait tout à fait dire que le Christ souffre, au présent, sa Passion, et son abaissement, en ce moment même au Golgotha et dans toutes les consécrations de toutes les messes de tous les temps et de tous les lieux. En même temps.
Non, je ne suis pas du tout d'accord. Voir Hébreux 9, 24-26 et Hébreux 10, 10-14
ai-je bien lu, vous nous dites bien que le Christ ne doit pas être honoré comme enfant Jésus ? Nous l'interdisez-vous? Estimez-vous cela hérétique ?
Oui, cela me semble être une (petite) hérésie, ou tout au moins un signe de grande faiblesse spirituelle. Mais je n'ai aucune autorité pour l'interdire à qui que ce soit. Et je suis même prêt à penser que le Christ reçoit la louange d'un chrétien peu informé ou peu fondé qui l'honorerait comme enfant Jésus.


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Re: Transsubstantiation

Message non lu par ti'hamo » mar. 10 nov. 2009, 10:45

> Gerardh
. Oui, le Christ a été sacrifié une fois pour toutes. Je n'ai pas dit qu'il se sacrifiait à nouveau, comme sur le Golgotha, encore et encore, à chaque Messe. J'ai dit que, puisque Dieu transcende le temps et l'espace, tous ces moments et ces endroits peuvent n'en faire qu'un pour lui.
Et, d'autre part, vous aurez noté que l'Église catholique parle, à propos de la Messe, de perpétuation non sanglante du sacrifice. Ce n'est pas un nouveau sacrifice, puis un autre ; c'est le même, toujours. Et il n'y a pas à nouveau de sang versé ; il a été versé une fois pour toutes.


. Vous semblez faire une petite erreur de perspective, en décrivant la vie comme si nous étions une suite d'êtres différents et distincts les uns des autres : bien que je sois adulte à présent, je suis également l'enfant que j'ai été ; le Christ EST l'enfant-Jésus autant qu'il est le Christ mort au Golgotha.
Soit dit en passant, si on raisonne comme vous le faites là, il ne faut pas non plus porter de croix, étant donné que cette croix n'existe plus. Il ne faut pas non plus répéter la Cène, étant donné qu'elle a déjà eu lieu.
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Fée Violine » mar. 10 nov. 2009, 19:12

ti'hamo a écrit :La consécration, de toute façon, n'a lieu que par la grâce de Dieu ; il n'est donc pas vrai de dire que, si elle est réelle, "un homme crée son Créateur" : c'est librement et par sa propre grâce, que Dieu incarné vient dans ce morceau de pain. Nulle part il n'est dit qu'un homme, par sa propre force, "crée" Dieu.
Pour répondre aussi à Gérardh ("Un homme crée son créateur"), j'ajouterai que l'eucharistie, c'est Jésus dans son humanité plutôt que dans sa divinité.

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Re: Transsubstantiation

Message non lu par gerardh » mar. 10 nov. 2009, 20:27

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Fée violine vous écrivez :
l'eucharistie, c'est Jésus dans son humanité plutôt que dans sa divinité
Cela ne me semble pas être ce que dit le Magistère, du moins si j'en crois les messages précédents.


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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Raistlin » mer. 11 nov. 2009, 12:16

gerardh a écrit :
Raistlin a écrit :J'adore la doctrine protestante : elle fait de Dieu un menteur ou un impotent.
Pensez-vous que de tels jugements soient à votre honneur ? Cela contraste avec la modération habituelle de vos propos. Que Dieu me garde de faire de même.
C'est malheureusement le triste constat de ce que signifie la doctrine protestante. Etant donné que le retour aux origines ne tient pas la route, puisque les données de l'Histoire de l'Eglise montrent que l'Eglise catholique est en parfaite continuité avec l'Eglise primitive, il faut en conclure que les églises protestantes - qui ont rejeté la succession apostolique, les sacrements (hormis le Baptême quoique ça dépende des églises) surtout l'Eucharistie - se prennent pour une sorte de "vraie" Eglise telle que Dieu l'aurait voulue si cette méchante Eglise catholique n'avait pas tout dénaturé. Or Jésus avait promis à ses disciples l'Esprit-Saint pour les guider. Donc soit il a menti, soit il s'est trompé, soit il nous a trompé.

Je vous laisse donc méditer cette contradiction fondamentale qu'implique l'hérésie protestante.

Fraternellement, (Car oui nous sommes frères même si vous êtes dans l'erreur)
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Un gentil athée » mer. 11 nov. 2009, 13:21

Bonjour,
Raistlin a écrit :Etant donné que le retour aux origines ne tient pas la route, puisque les données de l'Histoire de l'Eglise montrent que l'Eglise catholique est en parfaite continuité avec l'Eglise primitive, il faut en conclure que les églises protestantes - qui ont rejeté la succession apostolique, les sacrements (hormis le Baptême quoique ça dépende des églises) surtout l'Eucharistie - se prennent pour une sorte de "vraie" Eglise telle que Dieu l'aurait voulue si cette méchante Eglise catholique n'avait pas tout dénaturé. Or Jésus avait promis à ses disciples l'Esprit-Saint pour les guider. Donc soit il a menti, soit il s'est trompé, soit il nous a trompé.
Le protestantisme ne suppose-t-il pas que l'Esprit-Saint a bien été envoyé pour guider l'Église, mais que progressivement, les hommes s'en sont délibérément détourné, ne l'ont plus écouté/suivi ?

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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Raistlin » mer. 11 nov. 2009, 13:29

Un gentil athée a écrit :Le protestantisme ne suppose-t-il pas que l'Esprit-Saint a bien été envoyé pour guider l'Église, mais que progressivement, les hommes s'en sont délibérément détourné, ne l'ont plus écouté/suivi ?
Ce n'est pas trop le lieu d'en parler donc on va faire bref. Cette histoire de l'Eglise qui se détourne peu à peu ne tient pas à l'analyse car les faits historiques montrent que l'Eglise catholique est en parfaite continuité avec l'Eglise primitive (Eucharistie, succession apostolique, etc.). Certes, il y eut un développement de la doctrine mais cela ne s'est pas fait au détriment de ce qui était prêché avant. En outre c'est éminemment évangélique puisque le Christ a dit à ses disciples que l'Esprit leur enseignera tout, ce qui implique un certain temps pour que tout soit reçu. J'ajoute que l'Esprit-Saint ne serait pas très efficace s'il ne pouvait garantir à l'Eglise du Christ d'être préservée de l'erreur (ce qui est une autre promesse du Christ).

Donc soit l'Eglise a raison, soit c'est dès le début qu'elle s'est plantée. Donc si le protestantisme a raison, cela signifie soit que Dieu a trompé Son Eglise pendant 1500 ans, soit qu'Il a manqué à Ses promesses. En outre, si le protestantisme a raison, il ne peut garantir être lui-même dans le vrai puisque si Dieu s'est refusé à guidé Son peuple pendant 1500 ans, on voit mal ce qui pourrait l'empêcher de continuer.

Fin de la parenthèse.

Cordialement,
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par le bereen » ven. 20 nov. 2009, 19:19

Peut-on tenir compte de la valeur du terme grec ( grec koïné ) de l'époque ,et utilisé dans les manuscrit les plus anciens a notre disposition:
Sinaïticus, Vaticanus etc. , ce qui nous permettrait de parler "juste" et de ne pas partir sur une interprétation sélective du mot en fonction de la position des uns et des autres ; cela serait déjà un socle indiscutable ?
Cordialité
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Pneumatis
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Pneumatis » sam. 21 nov. 2009, 0:41

Bonjour,

Je m'invite un peu dans le débat. Je ne crois pas du tout, comme le pense certain, que le dogme de la transsubstantiation soit une évidence à partir des évangiles et des mots de Jésus (ce serait un peu facile). Le démontrer directement, comme vérité métaphysique, à partir de là me semble terriblement hasardeux et pourra de toute façon se voir opposer une autre interprétation, comme par exemple celle de votre interlocuteur, Sofia.

Non, ce qui me semble l'un des meilleurs critères c'est celui qu'a évoqué Christophe dès le début, à savoir que cette croyance est attestée dès les premiers temps de l'Eglise ; jusque dans les écrits de Saint Paul qu'a cité Raistlin, où on peut lire qu'il enseigne déjà un vrai culte aux Saintes Espèces (là il faut quand même être un peu de mauvaise foi pour ne pas le voir). C'est aussi le cas pour les premiers Pères de l'Eglise qui ont été cités.

A l'inverse, pour remettre à l'endroit le premier argument de Gerardh, il a fallu attendre quand même bien des siècles avant que les réfutations des protestants se manifestent concrètement. Et pour cause, l'affirmation d'un dogme, au cours d'un concile, n'est rendu nécessaire bien souvent justement que pour corriger une dérive doctrinale. Si il a fallu attendre le 9ème siècle, c'est bien que la mise en doute de cette croyance n'est apparu dans l'histoire chrétienne que tardivement. On est forcé de l'admettre. Je trouve donc ça léger d'accorder plus de confiance à son propre jugement et/ou celui de chrétiens très éloignés des origines de l'Eglise, quand le dogme lui s'inspire de la tradition originelle de l'Eglise. Même la version grecque du Notre Père a joué le jeu de mot jusqu'au bout, en incluant un mot dans la prière (qu'on traduit pas "quotidien" dans "Donne-nous notre pain quotidien") qui n'existe nulle part ailleurs dans la langue grecque, et qui étymologiquement peut se traduire au choix par "quotidien" ou par "supersubstantiel". Saint Jérôme l'avait bien compris, avait bien compris que le pain dont il s'agit, cette manne nouvelle, c'était celle de l'eucharistie, et il traduit ainsi du grec cette phrase du Notre Père par le latin "Panem nostrum supersubstantialem da nobis hodie". On a ici déjà la notion du pain qui transcende la substance, et nous met en relation directe avec. Ce pain, c'est évidemment Jésus Christ lui-même, et les premiers disciples ayant traduit en grec l'enseignement de Jésus on su utiliser toute la richesse de cette langue ici pour encore plus mettre en lumière le sens de cette prière, sens ici que l'araméen ne pouvait laisser que supposer si il était coupé du reste de l'enseignement du maitre.

Juste une chose, justement, pour prolonger la remarque de Le Bereen : on voit chère Sofia comment votre interlocuteur commet une erreur de langage (commise trop souvent), et change la notion de "trans-substantiation" en "trans-formation" (qualifiée d'extraordinaire). C'est justement caractéristique du manque de compréhension métaphysique de ce mystère.

On parle justement de transsubstantiation pour bien préciser notamment que ce n'est pas la forme qui change, donc pas une trans-formation. La personne qui commet l'erreur de langage le sait bien pourtant, mais montre ainsi tout l'abord superficiel de ce profond mystère métaphysique. En outre, on parle de trans-substantiation, pour bien indiquer qu'il y a une opération objective à l'oeuvre dans ce changement de substance. C'est-à-dire que ce qui trans-substantie est distinct des substances elles-mêmes, et les transcende en quelque sorte. Transcender ou être l'objectivant d'une substance, ou d'une essence pour reprendre un synonyme communément admis (un de l'être), ne peut alors que relever de l'être supersubstantiel, ou encore suressentiel ou encore suréminent : Dieu. On ne peut donc pas dire que ce soit le prêtre qui opère la transsubstantiation ; ce serait une grave contradiction métaphysique.

Plutôt que d'essayer de "démontrer" le dogme de la transsubstantiation, on peut essayer de voir ce qu'il nous apprend et en quoi il éclaire notre foi. C'est tout l'intérêt d'un dogme (C'est pour ça que l'apologétique me gonfle, personnellement : on se concentre sur ce QUI justifie les dogmes au lieu de se concentrer sur ce QUE justifient les dogmes).

Essayons un peu... On dit que par la puissance de Dieu, une substance est changée en une autre substance. Il apparait dans ce mystère quelque chose de la sanctification de l'humanité par Dieu que résume en toute sa vie notre Seigneur Jésus Christ. Ca donne du sens à sa venue. Vrai Homme et vrai Dieu, par son incarnation, les deux natures sont présentes en lui. Ces deux natures ont évidemment une différence majeure. Au risque d'emprunter du vocabulaire peut-être non chrétien, l'une peut être dite naturante, et l'autre naturée. Il y a une relation de verticalité entre ces deux natures. En Jésus Christ, nous apercevons déjà ce Dieu qui insémine l'Homme et lui donne sens. Par là il le sanctifie. Pour comparer à l'eucharistie, c'est ici le super-substantiel (Dieu) qui opère sur la substance (du pain).

Ensuite toute l'oeuvre salvatrice de Jésus va conduire à sanctifier l'Humanité, le sauver. Le dogme nous dit quelque chose de ce qui se passe alors pour l'humanité : ne s'agirait-il pas finalement d'en changer la substance et faire de la "substance" que je suis une "substance" divine. Ainsi, comme le pain garde sa nature de pain (créé tel), qu'il en garde aussi la forme, conformément à sa nature, mais devient vraiment substance divine, ainsi Dieu en Jésus Christ, sans changer la nature de l'Homme, ni même sa forme, va changer sa substance pour en faire une substance divine.

Une sagesse, peut-être trop oubliée aujourd'hui, mais toujours conservée au plus profond de nous, comme une réalité archétypale directement liée à la raison naturelle, nous fait reconnaitre dans la nourriture ce qui re-génère notre corps. Il n'a pas fallu attendre la biologie d'aujourd'hui pour savoir que notre corps se renouvelle sans cesse, et se renouvelle en assimilant de la nourriture. Notamment du temps de Jésus, cette sagesse était déjà bien présente. Notre corps devient chaque jour un peu de la nourriture qu'il ingère. Pas en nature, pas en forme, mais il y a quelque chose qu'on pourrait dire de "substantiel". C'est un autre sujet, mais comme la nourriture est fruit de la terre et du travail des hommes, cette relation de substance est évidemment d'un autre ordre que celle qui a lieu dans l'eucharistie. Il faudrait étudier de très prêt ce qui fonde, métaphysiquement, les anciens holocaustes par exemple, pour bien analyser ce rapport de la nourriture humaine à la substance.

Bref, là où je veux en venir, c'est que de la même manière que le dit le proverbe "nous sommes ce que nous mangeons", en mangeant la chair et le sang du Seigneur, nous devenons nous aussi le Seigneur, quoique de manière toujours imparfaite. Et vous avez là véritablement ce qui explique notamment le phénomène des stigmatisés, par exemple qui, plus que d'autres se laissent ainsi transsubstantier et devenir substantiellement le Seigneur. On pourrait dire qu'il font une sainte indigestion du Seigneur :oui: !

La transsubstantiation est certainement Le mystère qui nourrit le plus notre foi dans la grâce divine, c'est-à-dire dans le fait que le Seigneur n'est pas coupé de sa création, mais qu'il est là, qu'il oeuvre en nous, et que nous pouvons réellement être appelé son temple. Les protestants qui nient la transsubstantiation ne se rendent peut-être pas compte que chacun des arguments qu'ils y opposent pourraient s'opposer tout autant à l'idée de grâce, ou simplement l'idée de relation entre Dieu et l'Homme. En lieu et place de cette relation intelligible et sensible, donc complète, entre Dieu et l'Homme, ils mettent une notion vague "d'inspiration" qui leur sert de résumer à elle seule toute la relation de Dieu à l'Homme.

Mais cette "inspiration" de l'Esprit Saint qui doit les guider implique bien une relation opérante d'un être transcendant sur un être transcendé, au moins dans le plan spirituel. Il semble pourtant que si ils sont capables de reconnaitre cette réalité spirituelle, ils soient incapables de la reconnaitre sur le plan corporel, comme si finalement l'Esprit et le corps étaient deux réalités totalement déconnectées l'une de l'autre, comme si Dieu avait créé un Esprit pour être en relation avec lui, et un corps pour... ? on ne sait pas trop quoi, finalement. C'est curieux d'avoir une foi dont la pointe porte sur la résurrection du corps, et de perdre à ce point le sens du corps ; au point qu'on nie qu'il puisse faire l'objet de cette relation à Dieu que l'on reconnait pourtant à l'esprit.

Enfin, Sofia, je serais curieux de savoir ce que votre interlocuteur pense de la trans-figuration, autre mystère qui implique aussi un changement par opération en Jésus, mais là un changement de "figure". Celui-là, j'avoue, me laisse encore plus contemplatif (mais je crois que c'est à cela qu'il sert).

Bon, désolé encore pour le pavé (décidément je devrais le mettre dans ma signature ça, je gagnerai un peu de temps).

Bonne soirée.
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Sofia » sam. 21 nov. 2009, 1:26

Wow, j'ai l'esprit en compote rien qu'à la vue de votre prose, je remets la lecture à demain :)
Bonne nuit.

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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Kerniou » sam. 21 nov. 2009, 15:32

D'accord avec vous Pneumatis.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Transsubstantiation

Message non lu par Sofia » sam. 21 nov. 2009, 18:05

Bonjour Pneumatis,
Réponse inutile pour vous dire que j'ai tout bien lu et tout bien compris, sauf la différence entre nature naturée et naturante.
[Littré : nature naturante, qui est Dieu ; nature naturée, qui est l'universalité des choses naturelles. ?]

Bien à vous,

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le bereen
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Re: Transsubstantiation

Message non lu par le bereen » dim. 22 nov. 2009, 9:57

Permettez -moi de poursuivre le développement de ma pensée sur le sens grec du terme qui est la clé : le verve être .
Si nous tenons compte de l'écriture la plus proche de l'époque (disponible) et du sens du verbe avec ses acceptions , utilisées dans le contexte , la définition du verbe grec : estin qui a iun sens non restrictif mais plus large ( est , semblable a , ressemble ...)
Si nous voulons aussi connaître le développement progressive et complet de la doctrine de la transsubstantiation , il faut aussi se souvenir que des piliers de l'Eglise ont donné une définition différente de la compréhension du concile qui l'a défini des siècles plus tard :
Augustin d'Hyppone-
" les saints mystères sont antitypes ( antitupa) de son précieux corps et de son sang(...) et la mort du christ commémorée grâce aux symboles de sont corps et de son sang"- Const. apost. 5,14,7; 6,23,5 et 7,23,4.
" Il faut comprendre ce que j'ai dit en un sens spirituel. Vous n'allez pas manger ce corps que vous voyez ni boire ce sang que ceux qui le crucifient vont répandre "-En. Psa. 3:1
Eusèbe de Césarée:
Les chrétiens commémorent tous les jours le sacrifice de Jésus avec les symboles ( dia sumgolon) de son corp et de son sang rédempteur et a employer le pain pour en être le symbole" - De solemn. pasch. 7
Eustache d'Antioche:
"Par le pain et le vin ,je me réfère prophétiquement aux antitypes des membres corporels du Christ" -Fragm. 2
Macaire d'Egypte:
"Le pain et le vin sont offerts dans l'Eglise comme un symbole de sa chair et de son sang"-hom.27,17
Question:
Ces Saints qui ont déclaré ces choses c'est a dire que , les espèces sont des emblèmes , doivent-ils êtres considérés comme les vrais détenteurs de la connaissance , car plus près de l'enseignement initial , où hérétiques a partir du concile qui a institué le dogme de la présence réel et non symbolique ?
Cordialité a tous
Le Béréen

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