par Christian » jeu. 13 sept. 2007, 11:46
Heureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous!
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés! Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez!
Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'ils vous excommunieront et insulteront, et proscriront votre nom comme mauvais à cause du Fils de l'homme.
J’ai répondu par avance dans mon article précédent : « Jésus dit Bienheureux les pauvres. Il ne dit pas Bienheureuse pauvreté ».
Heureusement d’ailleurs. La pauvreté, la faim, l’affliction, la persécution sont des maux absolus. Loin de les priser, il faut les combattre sans relâche, non ?
Ne voyez qu'un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous
Qui
tombent sur vous. Et elles tombent assez drues qu’on n’ait pas besoin de les chercher.
Ma condamnation du texte de Saint François réside en ceci qu’il semble jouir à l’idée des mauvais traitements que ses frères pourraient lui infliger. Tous les deux kilomètres, il en rajoute. Et dans son orgueil (eh, oui, à la réflexion, c’est peut-être bien cela), il souhaite : je vais être fort, et je supporterai tout, patiemment et avec allégresse, je saurai me vaincre.
L’ineptie de cette anecdote franciscaine saute aux yeux quand on retourne le propos. Le Père Abbé au frère tourier : « Quand tu verras venir deux moines fourbus, crottés, affamés, ne leur ouvre pas la porte pour qu’ils connaissent la joie. Attends, prends même un bâton, chasse-les, traite-les de ribauds et d’imposteurs, caresse leur les côtes et laisse-les dans la boue, pour qu’ils connaissent la Joie parfaite. » <:
Non, désolé.
"Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un"
Sans doute. Quel rapport avec notre propos ?
Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »
Vous n’avez rien compris. Jésus dit « le Mal est dans le monde ». Vous devez faire tout ce que vous pouvez pour le court-circuiter, mais vous ne l’éviterez pas.
Alors voilà mon enseignement pour arrêter la propagation du Mal.
Si quelqu’un prend de lui-même l’initiative de te frapper, tends-lui l’autre joue. Jésus ne dit pas : cherche le martyre, cherche les gens qui te frapperont, et demande-leur d’en rajouter.
Si tu as des ennemis, aime-les, mais ne va pas te faire des ennemis pour montrer quel cœur magnanime tu possèdes, etc. etc.
La démarche que Jésus trace ici n’est
absolument pas celle des doloristes, qui
souhaitent la souffrance pour manifester prétendument leur attachement au Seigneur. Des religieux qui trouveraient une joie profonde après avoir été violés, ne seraient-ils pas un peu suspects ?
Nous n’avons pas à rechercher les épreuves, au contraire. Elles viennent
si elles doivent venir, et contrairement à l’anecdote franciscaine, prions pour qu’elles nous soient épargnées.
l'Esprit Saint lui-même accomplit son oeuvre en mobilisant l'être tout entier y compris ses douleurs, craintes et tristesses, comme il apparaît dans l'Agonie et la Passion du Seigneur.
Oui, ok, bien sûr, tout est sanctifiable, y compris les douleurs, les craintes et les tristesses.
Mais pourquoi aimer ce qui fait mal ? La Création est magnifique. Nous, créatures, avons des corps qui sont source inépuisable de plaisirs et d’émotions. Dieu nous a donné une intelligence pour dialoguer avec Lui, l’Esprit nous guide dans la voie de la science et de la technologie
précisément pour soulager nos peines. Célébrons la beauté, louons le Seigneur pour Ses bienfaits, accueillons les épreuves
non pas comme un bien en soi, mais comme un test à passer dans la voie de notre humanisation (ou sanctification, ou divinisation, c’est tout un).
Toujours influencé par l'idéologie utilitaire, cherchant à accorder une grande importance au plaisir et à minimiser la douleur pour le plus grand nombre possible de personnes, le concept de qualité de vie a conduit à identifier fortement la souffrance à la moralité 18 : la souffrance est considérée à tort comme absurde et immorale
L’auteur confond l’utilitarisme et l’hédonisme. Le concept de qualité de vie appartient au second courant. Cela dit, la souffrance est à combattre, point final. Et il n’y a que les salauds qui iraient dire à ceux qui souffrent : « Il est moral que vous souffriez ».
Affirmer, comme le fait la philosophie utilitariste, que le bien-être et par extension le plaisir constituent quelque chose de bon ou une exigence à atteindre se trouve à l'origine d'une erreur largement répandue dans la culture hédoniste actuelle : on confond ce qui est bon dans le sens désirable, avec ce qui est bon dans le sens moral 21. L'usage courant de l'expression qualité de vie peut amener à identifier ce qui est agréable à ce qui est moralement correct. C'est une donnée de bon sens que tout ce qui est agréable n'est pas nécessairement moralement correct. Bien agir peut être agréable en certaines occasions, mais douloureux ou exigeant dans d'autres. La confusion existant dans la conscience de l'homme entre le bien moral et le plaisir empêche de comprendre que la souffrance et le bonheur ne s'excluent pas nécessairement ; elle tend, d'autre part, à fermer la raison au fait que la souffrance - comme nous l'avons dit plus haut - fait partie, de manière inévitable, de l'expérience de l'humanité et de la vie de l'homme.
Bien sûr que tout ce qui est agréable n’est pas moralement correct (encore que les divergences soient peu nombreuses). Mais je vous renvoie à ma réponse concernant votre citation des Béatitudes. Oui, la souffrance « fait partie de l’expérience de l’humanité », mais ce n’est pas une expérience à rechercher, et tous nos efforts, aidés par l’Esprit, doivent tendre à la réduire pour nous et pour les autres.
Vive la vaccination, les analgésiques, les machines, le chauffage, la clim', le lave-vaisselle et le lave-linge, l'accouchement sans douleur, et tout ce qui nous évite de travailler à la sueur de notre front.
Tiens, je pense à ça depuis longtemps. Le prêtre offre le pain à l’Eucharistie « fruit de la peine et du travail des hommes ». Vous pouvez mettre autant de peine que vous voulez, vous ne transformerez pas des semences en brioche. Pourquoi ne pas célébrer avec le « fruit du travail et de l’intelligence que Tu as donnée aux hommes et aux femmes » ?
En vous souhaitant une belle journée sans souffrance, riche et créative
Christian
Forget not that the earth delights to feel your bare feet,
and the winds long to play in your hair
Finn Fox
[quote]Heureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous!
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés! Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez!
Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'ils vous excommunieront et insulteront, et proscriront votre nom comme mauvais à cause du Fils de l'homme.[/quote]
J’ai répondu par avance dans mon article précédent : « Jésus dit Bienheureux les pauvres. Il ne dit pas Bienheureuse pauvreté ».
Heureusement d’ailleurs. La pauvreté, la faim, l’affliction, la persécution sont des maux absolus. Loin de les priser, il faut les combattre sans relâche, non ?
[quote]Ne voyez qu'un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous[/quote]
Qui [u][b]tombent[/b][/u] sur vous. Et elles tombent assez drues qu’on n’ait pas besoin de les chercher.
Ma condamnation du texte de Saint François réside en ceci qu’il semble jouir à l’idée des mauvais traitements que ses frères pourraient lui infliger. Tous les deux kilomètres, il en rajoute. Et dans son orgueil (eh, oui, à la réflexion, c’est peut-être bien cela), il souhaite : je vais être fort, et je supporterai tout, patiemment et avec allégresse, je saurai me vaincre.
L’ineptie de cette anecdote franciscaine saute aux yeux quand on retourne le propos. Le Père Abbé au frère tourier : « Quand tu verras venir deux moines fourbus, crottés, affamés, ne leur ouvre pas la porte pour qu’ils connaissent la joie. Attends, prends même un bâton, chasse-les, traite-les de ribauds et d’imposteurs, caresse leur les côtes et laisse-les dans la boue, pour qu’ils connaissent la Joie parfaite. » <:
Non, désolé.
[quote]"Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un"[/quote]
Sans doute. Quel rapport avec notre propos ?
[quote]Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »[/quote]Vous n’avez rien compris. Jésus dit « le Mal est dans le monde ». Vous devez faire tout ce que vous pouvez pour le court-circuiter, mais vous ne l’éviterez pas. [b]Alors voilà mon enseignement pour arrêter la propagation du Mal[/b]. [i]Si quelqu’un prend de lui-même [b]l’initiative[/b] de te frapper[/i], tends-lui l’autre joue. Jésus ne dit pas : cherche le martyre, cherche les gens qui te frapperont, et demande-leur d’en rajouter. [i]Si tu as des ennemis[/i], aime-les, mais ne va pas te faire des ennemis pour montrer quel cœur magnanime tu possèdes, etc. etc.
La démarche que Jésus trace ici n’est [b]absolument pas celle des [i]doloristes[/i][/b], qui [i]souhaitent[/i] la souffrance pour manifester prétendument leur attachement au Seigneur. Des religieux qui trouveraient une joie profonde après avoir été violés, ne seraient-ils pas un peu suspects ?
Nous n’avons pas à rechercher les épreuves, au contraire. Elles viennent [u]si [/u]elles doivent venir, et contrairement à l’anecdote franciscaine, prions pour qu’elles nous soient épargnées.
[quote]l'Esprit Saint lui-même accomplit son oeuvre en mobilisant l'être tout entier y compris ses douleurs, craintes et tristesses, comme il apparaît dans l'Agonie et la Passion du Seigneur.[/quote]
Oui, ok, bien sûr, tout est sanctifiable, y compris les douleurs, les craintes et les tristesses.
Mais pourquoi aimer ce qui fait mal ? La Création est magnifique. Nous, créatures, avons des corps qui sont source inépuisable de plaisirs et d’émotions. Dieu nous a donné une intelligence pour dialoguer avec Lui, l’Esprit nous guide dans la voie de la science et de la technologie [b]précisément pour soulager nos peines[/b]. Célébrons la beauté, louons le Seigneur pour Ses bienfaits, accueillons les épreuves [b]non pas comme un bien en soi[/b], mais comme un test à passer dans la voie de notre humanisation (ou sanctification, ou divinisation, c’est tout un).
[quote]Toujours influencé par l'idéologie utilitaire, cherchant à accorder une grande importance au plaisir et à minimiser la douleur pour le plus grand nombre possible de personnes, le concept de qualité de vie a conduit à identifier fortement la souffrance à la moralité 18 : la souffrance est considérée à tort comme absurde et immorale[/quote]
L’auteur confond l’utilitarisme et l’hédonisme. Le concept de qualité de vie appartient au second courant. Cela dit, la souffrance est à combattre, point final. Et il n’y a que les salauds qui iraient dire à ceux qui souffrent : « Il est moral que vous souffriez ».
:mal:
[quote]Affirmer, comme le fait la philosophie utilitariste, que le bien-être et par extension le plaisir constituent quelque chose de bon ou une exigence à atteindre se trouve à l'origine d'une erreur largement répandue dans la culture hédoniste actuelle : on confond ce qui est bon dans le sens désirable, avec ce qui est bon dans le sens moral 21. L'usage courant de l'expression qualité de vie peut amener à identifier ce qui est agréable à ce qui est moralement correct. C'est une donnée de bon sens que tout ce qui est agréable n'est pas nécessairement moralement correct. Bien agir peut être agréable en certaines occasions, mais douloureux ou exigeant dans d'autres. La confusion existant dans la conscience de l'homme entre le bien moral et le plaisir empêche de comprendre que la souffrance et le bonheur ne s'excluent pas nécessairement ; elle tend, d'autre part, à fermer la raison au fait que la souffrance - comme nous l'avons dit plus haut - fait partie, de manière inévitable, de l'expérience de l'humanité et de la vie de l'homme.[/quote]
Bien sûr que tout ce qui est agréable n’est pas moralement correct (encore que les divergences soient peu nombreuses). Mais je vous renvoie à ma réponse concernant votre citation des Béatitudes. Oui, la souffrance « fait partie de l’expérience de l’humanité », mais ce n’est pas une expérience à rechercher, et tous nos efforts, aidés par l’Esprit, doivent tendre à la réduire pour nous et pour les autres.
Vive la vaccination, les analgésiques, les machines, le chauffage, la clim', le lave-vaisselle et le lave-linge, l'accouchement sans douleur, et tout ce qui nous évite de travailler à la sueur de notre front.
Tiens, je pense à ça depuis longtemps. Le prêtre offre le pain à l’Eucharistie « fruit de la peine et du travail des hommes ». Vous pouvez mettre autant de peine que vous voulez, vous ne transformerez pas des semences en brioche. Pourquoi ne pas célébrer avec le « fruit du travail et de l’intelligence que Tu as donnée aux hommes et aux femmes » ?
En vous souhaitant une belle journée sans souffrance, riche et créative
Christian
[centrer][b][color=#BF4040]Forget not that the earth delights to feel your bare feet,
and the winds long to play in your hair[/color][/b]
[size=85]Finn Fox[/size][/centrer]