par Riou » ven. 30 sept. 2022, 9:38
Cgs a écrit : ↑ven. 30 sept. 2022, 7:47
Je pose la question sérieusement : quelles sont les raisons objectives et rationnelles de pouvoir qualifier le mouvement politique de Giorgia MELONI de fasciste/néo-mussolinien/ultra-droite ? Et pouvez-vous définir
précisément ces 3 termes ?
Bonjour,
Je ne connais pas bien Meloni et je n'ai rien suivi de la campagne, donc je ne dirai rien sur ce sujet.
Je laisserai également l'appellation "ultra-droite" de côté, car tout cela paraît confus et conjoncturel.
Pour ce qui est du fascisme, au-delà du cadre italien et historique, on peut tout de même relever quelques traits saillants : le fascisme s'appuie généralement sur le culte d'un Chef fort, providentiel et absolu. Il y a toujours, dans le fascisme, une tendance à assimiler l'action du chef et son projet à quelque chose de supra-naturel, une mission historique hors norme (de là le culte du héros et l'appel à l'héroïsme, par exemple). Dans le fascisme, l'unité du corps social se fonde généralement sur des critères ethnoculturels très marqués et très exclusifs (parfois, cela va jusqu'au biologisme et le culte de la race), avec une conception de la patrie fondée sur l'idée d'expansion et de force, patrie au nom de laquelle il devient possible de nier l'individualité de la personne en exigeant tous les sacrifices.
Le fascisme peut donc se constater par ses effets : il fonde un clivage très fort et très agressif entre "eux" et "nous", son culte du chef et sa tendance à l'absolutisme impliquent généralement une forte limitation de la liberté de publier ses pensées sans être inquiété (
exit la liberté de la presse), et il y a toujours une fâcheuse tendance à diviniser le pouvoir et à instrumentaliser le spirituel pour assouvir les projets temporels du pouvoir en place. D'une manière ou d'une autre, il y a une exaltation du "peuple" uni derrière son Guide et un rejet frontal de la société telle qu'elle est. La rhétorique belliciste est souvent à l'honneur pour inciter à la mobilisation générale et permanente des esprits derrière son pouvoir absolu. Le fascisme, logiquement, est ennemi de la démocratie malgré ses allures apparemment "plébiscitaire".
Fondamentalement, le fascisme est un culte de la force qui repose sur la force, une idolâtrie du collectif et du "social" ennemie de la liberté de l'esprit et de la liberté tout court, sous toutes ses formes. Il tend toujours à désigner des boucs-émissaires et des ennemis pour renforcer l'appartenance au groupe et le sentiment d'une pureté interne à préserver - ce qui permet, en retour, le flicage permanent des membres de la communauté, toujours susceptible d'être des ennemis de l'intérieur en puissance.
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Je pose la question sérieusement : quelles sont les raisons objectives et rationnelles de pouvoir qualifier le mouvement politique de Giorgia MELONI de fasciste/néo-mussolinien/ultra-droite ? Et pouvez-vous définir [u][b]précisément[/b][/u] ces 3 termes ?
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Bonjour,
Je ne connais pas bien Meloni et je n'ai rien suivi de la campagne, donc je ne dirai rien sur ce sujet.
Je laisserai également l'appellation "ultra-droite" de côté, car tout cela paraît confus et conjoncturel.
Pour ce qui est du fascisme, au-delà du cadre italien et historique, on peut tout de même relever quelques traits saillants : le fascisme s'appuie généralement sur le culte d'un Chef fort, providentiel et absolu. Il y a toujours, dans le fascisme, une tendance à assimiler l'action du chef et son projet à quelque chose de supra-naturel, une mission historique hors norme (de là le culte du héros et l'appel à l'héroïsme, par exemple). Dans le fascisme, l'unité du corps social se fonde généralement sur des critères ethnoculturels très marqués et très exclusifs (parfois, cela va jusqu'au biologisme et le culte de la race), avec une conception de la patrie fondée sur l'idée d'expansion et de force, patrie au nom de laquelle il devient possible de nier l'individualité de la personne en exigeant tous les sacrifices.
Le fascisme peut donc se constater par ses effets : il fonde un clivage très fort et très agressif entre "eux" et "nous", son culte du chef et sa tendance à l'absolutisme impliquent généralement une forte limitation de la liberté de publier ses pensées sans être inquiété ([i]exit[/i] la liberté de la presse), et il y a toujours une fâcheuse tendance à diviniser le pouvoir et à instrumentaliser le spirituel pour assouvir les projets temporels du pouvoir en place. D'une manière ou d'une autre, il y a une exaltation du "peuple" uni derrière son Guide et un rejet frontal de la société telle qu'elle est. La rhétorique belliciste est souvent à l'honneur pour inciter à la mobilisation générale et permanente des esprits derrière son pouvoir absolu. Le fascisme, logiquement, est ennemi de la démocratie malgré ses allures apparemment "plébiscitaire".
Fondamentalement, le fascisme est un culte de la force qui repose sur la force, une idolâtrie du collectif et du "social" ennemie de la liberté de l'esprit et de la liberté tout court, sous toutes ses formes. Il tend toujours à désigner des boucs-émissaires et des ennemis pour renforcer l'appartenance au groupe et le sentiment d'une pureté interne à préserver - ce qui permet, en retour, le flicage permanent des membres de la communauté, toujours susceptible d'être des ennemis de l'intérieur en puissance.