Bonjour Sophia,
(tu as vu ? je t'écris à 5h30 du mat'
: les voisins ont fait le bazard
et m'ont réveillé <: ... Ah ! ces voisins...)
Donc, pour répondre à ta question :
La réflexion sur les damnés s'incrit comme une conséquence de la réflexion du père Garrigues sur l'innocence de Dieu
. Il s'appuie sur St Thomas d'Aquin. Je te donne deux phrases chocs de cet éminent docteur à ce propos :
"Dieu n'a pas idée du mal" (Somme théologique, Ia, q. 15, a. 3, ad. &um).
"Il n'y a rien de futur pour Dieu" (Des Sentences, 38, q. 1, ad. Sum).
St Thomas n'a pas tellement développé son intuition ; c'est la lecture d'un important philosophe chrétien français, Jacques Maritain
, grand ami de Paul VI
dont on dit qu'il élabora le
credo du peuple de Dieu, qui suggéra au père Garrigues de développer cette thèse. Le père Garrigues qui, rappelons-le, est le rédacteur d'une bonne partie du Catéchisme de l'Eglise Catholique, rien de moins (il est aussi conseiller à la congrégation de la doctrine pour la foi).
Sofia a écrit :Elle fait autorité ou elle est marginale ?
Il est vrai que cette réflexion est à la pointe de la théologie actuelle
, en principe les gens formés (y compris des théologiens
), en restent à la conception d'un Dieu omniscient, mais sans trop bien savoir définir ce concept d'omniscience pour la plupart d'entre eux... Le père Garrigues, à poussé loin sur ce sujet, et en développa les conséquences.
Et c'est l'une de ces conséquences qui concerne plus directement ta question à propos des damnés et de leur relation avec Dieu : La Tradition tiens que les damnés et les démons ont de l'être en eux, c'est un bien qui leur vient de Dieu, lui qui est l'unique source de l'être.
C'est d'ailleurs l'une des raisons qui fait souffrir les damnés : ils vivent une telle contradiction en eux-même que le bien qu'ils ont en eux (leur être donné par Dieu) est une source de souffrance : ce bien qui leur est donné - et qui est la raison même de leur existence - entre en contradiction avec leur volonté de négation de tout amour et de tout bien, confirmée à jamais dans un choix radical
. S'ils le pouvaient, il retournerait d'eux-même au néant
. Mais Dieu ne peut se résoudre à les perdre
et les poursuivra éternellement de son amour
, c'est la grande souffrance des anges déchus et des damnés.
Bien à toi,
Olivier