par Cinci » jeu. 16 sept. 2021, 18:38
Mais la façon de voir de Trinité pourrait se défendre.
Considérons :
Le monde a été crée bon
Attention : cela ne veut pas dire ordonné, harmonieux, mais seulement ordonnable, organisable.
Les sciences démontrent que l'univers, dès son origine, donc avant l'apparition de l'homme et le péché, était un monde cruel, ensanglanté et catastrophique.
[... et alors voyons comment le raisonnement peut être poussé]
Ne faudrait-il pas préciser la notion de désordre ? Tout désordre est-il un mal ? Certes, il y a un désordre qui est une conséquence du péché; mais il en est un autre qui est marche en avant vers un ordre.
Si Dieu avait construit le monde comme un artisan façonne son oeuvre, on ne comprendrait plus les échecs partiels, la proportion de déchets, le gaspillage de matière et de vies dont témoigne l'histoire de l'univers. Mais si Dieu a lancé dans l'existence une matière animée d'un esprit évolutif et que celui-ci se cherche à travers d'innombrables essais, on peut dire qu'il a réussi son oeuvre du moment que la tentative débouche dans une percée triomphale.
L'ordre est final dans le monde et ne se justifiera pleinement que lors de son accomplissement (Le gémissement des créatures dans l'ordre divin du cosmos]. Les hommes, s'ils n'avaient pas péché, s'ils étaient restés lucides et unis, auraient pu achever la création . En découvrant ses lois et en améliorant son fonctionnement, ils seraient arrivés à faire de cette terre un vrai paradis. Cette tâche leur reste toujours proposée.
Cette vue sur l'origine du monde modifie l'idée que nous nous faisons de Dieu. Dieu n'est pas «rassurant»; Dieu n'est pas entièrement rationnalisable; Dieu est génial, artiste; Dieu créateur est une puissance cosmique effrayante, démesurée, scandalisante. Il a crée un monde tumultueux, impitoyable, monstrueux, glaciaire et incandescent. Mais ce monde possédait en soi les principes de son évolution, les germes d'un discernement entre lumière et ténèbres, entre la terre et les eaux.
Dieu reste-t-il impassible, et comme neutre, devant l'usage de notre liberté ? Regarde-t-il du «haut du ciel» nos massacres, comme nous regarderions les remous d'une fourmillière, attendant la fin pour «juger les vivants et les morts» ? Imaginer Dieu ainsi, c'est s'exposer pu bien à ne plus croire en Lui (Comment supporter une pareille image de l'amour ?) ou bien à dissocier, faire deux parts dans sa vie : celle dans laquelle on pense à Dieu en oubliant tout le reste, et celle qui consiste à penser tout le reste - en essayant d'oublier Dieu.
Mais c'est évidemment faux. Dieu a voulu l'homme libre (cf. fil "Qu'est-ce qu'être libre ?") Dieu a permis ce risque effrayant que parce qu'il se sentait assez fort pour lutter d'intervention avec l'homme. Pour compenser par ses initiatives d'amour, tout ce que l'homme imaginerait de mal.
Un dialogue solennel s'est engagé entre Dieu et la créature. Dieu dit : «Tu feras ce que tu voudras, mais moi, je t'avertis que chaque fois J'inventerai de quoi triompher de ton mal, Je ne t'abandonnerai jamais. Je ferais de chacune de tes fautes, d'heureuses fautes. Je te proposerai sans cesse de merveilleuses réparations de tes saccages ("Ô Dieu qui avez crée l'homme dans la grandeur et l'avez restauré d'une manière plus admirable encore ...") Tout sera plus beau que si tu n'avais jamais péché. De ta honte et de ta peine, moi, Dieu, je tire une vertu qui n'aurait pas existé si tu n'avais pas failli. Adam a mal usé de sa liberté ? Felix culpa : le Verbe s'est fait chair et Il est venu demeurer parmi nous. Ève vous a perdus ? J'ai inventé Marie. Chacun de vous est tourmenté par des désirs de fruits défendus ? Chacun sera tenté et dévoré d'une soif du Dieu vivant. Ayez confiance : J'ai vaincu le mal.
Louis Evely
Mais la façon de voir de Trinité pourrait se défendre.
Considérons :
[quote][b]Le monde a été crée bon[/b]
Attention : cela ne veut pas dire ordonné, harmonieux, mais seulement ordonnable, organisable.
Les sciences démontrent que l'univers, dès son origine, donc avant l'apparition de l'homme et le péché, était un monde cruel, ensanglanté et catastrophique.
[... [i]et alors voyons comment le raisonnement peut être poussé[/i]]
Ne faudrait-il pas préciser la notion de désordre ? Tout désordre est-il un mal ? Certes, il y a un désordre qui est une conséquence du péché; mais il en est un autre qui est marche en avant [u]vers[/u] un ordre.
Si Dieu avait construit le monde comme un artisan façonne son oeuvre, on ne comprendrait plus les échecs partiels, la proportion de déchets, le gaspillage de matière et de vies dont témoigne l'histoire de l'univers. Mais si Dieu a lancé dans l'existence une matière animée d'un esprit évolutif et que celui-ci se cherche à travers d'innombrables essais, on peut dire qu'il a réussi son oeuvre du moment que la tentative débouche dans une percée triomphale.
L'ordre est final dans le monde et ne se justifiera pleinement que lors de son accomplissement (Le gémissement des créatures dans l'ordre divin du cosmos]. Les hommes, s'ils n'avaient pas péché, s'ils étaient restés lucides et unis, au[u]raient[/u] pu achever la création . En découvrant ses lois et en améliorant son fonctionnement, ils seraient arrivés à faire de cette terre un vrai paradis. Cette tâche leur reste toujours proposée.
Cette vue sur l'origine du monde modifie l'idée que nous nous faisons de Dieu. Dieu n'est pas «rassurant»; Dieu n'est pas entièrement rationnalisable; Dieu est génial, artiste; Dieu créateur est une puissance cosmique effrayante, démesurée, scandalisante. Il a crée un monde tumultueux, impitoyable, monstrueux, glaciaire et incandescent. Mais ce monde possédait en soi les principes de son évolution, les germes d'un discernement entre lumière et ténèbres, entre la terre et les eaux.
Dieu reste-t-il impassible, et comme neutre, devant l'usage de notre liberté ? Regarde-t-il du «haut du ciel» nos massacres, comme nous regarderions les remous d'une fourmillière, attendant la fin pour «juger les vivants et les morts» ? Imaginer Dieu ainsi, c'est s'exposer pu bien à ne plus croire en Lui (Comment supporter une pareille image de l'amour ?) ou bien à dissocier, faire deux parts dans sa vie : celle dans laquelle on pense à Dieu en oubliant tout le reste, et celle qui consiste à penser tout le reste - en essayant d'oublier Dieu.
Mais c'est évidemment faux. Dieu a voulu l'homme libre (cf. fil "Qu'est-ce qu'être libre ?") Dieu a permis ce risque effrayant que parce qu'il se sentait assez fort pour lutter d'intervention avec l'homme. Pour compenser par ses initiatives d'amour, tout ce que l'homme imaginerait de mal.
Un dialogue solennel s'est engagé entre Dieu et la créature. Dieu dit : «Tu feras ce que tu voudras, mais moi, je t'avertis que chaque fois J'inventerai de quoi triompher de ton mal, Je ne t'abandonnerai jamais. Je ferais de chacune de tes fautes, d'heureuses fautes. Je te proposerai sans cesse de merveilleuses réparations de tes saccages ("Ô Dieu qui avez crée l'homme dans la grandeur et l'avez restauré d'une manière plus admirable encore ...") Tout sera plus beau que si tu n'avais jamais péché. De ta honte et de ta peine, moi, Dieu, je tire une vertu qui n'aurait pas existé si tu n'avais pas failli. Adam a mal usé de sa liberté ? Felix culpa : le Verbe s'est fait chair et Il est venu demeurer parmi nous. Ève vous a perdus ? J'ai inventé Marie. Chacun de vous est tourmenté par des désirs de fruits défendus ? Chacun sera tenté et dévoré d'une soif du Dieu vivant. Ayez confiance : J'ai vaincu le mal.
Louis Evely[/quote]