Suroît a écrit : ↑ven. 25 oct. 2019, 23:52
Carhaix a écrit : ↑ven. 25 oct. 2019, 22:57
Suroît, j'ai une question très simple à vous poser :
Pourquoi êtes-vous catholique ?
Si vous remettez en doute 95% de ce que l'Église a toujours enseigné, pourquoi rester catholique ?
La question se pose, et elle est très simple.
J'ai été baptisé catholique étant petit, sans grande ferveur puisqu'au fond personne ne l'est vraiment autour de moi, ce qui fait que je n'ai jamais vécu en milieu catholique. Je suis donc très loin d'être catholique, il m'arrive d'aller à la messe (rarement), mais la voix de l'Eglise me paraît précieuse.
Après, très franchement, tout le monde autour de moi fait partie de la France dégoûtée par la religion, où aucune transmission ne s'est faite, ou alors de manière robotique et mécanique. Et ce que je peux lire parfois sur ce forum va dans ce sens. Le Dogme s'assène et ne pense pas. L'hérésie est brandie sitôt qu'une parole n'est pas bien calée dans le jargon adéquat, et franchement cela ne donne vraiment pas envie d'y aller, bien que je ne généralise pas par ailleurs.
Je respecte l'Eglise, ses beautés, sa tradition théologique et philosophique (Augustin, Thomas d'Aquin, Descartes, Malebranche, etc.), ses majestés. Mais si le Dogme c'est cela, s'il est vécu comme ce que je peux voir là, alors je préfère lire Saint Augustin et rester sans Eglise. Je sais que cela ne veut rien dire pour beaucoup de gens ici, mais je pense que le jour où certains catholiques se regarderont dans une glace et verront ce qu'ils font de leur doctrine, de leur rapport à l'autorité qui se confond avec l'autoritarisme, de ces misérables querelles idéologiques vides de sens, de certains comportements mécaniquement répétés, alors ils comprendront peut-être pourquoi des millions de francais ont pris la poudre d'escampette en raison d'un sentiment d'etouffement. Ce n'est pas l'Eglise qui est étouffante, je ne le pense pas, et je n'ai rien contre le principe du dogme, car après tout les sciences aussi ont besoin de s'appuyer sur des principes indémontrés. Le dogme ne me pose pas de problème s'il est assumé. Il m'horrifie s'il devient dogmatisme, rigidité répétée sans rien derrière. Parce que ce n'est pas cela que je vois derrière quand je lis la Tradition, quand je lis Augustin, quand j'entends des chercheurs de l'Institut catholique. Cela n'a rien à voir. Et je ne comprends pas, c'est tout.
Dans la rubrique "Les cathos traditionalistes", j'ai mis un message en réponse à Heraclius sur la messe. Ce qu'il dit est très vrai, et je pense que nous en manquons. Mais je peux voir autour de moi pourquoi cela a disparu, pourquoi les gens ont cessé d'être catholique. Je les comprends.
Le dogme doit être un point de départ pour penser, un point d'appui, pas une station d'arrivée. Car de fait cela pose problème, et certaines propositions ont besoin d'être eclaircies et développées pour être comprise. Lisez Saint Augustin et vous verrez. Et je ne deviendrais pas catholique car justement je vois bien que cela ne passe pas et que ca ne marche pas. Tant pis.
Par ailleurs, trop de fermeture chez certains, et cela me gène. Trop de crispation sur tout et n'importe quoi, trop d'idéologie ou d'accusation d'idéologie, et c'est dérangeant. Je remarque que les posts sur le "modernisme" ou le "traditionalisme" font fureurs et pullulent, et un post sur la méditation d'un verset du Notre Père ne fera que 1500 vues... Je crois qu'il y a un problème. Et j'ai moi même participé à un fil sur le modernisme, ce qui était sans doute une bêtise, car cela ne mène nulle part, si ce n'est à diviser et miner la foi en profondeur.
Je suis jeune, je respecte l'Eglise qui m'a baptisée étant petit, mais je ne l'intègrerai pas. Et je comprends mieux pourquoi maintenant. C'est ma confirmation à l'envers, si vous voulez.
C'est dommage Carhaix, car nous ne sommes pas si loin d'être d'accord parfois. Je n'ai rien compris de ce que vous disiez au début, car vous me parliez de dogmes sans cesse, de manière assez rigide je trouvais, mais finalement je ne comprends pas où vous voulez en venir et quelle est votre position au final. Mais ce n'est pas grave!
L'intérêt de ce forum est qu'il est de grande qualité je trouve, complet, avec des intervenants intéressants. Mais il y a manifestement des divisions très profondes, et ce n'est pas vraiment assumée, ou alors cela vire à l'idéologie. Dommage. Désormais je choisirai mes sujets.
Donc je ne suis pas catholique, ce qui ne m'empêche pas de respecter profondément les prêtres, et de trouver une grande beauté dans la messe, même celle d'aujourd'hui (seule que je connaise en fait). La diversité ne me dérange pas, et celle de prêtres non plus.
C'est un fait qu'il y a des sensibilités très différentes dans le catholicisme. Mais ce n'est pas assumé. C'est pourquoi je trouve que tout cela donne une unité un peu bizarre. Et au fond, il y a une odeur de schisme un peu partout je trouve, où chacun tire l'autorité vers soi pour appuyer son opinion personnelle, en lui faisant dire un peu ce qu'ils veulent pour y trouver ce qui les arrange. Sinon il n'y aurait pas toutes ces divisions où chaque parti se réclame du vrai catholicisme. Qui est incohérent dans l'histoire?
Maintenant pour revenir sur la question du diable, j'ai l'impression que certains se réclament de la tradition et tendent à affirmer un être au mal dans la manière dont ils parlent du diable. Eh bien il suffit de lire Augustin et bien d'autres pour voir que c'est frontalement contraire à la Tradition catholique que j'ai suffisemment lu pour en être certain. Donc avant d'invoquer l'hérésie il serait peut être plus judicieux de puiser à la source plutôt que de déballer un catéchisme mal compris. Car ils semblent parfois dire l'inverse d'un Saint Augustin, et ce n'est pas si cohérent que cela. Moi je suis cohérent sur ce point.
Par ailleurs, oui, le mal est pour moi un symbole, et je pense comme le prêtre. Donc je suis un "affreux moderniste"! Sans doute comme beaucoup de catholiques d'ailleurs. Mais ils ne le disent pas. Mais j ai mes raisons de penser cela, et je préfère cela que de tomber dans un manichéisme inconscient.
Voilà.
Respectueusement.