par Didyme » lun. 09 déc. 2019, 16:54
Je lis parfois par endroit des commentaires sur des "méchants" qui seront damnés pour toujours, commentaires souvent "jetés" souvent avec un tel détachement, une telle distance. Et je ne peux m'empêcher d'être heurté par cette lecture.
Pour se permettre de juger qu'une personne puisse être mauvaise, de parler de "méchants" il faut alors se considérer soi-même comme bon ou du moins comme meilleur que cette personne (même si on ne parle que d'une personne indéfinie). Pour penser qu'il y ait des personnes irrémédiablement perdues, soit c'est une chose que l'on considère pour soi-même soit c'est que l'on considère alors que l'on est meilleur que ces personnes, que l'on vaut plus, mieux qu'elles. Car s'ils sont des "méchants" alors c'est bien que moi je suis bon, juste. Ou alors je pense que "nous sommes méchants" et je m'inclus dedans. Mais si je porte un regard extérieur sur le "méchant" irrécupérable, damné de chez damné alors c'est que je ne le considère pas pour moi et que je porte un jugement de valeur de la personne. Je juge qu'il y a des personnes moins bonnes, des "sous-hommes", des "sous-créatures" en quelques sortes. Et par là, je juge les œuvres de Dieu.
Si je suis incapable de me considérer moi-même comme irrécupérable et que je ne me place pas comme "meilleur" qu'un autre, alors je ne peux en aucun cas me permettre de considérer quiconque comme irrécupérable.
Car soit je me glorifie moi-même soit je me condamne à travers cette considération.
Dieu seul peut juger d'une personne, aucun homme ne le peut et aucun homme n'a le droit de considérer que quiconque soit damné.
Il serait donc étonnant que l'Église encourage à travers son enseignement à considérer qu'il y ait "plein" de damnés étant donné que cet avertissement ne s'adresse qu'à chacun de nous et non pas à juger des autres. Car je doute que l'Église encouragerait à s'élever soi-même en enseignant de considérer la damnation de l'autre, considération incluse indirectement à travers le " plein de".
Ici, il ne s'agit pas du soucis du salut de son prochain que l'on estime encore possible mais de la considération de la damnation d'un autre, que l'on estime effective. Que l'on se soucie de l'autre c'est une bonne chose mais que l'on estime un autre "méchant" et irrécupérable c'est autre chose.
Ce n'est sûrement pas pour rien que l'Église se prononce sur le salut de personnes car c'est la loi de l'amour de se soucier du salut de l'autre.
C'est dans le salut que l'on est uni, solidaire, que l'on peut espérer pour tous.
Et que d'un autre côté, l'Eglise ne se prononce pas sur la damnation de quiconque. Il n'y a pas d'amour ici dans cette considération, il n'y a pas de solidarité en ce qui concerne une condition irrémédiable.
Qu'il soit possible que je sois damné et que j'en ai la considération, c'est un gain qui me permet de me tourner vers Dieu. Que je considère la damnation d'autres personnes, que je juge qu'il y ait des "méchants" irrécupérables autres que moi c'est une attitude tendancieuse.
Qu'il en soit encore comme pour d'un Saint Paul qui voudrait être anathème pour ses frères juifs séparés, ou d'une Thérèse de Lisieux ou Catherine de Sienne qui voudraient bloquer l'accès à l'enfer, cela démontre d'une compassion, d' une solidarité qui montre qu'ils sont heurtés au plus profond d'eux-mêmes, comme déchiré dans leur humanité et qu'ils ne parviennent pas à se résigner, à admettre cette condition et son irrémédiabilité. Ici, il est avant tout question de charité. D'autant plus, lorsqu'il est question de vouloir porter des souffrances, être damné si cela pouvait sauver des âmes.
Ce qui n'est pas le cas lorsqu'on se résigne et qu'on accepte qu'il y ait des "méchants" irrécupérables, pire si on se réjouit qu'ils aient ce qu'ils "méritent".
Je ne crois pas que ces mystiques qui ont fait l'expérience de l'enfer se réjouissaient de cette condition pour d'autres, ni même en éprouvaient une indifférence.
Je ne parviens pas non plus à comprendre cette considération manichéenne de bonnes personnes et de mauvaises personnes. Nous sommes tous de la même humanité, nous sommes tous mauvais, rebelles à Dieu par nos péchés. Tous les sauvés le sont par grâce, non par eux-mêmes. Et nous sommes tous bons en tant qu'oeuvres du Dieu Créateur.
Il ne faudrait pas que la foi devienne un motif d'orgueil, que l'humilité devienne un motif d'orgueil, pas plus qu'accomplir des œuvres ni aimer devienne un motif d'orgueil, de telle sorte de pouvoir considérer des frères humains en perdition de haut.
L'homme est-il son propre créateur pour s'enorgueillir de ce qu'il pourrait faire parti des "justes" ? Aurait-il quoi que ce soit si ça ne lui était donné de Dieu ?
Je lis parfois par endroit des commentaires sur des "méchants" qui seront damnés pour toujours, commentaires souvent "jetés" souvent avec un tel détachement, une telle distance. Et je ne peux m'empêcher d'être heurté par cette lecture.
Pour se permettre de[b] juger[/b] qu'une personne puisse être mauvaise, de parler de "méchants" il faut alors se considérer soi-même comme bon ou du moins comme meilleur que cette personne (même si on ne parle que d'une personne indéfinie). Pour penser qu'il y ait des personnes [b] irrémédiablement[/b] perdues, soit c'est une chose que l'on considère pour soi-même soit c'est que l'on considère alors que l'on est meilleur que ces personnes, que l'on vaut plus, mieux qu'elles. Car [u]s'ils sont [/u]des "méchants" alors c'est bien que moi je suis bon, juste. Ou alors je pense que "nous sommes méchants" et je m'inclus dedans. Mais si je porte un regard [b] extérieur[/b] sur le "méchant" irrécupérable, damné de chez damné alors c'est que je ne le considère pas pour moi et que je porte un jugement de valeur de la personne. Je juge qu'il y a des personnes moins bonnes, des "sous-hommes", des "sous-créatures" en quelques sortes. Et par là, je juge les œuvres de Dieu.
Si je suis incapable de me considérer moi-même comme irrécupérable et que je ne me place pas comme "meilleur" qu'un autre, alors je ne peux en aucun cas me permettre de considérer quiconque comme irrécupérable.
Car soit je me glorifie moi-même soit je me condamne à travers cette considération.
Dieu seul peut juger d'une personne, aucun homme ne le peut et aucun homme n'a le droit de considérer que quiconque soit damné.
Il serait donc étonnant que l'Église encourage à travers son enseignement à considérer qu'il y ait "plein" de damnés étant donné que cet avertissement ne s'adresse qu'à chacun de nous et non pas à juger des autres. Car je doute que l'Église encouragerait à s'élever soi-même en enseignant de considérer la damnation de l'autre, considération incluse indirectement à travers le " plein de".
Ici, il ne s'agit pas du soucis du salut de son prochain que l'on estime encore possible mais de la considération de la damnation d'un autre, que l'on estime effective. Que l'on se soucie de l'autre c'est une bonne chose mais que l'on estime un autre "méchant" et irrécupérable c'est autre chose.
Ce n'est sûrement pas pour rien que l'Église se prononce [u] sur le salut [/u] de personnes car c'est la loi de l'amour de se soucier du salut de l'autre.
C'est dans le salut que l'on est uni, solidaire, que l'on peut espérer pour tous.
Et que d'un autre côté, l'Eglise ne se prononce pas[u] sur la damnation[/u] de quiconque. Il n'y a pas[b] d'amour[/b] ici dans cette considération, il n'y a pas de solidarité en ce qui concerne une condition irrémédiable.
Qu'il soit possible que je sois damné et que j'en ai la considération, c'est un gain qui me permet de me tourner vers Dieu. Que je considère la damnation d'autres personnes, que je juge qu'il y ait des "méchants" irrécupérables autres que moi c'est une attitude tendancieuse.
Qu'il en soit encore comme pour d'un Saint Paul qui voudrait être anathème pour ses frères juifs séparés, ou d'une Thérèse de Lisieux ou Catherine de Sienne qui voudraient bloquer l'accès à l'enfer, cela démontre d'une compassion, d' une solidarité qui montre qu'ils sont heurtés au plus profond d'eux-mêmes, comme déchiré dans leur humanité et qu'ils ne parviennent pas à se résigner, à admettre cette condition et son irrémédiabilité. Ici, il est avant tout question de charité. D'autant plus, lorsqu'il est question de vouloir porter des souffrances, être damné si cela pouvait sauver des âmes.
Ce qui n'est pas le cas lorsqu'on se résigne et qu'on accepte qu'il y ait des "méchants" irrécupérables, pire si on se réjouit qu'ils aient ce qu'ils "méritent".
Je ne crois pas que ces mystiques qui ont fait l'expérience de l'enfer se réjouissaient de cette condition pour d'autres, ni même en éprouvaient une indifférence.
Je ne parviens pas non plus à comprendre cette considération manichéenne de bonnes personnes et de mauvaises personnes. Nous sommes tous de la même humanité, nous sommes tous mauvais, rebelles à Dieu par nos péchés. Tous les sauvés le sont par grâce, non par eux-mêmes. Et nous sommes tous bons en tant qu'oeuvres du Dieu Créateur.
Il ne faudrait pas que la foi devienne un motif d'orgueil, que l'humilité devienne un motif d'orgueil, pas plus qu'accomplir des œuvres ni aimer devienne un motif d'orgueil, de telle sorte de pouvoir considérer des frères humains en perdition de haut.
L'homme est-il son propre créateur pour s'enorgueillir de ce qu'il pourrait faire parti des "justes" ? Aurait-il quoi que ce soit si ça ne lui était donné de Dieu ?