S. Weil sur l'Infaillibilité (concile de Florence)

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Re: Une remarque de Simone Weil

par Cinci » mar. 10 juil. 2012, 13:50

Nous aurions une illustration ici pour actualiser ce dont Simone Weil se souciait, juste avec le video de l'abbé concernant les protestants évangéliques

http://www.youtube.com/watch?v=g9o3Wowr ... r_embedded

Voir à 2 : 20 : «... en-dehors de la communion à l'Église catholique, hors de laquelle il n'y a pas de salut

Re: Une remarque de Simone Weil

par Cinci » lun. 09 juil. 2012, 20:54

Théophile, merci pour le lien :
L’église est dotée de l’infaillibilité

[...] Il assiste également les fidèles pour qu’ils gardent l’intégrité de la foi qu’ils ont reçue en donnant leur adhésion à la Parole qui leur a été transmise (91, 889).
L'Église demandera que les fidèles donnent leur adhésion au dogme proclamé ou à ce que l'Église tiendra pour être une doctrine assurée.

Re: Une remarque de Simone Weil

par Cinci » lun. 09 juil. 2012, 20:34

François-Xavier, vous disiez :
Énoncé qui est faux en lui même ! Il a été corrigé dans les versions suivantes...
Oui, la rédaction du catéchisme n'est pas forcément impeccable. C'est toujours modifiable (cf les tournures de phrase, expressions employées, etc). Mais que trouviez-vous incorrect dans la version de 1992 ? quelle formulation serait meilleure ?

Re: Une remarque de Simone Weil

par Cinci » lun. 09 juil. 2012, 20:29

Bonjour,

Spk écrit :
L'auteur de ce texte n'est manifestement pas infaillible.
Je suppose que ce qu'il a essayé laborieusement de dire, c'est qu'il ne faut pas voir l'infaillibilité pontificale comme un charisme personnel qui relèverait de la magie, mais comme une conséquence de l'attachement du Christ à son Eglise, celui-ci fondant celle-là.
Il ne s'ensuit en rien que les conciles soient infaillibles. C'est pourquoi notre auteur peut affirmer que le dogme de l'Assomption est le seul cas où un pape s'est exprimé dans les conditions engageant l'infaillibilité depuis la promulgation de ce dogme.
En matière d'infaillibilité, alors je suis tombé sur ''un détail'' dans l'ouvrage d'André Naud et que je ne connaissais pas. Ça va comme suit :



«... j'ai toujours considéré que la rédaction de l'infaillibilité pontificale était profondément déficiente. Pour qu'on puisse bien voir, il est nécéssaire de rappeler cette rédaction :

  • Mais comme en ce temps qui exige au plus haut point l'efficacité salutaire de la charge apostolique, il ne manque pas d'hommes qui en contestent l'autorité, Nous jugeons absolument nécéssaire d'affirmer solennellement la prérogative que le Fils unique de Dieu a daigné joindre à la fonction pastorale suprême.

    C'est pourquoi, Nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l'origine de la foi chrétienne pour la gloire de Dieu Notre Sauveur, pour l'exaltation de la religion catholique et pour le salut des peuples chrétiens, avec l'approbation du saint concile, Nous enseignons et définissons que c'est un dogme révélé par Dieu que le pontife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c'est à dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine en matière de foi ou de morale doit être tenue par toute l'Église, jouit, en vertu de l'assistance divine qui lui a été promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que soit pourvue son Église lorsqu'elle définit la doctrine sur la foi ou la morale : par conséquent, ces définitions du pontife romain sont irréformables et par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l'Église.

    Si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition : qu'il soit anathème.

    - Vatican I, 1870
En étendant l'infaillibilité aux enseignements concernant la foi et les moeurs cette rédaction courait le risque d'induire les gens en erreur et les conduire à penser que l'infaillibilité s'étendait à tout enseignement concernant la morale, qu'elle soit révélée ou non, contrairement à ce que voulaient manifester les Pères du concile Vatican I. Par dessus tout, cette rédaction ne dit rien des limites imposées par le concile Vatican I à l'infaillibilité. Si bien que ce texte est largement responsable de toutes les exagérations qu'on a connues depuis le moment où il fut adopté en juillet 1870. Il n'est pas exagéré de dire avec Yves Congar que, depuis un siècle, on a parlé de l'infaillibilité d'une manière naïve, «au risque de majorer indûment le contenu de la doctrine et même de la travestir».

[...]

C'est pourquoi j'estime que la meilleure façon d'appliquer à ce dogme la pensée de Simone Weil serait de demander que l'on corrige cette formulation que personne ne saurait comprendre correctement sans lire le rapport de Mgr Gasser, qui expliquait aux Pères de Vatican I le sens précis de la doctrine qu'ils étaient appelés à voter. L'objectif à poursuivre dans cet effort de correction serait de dire exactement ce qu'on veut dire et de s'accorder l'espace nécéssaire pour le faire. La vérité et le sens véritable du dogme de 1870 se trouvent cachés dans le rapport Gasser. Qui lit aujourd'hui et qui peut lire ce rapport, d'ailleurs rédigé en latin ? (A. Naud, p.145)[/color]


Le rapport de Mgr Gasser ? Quid ? Quelqu'un l'aurait-il lu ? C'est la première fois que j'entend parler de l'existence dudit rapport.

Si un concile n'est pas infaillible ? Je croirais que les proclamations solennelles s'y trouvant et comme autant de définitions de l'évêque de Rome réalisées en lien avec ses frères évêques le sont, infaillibles. Peut-être pas la formulation elle-même, l'ordre des mots, l'image découlant d'un mot d'époque, la syntaxe... mais le sens réel qui est visé.

Re: Une remarque de Simone Weil

par Mac » lun. 09 juil. 2012, 19:45

Oui, merci Raistlin. En plus je crois qu'ainsi elle ne tombe pas dans le jugement, ce qui est d'une grande intelligence et sagesse puisque Jésus Lui-même dit de ne pas juger.

Fraternellement en Notre Seigneur Dieu Jésus Christ.

Re: Une remarque de Simone Weil

par Raistlin » lun. 09 juil. 2012, 18:41

Mac a écrit :A la lecture de ce passage mais il y en aurait d'autres, Jésus Notre Seigneur ne semble pas suggérer d'autres portes de salut. Il dit que celui qui croit en Lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé". Il ne parle pas de cet homme de bonne volonté, si bien que je me dis que la bonne volonté n'est pas un critère suffisant me semble-t-il pour Dieu mais bien l'accueil du Christ qui est amour miséricorde, sorti de Dieu et donc venu d'en haut dans le monde afin de sortir l'homme des ténèbres qu'il prend pour la lumière et de la mort éternelle qu'il croit être la vie.
Mais je suis bien d'accord, il n'y aucune autre porte que Jésus. Le judaïsme ne sauve pas, l'islam ne sauve pas, le bouddhisme ne sauve pas, les délires new-age ne sauvent pas, etc. Mais nous savons aussi que Dieu est juste que, selon saint Paul, il veut que tout homme soit sauvé. Or il faut admettre que beaucoup de personnes n'ont jamais entendu parler du Christ, ou jamais de manière à se positionner fermement. C'est ceux-là que vise la prudence de l'Église.

La position de l'Église vient vraiment de cette tension entre d'une part le fait que Jésus soit la seule porte de Salut, et que, en toute justice, tous n'ont pas pu avoir l'opportunité de se positionner par rapport à lui.

Fraternellement,

Re: Une remarque de Simone Weil

par Mac » lun. 09 juil. 2012, 18:27

Raistlin a écrit : Voilà pourquoi la doctrine catholique enseigne que même si l'adhésion à l'Église est nécessaire au Salut, tout homme de bonne volonté s'efforçant de chercher Dieu et d'agir selon le bien que lui dicte sa conscience peut être sauvé. Comment ? Nous n'en savons rien, c'est Dieu que ça regarde.
Bonjour Raitslin,

En fait l'Eglise n'exclut des portes de salut dont elle n'aurait pas connaissance, mais Jésus dit bien que "De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises."
A la lecture de ce passage mais il y en aurait d'autres, Jésus Notre Seigneur ne semble pas suggérer d'autres portes de salut. Il dit que celui qui croit en Lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé". Il ne parle pas de cet homme de bonne volonté, si bien que je me dis que la bonne volonté n'est pas un critère suffisant me semble-t-il pour Dieu mais bien l'accueil du Christ qui est amour miséricorde, sorti de Dieu et donc venu d'en haut dans le monde afin de sortir l'homme des ténèbres qu'il prend pour la lumière et de la mort éternelle qu'il croit être la vie. En fait il ignore qu'il peut être sauvé par le Christ, et dans certains cas ces personnes n'ont plus d'oreille parce qu'ils croient savoir. Enfin je comprends la prudence de Notre Sainte Église, mais les textes et les paroles de Notre Seigneur Jésus Christ ne semble pas attester qu'il y a d'autres portes. Est-ce qu'il y a d'autre façon de comprendre ce texte? Je crois d'après ce que j'ai compris mais je peux mal comprendre que le salut passe par les sacrements et donc par l'Eglise. Par exemple de mémoire "celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle en lui", mais pourquoi dire cela si celui qui fait preuve de bonne volonté a la vie éternelle aussi en lui. La parole serait alors inutile non? De plus si il y a d'autre portes pourquoi Dieu va envoyé Son Fils mourir sur la croix après avoir été martyrisé?

Fraternellement en Notre Seigneur Jésus Christ.

Re: Une remarque de Simone Weil

par Raistlin » lun. 09 juil. 2012, 16:59

spk a écrit :La question est intéressante, certainement. Mais c'est qu'elle en implique d'autres. Au premier rang, bien sûr, que signifie être sauvé? S'agit-il d'avoir son billet pour la vie éternelle? Ou bien cette image relève-t-elle de la superstition, et faut-il entendre le salut comme un état de l'âme relevant de la sainteté, ou à tout le moins suffisamment bon pour que la miséricorde divine et sa justice soient conciliables?
Dieu est forcément juste. Voilà pourquoi la doctrine catholique enseigne que même si l'adhésion à l'Église est nécessaire au Salut, tout homme de bonne volonté s'efforçant de chercher Dieu et d'agir selon le bien que lui dicte sa conscience peut être sauvé. Comment ? Nous n'en savons rien, c'est Dieu que ça regarde.

Il va de soi que le Salut est bien plus qu'un ticket d'entrée. Il s'agit d'accueil de la grâce. Dans quelle mesure accueillons-nous la grâce et dans quelle mesure la refusons-nous.
L’Écriture est parfaitement claire : Dieu est parfaitement saint et ne peut supporter le péché en sa présence. L’homme est pécheur, c’est l’évidence même pour qui ne refuse pas de voir la triste réalité de la condition humaine. Ainsi, aucun homme ne peut vivre de la vie de Dieu tant qu’il n’a pas été purifié. Le saint n’est donc pas celui qui n’a jamais péché. Le saint est celui qui a été pardonné par Dieu et qui laisse sa grâce déployer tous ses trésors en lui. Or cette grâce passe nécessairement par le Christ et donc par l’adhésion à l’Église qui est son corps mystique.

spk a écrit :En d'autres termes, le salut est-il arbitraire, en lui-même comme en ses moyens, (mais nul n'ayant le droit de critiquer l'arbitraire divin, il nous faut nous plier à cet arbitraire), ou bien faut-il considérer qu'il est nécessairement juste, même si cette justice nous échappe?
C’est une vision très « islamique » du Salut : Dieu sauve qui Il veut et condamne qui Il veut.

Pour nous, il en va différemment : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, c’est certain (non pas en raison de sa Justice mais de sa Miséricorde). Mais tous ne le seront pas, c’est malheureusement fort probable. Et lorsqu’un homme n’est pas sauvé, Dieu n’est pas responsable : sa grâce est offerte à tous ceux qui veulent bien l’accueillir.

Cordialement,

Re: Une remarque de Simone Weil

par spk » lun. 09 juil. 2012, 16:44

La question est intéressante, certainement. Mais c'est qu'elle en implique d'autres. Au premier rang, bien sûr, que signifie être sauvé? S'agit-il d'avoir son billet pour la vie éternelle? Ou bien cette image relève-t-elle de la superstition, et faut-il entendre le salut comme un état de l'âme relevant de la sainteté, ou à tout le moins suffisamment bon pour que la miséricorde divine et sa justice soient conciliables?
En d'autres termes, le salut est-il arbitraire, en lui-même comme en ses moyens, (mais nul n'ayant le droit de critiquer l'arbitraire divin, il nous faut nous plier à cet arbitraire), ou bien faut-il considérer qu'il est nécessairement juste, même si cette justice nous échappe?
J'avoue que je suis curieux de savoir quelle idée les catholiques d'aujourd'hui se font du salut.

Re: Une remarque de Simone Weil

par François-Xavier » lun. 09 juil. 2012, 15:08

Sur la question du salut des non chrétiens, il faut, c'est certain, bien réfléchir : parce que la question n'est pas simple. Premièrement, le Conclie de Constnace est dur dans sa formulaiton à cause du contexte : il s'agit de mettre fin à la séparation d'avec les orientaux. Et ça n'a pas marché....
Ensuite, l'ensemble de la question est tout à fait en lien avec la question du baptême, du salut des non baptisés, de la remise en cause par la théologie récente de l'hypothèse de S. Thomas d'Aquin sur les limbes, de la question du devenir de toute personne dans le mystère de la mort.
Les théologiens, spécialement les ecclesiologues continuent de s'étriper sur ce sujet précis, qui est il est vrai fondamental surtout en ce qui concerne les relations avec les autres religions. Le gros point difficile concerne Lumen Gentium 16, les "préparations évangéliques", les "semences de verbe" :
LG16 a écrit :Enfin, pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu [Cf. Saint Thomas, Somme théologique III, q. 8, a. 3, ad 1.] et, en premier lieu, ce peuple qui reçut les alliances et les promesses, et dont le Christ est issu selon la chair (cf. Rm 9, 4-5), peuple très aimé du point de vue de l’élection, à cause des Pères, car Dieu ne regrette rien de ses dons ni de son appel (cf. Rm 11, 28-29). Mais le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, [le texte ne dit pas : ils ont la foi d’Abraham] adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux,futur juge des hommes au dernier jour. Et même des autres, qui cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent, de ceux-là mêmes Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25-28), et puisqu’il veut, comme Sauveur, amener tous les hommes au salut (cf. 1 Tm 2, 4).
En effet, ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel [peuvent arriver ne signifie certainement pas arrivent à coup sûr] [Cf. Lettre de la Sacrée Congrégation du Saint-Office à l’archevêque de Boston. : Denz. 3869-72.]. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, [la grâce divine qui n’est pas enfermée dans son exercice à l’intérieur des frontières de l’Eglise visible] à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique [Cf. Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica, 1, 1 : PG 21, 28 AB.] et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie.
Bien souvent, malheureusement, les hommes, trompés par le démon, se sont égarés dans leurs raisonnements, [Ce qui pourrait être une préparation évangélique est cependant « bien souvent » une cause de chute et de malheur. Le texte d’origine dit même « saepius » c'est-à-dire en fait « le plus souvent »] ils ont délaissé le vrai Dieu pour des êtres de mensonge, servi la créature au lieu du Créateur (cf. Rm 1, 21.25) 21.25) ou bien, vivant et mourant sans Dieu dans ce monde, ils sont exposés aux extrémités du désespoir. C’est pourquoi l’Église, soucieuse de la gloire de Dieu et du salut de tous ces hommes, se souvenant du commandement du Seigneur : « Prêchez l’Évangile à toutes créatures» (Mc 16, 16), met tout son soin à encourager et soutenir les missions. [A aucun moment on en voit donc l’Eglise dans Vatican II décourager les missions vers les non chrétiens]
... et ses (mauvaises interprétations) à laquelle n'échappe pas le Catéchisme de l'Eglise Catholique lui même dans sa première édition :
CEC-1992 a écrit :“1281 : Ceux qui subissent la mort à cause de la foi, les catéchumènes et tous les hommes qui, sous l’impulsion de la grâce, sans connaître l’Église, cherchent sincèrement Dieu et s’efforcent d’accomplir sa volonté, sont sauvés, même s’ils n’ont pas reçu le Baptême (cf. LG 16)”.
Énoncé qui est faux en lui même ! Il a été corrigé dans les versions suivantes...

Si on se concentre bien sur le sujet, cela peut faire une belle discussion de laquelle pourra sortir de beaux fruits sur le forum.

Re: Une remarque de Simone Weil

par spk » lun. 09 juil. 2012, 15:00

L'auteur de ce texte n'est manifestement pas infaillible.
Je suppose que ce qu'il a essayé laborieusement de dire, c'est qu'il ne faut pas voir l'infaillibilité pontificale comme un charisme personnel qui relèverait de la magie, mais comme une conséquence de l'attachement du Christ à son Eglise, celui-ci fondant celle-là.
Il ne s'ensuit en rien que les conciles soient infaillibles. C'est pourquoi notre auteur peut affirmer que le dogme de l'Assomption est le seul cas où un pape s'est exprimé dans les conditions engageant l'infaillibilité depuis la promulgation de ce dogme.

Re: Une remarque de Simone Weil

par Théophile » lun. 09 juil. 2012, 14:47

Pourtant l'Eglise se dit aussi infaillible, à la suite du Christ, selon le Catéchisme.
http://www.portstnicolas.org/La-questio ... ilite.html
[+] Texte masqué
La question de l’infaillibilité
Chapitre 19 du Guide de Lecture, proposé à la fin du Catéchisme de l’Eglise catholique (pp.815-817), dans son édition française de 1998 :

L’infaillibilité : un titre, un privilège ou une assurance... ? C’est sûrement l’une des notions les plus incomprises et les plus brouillées dans l’opinion de beaucoup. Qu’ajoute donc à la dignité du pape et à son autorité morale le fait qu’il soit reconnu infaillible par ses fidèles ?

Dans un style clair et serein, le CEC apporte les explications en mesure de donner une idée juste de l’infaillibilité du pape. D’abord, en rappelant la fragilité de l’homme dans la recherche et la possession de la vérité. Puis en montrant que l’infaillibilité appartient d’abord à Dieu, à son Fils Jésus-Christ venu rendre témoignage à la vérité (Jn 18,37), à l’Esprit qui conduit à la vérité tout entière (Jn 16,13). Son infaillibilité, le Christ a voulu la partager à son église pour tout ce qui concerne la connaissance des vérités contenues dans la Parole de Dieu qu’elle a mission de transmettre. L’infaillibilité de l’église vient avant celle du pape. C’est pour le service de la Parole que le pape, assisté de l’Esprit-Saint, est déclaré infaillible. Encore que l’exercice de son magistère et son expression infaillible soient liés à des conditions que le CEC ne manque pas de préciser.

Dieu est source de vérité

L’homme en quête de vérité, malgré son désir et son ouverture (33), demeure souvent impuissant et fragile dans le seul déploiement de son intel ligence pour connaître ce qui le dépasse (37).
Ainsi l’homme a-t-il besoin d’une révélation pour accéder, selon un texte du concile Vatican I « à des vérités morales et religieuses qui, de soi, ne sont pas inaccessibles à la raison, mais qui, dans l’état actuel du genre humain, puissent être connues de tous sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d’erreur » (38).
La perfection infinie qui appartient au mystère de Dieu (41) ne saurait se comprendre sans l’attribut de vérité qui est son être même (215,2465). C’est parce que Dieu est véridique (ibid.), qu’Il ne peut ni se tromper ni nous tromper, que le croyant donne foi à sa Parole (156). C’est donc en Dieu qu’il faut considé rer la source de toute infaillibilité.
Cette infaillibilité divine s’est reflétée dans le Fils (217, 241). « Il est venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » ( n 18,37). Sa doctrine n’est pas de Lui, mais de Celui qui l’a envoyé (Jn 7,16) [voir 427,2471].
L’Esprit-Saint, Esprit de vérité Un 14,17) a reçu mission de conduire les disciples du Christ à la « vérité tout entière » (Jn 16, 13) [voir 91, 2466]. Il est présent à l’église, tout particulièrement pour assister les pasteurs dans leur minis tère de transmission et d’enseignement de la Parole (857,862).
L’église est dotée de l’infaillibilité

L’église, Corps du Christ dont Il est la Tête, est infaillible, parce que le Christ a voulu lui partager (889) ce qui est moins un privilège qu’une assurance d’indéfectibilité dans la transmission de la foi (890).
L’Esprit-Saint assiste l’église dans la totalité de ses membres pour que, fidèle à garder le « dépôt de la foi » (84), elle soit « témoin de son Dieu qui est et qui veut la vérité » (2464). Il assiste les pasteurs, « maîtres de la foi » (1558), dans l’exercice de la fonction prophétique qui s’identifie à la mission du magistère (94, 875). Il assiste également les fidèles pour qu’ils gardent l’intégrité de la foi qu’ils ont reçue en donnant leur adhésion à la Parole qui leur a été transmise (91, 889).
Parce que la foi est d’abord connaissance de la vérité du mystère révélé, elle a besoin de s’exprimer dans les mots qui la traduisent (40,89). C’est la raison des dogmes définis par le magistère des pasteurs unis au pape (77,88). Les dogmes sont des formules de la foi issues de la Tradition de l’église (78), mémoire vivante de la Révélation divine (ibid). Ils sont le gage de l’assistance de l’Esprit-Saint et de l’infaillibilité de l’église (890).
L’infaillibilité personnelle du pape

Au titre de la primauté qu’il exerce dans l’église (881-882), l’évêque de Rome, successeur de Pierre, jouit personnellement de l’indéfectibilité dans l’exercice de son magistère (891).
Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette infaillibilité du pape ne doit être comprise ni comme le privilège d’être assuré contre la tentation et le péché, ni comme le gage d’une supériorité surhumaine, ni moins encore comme un droit à tout dire et à décider de tout.
Son infaillibilité, le pape l’exerce dans des conditions précises. L’objet se limite au champ de la foi et des moeurs (891,2035). Il y faut aussi le respect des forrnes : il s’agit de déclaration solennelle et publique, destinée à l’église tout entière (ibid.), ce que l’on désigne par l’expression ex cathedra. C’est dire que l’exercice de l’infaillibilité pontificale est peu fréquent. Depuis la définition du concile Vatican I qui l’a promulguée, le pape n’en a usé que pour l’Assomption de la Vierge (966).
Le pape peut ne pas être seul à proclamer une définition dogrnatique. Les évêques rassemblés en concile oecuménique - c’est-à-dire réunis comme représentants de l’église universelle - ont aussi autorité infaillible pour définir une vérité de la foi (891). Mais ils ne peuvent le faire qu’en union et avec l’assentiment du pape. Ce fut le cas au concile Vatican I qui justement a proclamé l’infaillibilité personnelle de l’évêque de Rome.
Le magistère ordinaire

Il convient de distinguer le magistère solennel, dit extraordinaire, du magistère pontifical ou épiscopal qui s’exerce sous des formes plus ordinaires de dédarations ou d’exhortations destinées, en raison de certaines circonstances, au Peuple de Dieu. Il s’agit alors pour les pasteurs de tenir la responsabilité d’ensei gnement des fidèles pour affermir et éduquer leur foi (892).
C’est en particulier sur le plan de la morale et de la conduite de vie conforme à l’évangile que s’exerce ce magistère ordinaire (2032-2034).
C’est également sur le plan très concret de la loi naturelle (2036) et des problèmes de justice (2246,2420) et de morale familiale et sexuelle (2351 s.) que l’opinion critique est souvent tentée de contester le magistère. Le chrétien est renvoyé à sa conscience assistée de l’Esprit-Saint, pour accueillir et donner son assentiment filial (2040) à un enseignement qui n’a d’autre fin que de transmettre les appels et les obligations morales qui découlent du baptême (2039).
Loin de considérer le charisme de l’infaillibilité comme une sorte de faveur attachée à la fonction du pape et des évêques, ilfaut le voir comme la caution donnée par le Seigneur à ceux qu’il a appelés pour le service de son église. Ainsi en témoigne la belle prière de l’ordination épiscopale citée par le CEC (1587) : « Seigneur, remplis du don du Saint-Esprit celui que Tu as daigné élever au degré du sacerdoce afin qu’il soit digne de se tenir sans reproche devant ton autel, d’annoncer l’évangile de ton Royaume et d’accomplir le ministère de ta parole en vérité. »

Re: Une remarque de Simone Weil

par Raistlin » lun. 09 juil. 2012, 14:39

spk a écrit :Juste un détail, qui il me semble a son importance, que tout le monde connaît sans doute mais que personne n'a encore signalé.
Pour l'Eglise catholique, seul le pape est infaillible, sous conditions bien entendu. Ceci ne saurait valoir pour un concile, quel qu'il soit et quelle que soit l'autorité dont il est revêtu.
Un concile en bonne et due forme se fait nécessairement sous l'égide du Pape. Après, savoir ce qui relève exactement du charisme d'infaillibilité est toujours délicat. Néanmoins, il me semble que l'affirmation selon laquelle il faut être incorporé à l'Église pour être sauvé est parfaitement catholique.

Même dans l'hypothèse où Dieu proposerait le Salut à l'heure de la mort à des non catholiques, et que ceux-ci accepteraient, ils seraient immédiatement incorporés à l'Église.

Cordialement,

Re: Une remarque de Simone Weil

par spk » lun. 09 juil. 2012, 14:24

Juste un détail, qui il me semble a son importance, que tout le monde connaît sans doute mais que personne n'a encore signalé.
Pour l'Eglise catholique, seul le pape est infaillible, sous conditions bien entendu. Ceci ne saurait valoir pour un concile, quel qu'il soit et quelle que soit l'autorité dont il est revêtu.

Re: Une remarque de Simone Weil

par Raistlin » lun. 09 juil. 2012, 12:14

Cinci a écrit :Ma question : Quel est le statut actuel du décret de Florence ? Comment vous comprenez l'affaire en lien avec ce que l'Église en dirait ? annulation ? évolution ? autre chose ?
Plutôt un approfondissement...

L'incorporation à l'Église est nécessaire au Salut car l'Église est le corps mystique du Christ. En étant membre de l'Église, en vivant des sacrements, nous sommes comme greffés à la vigne véritable. Néanmoins, et le décret du Concile de Florence le laisse entrevoir, il existe une possibilité de Salut pour les non catholiques : celle d'être incorporés à l'Église avant la mort. Mais comment ? Dieu seul le sait. Nous savons seulement qu'aux hommes de bonne volonté, il sera donné une chance de Salut. Est-ce à l'"heure de la mort" (entre la mort clinique et la séparation définitive de l'âme et du corps) que Dieu proposera le Salut aux non catholiques de bonne volonté ? C'est une possibilité.

Bien à vous,

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