Omega 3 a écrit :
Peut-on dire que l'«être» substantif est la substance ou l'essence de l'«existence» ?
Pour la première partie vous pouvez le dire, en ne perdant pas de vue que derrière l’être substantivé il y a toujours un verbe, donc un mouvement, une activité.
Dans la deuxième partie vous introduisez 2 nouvelles notions : essence et existence.
« Exister :
« Du latin existere ou exsistere, composé de ex et de sistere, forme dérivée de stare, « être debout, être stable ».
»
Exister (le ex c’est pour « hors de » ) c’est subsister hors de soi, extérieurement à soi-même. Il faut donc déjà pouvoir définir une intériorité et une extériorité.
Quelles sont les substances présentant une intériorité et une extériorité ?
Ce sont les substances vivantes : en effet, l’organisme vivant est une unité intérieure différenciée en organes externes.
Le « Je » du « Je pense » de Descartes n’existe pas, car il est pure intériorité. Un corps chimique n’existe pas car il est pure extériorité. (son unité ne lui est pas intérieur, mais assurée de l’extérieur par les forces de cohésion entre molécules).
Seul donc le vivant existe. Et même Hegel disait du vivant : « il est l’infini ». Pourquoi ? parce qu’être fini c’est être limité par un extérieur ou un intérieur. Le « Je » de Descartes est fini, car limité, enfermé dans son intériorité, le corps chimique est fini car il ne peut pas rentrer à l’intérieur, condamné à rester dehors.
Mais le vivant ne connaît pas de frontière entre l’intérieur et l’extérieur : il subsiste aussi bien dans son intérieur que dans son extérieur, il est infini.
D’où d’ailleurs l’importance en théologie du « Dieu vivant ».
C’est aussi pour cela, que même les sciences positives, comme la biologie, parlent du « mystère de la vie », parce qu’elles cherchent à appréhender l’infini à partir du fini.
Exister est donc le mode d’être du vivant par excellence, mais pas des substances inertes (quoiqu’une substance ne soit jamais totalement inerte si l’on ne perd pas de vu qu’elle est un verbe pris pour sujet), ni de la substance pensante de Descartes.
« Essence:
Le concept d'essence (du latin essentia, du verbe esse, être, dérivé du grec ousia) désigne en métaphysique la réalité persistante d'un être à travers les modifications de ses accidents. D'un être, on peut dire qu'il est, ou ce qu'il est, ce qui introduit les deux corrélatifs essence et substance. Le premier pose la question du qu'est-ce que pour un être, et permet d'en dégager la nature essentielle et invariante. »
Là encore le sens commun comprend beaucoup mieux « être essentiel », expression d’un état, qu’ »avoir une essence ».
« Ceci est essentiel », cela veut dire « il n’est pas possible de l’ignorer », « il faut le savoir ». « être essentiel » est un « faut savoir » : « falloir » verbe moral, « savoir » verbe intellectuel.
« être essentiel » équivaut donc non seulement à être mais aussi à exercer une obligation morale sur le savoir pour qu’il se saisisse de l’être.
Quelles sont les substances essentielles, c'est-à-dire qui obligent moralement à les savoir ?
Un caillou oblige t-il moralement à le savoir ? Une fourmi oblige t’elle moralement à la connaître ? Le voisin oblige t-il moralement à le connaître ?
Finalement quelle substance « est essentielle » ?
Aucune, elles sont toutes inessentielles. Par contre le savoir peut-il être sans s’obliger moralement à se savoir lui-même ?
Eh bien non justement : le savoir est une chose, le savoir vrai une autre. Le savoir vrai oblige moralement le savoir à le savoir comme vrai et condamne le savoir faux.
Le savoir vrai, ou savoir de la vérité, la vérité étant le savoir vrai substantivé, est essentiel.