par Invité » dim. 29 sept. 2019, 23:00
Bonsoir Gérard,
gerardh a écrit : ↑dim. 29 sept. 2019, 18:19
Vous évoquez Matthieu 25, à partir du verset 31. Ce passage traite du jugement (futur) des nations (des non-juifs) vivantes sur la terre en contraste avec le jugement des morts d'Apocalypse 20.Il sera exécuté « lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire (verset 31) Aucune partie de ce discours n’a été si peu comprise. Pourtant elle est clairement définie, étant d’ailleurs la reprise du chapitre 24, verset 31. Tout lecteur ou personne au courant sait que la masse de l’humanité, consacrée aux idoles et à ce qui n’est pas Dieu, a résisté jusqu’à ce jour au témoignage chrétien. Mais dans Matt. 24:14 le Seigneur a donné l’indication remarquable que « cet évangile du royaume (différent de l ’évangile actuel de la grâce) sera prêché dans toute la terre habitée en témoignage à toutes les nations, et alors viendra la fin ». Il nous fait connaître ici le fruit de cette prédication ; nous (chrétiens) serons enlevés bien auparavant (1 Thess 4, 13-18). Alors cette prédication sera faite par les Juifs croyants de ce temps-là, comme le suggère la place de ce passage, juste avant que la fin vienne.
Je ne partage pas du tout votre interprétation. Incontestablement, le jour du Jugement concerne l'ensemble de l'humanité, indépendamment de son appartenance au judaïsme ou non. Juifs et païens, tous seront rassemblés devant le Christ.
Matthieu 25 s'inscrit totalement dans la lignée de la parabole du bon grain et de l'ivraie dont l'explication est proposée au chapitre 13, versets 36 à 43. Elle concerne le "monde" dans son ensemble, où ceux qui commettent le mal seront séparés des justes. Jésus s'adresse ici à un auditoire juif qui est pleinement concerné par ses paroles, comme le seront toutes les nations auprès desquelles l'Évangile aura été proclamé.
Vous remarquerez d'ailleurs que l'allusion aux anges qui "jetteront dans la fournaise" (Mt 13,42) ceux qui font le mal, est un écho à la prédication de Jean au désert : "quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas" (Mt 3,12). Le Baptiste, comme vous le savez, s'adressait à un auditoire exclusivement juif.
De même, lorsque le Christ envoie les Apôtres en mission "vers les brebis perdues de la maison d’Israël" (Mt 10,6) prévient-il qu' "au jour du Jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins sévèrement" (Mt 10,15) que les villes qui auront refusé la conversion. Une idée reprise explicitement en Mt 11,31-32. Vous voyez donc que les Juifs seront eux aussi jugés en même temps que les nations. Le jour du Jugement est par définition unique et concernera tous les hommes sans distinction.
Dans ce jugement de Matthieu 25, il n’y a qu’un critère, tout simple, et applicable seulement à la génération des vivants d’entre toutes les nations de l’époque : comment avez-vous traité les messagers du Roi quand ils ont prêché cet évangile du royaume avant que la fin vienne ? Ceux qui avaient honoré les hérauts du royaume, avaient montré leur foi par leurs œuvres ; et c’est aussi par leurs œuvres qu’avait été manifesté après coup l’incrédulité de ceux qui avaient méprisés ces hérauts. La conduite des bénis de ces nations envers ceux qui ont prêché le royaume à venir démontrera leur foi, et, à leur grande surprise, la grâce du roi acceptera ce qu’ils ont fait à Ses frères, même les plus petits, comme s’ils l’avaient fait à Lui-même. C’est de cette manière que Rahab la prostituée a été justifiée par ses œuvres en recevant les messagers (Jacq. 2:25) ; mais sa foi est soigneusement constatée par l’apôtre Paul (Héb. 11:31) : en effet, sans la foi, ses œuvres auraient été mauvaises. Ici apparaissent non seulement les brebis et les chèvres, mais les frères du Roi, une troisième catégorie, hautement honorée ; personne n’est mort ou ressuscité, mais tous sont vivants.
Je ne suis pas certain de comprendre votre écrit. Visiblement, vous situez le déroulement du discours eschatologique de Jésus dans le passé. Corrigez-moi si je me trompe.
Si tel est le cas, je ne peux vous suivre. Je rejoins en effet la majorité des commentateurs qui voient trois axes de temps en Matthieu 24, Luc 21 et Marc 13 :
- La destruction de Jérusalem effectivement accomplie en l'an 70 de notre ère.
- Le temps des nations (et de l'Église) qui constitue notre présent.
- La fin des temps et la venue du Christ dans sa gloire pour le Jugement dernier.
L'essentiel des évangiles synoptiques décrit, dans leurs premières parties, la venue de Jésus pour établir son royaume sur la terre. mais les siens l'ayant rejeté, il institue quelque chose de meilleur à savoir l'Eglise (à partir de Matthieu 16); Dans la phase précédente on
on en était encore à la Loi de Moïse. Avec l'Eglise, c'est le temps de la grâce et de la foi (début d'Ephésiens 2.)
Une nouvelle fois, je ne partage pas votre vision.
- La conception du Royaume de Dieu n'a pas évolué entre le commencement du ministère de Jésus et le moment où il institue l'Église, c'est faux. A de rares exceptions prêt, les promesses de récompense evoquées dans le sermon sur la Montagne ne concernent pas la terre mais le Royaume céleste. Voyez, à titre d'exemple, Mt 5,12 sur les persécutions des fidèles du Christ : "Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !".
Un peu plus loin, le Christ déclare "Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux, (Mt 8,11)". Si Jésus anticipe la conversion prochaine des païens, le Royaume est déjà une réalité où se trouvent les Patriarches.
- Il n'est d'ailleurs nullement question d' "établir son Royaume sur la terre" dans la première partie des synoptiques. Nous avons plutôt une exhortation à la conversion des Juifs. L'universalité du salut, bien que suggérée dans de rares versets, ne devient effective qu'après la Résurrection avec l'envoi des Apôtres en mission (Mt 28,19).
- Contrairement à ce que vous suggérez, l'institution de l'Église ne résulte nullement du rejet par ses compatriotes. Aucun verset des Évangiles ne permet d'étayer une telle théorie. Au contraire, sa fondation est savamment réfléchie et correspond au moment où le Christ s'apprête à entamer sa marche finale vers Jérusalem : " À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter" (Mt 16,21). Ainsi, le Christ anticipe-t-il sa Passion à venir et prépare-t-il déjà la suite en annonçant l'institution prochaine de l'Église.
Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Explicitez SVP. Il me semble au contraire que l'évangile de Jean commence à partir du moment où l'on passe du royaume à l'Eglise et à la foi pour tous, juifs ou grecs.
Votre exposé s'articule sur les lettres de Jacques et Paul tandis que je me base sur les Évangiles. Que remarque-t-on en les lisant ?
L'Évangile de Jean propose une théologie du salut conditionné par la foi et non par les oeuvres. Voyez Jn 3,15 ; Jn 3,18 ; Jn 5,24 ; Jn 6,40 ; Jn 11,25-26 ; Jn 12,46. Cette théologie est défendue tout au long du récit.
Au contraire, les oeuvres occupent-elles une place majeure dans les Évangiles synoptiques. En effet :
- Elles conditionnent l'accès à la récompense dans les Cieux - qui n'est autre que la vie éternelle (Mt 5,46 ; Mt 6,1-5 ; Mt 6,16 ; Mt 10,41-42 ; Lc 14,13-14).
- Elles donnent de pouvoir devenir enfant de Dieu par la pratique de la justice (Mt 5,45 ; Mt 5,48 ; Lc 6,35).
- Elles serviront de baromètre le jour du Jugement pour l'accès au salut éternel ou à la condamnation (Mt 12,36-37 ; Mt 13,41-43 ; Mt 13,49-50 ; Mt 25,37).
La théologie du salut n'est donc pas uniforme dans les Évangiles : l'un s'attache au rôle de la foi tandis que les autres mettent l'accent sur les oeuvres. Mais les deux n'en demeurent pas moins intimement liées, foi et oeuvres sont indissociables.
Si nous sommes justifiés par le sang versé du Christ, c'est par notre foi et nos oeuvres que nous aurons accès à la vie éternelle.
Bonsoir Gérard,
[quote=gerardh post_id=408089 time=1569773996 user_id=2049]Vous évoquez Matthieu 25, à partir du verset 31. Ce passage traite du jugement (futur) des nations (des non-juifs) vivantes sur la terre en contraste avec le jugement des morts d'Apocalypse 20.Il sera exécuté « lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire (verset 31) Aucune partie de ce discours n’a été si peu comprise. Pourtant elle est clairement définie, étant d’ailleurs la reprise du chapitre 24, verset 31. Tout lecteur ou personne au courant sait que la masse de l’humanité, consacrée aux idoles et à ce qui n’est pas Dieu, a résisté jusqu’à ce jour au témoignage chrétien. Mais dans Matt. 24:14 le Seigneur a donné l’indication remarquable que « cet évangile du royaume (différent de l ’évangile actuel de la grâce) sera prêché dans toute la terre habitée en témoignage à toutes les nations, et alors viendra la fin ». Il nous fait connaître ici le fruit de cette prédication ; nous (chrétiens) serons enlevés bien auparavant (1 Thess 4, 13-18). Alors cette prédication sera faite par les Juifs croyants de ce temps-là, comme le suggère la place de ce passage, juste avant que la fin vienne.[/quote]
Je ne partage pas du tout votre interprétation. Incontestablement, le jour du Jugement concerne l'ensemble de l'humanité, indépendamment de son appartenance au judaïsme ou non. Juifs et païens, tous seront rassemblés devant le Christ.
Matthieu 25 s'inscrit totalement dans la lignée de la parabole du bon grain et de l'ivraie dont l'explication est proposée au chapitre 13, versets 36 à 43. Elle concerne le "monde" dans son ensemble, où ceux qui commettent le mal seront séparés des justes. Jésus s'adresse ici à un auditoire juif qui est pleinement concerné par ses paroles, comme le seront toutes les nations auprès desquelles l'Évangile aura été proclamé.
Vous remarquerez d'ailleurs que l'allusion aux anges qui "jetteront dans la fournaise" (Mt 13,42) ceux qui font le mal, est un écho à la prédication de Jean au désert : "quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas" (Mt 3,12). Le Baptiste, comme vous le savez, s'adressait à un auditoire exclusivement juif.
De même, lorsque le Christ envoie les Apôtres en mission "vers les brebis perdues de la maison d’Israël" (Mt 10,6) prévient-il qu' "au jour du Jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins sévèrement" (Mt 10,15) que les villes qui auront refusé la conversion. Une idée reprise explicitement en Mt 11,31-32. Vous voyez donc que les Juifs seront eux aussi jugés en même temps que les nations. Le jour du Jugement est par définition unique et concernera tous les hommes sans distinction.
[quote]Dans ce jugement de Matthieu 25, il n’y a qu’un critère, tout simple, et applicable seulement à la génération des vivants d’entre toutes les nations de l’époque : comment avez-vous traité les messagers du Roi quand ils ont prêché cet évangile du royaume avant que la fin vienne ? Ceux qui avaient honoré les hérauts du royaume, avaient montré leur foi par leurs œuvres ; et c’est aussi par leurs œuvres qu’avait été manifesté après coup l’incrédulité de ceux qui avaient méprisés ces hérauts. La conduite des bénis de ces nations envers ceux qui ont prêché le royaume à venir démontrera leur foi, et, à leur grande surprise, la grâce du roi acceptera ce qu’ils ont fait à Ses frères, même les plus petits, comme s’ils l’avaient fait à Lui-même. C’est de cette manière que Rahab la prostituée a été justifiée par ses œuvres en recevant les messagers (Jacq. 2:25) ; mais sa foi est soigneusement constatée par l’apôtre Paul (Héb. 11:31) : en effet, sans la foi, ses œuvres auraient été mauvaises. Ici apparaissent non seulement les brebis et les chèvres, mais les frères du Roi, une troisième catégorie, hautement honorée ; personne n’est mort ou ressuscité, mais tous sont vivants.[/quote]
Je ne suis pas certain de comprendre votre écrit. Visiblement, vous situez le déroulement du discours eschatologique de Jésus dans le passé. Corrigez-moi si je me trompe.
Si tel est le cas, je ne peux vous suivre. Je rejoins en effet la majorité des commentateurs qui voient trois axes de temps en Matthieu 24, Luc 21 et Marc 13 :
- La destruction de Jérusalem effectivement accomplie en l'an 70 de notre ère.
- Le temps des nations (et de l'Église) qui constitue notre présent.
- La fin des temps et la venue du Christ dans sa gloire pour le Jugement dernier.
[quote]L'essentiel des évangiles synoptiques décrit, dans leurs premières parties, la venue de Jésus pour établir son royaume sur la terre. mais les siens l'ayant rejeté, il institue quelque chose de meilleur à savoir l'Eglise (à partir de Matthieu 16); Dans la phase précédente on
on en était encore à la Loi de Moïse. Avec l'Eglise, c'est le temps de la grâce et de la foi (début d'Ephésiens 2.)[/quote]
Une nouvelle fois, je ne partage pas votre vision.
- La conception du Royaume de Dieu n'a pas évolué entre le commencement du ministère de Jésus et le moment où il institue l'Église, c'est faux. A de rares exceptions prêt, les promesses de récompense evoquées dans le sermon sur la Montagne ne concernent pas la terre mais le Royaume céleste. Voyez, à titre d'exemple, Mt 5,12 sur les persécutions des fidèles du Christ : "Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !".
Un peu plus loin, le Christ déclare "Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux, (Mt 8,11)". Si Jésus anticipe la conversion prochaine des païens, le Royaume est déjà une réalité où se trouvent les Patriarches.
- Il n'est d'ailleurs nullement question d' "établir son Royaume sur la terre" dans la première partie des synoptiques. Nous avons plutôt une exhortation à la conversion des Juifs. L'universalité du salut, bien que suggérée dans de rares versets, ne devient effective qu'après la Résurrection avec l'envoi des Apôtres en mission (Mt 28,19).
- Contrairement à ce que vous suggérez, l'institution de l'Église ne résulte nullement du rejet par ses compatriotes. Aucun verset des Évangiles ne permet d'étayer une telle théorie. Au contraire, sa fondation est savamment réfléchie et correspond au moment où le Christ s'apprête à entamer sa marche finale vers Jérusalem : " À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter" (Mt 16,21). Ainsi, le Christ anticipe-t-il sa Passion à venir et prépare-t-il déjà la suite en annonçant l'institution prochaine de l'Église.
[quote]Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Explicitez SVP. Il me semble au contraire que l'évangile de Jean commence à partir du moment où l'on passe du royaume à l'Eglise et à la foi pour tous, juifs ou grecs.[/quote]
Votre exposé s'articule sur les lettres de Jacques et Paul tandis que je me base sur les Évangiles. Que remarque-t-on en les lisant ?
L'Évangile de Jean propose une théologie du salut conditionné par la foi et non par les oeuvres. Voyez Jn 3,15 ; Jn 3,18 ; Jn 5,24 ; Jn 6,40 ; Jn 11,25-26 ; Jn 12,46. Cette théologie est défendue tout au long du récit.
Au contraire, les oeuvres occupent-elles une place majeure dans les Évangiles synoptiques. En effet :
- Elles conditionnent l'accès à la récompense dans les Cieux - qui n'est autre que la vie éternelle (Mt 5,46 ; Mt 6,1-5 ; Mt 6,16 ; Mt 10,41-42 ; Lc 14,13-14).
- Elles donnent de pouvoir devenir enfant de Dieu par la pratique de la justice (Mt 5,45 ; Mt 5,48 ; Lc 6,35).
- Elles serviront de baromètre le jour du Jugement pour l'accès au salut éternel ou à la condamnation (Mt 12,36-37 ; Mt 13,41-43 ; Mt 13,49-50 ; Mt 25,37).
La théologie du salut n'est donc pas uniforme dans les Évangiles : l'un s'attache au rôle de la foi tandis que les autres mettent l'accent sur les oeuvres. Mais les deux n'en demeurent pas moins intimement liées, foi et oeuvres sont indissociables.
Si nous sommes justifiés par le sang versé du Christ, c'est par notre foi et nos oeuvres que nous aurons accès à la vie éternelle.