Sur la Genèse - Abraham en particulier

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Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par cmoi » jeu. 09 févr. 2023, 8:02

Désolé si ma "chute" est plus dure que je ne le voudrais, mais...

Nous ne devrions aborder l'Ecriture Sainte que déchaussés, comme Moïse devant le buisson ardent.

Certes, cela doit être une attitude "en esprit et vérité", donc on peut garder ses chaussures et cela vaut mieux que de les enlever et se montrer ensuite vulgaire et polisson.
Point besoin non plus de regarder les pieds pour savoir qui n'a pas le comportement adapté (ou pour comprendre que certaines règles fixées en substitution ne sont que des manières de se donner importance et autorité...) et le vôtre n'est pas le pire qui au moins n'est pas hypocrite, mais...

Quand même, Il est inadapté...

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par cmoi » mer. 08 févr. 2023, 20:45

Coco lapin a écrit :
mer. 08 févr. 2023, 13:38
Entre Pharaon et Abimélech, qu'est-ce qui permet de justifier une différence de traitement ?
Le bon plaisir de Dieu qu’il faut chercher à comprendre…
Je vous l’ai dit, je me refuse à argumenter, je ne suis pas le porte-voix de la Trinité et ce que j’en comprends, je ne cherche pas à l’imposer, je dirai même que je tiens à en garder une partie cachée dans mon jardin secret.

Je veux bien vous donner des clés pour enrichir le votre avec Dieu, mais si vous partez du principe que l’Ecriture Sainte a beau être la parole de Dieu, il est possible de se positionner en supposant que ce qui l’exprime, quand c’est manifeste (car cela ne l’est pas toujours, mais là, si !) relève d’une imperfection, alors vous mettez tout par terre et ne donnez que l’envie de se barricader ou de faire comme vous : se donner raison en fonction de valeurs ou de critères qui nous semblent les bons.
Je me refuse à entrer dans cette démarche.

Que puis-je vous dire alors ? Rien que vous ne sachiez déjà : que Dieu oui est immuable, mais que sa justice s’adapte à l’homme pour le convertir, qu’il est fidèle dans ses promesses et ses élections, que cela a des conséquences, etc.
Mais tant que vous n’admettrez pas que c’est à vous de faire l’effort de comprendre en quoi l’attitude de Dieu est une lumière pour nous, et que nous ne pouvons la comprendre si nous la jugeons, mais seulement si nous l’acceptons pour parfaite, il vaudrait mieux ne pas lire la Bible…

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Coco lapin » mer. 08 févr. 2023, 13:38

Vous êtes bien gentil, cmoi, mais j'ai du mal à comprendre vos longs développements.
En gros, vous soutenez que Abraham ayant progressé dans la foi, mais pas sur ce point (peur pour sa vie), il n'était pas nécessaire de lui faire subir une seconde fois par l'adultère de sa femme les conséquences de son manque de foi, car Abraham avait donné satisfaction dans d'autres épreuves.
On peut y voir une certaine logique... mais où est la justice pour les autres ? Entre Pharaon et Abimélech, qu'est-ce qui permet de justifier une différence de traitement ? Même chose pour Sara. Ces personnes sont quand même les premières concernées. Ce sont eux qui se tapent l'éventuelle souillure et "les grandes plaies".

Kerygme a écrit : Le sacrifice d'Isaac préfigure le sacrifice de Jésus, avec le fils portant le bois (de la Croix).
Et Dieu nous y fait une extraordinaire déclaration d'Amour : là où Lui arrête le bras d'Abraham, Il ne le fera pas pour son Fils, l'Agneau innocent substitué aux véritables coupables, afin que nous soyons sauvés; et en sachant toute l'ingratitude qu'Il recevra en retour.

Ca change la perspective quand on comprend cela.
C'est bien beau mais ça, le Seigneur n'en donne pas l'information à Abraham. De plus, il ne demande pas le consentement des personnes concernées pour le sacrifice, et ne donne pas non plus de motif (raison, utilité, conséquences...). Et puis je pense qu'il y avait quand même moyen de "préfigurer" autrement qu'en procédant à une tromperie.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par cmoi » lun. 06 févr. 2023, 20:18

Coco lapin a écrit :
lun. 06 févr. 2023, 12:10
Il y a une différence entre ce qui se passe dans la vie courante, et les histoires données en exemple dans la Bible. Mais bon, Dieu et la pédagogie, ça fait deux. Et puis, un Dieu qui aime tromper en jouant sur les équivoques, c'est un peu normal qu'il ne dénonce pas la tromperie.
Hum… Dans les évangiles aussi Jésus donne en exemple une forme de ruse dans la parabole du gérant indélicat… J’avoue que s’il est ainsi possible d’être sauvé par son usage dans une sorte de « repentir bis », je ne vais humblement pas refuser cette ouverture dont l’opportunité d’ailleurs me semble bien pouvoir correspondre à ceux qui, comme vous, sont en butte et s’opposent à certains « passages » tout en adhérant « au reste ».

Vu comment vous avez été « remonté » contre Arnaud Dumouch, je suis un peu étonné de cette position vôtre sur plusieurs aspects de l’Ecriture Sainte. Vous semblez habité d’une certaine violence, celle nécessaire pour arriver au Ciel mais aussi une autre plus dangereuse, d’un mélange…

Vous avez fâché Kerygme et la modération… mais je devine assez bien ce que vous avez pu écrire ! Dieu en a sûrement vu d‘autres, mais bon… Mettez-y plus de forme pour que je puisse à l'avenir vous répondre… Mais en aviez-vous vraiment besoin ?
Coco lapin a écrit :
lun. 06 févr. 2023, 12:10
Je crois que vous n'avez pas compris. Ce n'est pas le fait de ne pas les avoir préservés du péché qui est stupide ; c'est de ne pas le faire dans le premier épisode et de le faire dans le deuxième.
On dirait que vous n'êtes pas capable d'expliquer de façon logique pourquoi Dieu n'aurait pas accordé cette grâce, puis l'aurait donnée ensuite après une même faute, dans les mêmes circonstances.
Vous le croyez vraiment : pas capable ? Je l’ai amorcé juste, pourtant, parce que j’estime que c’est à chacun de faire un peu effort pour trouver la réponse… En tout cas je vous ai très bien compris
Mais je vous ai déjà refusé une démonstration sur un autre fil et vous aviez réagi avec honnêteté, alors je vais ici entrer dans le rôle, mais qu’il soit clair que cela ne relève pas à mes yeux d’un argumentaire et que je ne vais pas l’exposer comme tel.

La première fois, en n’intervenant qu’après coup Dieu a permis à Abraham de subir la conséquence de son manque de foi.
Abraham ne l’a pas vraiment compris, mais il a quand même compris que Dieu était venu à son secours et qu’il était contre l’adultère. Or Abraham sait très bien quand même que sa « ruse » n’est pas top top, simplement qu’il ne voit rien de mieux (pas forcément par manque de foi, ce peut être par habitude, manque d’imagination ou d’audace « spirituelle », crainte de "tenter Dieu", etc. J’ai déjà parlé de cela…)
Ensuite, Abraham fait preuve d’un beau comportement à la fois guerrier (fine stratégie que de s’en prendre aux rois de nuit et sans attendre qu’ils se remettent de leur victoire et des dégâts qu’elle leur a causé) et désintéressé (après la bataille). Dieu le lui signifiera et lui exprimera une certaine fierté de l’avoir vu courageux (ce qu’il n’aura pas été face à Pharaon !)
Ensuite il y aura ce mélange d’audace, d’infini respect et de charité avec lequel il négociera pour Sodome.
Il aura fait preuve du respect qui lui aura manqué face à Pharaon.

Il aura globalement fait preuve, avant sa récidive avec Abimelech, de toutes les qualités qui lui auraient permis de ne pas récidiver. Il lui aura même et surtout confié son incompréhension des "voies de Dieu". Si lui n’a pas compris, Dieu a « reçu » la preuve de sa bonne foi, que son erreur n’est pas imputable à un manque de responsabilité ou de foi (il en a une compréhension défaillante, et ce n’est pas à Dieu de le lui démontrer, c’est là de la délicatesse divine mais aussi le signe de nous dirions la « conscience de sa valeur » , et il agira avec plus de miséricorde parce que Abraham aura montré des qualités qui le lui auront mérité, et sera en plus grande intimité avec Dieu.
Cette seconde fois Abraham devra s’expliquer devant Abimélech, et cela aura valeur d’aveu, non d’une faute, mais d’une insuffisance. La compétence que Dieu donne à Abraham n’est pas une récompense, mais le rappel de sa promesse.
Quand Dieu lui demandera le sacrifice de son fils, je suppute qu’il ne l’aurait pas fait si Abraham avait su agir avec foi auparavant et il ne lui laisse pas d’échappatoire : cette fois c’est Dieu lui-même qui se « met en balance ». Dieu sait qu’Abraham est maintenant capable sinon de comprendre, du moins de savoir comment agir, et il le « pousse » pour l’obliger à franchir l’épreuve qu’il lui aurait voulu voir franchir plus aisément et avec moins de « sens unique », plus de liberté.
Bref, Dieu a « accompagné » la prise de conscience d’Abraham et l’a même anticipée, le devançant avec amour en « diminuant » la charge du péché mais augmentant celle de la vertu, progressivement, sans jamais « dépasser » les forces d’Abraham ni l’acculer.
Après cela, Abraham sait qu’il peut compter sur Dieu.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Kerygme » lun. 06 févr. 2023, 16:57

Coco lapin a écrit :
lun. 06 févr. 2023, 12:10
"Abraham, sacrifie-moi ton fils !"
[...]
Probablement parce qu'à toujours chercher la paille dans l'oeil de Dieu, votre poutre vous empêche d'en voir le sens.

Le sacrifice d'Isaac préfigure le sacrifice de Jésus, avec le fils portant le bois (de la Croix).
Et Dieu nous y fait une extraordinaire déclaration d'Amour : là où Lui arrête le bras d'Abraham, Il ne le fera pas pour son Fils, l'Agneau innocent substitué aux véritables coupables, afin que nous soyons sauvés; et en sachant toute l'ingratitude qu'Il recevra en retour.

Ca change la perspective quand on comprend cela.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Coco lapin » lun. 06 févr. 2023, 12:10

cmoi a écrit :Dieu ne les encourage pas mais les tolère.
Il y a des cas où le silence vaut approbation tacite. C'est clairement le cas pour le coup monté par Rebecca et Jacob qui a totalement réussi : il a reçu la bénédiction, sans aucun reproche ni empêchement ni châtiment de la part du Seigneur Dieu. Le résultat de ce "laisser faire" est un encouragement à la tromperie.
Pareillement, il y a des cas où la dissimulation est une faute morale, et où donner une information essentielle est un devoir moral. C'était le cas pour Abram vis-à-vis de Pharaon qui s'apprêtait à épouser la femme déjà mariée à Abram.
cmoi a écrit :C'est encore le même sujet : pourquoi stupide ? Croyez-vous que Dieu soit à ce point "à cheval" sur la nécessité pour nous de ne pas pécher !?
Je crois que vous n'avez pas compris. Ce n'est pas le fait de ne pas les avoir préservés du péché qui est stupide ; c'est de ne pas le faire dans le premier épisode et de le faire dans le deuxième.
On dirait que vous n'êtes pas capable d'expliquer de façon logique pourquoi Dieu n'aurait pas accordé cette grâce, puis l'aurait donnée ensuite après une même faute, dans les mêmes circonstances.
cmoi a écrit :Il est important pour lui de nous enthousiasmer, de nous insuffler son amour qui, sur le long terme, nous transformera mieux qu'une bastonnade.
Dieu tient compte de notre motivation et veut l'adhésion de notre coeur, qu'il ménage.
"Abraham, sacrifie-moi ton fils !"
[...]

Vous êtes invité à rester plus respectueux envers Dieu, cela devient récurrent.
cmoi a écrit :Si Dieu intervient si peu pour nous corriger directement, et fait se lever son soleil sur les bons et les méchants, il y a là de quoi chercher des explications, non se révolter. Ne soyons pas plus royalistes que le roi !
Il y a une différence entre ce qui se passe dans la vie courante, et les histoires données en exemple dans la Bible. Mais bon, Dieu et la pédagogie, ça fait deux. Et puis, un Dieu qui aime tromper en jouant sur les équivoques, c'est un peu normal qu'il ne dénonce pas la tromperie.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par cmoi » dim. 05 févr. 2023, 7:09

Bonjour Coco lapin,
vous écrivez :
Coco lapin a écrit :
dim. 05 févr. 2023, 1:13
Seulement, la dissimulation et la tromperie sont immorales, même si l'Eternel ne fait pas de reproches et encourage ce genre de manipulations.
Or je ne pense pas qu'il faille être aussi extrême dans l'interprétation. Dieu ne les encourage pas mais les tolère. Il est vrai que cela peut être dérangeant. N'oublions pas qu'il a cette capacité et lui seul, de pouvoir "transformer" le péché - qui reste un péché, vous avez raison de le souligner. Mais par cette attitude, Dieu nous rappelle aussi cette prérogative qui est la sienne et devant laquelle nous ne pouvons que nous incliner.
Notre désamour face au péché reste légitime, et approuvé, pourvu de ne pas jouer au "bon fils" comme dans la parabole de l'enfant prodigue !

Coco lapin a écrit :
dim. 05 févr. 2023, 1:13
Justement, si Abraham réitère la même tromperie, c'est que le "faux abandon" n'a servi à rien.
En effet, mais je vous renvoie à ce que je viens d'écrire pour expliquer "la ligne" du comportement divin.
Coco lapin a écrit :
dim. 05 févr. 2023, 1:13
Donc le fait de ne pas empêcher la consommation dans le premier cas aurait été stupide de la part de Dieu. Et le fait d'empêcher la consommation dans le deuxième cas serait injustifié. Bravo !
C'est encore le même sujet : pourquoi stupide ? Croyez-vous que Dieu soit à ce point "à cheval" sur la nécessité pour nous de ne pas pécher !? Et que ce qu'il privilégie ne soit pas son plan, son projet d'amour, et donc la façon dont par la foi on y adhère, avec tous nos défauts qui ne peuvent disparaitre en un jour. Il est important pour lui de nous enthousiasmer, de nous insuffler son amour qui, sur le long terme, nous transformera mieux qu'une bastonnade.
Dieu tient compte de notre motivation et veut l'adhésion de notre coeur, qu'il ménage.
Si Dieu intervient si peu pour nous corriger directement, et fait se lever son soleil sur les bons et les méchants, il y a là de quoi chercher des explications, non se révolter. Ne soyons pas plus royalistes que le roi !
Coco lapin a écrit :
dim. 05 févr. 2023, 1:13
Je ne me souviens pas avoir écrit une telle chose. Par contre il se pourrait que j'aie qualifié la divine pédagogie de "minable" (ou quelque chose d'approchant).
Non, vous n'avez pas parlé d'originalité mais du caractère provocateur de Jésus - qui abat nos conceptions étriquées de la morale pour nous proposer quelque chose de supérieur dont elle est le fruit et qui peut conduire à de surprenants renversements à l'égard de ceux qui s'arcboutent sur ce qu'ils ont compris de l'attente de Dieu et en ont fait un motif personnel d'orgueil.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Coco lapin » dim. 05 févr. 2023, 1:13

Kerygme a écrit : Voici la définition du mensonge selon le catéchisme de l'Église catholique.
2483 Le mensonge est l’offense la plus directe à la vérité. Mentir, c’est parler ou agir contre la vérité pour induire en erreur. En blessant la relation de l’homme à la vérité et au prochain, le mensonge offense la relation fondatrice de l’homme et de sa parole au Seigneur.
Saint Augustin explique en quoi Abram agit en vérité et qu'il ne ment pas, mais argumenter avec des sources reconnues par les exégètes quand on oppose le Larousse ... c'est démotivant.
Vous jouez sur les mots, exactement comme Abram pour se justifier :
[...]

Certes, Abram n'a pas directement dit de mensonge, mais il a agi contre la vérité lorsqu'il a accepté les cadeaux de Pharaon au lieu de protester quand celui-ci a pris sa femme. Il avait déjà agi contre la vérité en annonçant une demi-vérité dans le but d'induire en erreur : "Dis que tu es ma sœur", sous-entendu : "afin qu'ils croient que tu n'es pas ma femme".
C'est pas pire que la ruse de Sioux de Jacob (qui se fait passer pour son frère Esaü auprès de son père aveugle), [remarque antisémite non acceptable] (y a qu'à voir comment ils glorifient Judith). Seulement, la dissimulation et la tromperie sont immorales, même si l'Eternel ne fait pas de reproches et encourage ce genre de manipulations.

CEC 2468 : (...) La vérité ou véracité est la vertu qui consiste à se montrer vrai en ses actes et à dire vrai en ses paroles, en se gardant de la duplicité, de la simulation et de l'hypocrisie.

cmoi a écrit :De fait, pour moi Dieu n’a plus besoin d’aller si loin dans le « faux abandon » pour accompagner Abraham, qui malgré tout a progressé même s'il n'a pas compris sur le point précis du "sacrifice de sa femme". Il peut donc intervenir la seconde fois en empêchant la consommation.
Justement, si Abraham réitère la même tromperie, c'est que le "faux abandon" n'a servi à rien. Donc le fait de ne pas empêcher la consommation dans le premier cas aurait été stupide de la part de Dieu. Et le fait d'empêcher la consommation dans le deuxième cas serait injustifié. Bravo !
cmoi a écrit :Je vous invite, Coco Lapin, à rebondir sur ce que vous avez si bien écrit à Ombiace sur un autre fil : Dieu a un caractère et une façon de procéder « originale ».
Je ne me souviens pas avoir écrit une telle chose. Par contre il se pourrait que j'aie qualifié la divine pédagogie de "minable" (ou quelque chose d'approchant).

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Kerygme » sam. 04 févr. 2023, 9:44

cmoi a écrit :
sam. 04 févr. 2023, 5:35
Je suis heureux de constater, Kerygme, qu’un point clé vous a fait basculer du côté de ce qui me semble être une bonne interprétation.
En fait il y a longtemps que j'ai basculé mais je me prête au jeu d'une exégèse progressive pour voir les voies empruntées. Cela enrichit l'argumentation à certains carrefours, et propose une voie tout en laissant la liberté à chacun de choisir sa direction.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par cmoi » sam. 04 févr. 2023, 5:35

Je suis heureux de constater, Kerygme, qu’un point clé vous a fait basculer du côté de ce qui me semble être une bonne interprétation. J’ose espérer maintenant que nous la partagerons bientôt tous, et pourrons progresser de concert.
Dans la suite logique de « faire comprendre à Abraham son erreur », parce que Abraham ne l’a pas comprise mais qu’il a progressé, je recroise la pensée de Coco Lapin ci-dessous exprimée mais qui part en sens inverse, à savoir :
Coco lapin a écrit :
ven. 03 févr. 2023, 13:38
avouez que ce serait absurde que Dieu préserve Saraï de la souillure avec Abimélek, alors qu'il l'avait laissée à son triste sort entre les bras de Pharaon. D'autant plus que l'épisode avec Abimélek se passe plus tard, donc si c'était pour qu'Abraham comprenne son erreur, ça aurait dû être l'inverse : " Toujours pas compris, Abraham ? Cette fois ta femme finira dans son lit ! "
De fait, pour moi Dieu n’a plus besoin d’aller si loin dans le « faux abandon » pour accompagner Abraham, qui malgré tout a progressé même s'il n'a pas compris sur le point précis du "sacrifice de sa femme". Il peut donc intervenir la seconde fois en empêchant la consommation.
Je vous invite, Coco Lapin, à rebondir sur ce que vous avez si bien écrit à Ombiace sur un autre fil : Dieu a un caractère et une façon de procéder « originale ».
Nous arrivons au consensus sur les réactions suscitées par :
Kerygme a écrit :
ven. 03 févr. 2023, 10:56
Le Dieu unique n'y était pas connu.
Je pense qu’il y a une part de vérité chez chacun et que vos avis ne s’opposent pas. Car ce qu’il en ressort jusque-là et à quoi le récit d’Abraham prend sa part, c’est que la connaissance de Dieu dépendait de la foi implicite de chacun et des péchés commis qui en éloignaient.
Analysons un peu cela…
Caïn : Dieu le marque d’un signe et « tout le monde » saura interpréter ce signe : comme si « tout le monde » vivait en télépathie avec Dieu !
Rappelons que compte tenu de la durée de vie à l’époque et de la capacité à faire des enfants, ce « tout le monde » se rapportait à des frères/sœurs et descendants qui pouvaient être déjà plusieurs milliers et ne pouvaient tous se connaître comme étant de famille proche : c’est à déduire des blancs du texte mais évident.
Petit développement :
[+] Texte masqué
Après le péché originel, Dieu continue à fréquenter l’humanité et venir les rencontrer, lui qui se promenait dans le jardin à la brise du soir : puisque l’idée vint à Caïn, puis son frère Abel, de lui offrir des présents.
Caïn fut-il jaloux de ce que Abel l’imita ? C’est une hypothèse mais dont nous ignorons la réponse. En tout cas, Dieu bouda l’offrande de Caïn qui en fut vivement irrité, mais non pas celle d’Abel.
Dieu, pédagogue, expliqua à Caïn que son offrande aurait été agréée s’il faisait le bien, et le mit en garde car dans le cas contraire, le péché le guetterait et qu’il lui faudrait en triompher. Ainsi lui fit-il mettre de côté tout motif de rivalité.

Caïn pourtant tua son frère, sans plus de préambule, et ce premier meurtre est donc imputable à une rivalité injustifiée et portant sur un amour de Dieu captatif : de quoi réfléchir, car de nos jours nous parlerions de la foi qui en est une condition préalable et celle-ci, par conséquent, peut constituer un motif de meurtre qui sinon n’existerait pas !

Dieu n’est pas dupe de l’esquive de Caïn quand il lui demande où se trouve Abel, et nous savons depuis ce jour que le mensonge est inopérant et vain, devant sa face.
Car après la faute d’Adam et Eve, Dieu avait feint de ne rien savoir et s’en était tenu à ce qui lui était raconté, comme s’instruisant au fur et à mesure des faits par ses questions et déductions. Il ne lui fut pas menti, et il s’en tint pour averti dans une relation qui maintenait un lien de confiance.
D’autant que le serpent, lui, avait bien menti et sera maudit pour cela. L’homme lui ne sera pas maudit, ce qui le sera c’est le sol, à cause de lui qui avait désobéi. La femme, de son côté, semble y avoir perdu de l’autonomie et se retrouver captive d’une sujétion à l’homme qu’elle aura subjugué, qui semble seul porter une responsabilité commune.
Pour en revenir à Caïn, son châtiment sera de devenir errant et vagabond sur la terre. Il durera toute sa vie puisqu’il aura pris une vie !

Or voilà qu’il proteste : « le premier qui me rencontrera me tuera. »
Cette parole nous est précieuse et nous indique 2 choses : le texte ne se croit pas tenu de tout nous dire, mais Adam et Eve ont donc déjà eu à ce moment-là de nombreux autres enfants, et peut-être petits-enfants, voire plus, sans qu’il ait cru bon de les évoquer ni d’en parler, Et la seconde : tous, où qu’ils soient, étaient déjà ou seront selon lui au courant de ce qu’il a fait.
Si bien que Caïn fut marqué d’un signe pour être protégé du sort qu’il craignait.
Ainsi le châtiment de Dieu ne nous prive pas de sa bonté, et la possibilité offerte à l’humanité de le rencontrer valait connaissance de tout par tous sans qu’il y ait besoin ou nécessité de rien cacher. C’est sans doute là un troisième enseignement à en retenir – outre que Eve et ses filles étaient en mesure de multiplier les grossesses sans grande avarie : quelle santé !
Ensuite vient le cas de Lamech :
[+] Texte masqué
Le plus étonnant sera que Lamech, trois fois arrière-petit-fils de Caïn, avouera sur ces entrefaites « avoir tué un homme pour une blessure, et un enfant pour une plaie », prétendant auprès de ses femmes qu’il sera vengé 77 fois, sur la base que Caïn l’aurait été 7 fois.

Cette vengeance étant à priori portée par le Seigneur, sur quoi se basait-il ? Était-ce de l’intimidation, et qui en portera la nouvelle ? Mystère… Comme si la protection de Dieu se renforcerait d’autant plus que nous commettrions plus de crimes !
Difficile après cela de n’y pas trouver alors une invitation à la récidive… Mais je n'approfondirai pas ce point qu'l faut bien sûr comprendre autrement...
Autre difficulté : le texte n’affirme que l’on commença à invoquer le nom du Seigneur qu’après que Seth, conçut tardivement en remplacement de Abel, aura eu lui-même un fils nommé Enos, et cela juste après l’évocation de l’anecdote précédente.
Doit-on comprendre que c’est ce que fit Lamech, et envisager un succès, ou un échec à la menace de sa prédiction ? Doit-on comprendre encore que Dieu avait pris l’habitude de ne plus se montrer ?
Ce que j’en comprend plutôt, c’est qu’il ne faut pas y voir une amélioration de notre relation avec Dieu, mais une dégradation. Probablement à cause du grand nombre de nos péchés, qui a affaiblit la grâce permettant ou se manifestant par ce que j’ai appelé « télépathie », au point que certains habitants de la terre ne reconnaissent plus Dieu pour ce qu’il est, en ce sens où ils le reconnaissent mais ne mesurent plus vraiment sa « qualité » - bien qu’ils ne puissent encore l’avoir totalement oubliée puisqu’il est resté le même.
NB Nous saurons par Moïse qu'il est impossible de voir Dieu face à face sur terre. donc il prenait une apparence dont ne savons rien, mais reconnaissable, avec laquelle il communiquait avec nous d'une façon que j'ai qualifiée de télépathique car elle transmettait sa grâce.
Survolons maintenant la suite du texte :
[+] Texte masqué
Adam aura eu 130 ans à la naissance de Seth, et cette information semble insister sur le désintérêt prochain du texte pour les autres de ses descendants, puisqu’il est ajouté qu’il vivra 930 ans et engendrera moult fils et filles, ce que nous pouvons supposer avoir été déjà le cas avant.
Celui de ses descendants qui vivra le plus longtemps (969 ans) sera Mathusalem, fils de Hénoch, lequel disparut à 365 ans sans donc mourir, car « Dieu l’avait enlevé ».
Il se passait d’étranges choses, en ce temps-là !

Le petit-fils de Mathusalem, ainsi, fera l’objet d’une prophétie paternelle pour le moins inattendue et qui probablement se vérifiera : d’où venue ? De Dieu ou de lui-même, et que Dieu aurait alors exhaussé : comment y crut-il ?

Le Seigneur rétrécit un beau jour la durée de la vie humaine (pour les nouveaux venus, car Noé mourra à 950 ans ! Et vu les indications fournies ultérieurement, il semble que la décision divine d’en limiter la durée aux environs de 130 ans se soit effectuée petit à petit, progressivement et peut-être, sélectivement), qu’il semble avoir jusque-là maintenue par son esprit (d’où la capacité de prophétiser ?), puis constata un autre jour ultérieur que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que les pensées de leurs cœurs étaient dirigées vers le mal en tout temps : constat effrayant !
Bien que nous en soyons informés, il semble que Dieu n’ait pas eu de porte-parole, et que ce soit aux hommes de le deviner jusque dans ses intentions et de chercher auprès de lui, rendu muet, confirmation de leurs suppositions.
Bref, la télépathie divine était en train de s’essouffler à grande vitesse et avait déjà disparue pour la plupart des humains, à cause de leurs péchés. Son sort sera à l'image du rétrécissement de notre durée de vie, il dépendra de la façon dont chacun répondra à la volonté de Dieu qui n'avait encore donné que peu d'instructions explicites.

Car notre supposition qu’il descendrait toujours sur terre à la rencontre des hommes en prend un sérieux coup, à savoir : comment pouvaient-ils dans ces conditions de méchanceté le rencontrer sans éprouver de gêne ni de honte, à quoi le reconnaissaient-ils, et peut-être se dissimula-t-il, autant qu’il leur dissimula son projet ?
Projet fort simple d’anéantissement et qui exprime que le Seigneur se repentit d’avoir créé l’humanité, qu’il en eut le cœur affligé, mais que Noé ayant trouvé grâce à ses yeux, il le sauvera, lui et sa famille (3 fils mariés, donc 4 couples) ainsi que deux couples de chaque espèce animale.
Ainsi en Noé au moins la coutume de le reconnaître et de parler avec Dieu s’était maintenue, et il construira (combien de temps ?) selon les instructions du Seigneur l’arche salvateur pour survivre au déluge.
Et faisons maintenant plus court : après le déluge il y aura la promesse Divine de ne pas récidiver, et l’unique commandement de ne pas tuer, mais Dieu ensuite semble s’effacer, « disparaître des radars ». Bien qu'il ait "élu" et distingué Noë, il ne se fait plus aucune illusion sur l'humanité et ce qu'elle va devenir...
Ainsi quand il interviendra à Babel, ce sera en « cachette » et sans se faire identifier. Il descendait donc toujours sur la terre, mais personne ne savait plus l’identifier ou si peu (qui permettra d'en "rapporter" plus tard l'événement correctement considéré). Pour le faire il aurait fallu et il aurait suffi de ne pas avoir perdu ou d’avoir retrouvé la foi !

Si Dieu a choisi Abraham, c’est parce qu’il avait implicitement commencé ce chemin de retour, à tâtons.
Xavi a cité le livre de Judith, mais il existe dans le judaïsme des textes qui ne font pas partie du canon biblique et qui racontent la relation d’Abraham avec sa parentèle, je pense notamment à l’un d’entre eux où sa foi en un Dieu unique le rend à la fois obéissant et fort impertinent envers son père (à cause de ces idoles qui ne peuvent apporter aucune aide : ce que les textes de la bible rappelleront aussi souvent…)

Derrière cela, maintenant que le Christ est venu et a remplacé cette "présence télépathique" de Dieu, qui se montrait en proportion de la foi de chacun (et la bible cessera de parler de ceux qui au fur et à mesure la perdront, du moins dans le périmètre restreint de là où il formalisera bientôt son appel, car "d'en dehors" surgiront des surprises comme Melchisédech), il y a une leçon forte pour notre époque et pour toute période de "déchristianisation" ( et qui se retrouve et s'explicite dans les évangiles).
Dieu était à la fois là et pas là, cela dépendait de la foi de chacun. Mais pour ceux qui l'auront, il y a au-delà de la promesse et si on passe du bon côté de la compréhension des choses, une vie de merveilles où Dieu répond à nos besoins et où il n'y a plus rien à craindre.
A proportion.

Comme cela se voit, l'attitude de Dieu n' a pas changé depuis le péché originel, et sans doute depuis même avant.
Il attend notre adhésion (la foi) pour nous conduire et se fait de plus en plus pressant. Le "déchet" ne vient pas de lui...

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Kerygme » ven. 03 févr. 2023, 20:28

Coco lapin a écrit :
ven. 03 févr. 2023, 13:38
Voici une définition du Larousse ...
Voici la définition du mensonge selon le catéchisme de l'Église catholique.
2483 Le mensonge est l’offense la plus directe à la vérité. Mentir, c’est parler ou agir contre la vérité pour induire en erreur. En blessant la relation de l’homme à la vérité et au prochain, le mensonge offense la relation fondatrice de l’homme et de sa parole au Seigneur.
Saint Augustin explique en quoi Abram agit en vérité et qu'il ne ment pas, mais argumenter avec des sources reconnues par les exégètes quand on oppose le Larousse ... c'est démotivant.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Kerygme » ven. 03 févr. 2023, 20:25

Je m'excuse auprès de Xavi et de Coco Lapin, j'ai fais une erreur de manipulation (modifier le message au lieu de répondre en citant) et j'avais écrasé leurs messages. J'ai fais en sorte de rétablir le contenu et la forme depuis le cache de mon PC et j'espère n'avoir rien omis.

Mes sincères excuses.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Kerygme » ven. 03 févr. 2023, 20:18

Kerygme a écrit :
ven. 03 févr. 2023, 10:56
C’est dans le livre de Judith que nous trouvons un récit plus détaillé de ces événements,...
Merci Xavi pour cette référence je vais me pencher dessus.

Diverses tribus faisaient référence à un "dieu des pères", il s'agissait souvent d'un monothéisme envers un dieu lunaire ou familiale.
Croire en un dieu unique ne dit pas que c'était le Dieu d'Abraham, qualifié de père des croyants et de premier croyant.

« El Shaddaï» (puisque le nom sacré de Dieu n'a été révélé qu'à partir de Moïse) s'est bien révélé personnellement à Abram parce qu'il s'est mis à l'écoute. Cela indique qu'il y avait une rupture non une continuité dans la relation avec Dieu.

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Coco lapin » ven. 03 févr. 2023, 13:38

Bonjour Xavi,

D'accord avec vous, la croyance au Dieu unique n'a jamais disparu, et Abram y croyait déjà avant que Dieu s'adresse à lui, puisque l'Eternel ne se présente pas à lui comme s'il lui était inconnu, genre "Je suis le Dieu de Noé, de Sem, etc..." (cf Gn 12,1 : " Et l'Eternel dit à Abram : va-t'en de ton pays [...] " )
Bonjour Coco Lapin,

Merci pour votre contribution. ;)
Bonjour Marie,
Merci d'avoir lancé ce sujet intéressant :)
Tout d'abord, est ce que le texte mentionne une seule fois qu'il fut demandé à Abram si Saraï était sa femme ?
[...]Abraham ne ment pas !
Bonjour Kerygme,
Voici une définition du Larousse pour "mentir" : Dissimuler, déguiser volontairement la vérité, nier ou taire ce qu'on devrait dire.
Le mensonge n'implique donc pas nécessairement une affirmation contraire à la vérité.
« - Cher monsieur, je souhaite épouser votre sœur !
- Objection ! C'est ma femme ! »
Abraham est coupable de taire cette information essentielle. La dissimulation de la vérité dans un cas pareil devient un mensonge par omission. Il y a tromperie sur la marchandise... ^^
Je ne sais pas si c'était la tradition en Egypte mais il me semble que dans le judaïsme on ne consommait pas le mariage avant un cycle lunaire; vous devinerez aisément pourquoi.
C'est bien pensé ^^ Merci pour cette information intéressante.
Tout à fait d'accord, et c'est pourquoi les 2 options me semblent recevables.
Les deux options restent possibles, mais il y en a une qui est très improbable. Avouez que ce serait absurde que Dieu préserve Saraï de la souillure avec Abimélek, alors qu'il l'avait laissée à son triste sort entre les bras de Pharaon. D'autant plus que l'épisode avec Abimélek se passe plus tard, donc si c'était pour qu'Abraham comprenne son erreur, ça aurait dû être l'inverse : " Toujours pas compris, Abraham ? Cette fois ta femme finira dans son lit ! "

Re: Sur la Genèse - Abraham en particulier

par Xavi » ven. 03 févr. 2023, 12:04

Kerygme a écrit :
ven. 03 févr. 2023, 10:56
Dieu prend Abram comme il est, et le fait se "convertir" par sa pédagogie; la conversion étant passage de l'obscurité à la lumière. Jésus en fera tout autant : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jean 8,11).

C'est ainsi qu'après 25 années de "conversion" dans les épreuves : Abram devient Abraham; et quand Dieu nomme, il crée !
Tout comme Saül deviendra Paul, Abraham est un homme nouveau et de cette alliance naitra le judaïsme. Cet appel qui suit les épreuves, auquel vous faisiez référence.

Abram/Abraham représente tout ce que l'Ancien Testament préfigure. L'homme n'y est pas décrit vertueux, ordonné, pacifique mais combien il est esclave du péché et de ses conséquences, quels sont ses comportements et comment Dieu intervient dans son histoire pour le redresser, lui faire connaitre ce qui est bon et juste, le libérer et l'amener vers le Salut.
Un Dieu bon et patient, lent à la colère, pédagogue ... un bon Père ! Incompris mais certainement pas injuste comme cela a été écrit quelques messages au-dessus.
Merci cher Kerygme pour cette belle synthèse éclairante !

Par contre, vous y ajoutez un commentaire qu’il me semble important de contester sur un point très important pour une bonne théologie dogmatique à une époque où, hélas, la compréhension de l’histoire sainte, précieusement transmise par l’Écriture, reste excessivement négligée par le développement des approches historico-critiques qui souvent s’éloignent de la foi de l’Église pour lui préférer une théologie libre-exaministe.

Kerygme a écrit :
ven. 03 févr. 2023, 10:56
L'erreur exégétique, il me semble, serait de projeter sur Abram l'image d'une vision judaïque ou chrétienne. Ce serait être dans le déni de sa propre histoire : il vient d'une nation païenne, idolâtre et polythéiste avec même des divinités familiales, tribales. Le Dieu unique n'y était pas connu.
Mais, bien sûr, que si ! Pas par la majorité, mais toujours par quelques uns.

Le Dieu d’Abraham, c’était déjà le Dieu d’Adam et Ève, d’Hénoc, de Noé, ou de Sem.

Le Dieu créateur un et indivisible était déjà connu dès la création. Comment y aurait-il eu un péché originel sans une manifestation d'un Dieu un ?

Dès l’origine, cette unité de Dieu n’était pas d’ordre mathématique et le mot hébreu « Elohim » ‘que nous traduisons par Dieu, est un mot pluriel qui faisait déjà percevoir qu’il y a de la pluralité en Dieu comme le Christ puis Son Église le feront découvrir plus clairement.

Le polythéisme était très répandu en Mésopotamie d’où Abraham est issu, mais dans le monde il y a toujours eu d’innombrables idoles qui prennent aujourd’hui d’autres formes mais qui toujours rejettent l’harmonie parfaite qui est en Dieu.

Certes, on ne parlait pas de monothéisme, de Trinité, de substance, de nature dans les termes pointus développés progressivement par la théologie, mais, depuis Adam et Ève, il y a toujours eu, dans toutes les cultures, des humains qui ont cru à un Dieu indivisible, bon et créateur, dans l’au-delà des réalités visibles,

C’était la foi d’Abram/Abraham. C’est ce Dieu unique qui lui a parlé et l’a envoyé en Canaan lorsqu’il se trouvait à Harran (dans le nord de la Mésopotamie), après avoir quitté sa ville natale de Ur (dans le sud de la Mésopotamie), et Abram/Abraham a quitté Ur puis Harran, parce qu’il croyait à ce Dieu Un.

C’est dans le livre de Judith que nous trouvons un récit plus détaillé de ces événements, fait par un babylonien pour expliquer les origines du peuple d’Israël : « Ce peuple, ce sont des gens qui descendent des Chaldéens. Ils allèrent d'abord s'établir en Mésopotamie, parce qu'ils ne voulaient pas suivre les dieux de leurs pères qui étaient nés en Chaldée. Ils s'étaient écartés, en effet, du chemin de leurs ancêtres et se prosternaient devant le Dieu du ciel, le Dieu qu'ils avaient appris à connaître. On les expulsa loin des dieux de Chaldée et ils s'exilèrent en Mésopotamie, où ils s'établirent pour de longs jours. Puis leur Dieu leur dit de quitter ce lieu où ils s'étaient établis et d'aller au pays de Canaan. » (Jud. 5, 6-9).

Vous avez raison de vouloir éviter « L'erreur exégétique [qui] serait de projeter sur Abram l'image d'une vision judaïque ou chrétienne », mais, hélas, cette erreur me semble surtout consister à projeter en négatif cette vision judaïque ou chrétienne sur la vie religieuse en Mésopotamie antique comme si les patriarches étaient restés privés d’une connaissance du vrai Dieu et voués aux seules errances polythéistes dominantes de leur époque, comme si les Hébreux avaient tout inventé et tout compris en premier, comme si Dieu ne s’était pas révélé aux hommes de toute génération dans leur contexte et selon leur langage.

Il me semble, au contraire qu’il est important de préserver la mémoire de l’histoire active du Dieu unique parmi les hommes qui a commencé et s’est poursuivie sans interruption dès Adam et Ève et le livre de la Genèse nous montre que Dieu a toujours eu des amis parmi les hommes qui, avant d’avoir les mots pour le dire avec le surplus de clarté que le Christ a rendue possible, ont déjà pu marcher et avancer fidèlement avec ce Dieu unique que nous adorons à la suite de notre père Abraham.

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