Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

Règles du forum
Forum d'échanges sur la Sainte Bible.

Répondre


Cette question vous permet de vous prémunir contre les soumissions automatisées et intensives effectuées par des robots malveillants.
Émoticônes
:?: :!: :arrow: :nule: :coeur: :) ;) :( :mal: :D :-D :oops: :cool: :/ :oui: :> :diable: <: :s :hypocrite: :p :amoureux: :clown: :rire: :-[ :sonne: :ciao: :zut: :siffle: :saint: :roule: :incertain: :clap: :fleur: :-@ :non: :cry: :bomb: :exclamation: :dormir: :wow: :boxe: :furieux: :toast: :dance: :flash:
Plus d’émoticônes

Le BBCode est activé
La balise [img] est activée
La balise [flash] est désactivée
La balise [url] est activée
Les émoticônes sont activées

Relecture du sujet
   

Agrandir Relecture du sujet : Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par cmoi » jeu. 13 janv. 2022, 5:34

L'écriture Sainte ne dit-elle pas que "nous sommes des dieux"...!

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Didyme » jeu. 13 janv. 2022, 0:23

Je partage cette appréciation :)

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Xavi » mer. 12 janv. 2022, 18:04

Un grand merci Cmoi et Didyme pour vos messages de cet après-midi qui ont bien augmenté notre compréhension mutuelle malgré la difficulté profonde du sujet et les nuances variées que nos sensibilités et nos points de vue propres nous ont fait mettre plus ou moins en avant.

Cela montre la qualité des échanges possibles dans ce forum qui a pour objet de contribuer à l’intelligence de la foi comme le rappelle la page d’accueil.


NB : L’ensemble de mes réflexions concernant l’historicité d’Adam et Ève et du livre de la Genèse a été développé dans une synthèse réactualisée ce 24 mai 2023, sous le titre « Un jardin dans l’Eden », disponible en pdf dans la section Théologie de ce forum sous l’intitulé « Évolution, création, incarnation : un livre à télécharger » :
https://www.cite-catholique.org/viewtop ... 92&t=20369

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Didyme » mer. 12 janv. 2022, 15:28

Xavi a écrit :Il me semble que ce beau texte de St Paul ne permet pas de suggérer que le vêtement de peau dont nous avons été revêtus après le choix originel (qui est le « péché » en ce qu’il sépare de Dieu) « serait en fait notre corps physique ». Au contraire, St Paul évoque une semence qui existe dès la création et qui se transforme alors que le vêtement de peau est venu recouvrir la nature (et donc aussi le corps) qui existait déjà.
Oui, vous avez sûrement raison. Surtout qu'une telle idée semble avoir des relents de la préexistence de l'âme.
Mais je trouvais intéressant que ce soit des vêtements de peau.

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par cmoi » mer. 12 janv. 2022, 15:26

Bonjour Xavi,
je me réjouis que nous soyons d ‘accord et vous prie de m’excuser car en me relisant je me suis aperçu que je provoquais malgré tout ce que je voulais éviter, mais que vous n’avez gentiment pas relevé.
Vous avez raison, le litige éventuel que je craignais venait du « en Dieu », et je vais m’en expliquer.

Dieu étant éternel, il est difficile d’imaginer qu’il y eut en lui un avant la création, et en même il y en eut un : c’est un mystère.
Or concernant cette création, j’imagine qu’il la pensa avant de la faire, et c’est dès ce moment-là qu’il y eut la possibilité du mal donc dans sa pensée. Dieu l’a donc d’une certaine façon créée, cette possibilité : autre mystère. Et comme il est Dieu, il est impossible de considérer que cela fut mal.
C’est d’ailleurs la seule preuve véritable comme quoi la possibilité du mal n’est pas le mal.

Beaucoup voudraient prouver le contraire, car évidemment cela les disculperait d’en commettre. Et cela rejoint aussi ceux qui « ne voient pas où est le mal » dans bien des situations où le dogme voit un péché. Ce qui en résulte, c’est que la liberté est fort précieuse, puisque Dieu a décidé de créer – et des êtres libres. Car le mal ce n’est pas que désobéir à Dieu, ce serait trop simple et facile.
L’arbre qui formalisait la possibilité du mal, dans l’Eden, permettait ainsi que « l’image et ressemblance » soit poussée jusqu’à l’extrême.

Voilà pourquoi quand vous écrivez ici : « Dans l’éternité, vous conviendrez qu’en Dieu, le mal n’est pas et le mal n’existe pas. La possibilité même du mal n’a pas de sens en Dieu qui est le bien. » je ne peux pas dire que je ne sois pas d’accord, mais j’ai une réserve qui tient au mystère dit d’iniquité.
Et à la capacité qu'a Dieu de détruire, d'annihiler le mal - ce qu'il ne peut faire qu'en Lui et suppose comme quelque chose quand même dont je ne sais comment l'appeler : miséricorde est insuffisant.
C'est ce qui le fait tout-Puissant (et je ne tiens pas sa colère par exemple pour un mal).
J'avancerai qu'en Dieu il y a comme le reflet du mal...

En fait, j’avais « pris les devants » car je voulais éviter de trop approfondir ce sujet, n’étant momentanément pas comme je l’évoquais au début dans cette énergie, mais depuis que j’interviens sur ce fil je m’y suis quand même un peu "mis"…
Il m’est aussi arrivé d’être ainsi interpellé sur des points secondaires et de façon polémique, alors je me méfie…

Quand vous écrivez que je « rappelle des principes de la réflexion en théologie et en philosophie sur lesquels il vous semble que nous sommes tous d’accord », je crains de ne pas faire le même constat que vous.
L’encyclique elle-même que je mentionnais a tenté d’expliquer l’erreur modernisme comme venant de ce que le point choisi pour départ de la pensée était philosophique et non théologique.
Or il n’y aurait pas la possibilité de trouver Dieu par la raison s’il n’y avait celle de pouvoir partir de la philosophie !

Et je pense que le fameux débat entre dogmatique et pastorale, lancé par les traditionnalistes pour refuser une partie du dernier concile, cache en réalité un désaccord philosophique sur ce qui porte la pensée théologique nouvelle. Ce pourquoi ils ont fait un absolu d’une théologie mais qui reposait sur une pensée philosophique qui tenait compte seulement d’une époque. Comme ils sont bien incapables de démonter « l’erreur philosophique » de leurs adversaires, et pour cause !, ils estiment comme cette encyclique que c’est parce qu’elle part de la philosophie au lieu de partir de la théologie qu’ils connaissent et qui n’a pas à être changée et qu'ils continuent de marteler : pratique !

Je n’écris évidemment pas cela pour vous, je pense au vu de votre réponse que vous comprendrez ce que j’ai appelé ma « réserve ».
Et pour n’accabler personne d’un hors sujet, j’arrête ici mon exemple qui fait déjà assez figure de « mon dada » sur ce forum.

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Xavi » mer. 12 janv. 2022, 12:13

@Cmoi
cmoi a écrit :
mer. 12 janv. 2022, 5:50
Contrairement à ce qu'a exprimé ici Xavi, la possibilité du mal a bien pris une réalité pour Dieu dès l'instant où il a posé un acte de création !
Pourquoi écrivez-vous « contrairement » ? Je suis bien d’accord pour considérer avec vous que « la possibilité du mal a bien pris une réalité pour Dieu dès l'instant où il a posé un acte de création » et j’espère bien ne pas avoir exprimé le contraire.

Dans votre second message de ce matin, vous rappelez des principes de la réflexion en théologie et en philosophie sur lesquels il me semble que nous sommes tous d’accord, puis vous précisez la contradiction que vous pensez pouvoir constater.

cmoi a écrit :
mer. 12 janv. 2022, 6:53
Qui plus est, je suis parfaitement conscient que votre phrase
Xavi a écrit :
ven. 07 janv. 2022, 22:22
En Dieu, la possibilité du mal n'a pas de réalité et cela n'affecte en rien sa liberté et son amour. En communion éternelle avec Lui, il peut en être de même pour tout humain.
a quelque chose de parfaitement juste, le problème est que sa formulation s’oppose formellement à … la mienne, qui veut donner à Didyme une piste (en complément de ma conclusion précédente) pour comprendre l’existence de l’enfer.
Voilà qui donne l’occasion de rapprocher les points de vue car il me semble que ce sont les mots « En Dieu, la possibilité du mal … n’a pas de réalité » qui vous ont donné l’impression d’une contradiction avec vos propos alors qu’il me semble que ce n’est pas le cas.

Dans l’éternité, vous conviendrez qu’en Dieu, le mal n’est pas et le mal n’existe pas. La possibilité même du mal n’a pas de sens en Dieu qui est le bien.

Mais, sur ce point, j’apprécie beaucoup la précision que vous amenez dans ce dialogue lorsque vous indiquez que c’est « dès l’instant où il a posé un acte de création » que « la possibilité du mal a bien pris une réalité pour Dieu ». Cela me semble juste, car créer c’est faire exister hors de soi.

Le monde n’est pas Dieu, même si Dieu y est présent. Il est une créature. Et, aussitôt, nous pouvons, en effet, observer que « hors de Dieu », il peut exister une alternative entre, d’une part, l’harmonie et la communion avec Dieu qui est le bien (et l’humain a été créé pour en être le gouvernail) et, d’autre part, une absence de cette harmonie et de cette communion que vous pouvez appeler « la possibilité du mal ».

Je ne perçois pas de désaccord entre nous à cet égard, ni par rapport aux réflexions de Didyme sur ce point.


@Didyme
Didyme a écrit :
mer. 12 janv. 2022, 0:07
C'est marrant à la réflexion que Dieu fasse à Adam et à sa femme des vêtements "de peau", ça donne l'impression que ce vêtement de peau serait en fait notre corps physique, charnel. Mais j'imagine que cette idée poserait quelques problèmes théologiques (?). Quoique si on considère 1 Corinthiens 15 : 37-38 (cité précédemment)
"37 ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps qui naîtra; c'est un simple grain, de blé peut-être, ou de quelque autre semence;
38 puis Dieu lui donne un corps comme il lui plaît, et à chaque semence il donne un corps qui lui est propre. "

On semble retrouver ce même ordre.
Je ne sais pas.
Il me semble que ce beau texte de St Paul ne permet pas de suggérer que le vêtement de peau dont nous avons été revêtus après le choix originel (qui est le « péché » en ce qu’il sépare de Dieu) « serait en fait notre corps physique ». Au contraire, St Paul évoque une semence qui existe dès la création et qui se transforme alors que le vêtement de peau est venu recouvrir la nature (et donc aussi le corps) qui existait déjà.

Ce vêtement ne peut se confondre avec le corps qu’il recouvre. Il me semble protéger l’humain blessé mortellement par le péché originel et lui assurer un possible accès à la vie éternelle qui lui sera ouvert par le Christ.

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par cmoi » mer. 12 janv. 2022, 6:53

Plutôt que d’attendre à ce que vous réagissiez, après réflexion je crois plus honnête de prendre les devants…
Le fait que Didyme ne pense pas comme l’Eglise sur certains sujets ne veut pas dire que sa pensée soit fausse, loin de là et vous l’avez parfaitement compris, à l’envers de beaucoup qui au lieu de chercher immédiatement à démontrer en quoi il a tout faux par rapport à ce que pense l’Eglise, et de se tromper à le démontrer, devraient plutôt considérer en quoi ce qu’il dit est vrai et comment le concilier et le faire s’approcher de la pensée de l’Eglise.
Ce principe qui vaut pour l’esprit vaut aussi pour le comportement à mener, les actes à poser et la conscience.
Xavi, je crois profondément en votre souci d’objectivité, mais le fond de votre pensée étant mystique, il est important quand le sujet vous conduit à ce que vous preniez garde à la rigueur philosophique du propos ; une chose pensée peut être belle à dire et considérer, juste sous certains égards et notamment dans le contexte qui vous l’a faite penser, mais fausse dans son intégrité et par toutes ses conséquences.
De grâce, ne voyez aucune généralité dans mon propos, il explique ici mon désaccord, ne prétend pas que ce soit « souvent » le cas dans les vôtres…
Pour « ouvrir le sujet », il aurait dû être traité par la fameuse encyclique sur le modernisme, mais elle l’a occulté car elle avait fort autre chose à penser. De fait, la vérité étant la vérité, il devrait importer peu de partir de la théologie ou de la philosophie, il n’est en rien requis de « commencer » par la théologie pour éviter l’erreur, et la vérité de la philosophie a ses règles qu’il convient de respecter, même sur des sujets théologiques. Sans quoi on en vient à démontrer le dogme qui est vrai par des raisonnements qui sont faux, et c’est pire que d’affirmer des choses fausses car cela se voit moins et entraîne plus tard des hérésies très subtiles et collantes.
Car il est inévitable que certains ne saisiront pas en quoi vous avez pensé telle idée dans un certain contexte qui faisait que c’était possiblement vrai, d’autant qu’il se pourrait qu’ils fassent exprès d’utiliser votre erreur pour défendre la leur…
Malheureusement, nous ne vivons pas dans un monde où chacun s’efforce de « sauver la proposition du prochain », c’est même le contraire plus souvent.
Qui plus est, je suis parfaitement conscient que votre phrase
Xavi a écrit :
ven. 07 janv. 2022, 22:22
En Dieu, la possibilité du mal n'a pas de réalité et cela n'affecte en rien sa liberté et son amour. En communion éternelle avec Lui, il peut en être de même pour tout humain.
a quelque chose de parfaitement juste, le problème est que sa formulation s’oppose formellement à … la mienne, qui veut donner à Didyme une piste (en complément de ma conclusion précédente) pour comprendre l’existence de l’enfer.

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par cmoi » mer. 12 janv. 2022, 5:50

Didyme a écrit :
mar. 11 janv. 2022, 22:43
J'avoue que j'ai eu un peu de mal à saisir votre réflexion, comme j'ai souvent l'impression qu'il ne doit pas être évident aux autres de saisir ce que je tente d'exprimer. :s
J'espère avoir à peu près compris.
Quand je lis la suite de votre réponse, vos commentaires en quelque sorte, il me semble que vous avez tout à fait bien compris, mais juste pas encore "poussé" ce qui explique que pour la conclusion, pas encore (ce qui est fort dommage... car c'est ce qui devrait vous permettre d'éclairer vraiment selon moi bien des choses... )

Oui, il est parfois ardu de s'exprimer en mode "philosophie", surtout qu'il faut faire court sur un forum, pour ma part je m'efforce de parler avec chacun selon sa propre capacité d'expression dont il témoigne.
Je vous invite à considérer que j'ai parfaitement compris que derrière ces considérations sur le péché originel, se tient vos idées souvent exprimées sur l'enfer, cela devrait vous aider à comprendre l'impact que ma conclusion peut avoir sur elles.
Le développer ici serait très "hard", mais si vous y ou en percevez quelque chose, je répondrai alors à vos nouvelles questions...

Contrairement à ce qu'a exprimé ici Xavi, la possibilité du mal a bien pris une réalité pour Dieu dès l'instant où il a posé un acte de création !

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Didyme » mer. 12 janv. 2022, 0:07

Xavi a écrit :J’aime beaucoup à cet égard, le geste symbolique du vêtement dont Dieu nous a revêtu pour sauvegarder notre immortalité, évoqué dans un autre fil intitulé « Le pardon si peu connu du jardin d’Eden » :
viewtopic.php?f=91&t=28967
Oui, j'aime aussi l'esprit de ce texte, ce qu'il dit de Dieu. :)

Ce vêtement n'est-il pas d'une certaine façon le symbole de l'amour divin pour l'homme, cet amour qui protège comme un vêtement, et qui nous maintient en vie, à l'existence ?
Vous disiez que le corps est mortel et l'âme immortelle. Selon ce que j'ai appris, c'est cet amour immuable pour sa créature, qui nous créé à chaque instant, qui nous maintient à l'être, qui fait l'immortalité de l'âme.

C'est marrant à la réflexion que Dieu fasse à Adam et à sa femme des vêtements "de peau", ça donne l'impression que ce vêtement de peau serait en fait notre corps physique, charnel. Mais j'imagine que cette idée poserait quelques problèmes théologiques (?). Quoique si on considère 1 Corinthiens 15 : 37-38 (cité précédemment)
"37 ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps qui naîtra; c'est un simple grain, de blé peut-être, ou de quelque autre semence; 
38 puis Dieu lui donne un corps comme il lui plaît, et à chaque semence il donne un corps qui lui est propre. "

On semble retrouver ce même ordre.

Je ne sais pas.

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Didyme » mar. 11 janv. 2022, 22:43

Bonjour cmoi,

ça me fait plaisir que ça vous fasse plaisir de me voir réapparaître :-D , étant donné que je me demande souvent si je ne ferais pas mieux de m'abstenir d'émettre des réflexions personnelles.

J'avoue que j'ai eu un peu de mal à saisir votre réflexion, comme j'ai souvent l'impression qu'il ne doit pas être évident aux autres de saisir ce que je tente d'exprimer. :s
J'espère avoir à peu près compris.

cmoi a écrit :
mar. 11 janv. 2022, 7:57
Didyme a écrit :
lun. 10 janv. 2022, 23:26
Mais si la liberté nécessite la possibilité du mal, le mal devenant nécessaire à la liberté devient une chose bonne (?!), et acquiert une valeur. Si la possibilité du mal n'est pas nécessaire pour qu'il y ait liberté alors le mal redevient ce qu'il est, un néant, méprisable.
car si la possibilité du mal est nécessaire à la liberté, cela ne veut pas pour autant dire que le mal soit nécessaire et de fait, il ne l'est pas et ne peut l'être.
Car quelle est cette nécessité liée à sa possibilité ? Elle suppose qu'il ne soit pas connu comme mal. Dieu seul détermine ce que le mal est et permet de le déterminer. Notre liberté n'est pas que celle de ne pas être Dieu, pourtant elle en est conditionnée et y trouve son sens alors qu'il nous l'a donnée. De notre point de vue, le mal surgit donc quand nous ne savons plus répondre de ce don. Or nous avons le tort de considérer qu'il faut produire un effort pour y répondre, parce que désormais le péché originel nous en donne l'illusion vu qu'on a voulu comme la détacher de lui.
C'est vrai qu'on a l'impression qu'il faille produire un effort alors qu'elle consiste justement à se vider de soi. C'est quand on se débat en mettant notre volonté comme référence à cette liberté, et donc qu'on met trop de "moi" qu'on perd cette liberté de Dieu.
Oui, le péché originel qui apparaît lorsqu'on place notre volonté au principe de cette liberté alors que c'est se poser en Dieu et maître et comme vous dites, en détachant notre liberté de Dieu, qui en est pourtant le principe.

cmoi a écrit :Et nous sommes en cela comme obligés de reconnaître la nécessité du mal parce qu'il justifie ce détachement, mais c'est faux puisque nous avons postulé que c'était notre liberté qui y suffisait.
Conclusion ? Non, la possibilité du mal n'est pas nécessaire à notre liberté, elle l'est à celle de Dieu.
Oui, on se retrouve du fait d'avoir déplacé cette liberté de son principe qui est Dieu à nous, à devoir rendre la possibilité du mal nécessaire puisqu'on se pose alors comme ce qui détermine, défini la liberté. Et notre volonté "libre" étant faillible, instable, corruptible, pouvant faire le bien comme le mal, il apparaît normal que cette liberté consiste à pouvoir choisir le bien ou le mal. Et encore, lorsque l'on fait le bien, cela nous vient de Dieu.
Si on replaçait la liberté à sa juste place, à savoir en Dieu, il apparaît davantage évident que la possibilité du mal n'est pas nécessaire.
C'est comme si on avait déplacé la liberté de son orbite. Dans cette conception, elle n'orbite plus autour de Dieu mais autour de nous. Il n'en est plus le principe, nous le devenons. Ce qui est évidemment un angle de vue erroné, du moins il me semble.

Après, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris votre conclusion.

cmoi a écrit :Je voulais juste vous soumettre cette réflexion...
Ça m'aura permis d'éclaircir la mienne. :)

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Xavi » mar. 11 janv. 2022, 12:49

@ Didyme

Très cher Didyme,

Un grand merci pour votre longue contribution de très grande qualité, postée hier soir.

Vos réflexions me semblent excellentes et amènent un surplus pertinent de nuances et de profondeur qui me paraissent justes.

Les mots et nos explications humaines ont bien sûr inévitablement leurs limites, mais l’amour de Dieu que nous pouvons découvrir sans cesse davantage se révèle sans cesse aussi comme étant la vie même qui nous a été donnée.

Cet amour ne s’est pas arrêté avec le choix libre d’Adam et Ève dans le jardin d’Eden, que Dieu pouvait d’ailleurs prévoir, et dès cet instant, il a, au contraire, tout préparé avec amour pour que le chemin de vie nous soit encore possible.

J’aime beaucoup à cet égard, le geste symbolique du vêtement dont Dieu nous a revêtu pour sauvegarder notre immortalité, évoqué dans un autre fil intitulé « Le pardon si peu connu du jardin d’Eden » :
viewtopic.php?f=91&t=28967

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par cmoi » mar. 11 janv. 2022, 7:57

Bonjour Didyme,
je ne suis venu vous lire ici que surpris et heureux de vous voir réapparaître sous mes yeux.
Si tous les sujets religieux m'intéressent, les considérations de ce fil ne correspondaient pas à mon énergie actuelle... Je m'excuse donc auprès des autres participants, je ne suis pas "dans le ton" probablement...
Néanmoins je voudrais réagir à cette phrase :
Didyme a écrit :
lun. 10 janv. 2022, 23:26
Mais si la liberté nécessite la possibilité du mal, le mal devenant nécessaire à la liberté devient une chose bonne (?!), et acquiert une valeur. Si la possibilité du mal n'est pas nécessaire pour qu'il y ait liberté alors le mal redevient ce qu'il est, un néant, méprisable.
car si la possibilité du mal est nécessaire à la liberté, cela ne veut pas pour autant dire que le mal soit nécessaire et de fait, il ne l'est pas et ne peut l'être.
Car quelle est cette nécessité liée à sa possibilité ? Elle suppose qu'il ne soit pas connu comme mal. Dieu seul détermine ce que le mal est et permet de le déterminer. Notre liberté n'est pas que celle de ne pas être Dieu, pourtant elle en est conditionnée et y trouve son sens alors qu'il nous l'a donnée. De notre point de vue, le mal surgit donc quand nous ne savons plus répondre de ce don. Or nous avons le tort de considérer qu'il faut produire un effort pour y répondre, parce que désormais le péché originel nous en donne l'illusion vu qu'on a voulu comme la détacher de lui. Et nous sommes en cela comme obligés de reconnaître la nécessité du mal parce qu'il justifie ce détachement, mais c'est faux puisque nous avons postulé que c'était notre liberté qui y suffisait.
Conclusion ? Non, la possibilité du mal n'est pas nécessaire à notre liberté, elle l'est à celle de Dieu.

Je voulais juste vous soumettre cette réflexion...

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Didyme » lun. 10 janv. 2022, 23:26

Cinci a écrit :
lun. 10 janv. 2022, 20:40
Non pas une valeur et une vertu au mal mais une valeur à la liberté ... qui est amour du Bien, de Dieu, ses lois.
Mais si la liberté nécessite la possibilité du mal, le mal devenant nécessaire à la liberté devient une chose bonne (?!), et acquiert une valeur. Si la possibilité du mal n'est pas nécessaire pour qu'il y ait liberté alors le mal redevient ce qu'il est, un néant, méprisable.

Cinci a écrit :1. La possibilité de «choisir le Bien pour lui-même» doit être offerte au départ à des créatures qui ne sont pas Dieu. Il y va ensuite de la gloire de Dieu que le mal soit vaincu. C'est à dire que la mal ou les méchants ne puissent plus du tout affecter, perturber, menacer, empêcher que .le bon entre dans cette gloire.
Drôle de victoire que celle où la haine envers Dieu demeure à jamais.
Avant : le mal est rejet, haine de Dieu.
Après : le mal est rejet, haine de Dieu.

Le bon ? Jésus dira que seul Dieu est bon.
C'est peut-être ça que beaucoup ont tendance à oublier dans cette approche.

J'ai l'impression que depuis le judaïsme, rien n'a vraiment changé, toujours cette attente du messie qui vaincra des hommes par la force. Et dans lesquels le mal n'est pas vaincu. Une victoire non spirituelle.

Des créatures qui ne sont pas Dieu certes, mais des créatures de Dieu, faites par et pour Dieu.

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Didyme » lun. 10 janv. 2022, 23:07

Xavi a écrit :Il y a nécessairement un choix possible entre cet amour et son absence si un être est créé capable d’aimer et de vivre d’amour.

C’est ce que nous raconte le récit du choix originel dans le jardin d’Eden. Il ne suffit pas de créer des humains parfaitement capables d’aimer pour les faire vivre d’amour. Il faut encore qu’ils choisissent librement d’aimer.
...


À cet égard, Dieu ne nous a donc pas soumis à un temps de probation, mais Il nous a créés libres de choisir entre la vie d’amour ou son absence qui est une mort.

Xavi a écrit :
ven. 07 janv. 2022, 22:22
La liberté et l'amour sont éternels en Dieu et ils ne disparaissent jamais, mais l'humain ne doit-il pas les choisir à son tour pour qu'ils deviennent éternels pour lui  et que son être tout entier, y compris son corps ressuscité, revête l'incorruptibilité ?


Le sujet est tellement complexe.
D'un côté, je vous lis et je ne peux être que d'accord avec vous.
Et d'un autre, j'ai l'impression que cette idée de la liberté qui impliquerait de pouvoir choisir entre Dieu (qui est l'amour et la liberté) et son absence a quelque chose de faux, comme une représentation humaine imparfaite d'une vérité qui est toute autre.

Parce que d'un côté, il est évident que la volonté de l'homme doit se tourner vers Dieu pour qu'il puisse entrer dans cet amour.
Mais d'un autre côté, lorsque l'homme refuse Dieu, il se trouve qu'il se refuse lui-même. Car l'homme n'a d'autre réalité qu'en Dieu. Refusant Dieu, et donc se refusant, il s'écarte de lui-même, de ce qu'il est, de qui il est. On dit alors de l'homme qu'il est égaré, aveuglé, aliéné, étourdi, hébété, en dérilection, ce qui ressemble davantage à une perte de raison, à une volonté qui s'égare plus qu'elle ne fait un choix libre. Lorsqu'on parle du péché, on parle de déchéance, de chute, d'égarement, de perdition, d'esclavage, d'éloignement, etc. Il s'agit davantage d'une perte de ce qui est, d'un détournement de la contemplation divine, et qui produit ces simulacres de choix. 

Par ailleurs, quand bien même l'homme refuse Dieu en apparence, il demeure en lui une volonté intacte qui ne veut que Dieu. C’est cette aspiration et ce désir de joie et de béatitude qui se niche au cœur de tout homme.
Il ne peut en être autrement et du fait que Dieu soit notre fondement et du fait de l'union du Christ a l'humanité, uni à tout homme, étant l'homme, le véritable Adam, par qui et pour qui tout a été fait. Il n'y a pas deux humanités mais une seule.
Quelle est donc alors cette volonté de l'homme qui refuse Dieu ? Et qui refusant Dieu se refuserait elle-même puisque se niant ? Quelle est donc cette liberté, ce choix que je fais et qui est contraire à qui je suis fondamentalement, je fais le mal que je ne veux pas et je ne fais pas le bien que je veux. D'ailleurs Romains 7 est parlant sur ce point. Le péché peut-il donc être appelé liberté ?

Quand je lis dans "le dialogue" de Catherine de Sienne :
"C’est ce que vous montra le glorieux Paul, lorsqu'il a dit dans son épître que vous mortifiiez votre corps et tuiez votre volonté,  ce qui est savoir tenir le frein du corps en macérant la chair si elle voulait combattre l'esprit ; mais la volonté doit être entièrement morte noyée, et soumise à ma volonté. La volonté se tue avec ce dû, que Je t'ai dit, que la vertu de discrétion rend à l'âme, c'est-à-dire haine et horreur des offenses, et de sa propre sensualité, qui s'acquiert dans la connaissance de soi. Elle est le couteau qui tue et coupe tout amour-propre fondé sur sa propre volonté. "

N'y a-t-il pas quelque chose comme de l'orgueil a concevoir une volonté, un libre-arbitre donné pour faire ce choix de Dieu ou de le refuser ? Car quelque part, c'est comme se considérer sans Dieu ni maître, comme si par ce libre-arbitre nous pouvions avoir une réalité propre en-dehors de Dieu, comme si nous étions notre propre origine, notre propre fondement et comme si nous pouvions être nous-même sans Dieu.

Il ne nous est pas demandé de faire un choix entre Dieu et le péché comme si le mal avait une valeur, le mal faisant face au bien. Le mal n'a aucune valeur en soi, il n'est pas un attribut de la liberté sans lequel la liberté n'est pas possible. Non, il est une perte du bien, une déchéance de l'amour, une chute de l'unique chemin divin, et non pas un autre chemin.
Non, il nous est commandé de revenir à Dieu, de nous détourner du péché, de faire mourir notre volonté et nous soumettre à Dieu. Car qu'est-ce que cette volonté qui nous fait pécher si ce n'est une folie, une aliénation, et qu'est-ce que se soumettre à Dieu si ce n'est rencontrer son vrai moi et entrer dans la liberté d'être soi-même ?
Dans le récit de la Genèse, je ne vois pas Dieu inviter l'homme à choisir entre lui et le mal, mais je le vois plutôt interdire de se détourner de lui, de pécher (car se détournant ainsi de soi-même).
Je ne le vois pas dans toute la Bible faire l'éloge d'une telle liberté. Je ne le vois que condamner une telle conception, que condamner et reprimander celui qui se détourne de Lui. Ce qui serait assez surprenant s'il s'agissait là de l'exercice de la liberté, liberté bonne en soi.

J'ai parfois l'impression que la vie est plutôt un enseignement pour nous apprendre à accepter ce que nous sommes, créés par Dieu et n'ayant aucune existence, réalité en-dehors de Dieu. C’est l'apprentissage de l'humilité qui abandonne cette prétention de pouvoir être libre par un refus de Dieu, en faisant sa propre volonté, en étant sa propre référence, son Dieu et maître.
C'est quelque chose de très difficile mais qui est pourtant si libérateur.

J'ai fait cette expérience récemment de me retrouver avec de fortes douleurs au dos, ce qui est très compliqué pour exercer mon métier. Et me retrouvant dans cette souffrance, diminuer, comme humilié, je me suis senti étonnamment bien, allégé. Comme si cette humiliation à laquelle je devais me soumettre me faisait me sentir petit, sans autre choix que d'accepter, accueillir cette douleur. C'était comme un enseignement qui m'était donné là, pour me rappeler que c'est en s'humiliant, en se faisant tout petit, en se dépouillant du trop de "moi", de ma volonté que je trouvais la liberté, la paix, la légèreté. Étrange paradoxe.


Pour ce qui est de choisir d'aimer ?
D'une, je ne suis pas sûr que lorsqu'il s'agit d'amour il soit question d'intellect ou de raison. Je ne suis pas sûr que lorsque j'aime quelqu'un je l'ai choisi. Non, je l'aime simplement.
On peut choisir d'agir avec amour, respecter mais choisir d'aimer ? Je ne sais pas.
On peut choisir de se tourner vers Dieu et ainsi s'ouvrir à l'amour. Il s'agit alors ici davantage d'un acte de foi, de confiance. Oui, certainement qu'il est davantage question de foi dans ce choix, de s'ouvrir à Dieu.
De deux, l'amour est un don de Dieu. Il ne vient pas de nous-même comme si nous avions l'amour en nous, par nous-mêmes, comme si nous étions amour. C'est plutôt Dieu en nous qui nous fait aimer, l'aimer.


Au final, simplement il est que l'homme est une personne et qu'en tant que tel il est doté d'une volonté. Et une volonté pour être vraiment une volonté doit nécessairement être libre. Il est aussi que l'homme en tant que créé est un être fini et donc faillible et faible. Il me paraît davantage chuter par faiblesse, par l'intermédiaire de cette volonté dont il est doté.
Et il est nécessaire que cette volonté se tourne vers Dieu "librement" car si c'est Dieu qui obligeait la volonté, ce serait comme une négation de la personne qu'est l'homme. Comme un viol ?
Je pense que l'homme est libre du fait d'être une personne doté d'une volonté mais pas libre de pouvoir être ce qu'il est sans Dieu. La liberté ne me semble pas consister à pouvoir choisir de pécher mais à être qui nous sommes, comme entrant dans sa vraie demeure, devenant pleinement soi-même. Et se trouvant trouvant Dieu. C’est plus comme se connaître, devenir vraiment soi, s'accomplir, où la liberté se confond avec le fait d'être.



Tout cela n'est que réflexion personnelle. Je préfère le préciser car le sujet est bien trop complexe pour que je puisse imposer ici des certitudes.
Je m'interroge car quand je vous lis, je peux me dire oui ça paraît évident, et pourtant à côté il y a des aspects qui le rendent beaucoup moins.


Xavi a écrit :l'humain ne doit-il pas les choisir à son tour pour qu'ils deviennent éternels pour lui  et que son être tout entier, y compris son corps ressuscité, revête l'incorruptibilité ?
Oui mais si l'amour et la liberté nécessite de pouvoir dire "non", d'être corruptible alors ce serait comme leur négation et leur mort que l'incorruptibilité. On ne pourrait alors la souhaiter.

Xavi a écrit :Dieu, la possibilité du mal n'a pas de réalité et cela n'affecte en rien sa liberté et son amour. En communion éternelle avec Lui, il peut en être de même pour tout humain.
C'est donc bien que la liberté et l'amour en soi ne "nécessitent" pas de pouvoir s'y refuser pour exister. Non ?

Re: Adam et Eve ont-ils été créés immortels ?

par Cinci » lun. 10 janv. 2022, 20:40

Didyme a écrit :
J'éprouve toujours une grande gêne quand je vois la valeur, la vertu, que l'on semble accorder au péché ne serait-ce qu'en possibilité, en le considérant nécessaire à la liberté et à l'amour.

Si la possibilité du mal, du péché était nécessaire pour qu'il y ait liberté et amour, alors pourquoi est-il voué à être vaincu et à disparaître ? Pourquoi des corps incorruptibles à la résurrection ?
La liberté et l'amour disparaitraient-ils alors ?
Le Dieu parfait serait-il donc un Dieu sans liberté ni amour ?


Non pas une valeur et une vertu au mal mais une valeur à la liberté ... qui est amour du Bien, de Dieu, ses lois.

1. La possibilité de «choisir le Bien pour lui-même» doit être offerte au départ à des créatures qui ne sont pas Dieu. Il y va ensuite de la gloire de Dieu que le mal soit vaincu. C'est à dire que la mal ou les méchants ne puissent plus du tout affecter, perturber, menacer, empêcher que .le bon entre dans cette gloire.

2. L'incorruptibilité et la résurrection sont l'expression de cette gloire divine.
3. Liberté et amour vrai ne disparaissent pas chez les saints du paradis parce que la définition même de la liberté la plus grande est de toujours choisir et re-choisir sans cesse Dieu, encore et encore à chaque instant, Libre comme on respire !
4. Dieu est la liberté même en acte ! Ainsi, évoquer la possibilité que Dieu soit sans liberté ou sans amour apparaît comme une absurdité dans la pensée chrétienne. Ce serait comme se demander si un cercle pourrait être carré.

Haut