par Cinci » mar. 23 févr. 2021, 17:26
Bonjour,
Pierrot2 a écrit :D'ailleurs, ça m'amène à une autre question (qui mériterait sans doute de créer un autre fil): Jésus lui a-t-il obéi en sa qualité de mère, ou en sa qualité d'Immaculée Conception? ou autre chose??
C'est autre chose, si vous cherchez plusieurs pistes de réponse possible.
Une clé de lecture pour l'épisode peut être fournit possiblement par Jésus lui-même. C'est à dire par Luc quand il rapporte ce qu'aurait dit Jésus dans la synagogue à Nazareth, dans une scène qui intervient comme au sortir de l'expérience des 40 jours passé par Jésus dans le désert. Le texte de Luc montre que
Jésus avait bien présent à l'esprit le livre des Rois et l'épisode du prophète Élie envoyé à une pauvre veuve du pays de Sarepta.
Selon moi, il y aurait un lien à faire entre tout ce que Jésus doit avoir présent à l'esprit après l'épreuve du désert, ce qu'il dit aux gens de Nazareth ensuite; entre ce que nous raconte le livre des Rois à propos d'Élie et de la veuve de Sarepta, puis la pénurie de vin soulignée par Marie à Cana; entre la "menace pour sa vie" qui est suspendue sur la tête du prophète Élie, la "menace suspendue" sur celle de Jésus; entre le fils de la veuve du livre des Rois qui va mourir, le fils de Marie qui va se trouver mort éventuellement; entre la réaction des gens à Nazareth qui voudraient perdre ce Jésus-prophète parce que semblant leur faire sentir leurs fautes, la réaction même de la veuve de Sarepta entre le saint homme d'un bord, son fils mort de l'autre, puis la réaction de l'esprit impur à Capharnaüm (cf. le démon) toujours dans le récit de Luc :
« Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » (Lc 4, 34)
Jésus emploiera la même expression envers sa mère ("Quoi, de toi à moi ?") que la veuve de Sarepta pu jadis servir au prophète Élie, elle voyant son propre fils mort; qu'une même expression dont le démon va se servir dans Luc 4,34.
Disons ...
Dans le désert, Jésus refuse de se plier à la requête du tentateur diabolique lui demandant de réaliser un miracle. Il se trouve qu'il y a pénurie. "Si tu es fils de Dieu, tu peux demander à ce que les pierres se changent en pain." Jésus n'accède pas à la "prière" du Diable. Il y a pénurie à Cana, mais alors cette fois Jésus se pliera bien à la demande de sa mère, non pas tant parce que ce serait sa mère au plan biologique comme du fait que Marie est une femme dont la foi est grande. Marie ne sait trop rien de ce qu'il va y avoir au programme devant, mais elle se trouve dans ce que l'on pourrait appeler la foi
expectante. Une foi qui tire en avant, qui espère, qui attend tout de Dieu.
Les évangiles nous montrent également un Jésus qui sait lire les signes du temps, voir dans les événements le signe annonciateur de "ce qui doit venir", le signe aussi que lui-même doit alors s'orienter dans telle direction plutôt que telle autre, ou sortir d'un immobilisme pour passer à l'acte. Un petit événement en soi comme la demande muette de Marie à son fils dans un lieu comme Cana ("Ils n'ont plus de vin") prend valeur d'événement prophétique pour l'Église. Je suis pas mal certain que c'est ainsi qu'un Jean pouvait relire l'événement à Cana, comme en fonction d'un autre événement qui était encore à venir comme la Pentecôte ("Ils sont plein de vin doux !") Parce que c'est Jean qui, le dernier, pour notre bénéfice, met en place les pièces du puzzle.
Marie est celle qui connaît le mieux Jésus, plus que Jean le baptiste, plus que les premiers disciples. En étant présente auprès de Jésus lui-même, près de Jean et les quelques autres, après la visite de Jésus au Jourdain, après ce que le baptiste dit de Jésus aux autres, après ce qu'elle aura elle-même pu entendre de la bouche de Jésus dans la synagogue de Nazareth, il ne pouvait pas ne pas se faire qu'elle ne soit emplie d'une grande espérance envers ce fils, ses capacités de se révéler comme un nouvel Élie,
plus grand qu'Élie !
Jésus est emplie de la pensée de sa mission à remplir, Marie s'en préoccupe tout autant et à sa façon. Voir la gamme majeure, la gamme mineure.
Marie ne savait pas trop à quoi s'attendre de la part de Jésus à Cana. Elle était confiante, sûre qu'en faisant ce que Jésus dirait de faire, il n'en pourrait résulter que quelque chose de bénéfique
___
P.S. Merci en passant, Pierrot2, votre question m'aura obligé ce matin, comme à mieux voir ce lien entre l'Ancien Testament et l'épisode des noces de Cana, sans compter la réaction énigmatique de l'esprit impur de Capharnaüm que je n'avais jamais trop bien compris jusqu'ici.
Bonjour,
[quote="Pierrot2"]D'ailleurs, ça m'amène à une autre question (qui mériterait sans doute de créer un autre fil): Jésus lui a-t-il obéi en sa qualité de mère, ou en sa qualité d'Immaculée Conception? ou autre chose??
[/quote]
C'est autre chose, si vous cherchez plusieurs pistes de réponse possible.
Une clé de lecture pour l'épisode peut être fournit possiblement par Jésus lui-même. C'est à dire par Luc quand il rapporte ce qu'aurait dit Jésus dans la synagogue à Nazareth, dans une scène qui intervient comme au sortir de l'expérience des 40 jours passé par Jésus dans le désert. Le texte de Luc montre que [b]Jésus avait bien présent à l'esprit le livre des Rois et l'épisode du prophète Élie[/b] envoyé à une pauvre veuve du pays de Sarepta.
Selon moi, il y aurait un lien à faire entre tout ce que Jésus doit avoir présent à l'esprit après l'épreuve du désert, ce qu'il dit aux gens de Nazareth ensuite; entre ce que nous raconte le livre des Rois à propos d'Élie et de la veuve de Sarepta, puis la pénurie de vin soulignée par Marie à Cana; entre la "menace pour sa vie" qui est suspendue sur la tête du prophète Élie, la "menace suspendue" sur celle de Jésus; entre le fils de la veuve du livre des Rois qui va mourir, le fils de Marie qui va se trouver mort éventuellement; entre la réaction des gens à Nazareth qui voudraient perdre ce Jésus-prophète parce que semblant leur faire sentir leurs fautes, la réaction même de la veuve de Sarepta entre le saint homme d'un bord, son fils mort de l'autre, puis la réaction de l'esprit impur à Capharnaüm (cf. le démon) toujours dans le récit de Luc :
[quote]« Ah ! [b]que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?[/b] Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » (Lc 4, 34)
[/quote]
Jésus emploiera la même expression envers sa mère ("Quoi, de toi à moi ?") que la veuve de Sarepta pu jadis servir au prophète Élie, elle voyant son propre fils mort; qu'une même expression dont le démon va se servir dans Luc 4,34.
Disons ...
Dans le désert, Jésus refuse de se plier à la requête du tentateur diabolique lui demandant de réaliser un miracle. Il se trouve qu'il y a pénurie. "Si tu es fils de Dieu, tu peux demander à ce que les pierres se changent en pain." Jésus n'accède pas à la "prière" du Diable. Il y a pénurie à Cana, mais alors cette fois Jésus se pliera bien à la demande de sa mère, non pas tant parce que ce serait sa mère au plan biologique comme du fait que Marie est une femme dont la foi est grande. Marie ne sait trop rien de ce qu'il va y avoir au programme devant, mais elle se trouve dans ce que l'on pourrait appeler la foi [i]expectante[/i]. Une foi qui tire en avant, qui espère, qui attend tout de Dieu.
Les évangiles nous montrent également un Jésus qui sait lire les signes du temps, voir dans les événements le signe annonciateur de "ce qui doit venir", le signe aussi que lui-même doit alors s'orienter dans telle direction plutôt que telle autre, ou sortir d'un immobilisme pour passer à l'acte. Un petit événement en soi comme la demande muette de Marie à son fils dans un lieu comme Cana ("Ils n'ont plus de vin") prend valeur d'événement prophétique pour l'Église. Je suis pas mal certain que c'est ainsi qu'un Jean pouvait relire l'événement à Cana, comme en fonction d'un autre événement qui était encore à venir comme la Pentecôte ("Ils sont plein de vin doux !") Parce que c'est Jean qui, le dernier, pour notre bénéfice, met en place les pièces du puzzle.
Marie est celle qui connaît le mieux Jésus, plus que Jean le baptiste, plus que les premiers disciples. En étant présente auprès de Jésus lui-même, près de Jean et les quelques autres, après la visite de Jésus au Jourdain, après ce que le baptiste dit de Jésus aux autres, après ce qu'elle aura elle-même pu entendre de la bouche de Jésus dans la synagogue de Nazareth, il ne pouvait pas ne pas se faire qu'elle ne soit emplie d'une grande espérance envers ce fils, ses capacités de se révéler comme un nouvel Élie, [b]plus grand qu'Élie ![/b]
Jésus est emplie de la pensée de sa mission à remplir, Marie s'en préoccupe tout autant et à sa façon. Voir la gamme majeure, la gamme mineure.
Marie ne savait pas trop à quoi s'attendre de la part de Jésus à Cana. Elle était confiante, sûre qu'en faisant ce que Jésus dirait de faire, il n'en pourrait résulter que quelque chose de bénéfique
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[size=85]P.S. Merci en passant, Pierrot2, votre question m'aura obligé ce matin, comme à mieux voir ce lien entre l'Ancien Testament et l'épisode des noces de Cana, sans compter la réaction énigmatique de l'esprit impur de Capharnaüm que je n'avais jamais trop bien compris jusqu'ici. [/size]