Pourquoi lire la Bible en latin ?

Règles du forum
Forum d'échanges sur la Sainte Bible.

Répondre


Cette question vous permet de vous prémunir contre les soumissions automatisées et intensives effectuées par des robots malveillants.
Émoticônes
:?: :!: :arrow: :nule: :coeur: :) ;) :( :mal: :D :-D :oops: :cool: :/ :oui: :> :diable: <: :s :hypocrite: :p :amoureux: :clown: :rire: :-[ :sonne: :ciao: :zut: :siffle: :saint: :roule: :incertain: :clap: :fleur: :-@ :non: :cry: :bomb: :exclamation: :dormir: :wow: :boxe: :furieux: :toast: :dance: :flash:
Plus d’émoticônes

Le BBCode est activé
La balise [img] est activée
La balise [flash] est désactivée
La balise [url] est activée
Les émoticônes sont activées

Relecture du sujet
   

Agrandir Relecture du sujet : Pourquoi lire la Bible en latin ?

Re: Pourquoi lire la Bible en latin ?

par Olivier C » mar. 29 juin 2010, 22:11

Kurawiri a écrit :C'est vrai que, de manière subjective, le latin semble à mes yeux plus apte à refléter le sacré que le grec. Bien sûr un orthodoxe grec pensera différemment.
Il est sûr que ce n'était pas l'avis des traditionalistes de l'époque, comme Hippolyte de Rome (170–235), qui voyaient dans le passage de la liturgie du grec au latin (langue profane à l'époque) une décadence !

Re: Pourquoi lire la Bible en latin ?

par Kurawiri » mar. 29 juin 2010, 21:58

En recherchant sur Google j'ai trouvé quelques articles intéressants dont celui-ci:

Mohrmann knows how extremely difficult it will be to find a contemporary sacral language capable of replacing the Latin liturgy or the stylized English of The Book of Common Prayer (in contrast to ICEL chairman Bishop Arthur Roche, who thought that translating the liturgy would be a relatively straightforward task). But she affirms that “every language harbours in its depths the possibility of forming a sacral speech” (IV, p. 173). Such speech uses archaism as a means of slowing down the text, giving each word weight, and allowing us to pause in contemplation. (...)

Comparing the text of the Canon in the Gelasian Sacramentary with what is found in Ambrose, Mohrmann finds two kinds of modifications: a movement from loose parataxis to tighter syntax – showing a preference for elegant and cultivated language; and the cultivation of an abundance of near synonyms, “a verbosity of juridical exactness” that we also find in Roman pagan prayer, and that accords with Roman gravitas and “a poignant scrupulosity on the part of this ancient agricultural people in regard to the heavenly forces” (p. 236). Characteristic samples of this Roman prayer style include “quaeso precorque, do dedicoque, obtestor atque precor, oro et obtestor, bonas preces precor, precor veneror veniam peto feroque…, custodite, servate, protegite hunc statum, hanc pacem” (p. 239). (...)

http://josephsoleary.typepad.com/my_web ... valis.html

Re: Pourquoi lire la Bible en latin ?

par Kurawiri » mar. 29 juin 2010, 21:26

Je crois avoir trouvé un début de réponse sur le même blog anglican:

http://liturgicalnotes.blogspot.com/200 ... latin.html

Re: Pourquoi lire la Bible en latin ?

par Kurawiri » mar. 29 juin 2010, 21:21

Très intéressant ce blog du prêtre anglican que vous avez mis en lien. J'aimerais bien avoir un exemple de ces hymnes païennes en latin dont parle l'article.

"(...) Moving on to the introduction of Latin into the worship of the Church, she demonstrates, as I showed in an earlier post, that the dialect deliberately constructed for this purpose was deliberately archaic and sacral; based upon those pagan Roman formulae of immemorial antiquity by which fields were lustrated or the gods of an enemy city persuaded to desert it. The "monumental verbosity coupled with juridical precision ... wealth of words ... parallelism, alliteration and rhyme ... " in the pagan formulae are to be found, above all, in the Canon of the Mass. " A sacral style has been created which links up with the old Roman prayer of the official Roman cult".

Mais pourquoi donc a-t-on basé les formules de la messe sur des formules païennes? Pour leur côté sacré? C'est étrange. C'est vrai que, de manière subjective, le latin semble à mes yeux plus apte à refléter le sacré que le grec. Bien sûr un orthodoxe grec pensera différemment.

Re: Pourquoi lire la Bible en latin ?

par Olivier C » dim. 27 juin 2010, 22:03

On dit même que les traducteurs sont allés jusqu'à "forcer" la langue latine afin de rendre certaines expressions, à tel point que cela aurait influencé après coup les cultures latines quand à leur vocabulaire. On est donc loin des orientations des traductions actuelles qui cherchent à rendre un texte traduit proche de nos mentalités contemporaines.

Ceci n'est pas une critique sur les traductions modernes, seulement un constat de comparaison quand à la méthodologie employée.

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par archi » dim. 27 juin 2010, 10:40

Kurawiri a écrit :Est-ce que le latin aurait des qualités intrinsèques - comme le sanscrit ou l'hébreu par exemple - qui confirmerait son caractère sacré?
Je remonte ce fil après être tombé sur l'article suivant, sur le blog d'un prêtre Anglo-Catholique (donc Anglican, ce qui n'empêche qu'il dit plein de choses intéressantes sur la liturgie en général), à propos des travaux d'une certaine Christine Mohrmann. Désolé, c'est en Anglais.

http://liturgicalnotes.blogspot.com/200 ... inthe.html

(Ca contredit effectivement ce que j'ai écrit plus haut...).

In Xto,
archi.

Re: Pourquoi lire la Bible en latin ?

par Olivier C » sam. 19 juin 2010, 23:38

@ Kurawiri :

Et bien, comme le disait Théophane plus haut, le génie du latin permet une bonne concision sémantique. Ensuite, pour en tirer partit, tout dépend de la maîtrise de cette langue, personnellement je n'ai aucune compétence en latin. Si l'on part de zéro autant partir du grec, ce sera peut-être même beaucoup plus simple, étant donné qu'il existe tout un tas d'outils d'analyse qui mâchent le travail.

Il est évident que toutes les traductions modernes s'appuient sur les originaux, la différence tiendra dans la politique de traduction : certaines bibles auront un projet très littéral, ce qui ne veut pas dire que cette recherche d'une proximité littérale respecte au mieux le sens du texte par rapport à une traduction prenant plus de distance sur un plan sémantique.

@ Théophane :
Théophane a écrit :Contrairement à l'hébreu pour les Juifs et l'arabe pour les musulmans, le latin n'est pas une langue employée par Dieu pour la Révélation.
Oui, mais surtout nous ne fixons pas la révélation dans une langue : ce que je disais plus haut à propos du latin était avant tout valable pour l'hébreux et le grec.

C'est la Tradition qui porte la Révélation, cette Tradition s'est retrouvée consignée par écrit (comme dirait St Irénée ; AH III 1-5), du coup le statut de la langue est relatif dans la tradition catholique,*** c'est en cela que je disais que la Tradition précède l'Écriture :

Écriture et Tradition chez Saint Irénée de Lyon

Cordialement

***Contrairement à la religion musulmane, puisque Allah a "dicté" les écrits par l'intermédiaire de l'ange Garbiel. On retrouve logiquement cette idée dans le fondamentalisme protestant, conséquence d'une sola scriptura relativisant les "traditions des hommes" : l'hébreux va être considéré comme référence absolue.

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par Kurawiri » sam. 19 juin 2010, 17:20

J'aurais encore une question: est-ce que la traduction latine est plus fidèle aux originaux hébreux et grecs que la plupart des traductions françaises?
En somme, est-ce que le latin préserve mieux l'"esprit" des Ecritures que nos langues vernaculaires?
Je conçois que ce genre de questions est quelque peu difficile et que nous aurions besoin de l'avis d'un traducteur.

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par Kurawiri » ven. 18 juin 2010, 19:37

Merci beaucoup pour vos réponses!! :)

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par Théophane » ven. 18 juin 2010, 15:21

Kurawiri a écrit :Très bien, donc si j'ai bien compris le latin n'est pas une langue sacrée à l'instar de l'arabe coranique mais plutôt une langue "référentielle".
Contrairement à l'hébreu pour les Juifs et l'arabe pour les musulmans, le latin n'est pas une langue employée par Dieu pour la Révélation. Néanmoins, il me semble légitime d'affirmer que le latin est une langue sacrée du fait qu'il a été largement consacré par l'usage et qu'il est la langue officielle de l'Eglise catholique.
Dans l'Angélus du 7 mars 1965, le Pape Paul VI fait l'éolge du latin, lingua sacra, grave, bella, estremamente espressiva ed elegante (langue sacrée, solennelle, belle, extrêmement expressive et élégante).
Néanmoins, est-il plus profitable de méditer ou lire les Ecritures en latin ou en langue vernaculaire?
Pour moi, la réponse est sans aucune hésitation le latin. Toutefois, cela dépend du niveau que l'on a dans cette langue. J'ai eu la chance de l'étudier pendant six ans, ce qui me permet d'avoir accès aux textes rédigés dans cette langue, d'autant plus que le latin de l'Eglise n'est pas très difficile, contrairement à celui des auteurs classiques.
Si l'on n'a pas assez de connaissances pour comprendre le texte latin, il est peut être préférable de lire l'Ecriture en français, dans une traduction officiellement approuvée.
A titre personnel - et donc subjectif - j'ai souvent remarqué qu'un verset biblique "semblait" avoir plus de poids et de résonnance en latin qu'en français. Qu'en pensez-vous?
Je suis tout à fait d'accord. Le latin possède une clarté et une précision remarquables, plus qu'aucune autre langue. Il a le génie d'exprimer des idées en peu de mots. Par exemple le français dira : "il aura de nouveau soif" tandis que le latin n'a besoin que de deux mots : "sitiet iterum" (Saint Jean 4, 13).
Enfin, à l'heure de choisir une version latine de la Bible, dois-je privilégier l'ancienne Vulgate ou la Nova Vulgata?
Les avis sont partagés. Pour ma part j'utilise la Néo-Vulgate pour une raison simple : je ne suis traditionaliste, et par conséquent je préfère avoir recours aux textes, aux prières et au missel approuvés en dernier par le Saint-Siège.
Je sais que nombre de personnes n'apprécient pas cette dernière pour ses choix de traduction, néanmoins elle corrige des erreurs linguistiques se trouvant dans la version de Jérôme.
Je n'ai pas assez de connaissances en théologie et en latin pour répondre à cette question, mais il existe un article qui pourrait vous intéresser et que j'avais déjà cité sur le forum : La Vulgate à l'aune de la Néovulgate : l'exemple du quatrième évangile de Christophe Rico, professeur à l'Université de Jérusalem.

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par gerardh » ven. 18 juin 2010, 15:11

_______

Bonjour,

Sauf erreur, je penserais que le latin a nettement évolué au cours des âges, depuis la création de Rome jusqu'à la chute de l'empire romain. Ensuite il est devenu du bas-latin, puis a muté selon les pays pour devenir les différentes langues et les différents patois ded plusieurs pays et régions européens.


________

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par AdoramusTe » ven. 18 juin 2010, 14:24

Kurawiri a écrit : Enfin, à l'heure de choisir une version latine de la Bible, dois-je privilégier l'ancienne Vulgate ou la Nova Vulgata? Je sais que nombre de personnes n'apprécient pas cette dernière pour ses choix de traduction, néanmoins elle corrige des erreurs linguistiques se trouvant dans la version de Jérôme.
On peut avoir à la fois une bonne vieille Vulgate et une bonne traduction française faite sur l'hébreux et le grec, du type Crampon, pour eclaircir les certaines traductions de la Vulgate.
C'est le conseil prodigué par Pie XII dans Divino Afflante Spiritu.

http://www.vatican.va/holy_father/pius_ ... tu_fr.html

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par Kurawiri » ven. 18 juin 2010, 13:55

Très bien, donc si j'ai bien compris le latin n'est pas une langue sacrée à l'instar de l'arabe coranique mais plutôt une langue "référentielle". Néanmoins, est-il plus profitable de méditer ou lire les Ecritures en latin ou en langue vernaculaire? A titre personnel - et donc subjectif - j'ai souvent remarqué qu'un verset biblique "semblait" avoir plus de poids et de résonnance en latin qu'en français. Qu'en pensez-vous?

Enfin, à l'heure de choisir une version latine de la Bible, dois-je privilégier l'ancienne Vulgate ou la Nova Vulgata? Je sais que nombre de personnes n'apprécient pas cette dernière pour ses choix de traduction, néanmoins elle corrige des erreurs linguistiques se trouvant dans la version de Jérôme.

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par Olivier C » jeu. 10 juin 2010, 9:12

Théophane a écrit :On pourrait donner deux arguments en faveur du latin :
- d'abord, c'est une langue qui n'évolue plus, ou alors très peu, [...]
- ensuite, le lexique et la syntaxe du latin.[...]
J'aime mieux cette précision. En effet le latin comme "langue sacrée" me dérangeait un peu dans le sens où cela pouvait être comprit comme "langue de référence pour la révélation" à la manière de l'arabe pour le Coran, qui est lui tout bonnement considéré comme "langue de la révélation" pour un musulman.

Mais rien de tout cela chez nous, étant donné que la Tradition précède l'Ecriture...

Re: Pourquoi lire la Bible en latin?

par Théophane » lun. 31 mai 2010, 10:57

Je ne pense pas qu'elle ait des propriétés particulières, sinon d'aller de pair avec une mentalité juridique et rationnelle (je l'ai souvent entendu dire, je ne suis pas linguiste).
On pourrait donner deux arguments en faveur du latin :

- d'abord, c'est une langue qui n'évolue plus, ou alors très peu, si l'on prend en compte l'enrichissement de son lexique par l'ajout de nouveaux mots désignant des réalités qui n'existaient pas il y a peu.
Le latin n'est pas une langue morte puisqu'on l'utilise toujours ; mais c'est une langue relativement figée. Cela est très pratique lorsqu'on veut exprimer des vérités éternelles. Professer ces vérités dans une langue qui est sujette à une évolution, c'est les exposer au risque d'être altérées dans leur compréhension. Le Symbole de Nicée proclamé en latin ne changera jamais, alors qu'au contraire on envisage aujourd'hui de revenir sur la traduction française admise jusqu'à présent.

- ensuite, le lexique et la syntaxe du latin.
Le lexique, à l'instar de l'allemand et de l'anglais, est plus riche que dans d'autres langues. On peut donc choisir un mot plutôt qu'un autre si l'on souhaite exprimer une idée de façon particulière.
Par exemple, le français ne connaît que le verbe aimer pour exprimer le sentiment que l'on porte à de nombreuses personnes. Le latin, quant à lui, permet de marquer une différence de degré parce qu'il possède deux termes : amare et diligere, le second ajoutant une idée d'exclusivité, de rapidité d'action, d'intensité.

La syntaxe, quant à elle, est très pratique pour les poètes. En latin, ce n'est pas la place du mot dans la phrase qui renseigne sur sa fonction, mais la terminaison (ou désinence). Par conséquent, l'on peut ordonner la phrase comme on le souhaite. Ainsi, Benoît XVI a-t-il pu, dans l'encyclique Deus Caritas est adresser à la Vierge Marie ces paroles : veram mundo dedisti lucem (la vraie ; au monde ; tu as donné ; la lumière = tu as donné au monde la vraie lumière).
Il faut aussi ajouter que le latin a le mérite de la concision. Les mille mots inutiles que l'on trouve en français n'y existent pas. Ce souci de simplicité va jusqu'à supprimer le verbe ou l'adjectif possessif lorsqu'ils sont sous-entendus.

Haut