Colloques, émissions et rapports sur l'éducation

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Enseignement, retour vers le futur

par Coriolan » mer. 24 janv. 2007, 9:03

Enseignement : retour vers le futur
avec Bernard Bourgeois, philosophe, de l’Académie des sciences morales et politiques

Bernard Bourgeois, de l’Institut, est professeur émérite à l’université Paris-I Sorbonne. Grand spécialiste de Hégel, il mène un combat pour une école de qualité, déplorant le laxisme et le pédagogisme.

Alors que le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, vient de réhabiliter la méthode syllabique d’apprentissage de la lecture, Canal Académie fait un tour d’horizon des grands dossiers éducatifs de la rentrée, à la lumière de l’expérience de Bernard Bourgeois.

Ni passéiste, ni avant-gardiste, quoique parfois désabusé, ce professeur émérite de philosophie (Paris-I Sorbonne) mène depuis trente ans un combat pour une école de qualité et contre les dérives du « pédagogisme, perversion de la pédagogie ». A ses yeux, enseigner n’est ni une technique ni une science mais un art qui préfère le pragmatisme à l’idéologie, et s’abreuve aux sources de l’autorité, de la curiosité et de ... l’amitié.

Bernard Bourgeois ne s’oppose pas à la démocratisation du savoir, telle que celle-ci devait nécessairement advenir après-guerre. Seulement, il estime que cette ambitieuse politique aurait pu réussir si « toute la logique infantilisante du pédagogisme triomphant n’avait pas abouti à l’implosion programmée de la formation universitaire ».

Pour Bourgeois, il aurait fallu assouplir l’autorité dans les cours d’école mais la maintenir dans les salles de classe. C’est malheureusement, regrette-t-il, l’inverse qui s’est produit : laxisme dans l’enseignement et durcissement des rapports dans le milieu scolaire. Sur toutes ces questions, Bourgeois fait montre de discernement et de sens du terrain. Le philosophe resitue ainsi dans l’histoire la controverse sur les méthodes de lecture - qui remonte au XVIIIe siècle. Moderne, il est plutôt favorable à l’enseignement de l’anglais dès le primaire, pour peu que le français ne soit pas « saccagé » ou encore il voit d’un bon œil l’arrivée de l’ordinateur en cours, si l’écran n’est pas au service du ludique mais si, par des exercices, il développe l’inventivité d’une jeunesse dont la spontanéité et l’ouverture au monde représentent une indéniable richesse.

http://www.canalacademie.com/Enseigneme ... futur.html

Colloque sur l'école primaire 7 février 2007 à Paris

par Coriolan » jeu. 11 janv. 2007, 22:22

:)

Faites de la pub autour de vous si vous connaissez des parents d'élèves sur la région parisienne.
Cette réunion en vaut le coup !

L'école primaire, une étape fondatrice
Colloque 7 février 2007


Depuis plus de deux décennies, l'enseignement de la langue française dans nos écoles fait l'objet d'une attaque en règle. Systématiquement a été réformé et amputé tout ce qui en assurait le fondement. Les professeurs de l'enseignement supérieur au plus haut niveau constatent des dommages irréparables. Ces réformes successives privent leurs élèves de la maîtrise indispensable des bases de la langue, mais aussi portent atteinte à la rigueur du raisonnement et de la pensée.


L'origine de ce désastre se trouve à l'école primaire. Le colloque situera les causes et les remèdes d'un échec scolaire qui touche entre 20 et 25% d'une génération.


colloque 7 février 2007
Institut de France –Fondation Del Duca
10 rue Alfred de Vigny –75017 - Paris
Présidence – Jean-PierreDemailly (1)
Membre de l'Académie des sciences –
Président du Groupe de recherche interdisciplinaire sur les programmes GRIP

_______________________________
télécharger un bulletin d'inscription http://www.lire-ecrire.org/docs/inscription-0702.pdf



Le programme
. Anne Sophie Bonnet
Professeur de lettres en collège

Enseigner les lettres dans un collège en ZEP en région lyonnaise

. Catherine Krafft
Enseignant chercheur en physique, laboratoire de l'École polytechnique

Enseigner la physique - Maîtrise de la langue et rigueur de la pensée

. Rachel Boutonnet (2)
Institutrice à Goussainville (95 -Val d'Oise)

Apprentissage de la lecture en CP

. Julien Lachièze
Instituteur à Eyzines (33 - Gironde)

Orthographe et dictée

. Françoise Candelier
Institutrice à Roncq (59 - Nord)

Littérature et vocabulaire

. Marc Le Bris (3)
Instituteur et directeur d'école primaire Médréac (35)

Grammaire, analyse logique et grammaticale, arithmétique

. Monique Chuberre
Grand mère de 12 petits-enfants

Une conteuse qui rencontre et passionne de jeunes élèves en CP et CE1

REPAS libre

. Michel Delord
Professeur certifié de mathématiques en collège – Membre du CA de la Société Mathématique de France, vice président du GRIP

La situation de l'école primaire sur le plan international

. Colette Ouzilou (4)
Orthophoniste

Dyslexie :handicap de l'enfant ou résultante des conditions de l'enseignement de la lecture ?

. Ghislaine Wettstein-Badour (5)
L'importance de la neurologie dans le choix d'une méthode d'apprentissage de la lecture, de l'écriture et de l'orthographe

. Anne Le Rigoleur
Présidente de la PEEP Manosque (04)

Expérience réussie de travail sur un projet réunissant parents, instituteurs et élus locaux

. Jean Pierre Demailly
Membre de l'Académie des sciences - Président du Groupe de recherche interdisciplinaire sur les programmes GRIP

Exposé des buts et moyens du GRIP dans SLECC – Savoir lire, écrire, compter, calculer, action soutenue par le ministère

. Gilbert Sibieude
Famille, école, éducation

Le réseau Lire-écrire : pour informer le public de la situation de l'école et de son évolution

Débat

Conclusions



(1) co-auteur de « Les savoirs fondamentaux au service de l'avenir scientifique et technique » – Fondation pour l'innovation politique, 2004
(2) auteur de « Journal d'une institutrice clandestine », Ramsay, 2003 – « Pourquoi et comment j'enseigne le b. a. – ba »,Ramsay, 2005
(3) auteur de « Et vos enfants ne sauront pas lire … ni compter », Stock, 2004
(4) auteur de « Dyslexie,une vraie-fausse épidémie », Presses de la Renaissance, 2001 – Coauteur de « L'école en France » : crise, pratiques,perspectives, La Dispute, 2005
(5) auteur de « Bien parler, bien lire, bien écrire », Donnez toutes leurs chances à vos enfants, Eyrolles, 2005 - Les méthodes Fransya :« Pour bien apprendre à lire et à écrire aux enfants »,« Pour bien apprendre l'orthographe »

par Nanimo » dim. 07 janv. 2007, 0:36

Je ne parlais pas du français dans mon message, je parlais de l'anglais en fait. Finalement, tous les pays occidentaux connaissent des problèmes semblables (problèmes d'intégration, niveau scolaire en baisse, etc.) mais chaque pays a tendance à croire qu'il est le seul à les avoir. Vous le dites d'ailleurs dans un autre message, ce à quoi je souscris.

(Où je suis en Amérique du Nord? Je viens de quitter Washington où j'ai passé Noël.):)

par Hélène » sam. 06 janv. 2007, 21:32

Nanimo a écrit ::) Le niveau grammatical a baissé; ce n'est pas difficile de le constater. Cela n'empêche pas de gagner sa vie. Autrement dit, il peut y avoir des riches complètement ignares sur le plan grammatical ce qui auparavant faisait moche. Pour ma génération, c'est toujours le cas; ça fait moche. Ceci dit, je vous invite à regarder du côté de l'Amérique du Nord pour évaluer la question de la grammaire aujourd'hui. Il y en a qui sont encore moins bien placés.
Je confirme en tant que Québécoise ! L'Office de la langue Française, à la suite du Conseil supérieur de la langue française de France, pour ne pas décourager voire "traumatiser" notre belle jeunnesse qui ne sait pas écrire une phrase sans faire 5 fautes dedans, a décidé de procéder à une "réforme" de la langue Française en acceptant de modifier certains mots qui étaient jadis considérés comme des fautes d'orthographe et de les réhabiliter comme bons (les anciennes formes demeurent bonnes...) ! Par exemple en éliminant le trait d'union pour certains mots, en supprimant l'accent circonflexe sur le i et le u lorsqu'il n'a pas pour fonction de distinguer des sens ou des temps de verbes : connaitre, voute, par exemple... arghhh !! Tous les efforts que nous avons mis pour apprendre toutes les exceptions, les richesses de notre belle langue ne valent plus rien puisque c'est maintenant la loi du moindre effort qui mène. Si un pourcentage de la population écrit un mot avec toujours la même faute d'orthographe, la faute devenant la norme, on change les règles pour rendre la faute acceptable... ridicule...

Vous êtes où en Amérique du Nord si je peux me permettre cette question ? Je suis à Montréal... il y a présentement zéro accumulation de neige au sol et il fait 10° sur la métropole... si ce n'était de la pluie, les terrasses de la rue saint Denis seraient bondées ! Et il neige au Mexique maintenant... :sombrero:

Fraternellement,
Hélène

par Nanimo » sam. 06 janv. 2007, 17:30

:) Le niveau grammatical a baissé; ce n'est pas difficile de le constater. Cela n'empêche pas de gagner sa vie. Autrement dit, il peut y avoir des riches complètement ignares sur le plan grammatical ce qui auparavant faisait moche. Pour ma génération, c'est toujours le cas; ça fait moche. Ceci dit, je vous invite à regarder du côté de l'Amérique du Nord pour évaluer la question de la grammaire aujourd'hui. Il y en a qui sont encore moins bien placés.

par Coriolan » lun. 11 déc. 2006, 8:38

Le discours de De Robien prononcé à l'ESEN àl'occasion de la remise du rapport Bentolila n'est pas mal non plus...

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de saluer la présence du professeur Bentolila, du professeur Desmarchelier, de l'écrivain et académicien Erik Orsenna, mais également du professeur Pierre Brunel. Merci également aux membres de l'Inspection générale d'avoir répondu à mon invitation.
Cette semaine est une semaine décidément très riche pour l'Éducation nationale !

Avant-hier, j'ai présenté les grandes orientations du cahier des charges de la formation des maîtres.
Aujourd'hui, je vais vous indiquer les grandes orientations que je veux retenir du rapport qui m'a été remis par le professeur Bentolila, rapport élaboré avec la collaboration d'Erik Orsenna et du professeur Desmarchelier.

Je voudrais commencer par adresser tous mes remerciements aux trois auteurs pour leur remarquable travail. C'est un rapport concis, qui va droit au but, un rapport qui sait ce qu'il veut dire, et qui le dit avec clarté et force !

De ce rapport, je retiens d'abord trois choses :

une volonté ;
un constat ;
enfin, des propositions de rénovation.
une volonté

Une volonté tout d'abord : donner à l'enseignement de la grammaire la place qu'il mérite.

La grammaire, dont Erik Orsenna disait qu'elle est "une chanson douce", est souvent associée à quelque chose de rébarbatif. On pense à un simple étiquetage de mots : adjectif, verbes, pronoms, articles, etc. Comme si la grammaire ne servait qu'à découper la langue, à rompre son unité.
Ce n'est pas du tout l'objet de l'enseignement de la grammaire !
La connaissance des règles de grammaire n'est pas une servitude : c'est un instrument de maîtrise de la langue. C'est donc un instrument de liberté !
Pour reprendre la terminologie du socle commun des connaissances, je dirais volontiers que la grammaire n'est pas seulement une connaissance : savoir que tel mot est un verbe ou un sujet ; la grammaire est un savoir vivant, qui nous donne aussi une compétence : savoir nous servir de notre langue, en respectant ses règles.
L'ordre juste : c'est l'ordre des mots, celui qu'enseigne la grammaire ! Un ordre qu'elle nous apprend à utiliser à notre profit, pour nous exprimer mieux, et plus efficacement.
Mais évidemment, il faut acquérir cette compétence méthodiquement. Car il en va aussi de notre capacité à raisonner !
N'oublions pas qu'il y a aussi un lien très étroit entre la grammaire et la logique. Former les élèves à manipuler ces petits mots que sont "donc", "or", "par conséquent", c'est leur donner les outils de base du raisonnement scientifique.
Enfin, il me semble que la grammaire ne permet pas seulement de structurer ce qu'on dit, mais aussi ce qu'on est. Analyser grammaticalement une phrase aussi simple que "je vous parle" me permet de me situer comme sujet d'une action, dans un rapport avec d'autres personnes. Bref, la grammaire, c'est la charpente de notre langue mais aussi celle de notre personne dans son rapport aux autres. La grammaire crée le lien social !


Un constat

Le second point que je retiens de ce rapport, c'est son constat : l'Éducation nationale ne dispose pas aujourd'hui des bons moyens pour enseigner la grammaire aux enfants.
Ce n'est pas parce qu'elle ne l'a pas voulu !
Car les bonnes intentions sont évidentes ! Mais, j'ai la conviction qu'avec de bonnes intentions, on a affaibli l'enseignement de la grammaire.
On a voulu rendre l'enseignement de la grammaire plus ludique car on craignait que les élèves ne trouvent rébarbatif l'enseignement de la grammaire.
En réalité, il s'est passé tout l'inverse de ce que l'on souhaitait :

on a surtout rendu l'enseignement de la grammaire plus technique, plus compliqué. Il est devenu terriblement jargonnant, et finalement ennuyeux.
En supprimant les leçons de grammaire, on a vidé cet enseignement de toute sa rigueur, on a rendu difficile voire impossible une acquisition logique et progressive des règles. En un mot, on a perdu en rigueur et donc en efficacité. On a rendu impossible l'acquisition des automatismes qui font l'agilité intellectuelle.Voilà comment avec des objectifs forts, on a suscité une pratique faible et décourageante ! C'est là le résultat d'une idéologie qui prétend qu'on apprend sans effort, qui donne dans la facilité, qui trompe !
Un enseignement déstructurant, des programmes et des manuels jargonnants, qui passent à côté de leur objectif, voilà le constat que je retiens de votre rapport.
Et qui en a souffert le plus ? Les élèves les plus fragiles, les moins aidés ! A l'inverse, quand on renforce l'apprentissage des savoirs fondamentaux, on renforce l'égalité des chances !

Des propositions de rénovation

Enfin, troisième point, j'en retiens un certain nombre de recommandations. C'est sur elles évidemment que je voudrais insister.


Première recommandation : programmer des leçons spécifiques de grammaire.


Aujourd'hui, l'enseignement de la grammaire est un apprentissage occasionnel. Il se fait un peu "au petit bonheur" : quand on travaille un texte, alors, au détour d'une phrase, le maître explique par exemple la fonction du sujet, ou celle du verbe. C'est ce qu'on appelle, dans le jargon de certains pédagogistes, l'"observation réfléchie de la langue".
Mais le problème, c'est que la grammaire a sa logique propre, qui n'est pas forcément celle de l'étude des textes.
Voilà pourquoi l'apprentissage de la grammaire doit obligatoirement avoir trois caractéristiques.


Il doit être :

spécifique,
systématique,
progressif.
Et ainsi, permettre l'accès au sens !


Spécifique : cela signifie concrètement la pratique d'exercices séparés, destinés à structurer les apprentissages.
Il doit être systématique : cela veut dire qu'il faut étudier les grandes lois de la grammaire.
Il doit être progressif : cela signifie qu'il faut partir du plus simple pour aller au plus complexe, dans un ordre logique et programmé de classe en classe.


J'ouvre ici une parenthèse : vous voyez que ces recommandations sont tout à fait dans la ligne des nouvelles dispositions qui ont été prises pour l'enseignement de la lecture.
Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit bien de construire un enseignement progressif, structuré, cohérent, partant du plus simple pour aller au plus complexe. Un enseignement qui explicite les lois qui sont à l'¿uvre dans ce grand système de codage qu'est le langage.
Et c'est une démarche que je fais totalement mienne. La politique éducative doit aussi être progressive, structurée, cohérente.


Je retiens une deuxième grande recommandation de votre rapport : c'est de rendre vivant l'apprentissage des règles de grammaire.


L'apprentissage structuré des règles est essentiel. Mais encore faut-il que les élèves s'approprient ces règles, les manipulent. Encore faut-il qu'elles deviennent pour eux des instruments à leur service, et pas des contraintes qui surgissent de nulle part !
Je ne suis pas un fanatique de la règle pour la règle ! La règle, elle est là pour qu'on s'en serve, à son profit !


Vous avez cité, dans votre rapport, l'opération "La Main à la pâte", patronnée par l'Académie des sciences, et qui initie les jeunes à la démarche scientifique par des activités pratiques et concrètes.


C'est effectivement dans cet esprit que nous devons concevoir l'enseignement de la grammaire. Un enseignement rigoureux, possédant sa logique propre, mais aussi un savoir vivant, déclinable selon la trilogie du socle commun : connaissances, capacités, attitudes.
Pour y parvenir, il faut faire en sorte que les maîtres aident les élèves à s'emparer des règles de grammaire, à se les approprier.


Evidemment, on n'y parviendra pas si l'on présente d'emblée la grammaire comme une pure structure logique, impersonnelle, un squelette sans vie et sans âme.


Dans votre rapport, vous préconisez, pour cela, d'utiliser une présentation simple qui permet aux élèves de se reconnaître dans le fonctionnement même de la langue.
Par exemple : en expliquant que la grammaire est semblable aux règles d'une pièce de théâtre, qui met en scène un sujet, qui organise une action grâce à un verbe, qui plante un décor grâce à divers compléments.


Dans votre livre, Erik Orsenna, La Grammaire est une chanson douce, vous avez imaginé de belles pages sur les façons de rendre vivante la grammaire.
Eh bien, l'enseignement de la grammaire, sans renoncer à la rigueur de sa logique propre, ne doit pas hésiter à donner vie aux règles, à montrer que la grammaire, ce sont les règles qui donnent vie aux mots. Que connaître la grammaire, c'est devenir soi-même l'apprenti sorcier du langage !


Evidemment, cette forme de présentation n'est pas celle qu'adopterait un linguiste dans une communication au Collège de France !
Mais comme vous l'avez dit vous-même dans votre rapport, M. Bentolila, "il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs" ! A l'école, nous nous adressons aux enfants, aux élèves, et pas à de futurs docteurs en linguistique.
Alors, je crois que nous devons revenir, ici comme ailleurs, à un peu plus de bon sens. Il sera toujours temps de transformer nos élèves en linguistes ! Pour le moment, le but c'est d'en faire tout simplement des personnes qui savent manier notre belle langue.


J'en viens à une troisième grande recommandation : simplifier et uniformiser le vocabulaire technique employé.

Vous savez que la simplification du langage et surtout des programmes de l'Education nationale est un de mes chevaux de bataille !
J'y tiens particulièrement pour la grammaire !
Car il est vrai que la terminologie utilisée aujourd'hui est complexe et presque ésotérique !

Deux inconvénients majeurs en découlent :

D'abord, cette terminologie empêche les élèves d'investir le champ de la grammaire. Elle se dresse face à eux comme un savoir inaccessible.
Et puis, cette terminologie a rompu les liens entre les parents et les enfants. Les parents et les grands-parents ne retrouvent plus du tout la grammaire qu'ils ont apprise. La science évolue, mais la grammaire, c'est surtout un patrimoine qu'il faut transmettre, et cette transmission se fait aussi par le biais des parents.

Et chacun sait bien que le suivi des enfants par la famille est un élément important de la réussite scolaire.
D'ailleurs, la modification radicale de la terminologie classique était-elle vraiment nécessaire ? Car le fonctionnement grammatical de la langue n'a pas changé ! Etait-il utile de prendre des termes plus compliqués pour désigner la même chose au niveau où nous nous situons, c'est-à-dire celui des apprentissages fondamentaux ?

Je n'en suis pas sûr ! Je crois même que les effets ont été plutôt négatifs : les parents sont déboussolés.


Le lien entre les générations s'est fragilisé. Or, ce lien est précieux : l'école devrait le renforcer, et non le fragiliser.
Vous savez que le socle commun de connaissances et de compétences a justement pour objectif de construire une culture commune : commune, c'est-à-dire partagée par tous, au sein d'une même génération, mais aussi entre les générations !

Alors, il serait vraiment dommage que pour de simples questions de terminologie, on fragilise cette culture commune, dont le pivot est justement la transmission de la langue commune, et de ses règles. Il faut que les parents comprennent ce que leurs enfants apprennent !
Imposer un vocabulaire grammatical plus simple et homogène, c'est ma troisième grande décision, à la suite de votre rapport.

Maintenant, il nous faut "mettre en musique", si j'ose dire, ces trois grandes recommandations.
Pour cela, nous devons réfléchir au temps de travail qu'il faut accorder à l'enseignement de la grammaire et à la manière dont tous les enseignants doivent s'approprier cet objectif.

Vous savez que la relecture des programmes de l'école et du collège est en cours, pour les adapter au socle commun. Le 18 octobre dernier, j'ai installé le groupe d'experts chargé de cette tâche. Le professeur Pierre Brunel et l'Inspectrice générale Martine Safra supervisent le travail en ce qui concerne la langue française.

Les orientations que je fixe, nourriront bien entendu les travaux du groupe chargé de la réécriture des programmes de grammaire.
En clair, je demande trois choses :

que dès janvier, ces orientations soient intégrées aux propositions du groupe d'experts sur la maîtrise de la langue française pour que, dès le printemps, les premiers programmes publiés en tiennent compte ;
que dès que possible, je puisse adresser des instructions sur l'enseignement de la grammaire aux équipes pédagogiques, pour préciser, par exemple, le nombre d'heures qu'il faut y consacrer.
enfin, que la formation des maîtres, en cours de rénovation, prenne en compte ces nouvelles orientations. Car, il va de soi que les enseignements dispensés dans les IUFM intégrés aux universités seront cohérents avec les nouveaux programmes.
Je voudrais pour conclure souligner un point qui m'apparaît très important.

La politique que je mène ici, à l'Éducation nationale, possède sa logique, sa cohérence.
Pour s'en tenir à l'apprentissage de la langue, il n'y a pas d'un côté la lecture et de l'autre la grammaire.
Non : lecture et grammaire sont évidemment très étroitement liées.
Et j'ajouterais volontiers, pour être tout à fait précis : l'orthographe et les conjugaisons.


On nous a dit pendant des années : ne soyez pas inquiets, le niveau ne baisse pas !
Quel est le résultat aujourd'hui ? Un IUT a fait faire une dictée à tous ses élèves au début de l'année. Je précise que ces élèves sont bacheliers, dont une partie d'entre eux avec mention et qu'ils sont sélectionnés.
Eh bien, les résultats en grammaire et en orthographe sont assez éloquents : sur 30 étudiants et pour une dictée de 20 lignes, 9 avaient fait entre 5 et 10 fautes, 12 entre 10 et 15 fautes et tous les autres avaient fait plus de 15 fautes !

Alors, oui, il est temps de refonder l'école sur le savoir, l'apprentissage des fondamentaux, et j'ajouterai, la rigueur.
Et chacun sait qu'il n'est pas nécessaire d'être compliqué pour être rigoureux : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement !
Voilà mon programme pour les mois qui viennent et je suis bien décidé à le conduire jusqu'au bout.
Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce qu'on faisait à l'Éducation nationale il y a 10 ou 100 ans. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'on y fait maintenant et, plus encore, ce qu'il faut faire pour que nos élèves réussissent !


Voilà ce qui m'intéresse et rien d'autre.


Parmi les groupes d'experts que j'ai chargés de la réécriture des programmes, l'un d'eux s'occupe de l'enseignement des mathématiques.
Ce sera justement mon prochain grand chantier pédagogique.
Vous le voyez, l'Éducation nationale avance, elle change.
"Ce n'est pas parce que les choses sont impossibles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont impossibles".
C'est une belle citation de Sénèque et c'est aussi un bel usage des possibilités de la grammaire ! C'est, pour ma part, une devise que je fais mienne pour les mois à venir !

Je vous remercie.

par Coriolan » mer. 06 déc. 2006, 11:04

Sauvons la grammaire !

NOUVELOBS.COM | 29.11.06 | 12:24

Sauvons la grammaire ! par Jacques Julliard,
directeur délégué
de la rédaction
du Nouvel Observateur

Un rapport courageux s’attaque enfin aux linguistes en folie qui ont semé la panique dans le petit monde du sujet-verbe-complément.

ENFIN ! Il fallait bien qu’éclate une fois en pleine lumière le grand divorce qui, depuis plus de trente ans, oppose les Français à l’enseignement officiel de la grammaire.Il fallait bien qu’à la fin, on s’attaque à l’improbable galimatias qui, au pays de Molière et de Descartes, nous en tient lieu depuis qu’une bande de linguistes en folie et de cuistres de collège ont semé la plus inutile des révolutions dans le petit monde bien ordonné sujet-verbe-complément. Les inventeurs sont avant tout des nommeurs, dit Nietzsche, et l’on ne voit pas très bien en quoi la substitution des "déterminants" à l’article, de "groupes propositionnels obligatoires ou non" au classique complément circonstanciel, etc. ajoute à la connaissance de la langue.
En outre, ces nomenclatures, variant d’un linguiste à l’autre, d’un manuel à l’autre, introduisent le désordre dans les esprits et le désespoir dans les familles.
Si encore il ne s’était agi que de terminologie ! Mais le mal est plus profond. En substituant à une étude analytique, progressive et systématique des formes d’organisation du langage ce que les instructions officielles appellent une "séquence d’observation réfléchie de la langue", on a pris le risque de la plus absurde des anarchies. La grammaire est à la langue ce que la logique est à la pensée.Mettez dans un sac les mots dompteur, lion, mange et tirez-les plusieurs fois de suite au hasard. Le résultat sera fort différent, nul ne peut l’ignorer. C’est pourquoi le rapport qu’a remis mercredi au ministre de l’Education nationale Alain Bentolila, connu comme l’un des meilleurs spécialistes de la lecture alliant la rigueur scientifique et le bon sens politique, assisté de Dominique Desmarchelier, directeur du département de linguistique à Paris V, et d’Erik Orsenna, notre académicien navigateur - dont le livre jubilatoire "la Grammaire est un jeu d’enfant" a fait naguère un tabac dans le grand public -, ce rapport n’est pas seulement une bonne action, c’est une délivrance.

Sans s’attarder longuement sur les ravages de la grammaire textuelle, cette entreprise arbitraire qui prétend faire découvrir aux enfants la grammaire au gré de lectures aléatoires, Bentolila et ses collaborateurs, dans un exorde solennel et poétique, montrent bien comment la solidarité organisée des mots commande l’exercice de l’intelligence par les enfants et le progrès de la vérité dans les esprits. Ils comparent la grammaire à un exercice de mise en scène dans lequel on assigne des rôles à chacun des mots-acteurs.
Il en résulte la nécessité d’une progressivité méthodique dans l’apprentissage de la grammaire, allant du plus simple au plus complexe, du plus fréquent au plus rare.
Les initiateurs de la grammaire textuelle ont commis, comme ceux de la lecture globale, un péché d’orgueil : imposer à l’apprenti une méthode qui présuppose, pour être efficace, une connaissance de mécanismes élémentaires qui n’appartient qu’à l’initié.
Héritiers de la pensée classique française qui ne connaît pas d’enfants mais seulement des adultes en modèle réduit, ils conjuguent l’empirisme le plus échevelé - la découverte de la grammaire par l’enfant au hasard des textes – avec le formalisme le plus pédant et le plus contraignant des nomenclatures nouvelles. Imposé par les IUFM (Instituts universitaires de Formation des Maîtres), qui sont les bastions du pédagogisme et du formalisme, relayé par le corps de l’Inspection, qui en est le corps disciplinaire, la nouvelle doxa a envahi l’enseignement français, créant un fossé générationnel entre enfants et parents, dégoûtant les élèves de leur propre langue.
Bentolila, Desmarchelier et Orsenna proposent donc de réinventer la leçon de grammaire, qui seule permet d’introduire progressivement, de la maternelle et du cours élémentaire au collège, les bases de l’organisation grammaticale. Il faut souhaiter que ce rapport courageux soit suivi d’effets. Ce sera long et dur. Comme tout lobby, le lobby pédagogiste n’a qu’un objet : persévérer dans l’être. Mais les désastres mentaux provoqués par le scientisme naïf sont tels que la grammaire n’est pas seulement un jeu d’enfant. C’est aujourd’hui une cause nationale. J.J

Rapport Bentolila sur l'enseignement de la grammaire

par Coriolan » mer. 06 déc. 2006, 11:03

Rapport très instructif sur l'enseignement de la grammaire bien maltraitée depuis plusieurs décennies.

http://media.education.gouv.fr/file/68/3/3683.pdf

Laurent Lafforgue s'exprime sur Canalacademie

par Coriolan » mer. 11 oct. 2006, 15:40

La dégradation de l’enseignement
Constat et propositions

Laurent Lafforgue, membre de l’Académie des sciences et professeur permanent à l’Institut de hautes études scientifiques (IHES), se penche depuis deux ans sur la régression générale du niveau scolaire. Il nous livre ses conclusions.

Référence : ECL096
Adresse de cet article : http://www.canalacademie.com/article920.html

Ecouter cette émission :

Durée : 00:37:02

« De plus en plus d’étudiants, en deuxième année de Physique, ne savent pas additionner des fractions. » « Une professeur d’espagnol à l’université est obligée d’expliquer à ses étudiants à quoi correspond un complément d’objet direct avant de pouvoir commencer son cours. »
Voilà le genre de témoignages que récolte Laurent Lafforgue depuis deux ans.

Laurent Lafforgue est membre de l’Académie des sciences depuis 2003, dans la section Mathématiques.Lors d’un colloque à la fondation Del Duca sur le thème de la finalité de l’école, il a dépeint, avec d’autres collègues, un tableau très noir de la situation scolaire française.
Selon l’académicien, le système entier est à réformer, en commençant par l’enseignement primaire. L’instituteur doit enseigner les bases fondamentales aux jeunes élèves afin de bâtir un socle stable pour l’avenir des connaissances à suivre. Un bon apprentissage du français, des mathématiques et de la géographie est essentiel. Concernant l’apprentissage de la lecture, pour Laurent Lafforgue, il est nécessaire de reprendre la méthode syllabique et d’abandonner la méthode globale ou semi-globale, à l’origine, selon lui, de catastrophes : le bon usage du français étant indispensable à la compréhension des autres matières.

Avec son franc-parler, Laurent Lafforgue nous livre son point de vue.

En savoir plus sur :
Laurent Lafforgue
L’Institut de hautes études scientifiques (IHES)

par Coriolan » dim. 10 sept. 2006, 18:19

A noter la présence d'un mathématicien remarquable parmi les signataires fondateurs, Laurent Lafforgue qui n'a jamais caché sa foi et collabore pour cette juste cause avec des libres-penseurs.

Appel pour la refondation de l'école

par Coriolan » dim. 10 sept. 2006, 18:16

http://www.refondation-ecole.net/index.php

APPEL POUR LA REFONDATION DE L'ÉCOLE
Vous trouverez sur le site :
http://www.refondation-ecole.net/index.php
un appel déjà signé par diverses personnalités, destiné à être diffusé auprès des candidats, de droite et de gauche, afin de peser, autant que faire se peut, sur les futurs programmes, et les futures décisions.
Voici le texte de cet appel… Vous pouvez le signer en allant sur le site de REFONDATION DE L'ÉCOLE

par Leviathan » lun. 01 mai 2006, 18:02

:lol: Marrant ce texte... (Même inquiétant) Heureusement, ce n'est pas une généralité...
J'ai eu dans ma classe des élèves musulmans, et aucun n'a refusé d'entrer dans les églises, ou de refuser d'entendre parler de Jesus.
Le prof a bien géré l'affaire en ce qui concerne ces parties du programmes, invitant les élèves de différentes confessions à en parler aux autres.

J'ai été dans un collège privé, et là non plus, pas de proiblèmes. Tout le monde venait aux cours d'éducation religieuse, où l'on parlait aussi bien de Bouddha que de Jésus. (M'enfin, plus du christianisme quand même, vu le lieu.)
Au lycée, un peu plus de complications... mais de la part des cathos.
Il était difficile de parler des dieux romains en cours de latin, puisque quelques intégristes avaient des difficultés à assimiler qu'il n'y a pas que Jésus dans le monde.
Le pire, c'était certainement les cours sur tout ce qui touchait aux hormones... Un vrai calvaire.

En ce qui concerne les fêtes musulmanes, elles représentent une occasion pour les familles de se rassembler et de s'offrir des cadeaux. Je trouve donc compréhensible que les élèves préfèrent rester chez eux, et après tout, il ne s'agit que de deux jours par an.
lorsque j'en ai finalement convaincus quelques uns d'y pénétrer ils se sont faire regarder de travers voire insulter oralement par des personnes venues prier, en raison de leur couleur de peau...
Bah, faut pas s'étonner qu'ils en viennent à détester les chrétiens avec ce genre de comportement...
De toute façon, y a pas qu'eux qui sont allergiques aux églises : j'ai déja vu des athées traumatisés par le cathéshisme qui ne supportaient pas d'en franchir le seuil ! :lol:
le principal problème vient de l'inculture de ces populations. Ils interprètent mal, exacerbent ou racontent n'importe quoi à propos de leur propre religion. ils ne sont pas au courant eux mêmes ou bien ils sont manipulés par l'imam du coin...et que faire?
Vous ne pouvez pas instaurer des cours d'éducation religieuse ? 1 heure toutes les deux semaines serait suffisant, histoire de leur expliquer que le Coran accepte tous les prophètes antérieurs à Mahomet, qu'ils soient juifs ou chrétiens. De plus, il me semble que le délue est aussi une histoire adoptée par les musulmans, non ?
Parce qu'à ce stade là, on se demande quel bourrage de crâne ils ont pu subir....
(mdr, je note au passage que voici plusieurs années que je cherche les chères petites têtes blondes dont on nous parle aux actualités! Laughing )
J'espère que c'est pas un commentaire raciste... -_- De toute façon, des blonds, y en a plus tant que ça. (Si ça peut aider à relever le QI de la population... Oups ! Je m'égare... :lol: )

par ursulavonglott » mar. 11 avr. 2006, 11:47

boarf! moi mes élèves refusent d'entrer dans les églises parceque à l'intérieur il y a des croix...celà dit et pas glorieux non plus, lorsque j'en ai finalement convaincus quelques uns d'y pénétrer ils se sont faire regarder de travers voire insulter oralement par des personnes venues prier, en raison de leur couleur de peau...

et puis aussi en 6e le refus systématique de toucher les photocopies de textes tels que le "déluge" parceque ces chères petites ^têtes brunes pourraient bruler en enfer, et que c'est mahomet qui l'a dit.

le principal problème vient de l'inculture de ces populations. Ils interprètent mal, exacerbent ou racontent n'importe quoi à propos de leur propre religion. ils ne sont pas au courant eux mêmes ou bien ils sont manipulés par l'imam du coin...et que faire?

(mdr, je note au passage que voici plusieurs années que je cherche les chères petites têtes blondes dont on nous parle aux actualités! :lol: )

Islamisation rampante de l'école publique

par mgls » mer. 09 mars 2005, 0:22

Le fameux rapport Obin, de l'officielle Inspection Générale de l'Education Nationale, dresse un constat des plus consternants sur l'islamisation de et dans nos écoles.
Polémia en propose une synthèse.
Le document d'origine est téléchargeable ici.

Colloques, émissions et rapports sur l'éducation

par pascal » mar. 08 févr. 2005, 8:21

Education Nationale : le rapport qui fait mal

Valeurs Actuelles n° 3558 paru le 4 Février 2005

Voici les principaux extraits du rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation nationale remis à François Fillon.

Les régressions de la condition féminine.
C’est sans doute le côté le plus grave, le plus scandaleux et en même temps le plus spectaculaire de l’évolution de certains quartiers…

Alors que l’on observe de plus en plus de fillettes voilées, les adolescentes font l’objet d’une surveillance rigoureuse, d’ailleurs exercée davantage par les garçons que par les parents. Un frère, même plus jeune, peut être à la fois surveillant et protecteur de ses sœurs. Ne pas avoir de frère peut rendre une jeune fille particulièrement vulnérable.

À côté des fréquentations et des comportements, le vêtement est souvent l’objet de prescriptions rigoureuses : comme le maquillage, la jupe et la robe sont interdites, le pantalon est sombre, ample, style “jogging”, la tunique doit descendre suffisamment bas pour masquer toute rondeur. Dans telle cité, on nous dit que les filles doivent rester le week-end en pyjama afin de ne pouvoir ne serait-ce que sortir au pied de l’immeuble. Dans tel lycée, elles enfilent leur manteau avant d’aller au tableau afin de n’éveiller aucune concupiscence.

Presque partout la mixité est dénoncée, pourchassée, et les lieux mixtes comme les cinémas, les centres sociaux et les équipements sportifs sont interdits. À plusieurs reprises, on nous a parlé de la recrudescence des mariages traditionnels, “forcés” ou “arrangés”, dès 14 ou 15 ans. Beaucoup de jeunes filles se plaignent de l’ordre moral imposé par les “grands frères”, peu osent parler des punitions qu’on leur inflige en cas de transgression et qui peuvent revêtir les formes les plus brutales.

Les écoles primaires.
Les inspecteurs d’académie ne signalent que peu de cas concernant le comportement des élèves. Il semble en revanche que les tensions avec des parents deviennent plus fréquentes…

La plupart concernent la tenue vestimentaire “religieuse” des mamans. Le conflit s’envenime dans le cas, de plus en plus fréquent, où la personne voilée n’est plus du tout identifiable. Ainsi, une école a dû organiser un “sas”, sans fenêtre, où la directrice peut deux fois par jour reconnaître les mères avant de leur rendre leurs enfants. Les pères viennent plus rarement à l’école mais ce peut être l’occasion d’autres types d’incidents comme le refus de serrer la main des femmes ou même de leur adresser la parole…

L’obsession de la pureté est sans limite : exemple, ces élèves d’une école primaire qui avaient institué l’usage exclusif des deux robinets des toilettes, l’un réservé aux “musulmans”, l’autre aux “Français”.

Les signes et tenues vestimentaires.
On peut espérer de l’application de la loi sur le voile qu’elle fasse cesser confusions et rumeurs, et surtout qu’elle mette un terme aux marchandages auxquels certains se sont livrés, et qui n’ont guère contribué à faire comprendre et accepter par les populations issues de l’immigration l’un des principes fondateurs de la République, la laïcité.

Certains récits de “discussions” et de compromis sont en effet proprement ahurissants, surtout si l’on sait qu’ils ont pu se dérouler en présence de représentants des autorités académiques : ici, on a négocié la couleur du foulard, là sa taille, ici il s’est agi de découvrir le lobe de l’oreille, là de laisser voir une mèche de cheveux, ici on l’a interdit en classe ; sans parler de ce lycée où les classes ont été composées et les emplois du temps constitués en séparant les professeurs favorables et défavorables au voile !

La nourriture.
Les cuisiniers et les gestionnaires des établissements se trouvent depuis peu devant une nouvelle difficulté : le refus par un nombre croissant d’élèves de consommer toute viande non abattue selon le rituel religieux. Ce mouvement est apparu il y a peu de temps mais s’est très vite répandu, souvent sous l’impulsion des garçons les plus jeunes, arrivant en sixième au collège, en seconde au lycée…

Les chefs d’établissement et les gestionnaires réagissent de façon différente. Ceux qui n’ont encore rien modifié à l’organisation antérieure jettent la viande non consommée. Certains confectionnent quotidiennement un menu végétarien et d’autres proposent systématiquement du poisson. Un proviseur a cru bon aussi d’imposer la viande halal à l’ensemble des rationnaires, provoquant d’ailleurs la démission de son gestionnaire.

Enfin, dans d’autres établissements scolaires, on a institué une ségrégation entre “musulmans” et “non-musulmans” en composant des tables distinctes ou en imposant un menu à chaque catégorie : ici, par exemple, l’agneau est “interdit aux non-musulmans”, là les tomates sont “réservées aux musulmans”.

Le calendrier et les fêtes.
La première manière de manifester une appartenance religieuse est de contester le calendrier ou les fêtes scolaires. La fête de Noël est de ce point de vue la plus contestée par certains élèves et parents. En plus d’un endroit on nous a rapporté la demande de supprimer “l’arbre de Noël” et la fête scolaire traditionnellement organisée à cette occasion par l’école ou le collège ; ce qui a parfois été obtenu…

Les fêtes religieuses musulmanes, principalement les deux grandes fêtes traditionnelles du Maghreb, la “grande fête” (aïd el-kébir) célébrant le sacrifice d’Abraham, et la “petite fête” (aïd el-seghir) marquant la fin du carême, sont l’occasion d’un absentéisme de plus en plus massif de la part des élèves. Les établissements, parfois presque vides, réagissent ici en ordre dispersé : certains ne changent en rien les activités prévues, d’autres ferment en donnant congé aux personnels…

Le mois de carême musulman est également une occasion de tension dans beaucoup d’écoles, de collèges et de lycées. Massivement suivie, pratiquée par des enfants de plus en plus jeunes (depuis le cours préparatoire), l’observance du jeûne est manifestement l’objet de surenchères entre organisations religieuses, qui aboutissent à l’émergence puis à la diffusion de prescriptions de plus en plus draconiennes, et de pratiques de plus en plus éprouvantes pour les élèves : ainsi de l’interdiction d’avaler le moindre liquide, y compris sa propre salive, qui entraîne la pollution des sols par les crachats et les refus de la piscine.

Le prosélytisme.
Dans certains collèges, il est devenu impossible pour les élèves dont les familles sont originaires de pays dits musulmans de ne pas se conformer au rite… En témoignent ces reliefs de repas qui souillent fréquemment les toilettes, ces démissions d’élèves et, plus dramatique, cette tentative de suicide d’un élève soumis aux mauvais traitements de ses condisciples.

Sous ce type de pression, ou plus simplement pour se conformer aux normes du groupe, certains élèves d’origine européenne observent aussi le jeûne sans que leur famille en soit forcément informée. C’est pour certains, filles et garçons, le début d’une démarche de conversion. Il est clair que les pratiques des établissements scolaires ne permettent pas aujourd’hui de protéger la liberté des choix spirituels des familles pour leurs enfants mineurs…

Les personnels aussi, en particulier s’ils sont d’origine maghrébine, sont de plus en plus souvent interpellés par des élèves sur leur observance du jeûne et parfois, pour les surveillants et assistants d’éducation, mis à l’écart en cas contraire. Il semble aussi que dans plus d’un endroit, pour “acheter” la paix sociale ou scolaire, on ait imprudemment recruté quelques “grands frères”, au zèle prosélyte notoire, comme “emplois-jeunes”.

Ainsi, dans un collège, les élèves trouvés en possession d’un document du Tabligh appelant explicitement au châtiment corporel des femmes répondent qu’il a été distribué par un surveillant…

L’antisémitisme et le racisme.
On observe la banalisation, parfois dès le plus jeune âge, des insultes à caractère antisémite. Le mot “juif” lui-même et son équivalent “feuj” semblent être devenus chez nombre d’enfants et d’adolescents une insulte indifférenciée, pouvant être émise par quiconque à l’endroit de quiconque. Cette banalisation ne semble en moyenne que peu émouvoir les personnels et les responsables.

Ces agressions, parfois ces persécutions, ravivent des souvenirs particulièrement douloureux chez les familles dont les enfants en sont les victimes. Elles ont notamment pour effet, dans certaines grandes agglomérations où l’offre scolaire et les transports en commun le facilitent, le regroupement des élèves d’origine juive, dont la sécurité n’est plus assurée dans nombre d’établissements publics, dans des établissements privés.

Il est en effet, sous nos yeux, une stupéfiante et cruelle réalité : en France les enfants juifs – et ils sont les seuls dans ce cas – ne peuvent plus de nos jours être scolarisés dans n’importe quel établissement.

Les contestations politico-religieuses.
Beaucoup de collégiens interrogés sur leur nationalité répondent de nos jours “musulmane”. Si on les informe qu’ils sont français, comme dans ce collège de la banlieue parisienne, ils répliquent que c’est impossible puisqu’ils sont musulmans !

Leurs héros sont à la fois les adolescents palestiniens qui affrontent à mains nues les blindés israéliens, et dont les images des corps ensanglantés passent en boucle sur les chaînes satellitaires des pays arabes, et les chefs “djihadistes” responsables des attentats de New York et de Madrid.

Dans la plupart des établissements visités, les instants de recueillement national organisés à la suite de ces événements tragiques ont été contestés ou perturbés de l’intérieur, parfois de l’extérieur, ou bien n’ont pu avoir lieu, ou encore ont été détournés de leur objet officiel par des chefs d’établissement soucieux qu’ils puissent se dérouler dans le calme (par exemple en invitant les élèves à se recueillir sur “tous les morts de toutes les guerres”).

Comme dans la plupart des pays musulmans, Oussama ben Laden est en train de devenir, chez les jeunes de nos “quartiers d’exil”, la figure emblématique d’un Islam conquérant, rejetant en bloc les valeurs de notre civilisation.

Les lettres et la philosophie.
Il y a d’abord le refus ou la contestation, assez fréquents, de certaines œuvres et de certains auteurs. Les philosophes des Lumières, surtout Voltaire et Rousseau, et les textes qui soumettent la religion à l’examen de la raison sont particulièrement visés : « Rousseau est contraire à ma religion », explique par exemple à son professeur cet élève d’un lycée professionnel en quittant le cours.

Molière, et en particulier Tartuffe, sont également des cibles de choix : refus d’étudier ou de jouer la pièce, boycott ou perturbation d’une représentation. Il y a ensuite les œuvres jugées licencieuses (exemple : Cyrano de Bergerac), “libertines” ou favorables à la liberté de la femme, comme Madame Bovary, ou encore les auteurs dont on pense qu’ils sont étudiés pour promouvoir la religion chrétienne (Chrétien de Troyes…).

Il y a enfin la difficulté à enseigner le fait religieux et notamment les textes fondateurs des grandes religions du Livre. Certains contestent cette faculté au collège et aux professeurs (« Je vous interdis de parler de Jésus à mon fils », vient dire un père à un professeur…). D’autres difficultés surgissent autour du caractère sacré du Livre : nombreux refus, que le professeur touche ou lise le Coran, refus de lire soi-même la Bible.

L’histoire est l’objet d’une accusation d’ensemble de la part de certains élèves et de ceux qui les influencent : elle serait globalement mensongère et partiale, elle exprime une vision “judéo-chrétienne” et déformée du monde.

Tout ce qui a trait à l’histoire du christianisme, du judaïsme, de la chrétienté ou du peuple juif peut être l’occasion de contestations. Les exemples abondent, comme le refus d’étudier l’édification des cathédrales ou encore d’admettre l’existence de religions préislamiques en Égypte ou l’origine sumérienne de l’écriture. Cette contestation devient presque la norme et peut même se radicaliser et se politiser dès qu’on aborde des questions plus sensibles, notamment les croisades, le génocide des juifs (les propos négationnistes sont fréquents), la guerre d’Algérie, les guerres israélo-arabes et la question palestinienne. En éducation civique, la laïcité est également contestée comme antireligieuse.

La réaction la plus répandue des enseignants est sans doute l’autocensure. Une mauvaise expérience d’une première année d’enseignement, et on décide de ne pas aborder telle question sensible du programme.

Cette attitude est sans doute largement sous-estimée, car les intéressés n’en parlent qu’avec réticence ; mais elle ne constitue pas vraiment une surprise. Il n’en est pas de même du second type de réactions, qui consiste, devant l’abondance des contestations d’élèves s’appuyant sur le Coran, à recourir au livre sacré pour tenter de légitimer l’enseignement.

Ainsi ce professeur qui déclare en toute candeur s’appuyer sur les élèves inscrits à l’école coranique (« Mes bons élèves », dit-il), garants de l’orthodoxie musulmane, afin d’invalider les contestations venant d’autres élèves. Le comble est sans doute atteint avec ce professeur enseignant avec le Coran sur son bureau.

Les mathématiques.
La seule difficulté mentionnée par des professeurs de cette discipline, en des endroits fort éloignés, qui dénote la même obsession ou le même endoctrinement, est le refus d’utiliser tout symbole ou de tracer toute figure (angle droit, etc.) ressemblant de près ou de loin à une croix.

Christine Clerc

© Copyright Valeurs Actuelles 2005

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